Saint Gatien, premier évêque de Tours, était il connu pour ses miracles ?

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Le 27/08/2025 à 13h52 56 vues

Question d'origine :

Bonjour,

J'aimerais savoir si Saint-Gratien, berger puis premier évêque de Tour est connu pour avoir fait des miracles ? Et si oui, lesquels ? Au Musée d'Art et d'Histoire Baron Gérard, à Bayeux, il y a un retable présentant en plusieurs scènes des épisodes importants de sa vie. Sur une de ces scènes, on voit sans doute Saint-Gatien au pied d'un lit où se trouvent une femme et un homme. Gratien semble être en train de les bénir. Saint Gratien a-t-il été prié pour des guérisons ou pour aider des couples à concevoir un enfant ?

Réponse du Guichet

gds_db - Département : Equipe du Guichet du Savoir

Le 28/08/2025 à 17h47

Saint Gatien aurait, selon la légende, accomplit des guérisons de malades.

Bonjour,

Saint Gatien fut le premier évêque de Tours.

Il fut l'un des sept évêques envoyés par le pape de Rome dans la première année du règne de l'empereur Dèce, soit vers 250 après J.-C., pour prêcher en Gaule.

Le témoignage historique de Grégoire de Tours ne rapporte aucun miracle accompli par Saint Gatien. Dans son Histoire des Francs - 2, il évoque plutôt son action d'évangélisation de la Touraine et aborde les persécutions qu'il subit :

Quoique dans les livres précédens j'aie écrit quelque chose des évêques de Tours, cependant je crois devoir les placer ici de nouveau, pour en indiquer l'ordre, ainsi que le temps qui s'est écoulé depuis celui où arriva a la ville de Tours le premier prédicateur des Gaules.
10. Gatien, le premier évêque, fut envoyé, la première année de l'empire de Dèce, par le pape du siège de Rome. Dans la ville de Tours était une grande multitude de païens adonnés a l'idolâtrie; il en convertit plusieurs au Seigneur par ses prédications mais cependant il se dérobait, en se cachant, aux attaques des puissans, qui souvent lorsqu'ils le trouvaient, l'accablaient de maux et d'outrages; et il célébrait en secret les saints mystères du jour du Seigneur, dans des souterrains et des lieux cachés, avec un petit nombre de Chrétiens convertis par lui, ainsi que nous l'avons dit. C'était un homme très religieux et craignant Dieu et, s'il n'eût été tel que je le dis, il n'eût pas quitté, pour l'affection de l'amour de Dieu, sa maison, ses parens et sa patrie. Il mena cette même vie dans la même ville cinquante années, à ce que l'on rapporte, et mourut en paix et fut enterré dans, un bourg voisin, au cimetière des Chrétiens. L'épiscopat fut interrompu pendant trente-sept ans.

Toutefois, certaines légendes postérieures au témoignage de Grégoire de Tours lui attribuent des miracles liés aux guérisons de malades. Ces histoires romanesques se seraient développées entre les XIe et XIVe siècles.

Gatien prêche aux Turônes : les mystères de la foi chrétienne :

— Il n'y a, leur dit-il, qu'un seul Dieu, créateur du ciel et de la terre. Le Christ, son-fils, incarné du Saint-Esprit et ne d'une vierge, a été crucifié pour les hommes.

Les principaux de la nation tournent son enseignement en risée : d'autres l'écoulent favorablement et bientôt deviennent ses disciples; mais la populace grossière s'ameute contre lui.

— C'est un espion, disent-ils, venu pour examiner la province ; c'est un violateur public de nos lois religieuses.

On le saisit, on l'entraîne, pour le faire mourir ou du moins le chasser du pays, après l'avoir chargé de coups. Ceux qui ont cru secrètement à sa prédication s'opposent au dessein de leurs compatriotes.

— Cet étranger, leur disent-ils, est un homme de bonnes moeurs, il rend service à la ville par les guérisons qu'il opère sur toute sorte de maladies.

Touché de ces observations, le peuple laissa, pour le moment, le saint évêque en repos.

En effet, à la puissance de la parole divine s'associait chez Gatien la vertu des miracles (1) ! Si la nouveauté de sa doctrine éloignait ses auditeurs, l'autorité des prodiges les frappait d'étonnement et peu à peu amenait les esprits rebelles à la connaissance de la vérité. Considérant aussi la prudence de l'apôtre, son courage, sa patience et le pouvoir souverain qu'il exerçait sur les démons, beaucoup de ces idolâtres prêtèrent facilement l'oreille à ses leçons.

(1) Maan, p. 3, c. i, n. 2. MartyroL Rom., 18 déc

source : Histoire de saint Martin, évêque de Tours, contenant l'histoire de sa vie et celle de son culte, par Achille Dupuy

D'après les Mémoires de la Société archéologique de Touraine (datées de janvier 1871), plusieurs récits légendaires précisent les types de miracles accomplis :

* Guérisons et conversions massives : Saint Gatien aurait converti "une foule d'idolâtres" et "des païens accouraient à lui en grand nombre". Les légendes tardives le décrivent comme un thaumaturge accomplissant de nombreuses merveilles, telles que rendre la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, chasser les démons des corps possédés et guérir toute maladie.

* Pouvoir sur les éléments et les objets :

- repousser les incendies : il est dit qu'il "repousse les incendies par la prière pieuse" (Procul pellit incendia Gatianus prece pia)

- restituer les objets perdus : il aurait le pouvoir de "produire à la lumière par une merveilleuse vertu" les objets perdus et que par son intervention "ce qui était perdu est récupéré"

* Délivrer les âmes du naufrage spirituel : Il pourrait "délivrer nos âmes fluctuantes du naufrage spirituel par sa pieuse intervention et les diriger vers le port désiré du salut".
* Résurrection des morts : certaines légendes lui attribuent d'avoir ressuscité Sézéel, une personne noyée, à Magdan.
* Guérison miraculeuse du préfet Balsadam : il aurait guéri le préfet Balsadam d'une maladie de six ans (mal caduc), ce qui conduisit à la conversion du préfet et de sa famille.

Voici ce qui est précisé à propos de la guérison du préfet Balsadam dans les Mémoires de la Société archéologique de Touraine qui fournissent quelques extraits de l'Histoire des illustrissimes Archevesques de Tours écrite par Ollivier Cherreau (conservé à la Bibliothèque Municipale de Tours), un livret d’histoire religieuse légendaire et versifiée publié à Tours chez Jacques Poinsot en 1654 :

A peine arrivé à Tours, il prêche le vrai Dieu ; mais la haine des païens s'attache à ses pas ; les Druides le chargent de chaînes, le conduisent au palais, et l'accusent devant le préfet.

Or, ce Préfet estoit un prestre des idoles,
Un grand archidruide et le souverain duc,
Appelé Balsadam, tombant de mal caduc,
Qui, pour sa guarison, immoloit à Mercure.

Sur le point de prononcer la condamnation, Balsadam ressentant les premières atteintes de son horrible maladie, s'éloigne et remet au lendemain pour rendre son jugement. Mais saint Gatien, pendant cet intervalle, l'exhorte et lui promet
la santé s'il consent à recevoir le baptême.

Balsadam luy respond : ton Dieu serait puissant.
Six ans sont jà passez que je suis languissant;
Me guarir tout à fait ! mon mal est incurable ;
Mais s'il a du pouvoir, qu'il ait pour agréable
De m'empescher le mal seulement quatre jours.
Gatian répliqua : Ce sera pour tousjours.

Il obtint, en effet, du ciel, par ses larmes et par ses prières, la guérison de Balsadam qui reçut le baptême en même temps que les premiers néophytes. Ce furent les prémices de l'Église
Vénérable vieillard aagé de cent deux ans (2).
Sainct Clete étoit assis au sainct siège romain,
Dessous Domitian l'empereur inhumain,

Telle est la légende que nous a transmise le maitre sergetier de Tours.

Avant tout, cette légende a l'immense défaut de ne ressembler à aucune autre, et de raconter, avec une étonnante précision de noms et de dates, une foule de faits qui, malheureusement, étaient jusque-là demeurés inconnus.

Au reste, ce récit porte avec tant d'évidence tous les caractères de la fable qu'il serait puéril de le discuter sérieusement. Ollivier Cherreau se défend bien d'en être l'inventeur, et nous renvoie à ses sources :

Policrate un hébreu, Hermand Goth, et Lazard,
Raporte que du temps de l'Auguste César,
Peu devant le rachapt de la nature humaine
Nasquit en Canaan le patron de Touraine.