Que pouvez-vous me dire sur "l'association des jeunes filles à la campagne" de Sainte-Consorce ?
Question d'origine :
Bonjour,
J'ai une carte postale de Sainte-Consorce intitulée "Association des jeunes filles à la campagne". Il y a un ensemble de jeunes fille qui posent devant une maison de caractère (peut-être un pensionnat), que vous trouverez en pièce jointe. Pouvez vous me donner des informations sur cette association ? date de création, objet, organisation....
Je vous remercie cordialement pour votre aide.
Bonne journée

Réponse du Guichet

Il s'agit d'une association qui a permis à de jeunes lyonnaises âgées de 15 à 30 ans, convalescentes de la tuberculose ou anémiques, de faire une cure de grand air de trois semaines à Sainte-Consorce dès 1905.
Bonjour,
Tout d'abord, précisons qu'il ne s'agit pas d'une simple maison de caractère mais aussi d'un ancien presbytère.
Voici ce qu'indique le Comité du préinventaire des monuments et richesses artistiques dans le document consacré à Sainte-Consorce :
Ancien presbytère
Ses origines sont anciennes, comme l'atteste un acte de juin 1278, par lequel André, chapelin de Sainte-Consorce, fit donation "à son église d'une maison et d'une verchère y attenant" (Cartulaire lyonnais, charte 748). Il était stipulé dans la charte que cette maison était inaliénable.
Le presbytère avait été rebâti à neuf vers 1760-1764 (A.D.R. O, 1658), et il fut vendu comme bien national le 13 septembre 1796 (Charléty, p. 460).
Après le Concordat, à l'instigation de M. de Lacroix-laval, on décida de construire un nouveau presbytère près de l'église de Marcy (Cf. Edifices religieux, ancienne église, p.30). Le maire de Sainte-Consorce, M. Lardellier, qui se trouvait propriétaire de l'ancien presbytère, proposa en 1807 d'en faire don à la commune, proposition qui fut refusée par le conseil municipal.
L'ancien presbytère resta donc privé, comme il l'est encore actuellement. Vers 1900 il abritait un pensionnat de jeunes filles (Association des Jeunes filles à la campagne).
Il comprend une maison bourgeoise orientée au Sud, de plan rectangulaire (2 étages de 3 travées à fenêtres bombées), couverte d'un toit à quatre pans en tuiles rondes ; et en retour d'équerre à l'Est, une petite maison annexe (ou "loge" en 1796), avec logis à l'étage et cellier au rez-de-chaussée ; dans le logis, cheminée de cuisine en pierre (XVIe-XVIIe siècle ?).
La maison bourgeoise a été remaniée au XIXe siècle, et il y a quelques années.
Puits-guérite derrière, au Nord.
Concernant l'Association des jeunes filles à la campagne, il s'agissait d'une œuvre de plein air pour jeunes femmes tuberculeuses en convalescence, proposant des séjours de quelques semaines à la campagne. Voici deux documents qui présentent de manière détaillée cette association :
Association des jeunes filles à la campagne (siège social situé au lycée de jeunes filles, place Edgar Quinet à Lyon)
Depuis 1905, cette œuvre envoie chaque année trois séries de jeunes filles, ouvrières et employées de commerce, âgées de 15 à 30 ans, convalescentes ou anémiques, faire une cure de grand air, de trois semaines à Sainte-Consorce (Rhône). Chaque jeune fille paie un droit d'inscription de 2 francs et verse, si possible, pendant l'hiver, une somme proportionnelle à ses moyens : de 0,25 à 1f50 par jour.
source : Bulletin médical et administratif du Dispensaire général de Lyon n°239 - 15 novembre 1909 - T. 7 (page 161)
On sait que 30 jeunes filles ont bénéficié de l’œuvre en 1905, 54 en 1906 et 70 en 1907 d'après ce document écrit par Eugène Julliand en 1909 : Lutte contre la tuberculose à Lyon.
Une description plus longue est extraite de Alliance d'hygiène sociale 1/05/1907 :
Les Jeunes Filles à la campagne / par le Dr E. WEIGERT (de Lyon)
Permettez-moi de vous présenter en quelques mots très brefs une œuvre dénommée actuellement : « Les jeunes filles à la campagne», fonctionnant depuis février 1905 et subventionnée par le Conseil général du Rhône et le Conseil municipal de Lyon. Le siège social en est au Lycée de jeunes filles, place Edgar-Quinet, à Lyon.
Dans la lutte antituberculeuse, comme on nous l'a dit et comme on nous le dira encore, la tendance actuelle est de prévenir plutôt que de guérir. Enlever au milieu contaminé les candidats à la maladie, tel est le mot d'ordre donné par Grancher, et c'est dans cet esprit que se sont constituées de nombreuses œuvres philanthropiques. Les sociétés pour l'envoi d'enfants à la montagne ont pris une grande extension ces dernières années, et bien peu d'enfants de la classe ouvrière ne seront pas à même de bénéficier des bienfaits des Colonies de plein air. La jeune fille, plus encore que l'enfant, devrait profiter de ces avantages.
Non seulement elle travaille tout le jour, quelquefois dans des usines ou des ateliers moins salubres que la plus malsaine de nos écoles, mais encore lorsqu'elle rentre le soir, harassée de fatigue dans son home familial, elle continue à travailler en vaquant aux soins du ménage, en préparant le dîner. Pour elle, jamais de repos ni physique, ni moral.
Ajoutons sans insister que la jeune fille se trouve dans un état d'infériorité physiologique, qu'elle ressent les troubles de la puberté, que par là même, elle devient candidate à la chlorose et à la tuberculose.Depuis 1905, l'Association des jeunes filles à la campagne envoie dans un site aéré, ensoleillé, à une altitude moyenne, des jeunes filles, ouvrières et employées de commerce, âgées de 15 à 30 ans. La colonie est actuellement à Sainte-Consorce, dans le département du Rhône. Le séjour pour chaque jeune fille est de trois semaines. Les départs se font en trois séries, depuis le 15 juillet jusqu'à fin septembre. Un comité directeur de dames est chargé de l'organisation et des enquêtes, qui fixent le choix des jeunes filles. Une enquête spéciale est faite auprès des patrons, afin de savoir s'ils consentent à donner des vacances à leurs employées et si la jeune fille retrouvera sa place à son retour. 30 jeunes filles ont bénéficié de l'oeuvre en 1905, 54 en 1908, et nous espérons en envoyer 70 cette année. Les jeunes filles, pendant toute la durée du séjour, ne sont astreintes à aucun travail ; elles se reposent en plein air toute la journée, organisent des jeux, écoutent des lectures et des causeries, font des promenades à pied et en voiture dans les environs. Une alimentation abondante et rationnelle leur est servie, composée surtout d'oeufs et de, laitage, viande, légumes, etc. Celles dont la fiche médicale porte une annotation spéciale se conforment au régime particulier qui leur a été indiqué.
Sans nous étendre sur l'organisation intérieure, de la colonie, nous faisons remarquer que la colonie a, à sa tête, une directrice économe et une directrice chargée de faire des causeries et de tenir société aux jeunes filles, tout en les instruisant. Les jeunes filles ne sortent de la propriété que par groupes de cinq au moins, et elles nomment parmi elles une monitrice responsable. Chaque jeune fille paie un droit d'inscription de 2 francs et verse, si possible, pendant l'hiver, dans les mains de la trésorière, ses modestes économies, proportionnelles à ses moyens : qui 0 fr. 25, qui 1 franc, qui (au maximum) 1 fr. 50 par jour.
Avant leur départ, les jeunes filles sont examinées médicalement. Toute tuberculose ouverte est impitoyablement éliminée. Sont envoyées : les chloro-anémiques, les tuberculoses fermées, les convalescentes. A leur retour, les jeunes filles sont réexaminées et les constatations, faites jusqu'à présent ont révélé le succès de l'oeuvre à tous points de vue. La plupart des symptômes observés avant le départ ont disparu ou se sont atténués, et comme renseignement plus précis encore, la moyenne d'accroissement de poids est intéressante. Le plus grand nombre augmente de 2 à 3 kilos ; quelques-unes, plus rares, il est vrai, de 4 à 5 kilos en trois semaines, et l'effet salutaire du séjour se continue pendant l'hiver. L'augmentation de poids s'accentue. Telle jeune fille, qui avait pris 4 kilos pendant les vacances, augmentera encore pendant les deux mois qui suivent. Telle autre, aux téguments décolorés, au faciès pâle, qui n'avait jamais pu fournir de travail régulier, revient à la santé et n'a pas eu d'interruption de travail pendant toute l'année.Au point de vue moral, l'effet salutaire est énorme. Nous ne nous étendrons pas sur ces considérations ; les jeunes filles dont la santé est reconstituée sous l'influence du repos, du grand air et d'une nourriture saine et fortifiante, reprennent avec plus de courage leur labeur quotidien, et c'est une joie pour elles, pendant les jours d'hiver, au milieu de leur labeur ininterrompu , c'est une joie, disons-nous, que le souvenir du soleil et de la liberté, que l'espérance d'en jouir de nouveau l'été suivant.
Nous nous permettons, Mesdames et Messieurs, d'attirer votre bienveillance sur notre œuvre, nous mettant à votre disposition pour des explications complémentaires et pour, vous montrer les documents intéressant l'Association.
Bonne journée.