Quelles munitions contenaient une malle ayant appartenu à un officier de l'air ?
Question d'origine :
Bonjour Cher Guichet,
Serait-il possible d'avoir des précisions sur les munitions indiquées que contenait autrefois une malle ayant appartenu à un Officier de l'armée de l'air ?
Réponse du Guichet

Les armes mentionnées dans votre mallette semblent être des roquettes d'exercice de 89 mm modèle F1, à savoir des munitions d’entraînement non explosives destinées au lance-roquettes antichar LRAC F1, une arme entrée en service dans l’armée française au début des années 1970. Les indications laissées sur l'étiquette portent à croire que ce lot a été assemblé en 1975 dans la manufacture d'armes de Saint-Étienne (MAS). Le Sernam est l'ancien service national des messageries de la SNCF, spécialisé dans l'acheminement de colis. Enfin un manchon est une tirette entourant le tube d'un canon, la société américaine Raychem était experte dans la fabrication de ce type de composant.
Bonjour,
L'étiquette sur votre malle indiquait la présence de roquettes, à savoir des "projectiles guidés ou non guidés propulsés par un moteur fusée" . Celles-ci sont indissociables d'un lance roquette, à savoir l'engin portatif utilisé par l'infanterie pour tirer ces mêmes roquettes.
Nous pouvons lire qu'il s'agit ici de "4 roquettes d'exercice de 89 MM modèle F1", à savoir des munitions spécialement conçues pour l'entrainement des soldats. Elles ne contenaient donc pas de charge explosive mais servaient uniquement à simuler un tir en opération dans des conditions plus sécurisées pour les armées.
Curieusement, nos recherches nous poussent à croire que cette roquette a commencé à être commercialisé à partir des années 1970, soit après les années d'activité de votre officier qui, d'après vos informations aurait exercé entre les années 1930 et les années 1960, traversant les principaux conflits que la France a mené dans la seconde partie du XXème siècle : Seconde guerre mondiale, guerre d'Indochine puis guerre d'Algérie.
En effet, nous pensons qu'il s'agit des munitions employées dans le lance roquette LRAC F1, officiellement appelé lance-roquettes antichar de 89 mm modèle F1, et utilisé par l'armée française des années 1970 aux années 2000. Ce sont les roquettes compatibles avec ce modèle. La fiche Wikipédia qui leur est consacrée précise qu'ils ont été produits par la société Luchaire Defense SA mais aussi par la manufacture des armes de Saint-Étienne (MAS), dont on trouve la marque apposée sur chaque composition des roquettes : "1 MAS 75" pour la tête ou encore "29 MAS 75" pour le propulseur.
C'est en tout cas ce que nous en comprenons à en croire ce forum de passionnés qui nous permet de décoder ces informations grâce à leurs indications sur d'autres modèles de roquettes. Le premier numéro correspond au lot, le second fait donc référence à l'industriel et le troisième serait... l'année de production !
Le lot complet correspond au lot numéro 2 de ce type produit à la manufacture de Saint-Étienne en 1975. Ce qui coïncide avec la première période de mise en circulation du lance roquette LRAC-F1.
Sur l'espace images défense vous trouverez une photo de soldats français s'entrainant avec cette arme dans la région d'Hafar Al Batin en Arabie Saoudite. Et voici également un guide d'utilisation de cette arme trouvé sur internet. Nous trouvons aussi ce document de l'armée française consacré à ce lance roquette et qui date justement de l'année 1975.
Nous pouvons aussi vous parler de l'étiquette Sernam et sa localisation "Belfort". L'entreprise Sernam, pour Service national des messageries, était une société de transport de bagages et de colis, et un service à part entière de la SNCF jusqu'en 2002 (Wikipédia - Sernam). Ce texte du journal de l'Union européenne confirme la création du Sernam en 1970 comme indiqué sur la page Wikipédia, apportant une cohérence temporelle supplémentaire au contenu de cette mallette. A titre informatif, l'ancienne Halle du Sernam à Belfort fait depuis plusieurs années l'objet d'un conflit entre la municipalité qui veut acquérir le bâtiment pour le détruire et des associations patrimoniales qui en soulignent l'intérêt architectural et historique comme le relate l'Est Républicain dans cet article : La Ville toujours prête à acquérir l’ancienne halle Sernam (lisible en intégralité sur Europresse grâce à un abonnement BmL).
Pour le manchon nous en trouvons la définition suivante sur le site du CNTRL, un mot valise aux nombreuses significations si l'on en croit la taille de la notice. En ce qui concerne l'armement :
Armes :
- Tirette entourant le tube d'une bouche à feu sur une grande longueur. Dans le canon de 75 il y a (...) à réunir entre eux trois éléments: le tube, la jaquette et le manchon dans lequel se visse la culasse (Alvin,Artill., Matér., 1908, p. 52).
− Tube métallique perforé ou rempli d'eau, entourant le canon d'une arme automatique afin de protéger le tireur de l'échauffement du canon pendant le tir et d'en assurer le refroidissement. (Dict. xixeet xxes.).
Source : CNTRL - manchon
Enfin, Raychem est une entreprise fondée en 1957 qui s'est initialement spécialisée dans la chimie sous rayonnement (d'où le nom « Raychem »), elle s'est rapidement tournée ensuite dans l'ingénierie de la protection des matériaux et notamment les tubes thermorétractables, comme ces machons militaires. D'après Wikipédia, l'entreprise mère a investi en France dès les années 1950, on imagine donc aisément comment l'armée française s'est retrouvée à sous-traiter avec cette entreprise américaine (cf. TE Connectivity, nouvelle maison mère qui a racheté le groupe, experte en composants électroniques de haute précision).
Bonne journée.