Au XIXème siècle, à quels jeux d'extérieur jouaient les enfants des villes en France ?
Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerais savoir à quoi jouaient les enfants en ville au XIXème siècle, principalement pour les jeux en extérieur ?
Merci beaucoup
Réponse du Guichet

Voici quelques éléments de réponse concernant les jeux des enfants au XIXe siècle.
Bonjour,
Voici quelques pistes de réponses que nous avons pu glaner.
Commençons par préciser que les jeux d'extérieur semblent être moins bien documentés que les jeux d'intérieur, étant donné que le XIXe siècle voit particulièrement se développer les jeux pour filles et le jeu instructif ou de société.
A cette époque, la distinction est assez marquée entre les enfants des campagnes et ceux des villes, et bien sûr entre les enfants de familles aisées ou pauvres. De plus, il faut aussi rappeler que le travail des plus jeunes est alors encore monnaie courante, particulièrement chez les plus démunis.
Ce site nous en apprend plus sur les occupations des enfants au XIXe siècle.
De même, l'ouvrage de C. Rollet, Les enfants au XIXe siècle explique :
" On investit de plus en plus dans les enfants. Peu à peu, à l’époque des Misérables, avec le contrôle progressif des naissances, la famille bourgeoise soigne, choie, aime sa progéniture. Elle se préoccupe non seulement de son avenir professionnel, mais aussi de son bien être. Pour les classes aisées, on ne cesse de concevoir et de réaliser des espaces qui sont mieux adaptés au déroulement des journées, à la maison comme à l’école : lieux pour jouer, pour assister à des spectacles, pour se mouvoir.
Les espaces de l’enfance démunie, eux, ont peu changé : pièce unique au mobilier pauvre où vit la famille nombreuse, atelier, classe rudimentaire, rue. Des intervenants extérieurs, médecins, homme d'État, éducateurs… prennent en charge les enfants misérables. Ceux là même sont victimes de la révolution industrielle. Car l’exploitation des enfants sur leur lieu de travail est une réalité dramatique. Grâce à l’école et aux lois sociales en faveur des mineurs, le travail des enfants recule progressivement jusqu’à devenir, à la fin du XIXème siècle, un fait marginal. L’école de la République est un facteur de promotion sociale et place peu à peu sur un pied d’égalité enfants de riches et enfants de pauvres.
" Chez les aristocrates puis les familles bourgeoises, des espaces sont réservés aux enfants. En Angleterre, c’est dans la nursery que se déroulent leur vie et leurs jeux. Elle est située dans une zone distincte de celle des parents, qui viennent les y voir et avec qui, certains jours de fête, ils passent toute la journée.
En France, dans les grandes demeures de la Noblesse et de la haute bourgeoisie, les enfants ont leur appartement personnel.. Dans la seconde moitié du XIXème siècle, où l’on tend à attribuer à chaque pièce un usage particulier, on distingue les chambres des garçons et celles des filles. Dans les classes moyennes, même s’ils n’ont pas une pièce qui leur est réservée, les enfants ont un coin à eux, avec leurs jouets."
" En ville, l’éducation de l’enfant pauvre se fait essentiellement dans la rue ou sur le lieu de travail (puis progressivement à l’école). Car, l’enfant ne dispose pas d’un espace à lui à la maison : la promiscuité avec les frères et sœurs, avec les parents et d’autres adultes de la famille est le quotidien de ses journées et ses nuits. Les lits sont souvent partagés entre frères sœurs ou entre parents (ou d’autres adultes) et enfants. Ainsi le manque d’intimité enseigne à l’enfant pauvre de pratiques affectives et sexuelles que ne connaît pas l’enfant des classes supérieures. « Trotteur » et voiture d’enfant sont des articles de luxe auquel l’enfant pauvre n’a pas accès. Sa motricité (la position assise, la marche, le maniement d’objets à la mesure de ses menottes…) s’exerce comme dans les siècles passés, avec des objets de la vie des adultes ou grossièrement fabriqués à cette intention.
Le petit mendiant est présent tout au long du siècle. Il ne s’agit pas d’un mendiant occasionnel, mais d’un enfant contraint de demander la charité aux passants été comme hiver. Chassé par la police, il est obligé de changer continuellement de quartier.
Le châtiment suprême est de lui imposer d’aller à l’école. L’enfant vagabond, erre sans limite, sans calendrier et sans enfance dans Paris. Petit feu follet des rues, il apparaît et disparaît sans laisser de traces. Il y a aussi les enfants victimes d’une véritable traite, comme le Rémi de Sans famille : enfants vendus par leurs familles trop pauvres pour les nourrir, ou expédiés dans des régions lointaines.
Ils sont souvent contraints à des tâches dégradantes ou dangereuses, pour être finalement abandonnés sur les grands chemins quand ils sont devenus trop grands. Les « enfants de l’Empire »peuvent aussi être arrachés à leur sol natal pour servir dans les pays colonisés. De 1870 à 1930, environ 100 000 orphelins anglais de deux-trois ans sont ainsi légalement déplacés, vers le Canada et l’Australie principalement. A leur arrivée, il sont confiés à des colons et dès qu’ils ont un peu grandi, ils commencent une vie de travail. Des enfants finissent en prison pour délinquance: petits voleurs, fillettes prostituées, complices de malfaiteurs adultes ..."
" En Angleterre, en Allemagne, en France…, les enfants sont embauchés dans les voiries, les manufactures de tabac, les filatures de coton, les fabriques, à partir de six-sept ans, parfois plus tôt. La journée de travail est de quatorze à seize heures pour un salaire quatre fois inférieur à celui d’un adulte. Dans les mines, on les emploie (parfois dès quatre ans) à ramper dans les étroites galeries, attachés comme des animaux au chariot que pousse un autre enfant. Leur tâche consiste à ouvrir et fermer les portes des galeries, les obligeant à rester seuls sous terre dix à douze heures."
A partir du XIXe siècle, la révolution industrielle transforme profondément le monde du jouet. Il devient petit à petit un produit industriel, fabriqué dans des usines. Dès 1850, la production de jouet augmente ce qui provoque la baisse des prix. Cette augmentation va de pair avec le développement des grands magasins qui arborent des rayons entiers réservés aux jouets.
Avec les grandes inventions comme le cinématographe ou la machine à vapeur, les jouets prennent de nouvelles formes et les fabricants se transforment en inventeurs. De nombreux brevets sont déposés par les créateurs de jouets mécaniques qui connaissent un franc succès. Grâce aux progrès de l’horlogerie et au développement des machines à emboutir le fer, ces jouets sont produits en série et sont vendus à bas prix.
Malgré la baisse des prix, l’achat de jouet demeure un phénomène réservé aux enfants des villes et de la moyenne et petite bourgeoisie. Le jouet est alors l’objet de grand soin car souvent fragile et précieux. Il peut être réparé à de multiple reprises comme l’atteste l’étude de certains jouets anciens. Les enfants des familles pauvres n'ont d'autres jouets que ceux qu'ils peuvent fabriquer eux-mêmes : des quilles avec des petites bûchettes coupées par la mère, poupée sculptée dans un morceau de bois… Notons que l’importance que prend la fête de Noël dès la fin du XIXe siècle a également un impact sur l’industrie et la vente de jouets.
Vous trouverez dans l'ouvrage Les jeux de la jeunesse, leur origine, leur histoire et l'indication des règles qui les régissent de Frédéric Dillaye, quelques jeux de plein air auxquels jouaient les enfants du XIXe siècle. On y retrouve les toupies, osselets, billes, cordes à sauter etc ... La pratique du Jeu de paume, ancêtre du tennis, était relativement répandue. Ce site reprend, illustrations à l'appui, ces renseignements. Des exemples de jeux de jardin y sont également mentionnés.
Les cache-cache, colin-maillard ou la marelle sont également prisés et listés dans le Dictionnaire des jeux de René Alleau. D’autres jeux sont également pratiqués dans les cours de récréation : les quatre coins, le saute-mouton, la ronde avec ses comptines ...
Pour aller plus loin :
La vie de famille au XIXe siècle / M. Perrot
Les jeux et les sports populaires en France / A. Van Gennep
Penser la famille au XIXe siècle / C. Bernard