Qui sont les personnes qui ont proclamé la IIIe République le 4 septembre 1870 ?

Bonjour,

Parlez-vous du balcon de l'Hôtel de Ville de Lyon ou de Paris ? Dans la mesure où vous avez plutôt posé des questions sur la ville de Lyon, nous partons du principe qu'il s'agit de Lyon. Si ce n'est pas le cas, n'hésitez pas à nous l'indiquer et nous vous répondrons pour Paris ou... la ville que vous visiez.

A Lyon, nous savons que sur le balcon de l'Hôtel de Ville, se trouvaient plusieurs personnes pour proclamer la République en ce matin du 4 septembre 1870 parmi lesquelles le citoyen Durand qui la proclama le premier, ainsi que Désiré Barodet et Jacques Louis Hénon, futurs maires de Lyon.

Voici plusieurs extraits de documents qui pourront vous intéresser :

Le 4 septembre, dès sept heures du matin, une foule menaçante encombrait la place. […]
Par une fenêtre du rez-de-chaussée, les citoyens Beauvoir, Soubrat et Chaverot acclamèrent la République et rédigèrent l’affiche suivante qui fut placardée à neuf heures du matin.

REPUBLIQUE FRANCAISE
COMMUNE DE LYON
Les malheurs de la Patrie nous dictent notre devoir : nous décrétons l’armement immédiat de la nation, la déchéance de l’Empire et la proclamation de la République.
Le Comité provisoire de salut public :
CHARLES BEAUVOIR, CORDELET, CHAVEROT, MOUSSY, VOLOT, REGNIER, GROS, GRIFFE, TARRE, SOUBRAT, BONNET, FOURNIER, LOMBAIL.

 

Chacun dans la ville se demandait avec effroi d’où sortaient ces hommes plus obscurs, plus inconnus les uns que les autres.
En même temps, M. Sencier était poussé au balcon du premier étage par MM. Hénon, Barodet et autres, et, comme il se refusait à déclarer la déchéance de l’Empire, le citoyen Durand proclamait la République tandis qu’un de ses voisins criait à la foule : « Tous ceux de l’Internationale, montez ! »
Le drapeau tricolore était abattu et le drapeau rouge hissé sur le dôme de l’Hôtel de Ville ; les bustes de l’Empereur et de l’Impératrice furent brisés, on en jeta les débris à la foule. Une effigie en bois de la République, coiffée d’un bonnet phrygien, qui datait, dit-on, de 1793, fut retrouvée dans une cave et placée sur le balcon, en face de la place des Terreaux.

source : La Révolution lyonnaise du 4 septembre 1870 au 8 février 1871 / Francisque-Marie-Joseph Ramey de Sugny, 1873

Bientôt les plus hardis parmi les instigateurs du mouvement populaire, sans se laisser arrêter par la résistance des quelques agents de police qui formaient seuls la garde du Préfet, étaient entrés à l'hôtel de ville et, tandis que l'un d'eux hissait le drapeau rouge sur le dôme du vieux palais, les autres se montraient au balcon, à côté du préfet Sencier qui, d'une voix étouffée par l'émotion, avait vainement essayé de faire entendre ses protestations. Prenant la parole au nom de leurs amis, les citoyens Durand et Barodet proclamaient la République et faisaient ratifier par les acclamations d'une foule confiante la composition d'un Comité de Salut public, dont les membres lui étaient pour la plupart inconnus.

source : La Commune à Lyon en 1870 et 1871 / Louis Andrieux

Durand, médecin, Hénon, ex-député, et plusieurs autres allaient à la recherche du préfet, enfoui dans ses appartements. A une fenêtre du rez-de-chaussée; Ch. Beauvoir, Soubrat, Chaverot, acclamaient la République, et, appelant les
citoyens à signer, rédigeaient l'affiche suivante, pour laquelle on fit gémir les presses du journal le Salut public, brusquement mis en réquisition à cet effet, et qui fut apposée avant dix heures du matin :

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

COMMUNE DE LYON

Les malheurs de la patrie nous dictent notre devoir. Nous décrétons l'armement immédiat de la nation, la déchéance de l'Empire, et la proclamation de la République.

Le Comité provisoire de salut public : CH. BEAUVOIR, CORDELET, L. CHAVEROT, MOUSSY, EM. VALLOT, REYNIER, .GROS, GRIFFE, TARRE, SOUBRAT, BONNET, FOURNIER, LOMBAIL.

Pendant ce temps, le préfet Sencier apparaissait au balcon, amené par Durand, qui le poussait énergiquement, par Hénon, doué de peu d'énergie et hésitant pour l'action, par Barodet et autres.
Il faisait à la foule, amassée sur la place des Terreaux , de vaines promesses ; et Durand, le laissant de côté, proclamait la République, aux applaudissements de tous, qui depuis longtemps le demandaient.

source : La Révolution lyonnaise depuis le 4 septembre / par Louis Garel

Le 4 septembre 1870 au matin, on apprit à Lyon le désastre de Sedan.

Aussitôt quelques républicains se portèrent sur l'Hôtel de-Ville. Pierre Durand était parmi eux. Ce fut lui qui, le premier, proclama la déchéance de l'empire du haut du balcon du palais municipal, et, ce jour-là, il poussa si fort et si longtemps le cri de Vive la République, que, de son propre aveu, il y gagna une extinction de voix. Ce fut lui également qui, le premier, mit la main sur le préfet Sencier et le traîna vers les fenêtres de la salle Henri IV. Il s'en est vanté en plein Conseil de guerre.

Durand fît ensuite partie du Comité de salut public, puis du Conseil municipal élude Lyon, et dans les comptes-rendus de ces deux corps délibérants on le trouve faisant une foule de motions caractéristiques.

source : Biographie de M. P. Durand : député du département du Rhône / par un électeur, 1877

Le 4 Septembre, à neuf heures du matin, du haut du balcon de l'Hôtel de Ville, [Désiré Barodet] proclama la République ; ce fut le commencement de sa fortune politique. Il fut élu conseiller municipal et choisi comme adjoint, par le maire, M. Hénon auquel il succéda le 26 avril 1872, et ses fonctions durèrent jusqu'à la suppression de la Mairie centrale en 1873.

source : Nos Lyonnais d'hier : 1831-1910 / l'abbé Ad. Vachet

A lire aussi :

Evenements/Lyon, capitale de l’anarchisme – 1860/1890 (3/5) / Vincent Banssillon

Le comité de salut public

Le 4 septembre 1870 Lyon proclamait la République avant Paris

Bonne journée.