D'où vient la croix représentée sur la façade de l'immeuble de la montée Georges Kubler ?

Bonjour, 

La fresque murale de la montée Georges Kubler a été composée en hommage aux canuts ces ouvriers de l'industrie de la soie, figures des révoltes sociales du XIXème siècle, qui vivaient et travaillaient dans le quartier de la Croix-Rousse. 

C'est un mur peint de 21 mètres de haut pour 8,5 mètres de large qui a été inauguré au mois de mai 1988, il s'agit de célébrer l'identité du quartier fait de travail et de lutte. Le thème est "le soleil des canuts", selon la vision de son concepteur, le peintre sculpteur chilien Fernando Veliz, qui expliquait le sens de son œuvre au journal Le Progrès en 1988 : "Les canuts tissent des rayons de soleil comme ils tissent la lumière et l'un d'entre eux descend une traboule pour marcher vers l'horizon" (Une nouvelle fresque murale, Le Progrès, 31 mai 1988, p. 12). L'inauguration s'est déroulée en présence de Michel Noir, maire de Lyon et de M. Galey, maire du 4ème arrondissement. La société Bact (Bâtiment, Assistance et Conseil Technique), mentionnée en bas à gauche de l’œuvre, a été la cheville ouvrière de ce projet. Entre le ravalement de façade de la copropriété et l'exécution du trait, la réalisation de cette fresque aurait nécessité plus de 700 heures de travail à l'entreprise.

Comme vous l'avez remarqué ce sont la croix et le caillou en relief qui marquent l'originalité de cette fresque. Nos recherches n'ont pas pu confirmer ou infirmer que ces deux objets aient été rapportés d'un cimetière ou d'une église pour offrir du contraste au dessin. Nous pensons plutôt qu'il s'agit de la volonté de l'artiste d'insérer du décor en 3D dans la peinture : "Originalité, le Gros cailloux et la Croix y sont représentés en relief" (Le Progrès, 1988). Nous supposons qu'un acte artistique aussi engagé que l'emprunt d'une croix aurait été mentionné par la journaliste qui a couvert l'événement. Par ailleurs, aucun des documents que nous avons consulté et qui évoquent ce mur ne relèvent une opération de ce type : Le mur peint de la placette Jean-Jullien, par le collectif la Croix Rousse n'est pas à vendre ou le mémoire de Juliette Girardot (master 1, ENSSIB, 2013), Les murs peints des premier et quatrième arrondissements de Lyon. L'encyclopédique ruesdeLyon.net n'indique lui aussi qu'une grosse croix en relief.

La croix, symbole du quartier et le Gros caillou sont certes des monuments emblématiques du quartier, nous n'avons pas d'explications précises qui étayeraient la démarche de l'artiste. Ainsi, nous avons posé la question à nos collègues du service gestion et développement des patrimoines de la ville de Lyon et l’association la Croix Rousse n'est pas à vendre car l'ensemble des ouvrages parcourus à la BmL restent muets à ce propos. 

Sachez que depuis quelques jours la place Jean-Jullien qui se trouve juste devant la fresque a été rebaptisée Espace Victorine Chavet, ouvrière de la soie libertaire (une figure de la grève des ovalistes en 1869). L'inauguration de la nouvelle place s'est déroulée en présence du maire de l'arrondissement Rémi Zinck et des habitants du quartier ce jeudi 11 septembre. 

Quid en revanche de la restauration de la fresque qui a perdu de sa fraicheur depuis toutes ces années ? Le collectif la Croix Rousse n'est pas à vendre s'interrogeait du contraste qu'offriraient la place et la fresque, une fois cette dernière réhabilitée. Malheureusement, celle-ci ne semble pas figurer dans la liste des fresques soutenues financièrement par la ville de Lyon pour aider les copropriétés, propriétaires des œuvres, à restaurer ce patrimoine...

Bonne journée,