Qu'est devenue Nishio-San, l'exceptionnelle nounou d'Amélie Nothomb ?
Question d'origine :
Qu'est devenue Nishio-San , l'exceptionnelle nounou de Amélie Nothomb ?
Réponse du Guichet

Nishio-San était la gouvernante de la famille Nothomb à Kobe. Elle s'est occupée de la petite Amélie jusqu'à ses 5 ans et son départ du Japon. Ce fut une épreuve traumatisante pour la jeune fille qui considérait sa nounou comme sa seconde maman. Elle ne reverra cette femme qu'en 1989, alors qu'elle s'installe vivre et travailler dans son pays d'enfance, et une dernière en 2012, à l'occasion d'un documentaire sur les premières années japonaises de l'autrice à succès. D'après ses dires, Nishio-San vit seule à Kobe, sa maison a été détruite lors du tremblement de terre de 1995 et ses enfants ne viennent pas lui rendre visite... Mais pour finir sur une note positive : un film d'animation, Amélie et la métaphysique des tubes, sorti en 2025 et lauréat du prix du public au festival d'animation d'Annecy, redonne actuellement vie à la super nounou de la plus belle des manières. Il est toujours visible au cinéma.
Bonjour,
L'écrivaine Amélie Nothomb a vécu les premières années de sa vie à Kobe, au Japon. Née de parents diplomates (son père est consul général pour la Belgique à Osaka puis ambassadeur à Tokyo), elle a été éduquée dans la culture et la langue nippone jusqu'à ses 5 ans, date à laquelle elle a quitté le pays, pour suivre ses parents dans leurs déplacements professionnels. Les premières années de sa vie au Japon sont narrées dans l'un de ses romans les plus célèbres : Métaphysique des tubes (Albin Michel, 2000).
C'est dans ce roman autobiographique que l'on rencontre le personnage de Nishio-San (où madame Nishio en français), la gouvernante de la famille Nothomb qui s'est occupée d'Amélie jusqu'à ses 5 ans. Les souvenirs de son enfance se bousculent. Amélie passe les deux premières années de sa vie dans un état semi-végétatif avant de s'ouvrir au monde. La gouvernante consacre alors ses journées à s'occuper de la jeune enfant, elle lui apprend la langue, la nourrit et surtout lui donne beaucoup d'amour. Amélie considère Nishio-San comme sa seconde maman. Elle est immensément peinée de la quitter à son départ du pays, c'est un véritable arrachement pour la jeune fille.
Un retour au Japon à l'âge de 21 ans à la fin des années 1980 pour y vivre et y travailler constituera une épreuve traumatisante pour la jeune femme. Employée comme interprète dans une grande entreprise japonaise, elle subit un déclassement progressif jusqu'à devenir selon ses mots "nettoyeuse de chiottes" plusieurs mois durant. Cette expérience sera la matière première de son roman Stupeur et tremblements (Albin Michel, 1999). La traduction du roman fit beaucoup de bruit au Japon. Il lui est reproché d'exagérer où d'inventer des passages entiers de sa découverte du salariat japonais. Vous pouvez lire à ce titre cet article du Courrier de l'Ouest : Pourquoi les Japonais ont-ils une dent contre l’écrivaine Amélie Nothomb ? (2022) (lisible en intégralité sur Europresse avec un abonnement BmL). Se basant sur les textes de l'autrice, ce petit blog nous apprend qu'Amélie et sa gouvernante se seraient retrouvées une première fois à cette période, en 1989 à Kobe, plus de 16 ans après leur séparation. La gouvernante avait alors 56 ans.
En 2012 dans le cadre de l'émission Empreintes, alors diffusée sur France 5, Laureline Amanieux embarque Amélie Nothomb sur les traces de son enfance au Japon dans un film documentaire intitulé : Une vie entre deux eaux (disponible en intégralité sur Daylimotion). Le tremblement de terre de Kobe en 1995 a rasé la maison d'enfance de l'autrice mais on la suit dans sa quête de souvenirs, au parc, à la plage, ou encore dans son école maternelle. Mais le moment le plus poignant est probablement ses retrouvailles avec sa gouvernante qu'elle revoie pour le première fois en plus de 20 ans (à 43:05). Le journal suisse Le Temps nous apprend que la vieille dame est alors octogénaire au moment du tournage (Amélie Nothomb retourne au Japon. On la suit en sautillant, 2013). Les retrouvailles entre les deux femmes sont émouvantes. On apprend que la maison de la gouvernante a elle aussi été détruite et qu'elle vit seule, sans que ses petits enfants ne lui rendent visite... Ce retour et sa rencontre avec sa gouvernante inspireront à Amélie Nothomb un autre roman empreint du concept japonais de "natsukashii" : La nostalgie heureuse (Albin Michel, 2013).
En 2023, elle fait un nouveau voyage au pays de son enfance (et dernier, pour l'instant !) à Kyoto et Tokyo. Elle raconte cette expérience dans un nouvel ouvrage : L'impossible retour (Albin Michel, 2024) : "L’impossible retour" d’Amélie Nothomb au Japon (France Info, 2024).
Depuis ce reportage qui date de 2012, nous n'avons pas trouvé d'information médiatique récente concernant Nishio-San. Les deux femmes semblaient alors conscientes qu'il s'agissait de leur ultime adieu. Âgée de plus de 80 ans en 2012, Nishio-San aurait largement dépassé l'âge canonique des 90 ans en 2025. Même si le Japon comptait plus de 95 000 centenaires en 2024, dont près de 90% de femmes, un record mondial, il est probable que la gouvernante soit aujourd'hui décédée...
Mais les légendes ne meurent jamais. Si vous souhaitez des nouvelles fraîches de la super nounou de l'écrivaine belge, rendez-vous au cinéma où est projeté en ce moment le film d'animation Amélie et la métaphysique des tubes (2025) de Mailys Vallade et Liane-Cho Han :). Adaptation du roman sorti en 2000, le film rencontre un succès critique et populaire et remporte notamment le prix du public du festival du film d'animation d'Annecy en 2025. Plongez au Japon en 1969, et Nishio-San renaît sur grand écran...
Un livre a aussi été publié d'après le film d'animation : Amélie et la métaphysique des tubes d'Alexandra Garibal (2025).
Bonne journée.
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Pouvez-vous m'aider à trouver une biographie de l'autrice...