Question d'origine :
A quel numéro rue Joseph Serlin Alphonse Daudet a habité. L'entreprise de son père était_elle au même endroit.
Merci beaucoup
A. Rodellas
Réponse du Guichet
Alphonse Daudet habitait au numéro 5 de l'actuelle rue Joseph Serlin, anciennement nommée rue Lafont. L'identification de la maison familiale Daudet a été possible grâce aux travaux de l'archiviste Vermorel au mitan du XXème siècle. D'après ses recherches, Vincent Daudet installe un métier à imprimer rue Lafont. Les biographies d'Aphonse Daudet parlent d'années très difficiles ayant abouti à la ruine de la famille, contraignant Vincent, le père, à exercer de nombreux métiers...
Bonjour,
D'après le site Rues de Lyon, la famille Daudet aurait vécue à plusieurs endroits à Lyon durant son enfance : "Il a vécu rue Lanterne, rue du Bât d’Argent et rue Joseph Serlin où une plaque signale la maison."
Cet article de la Tribune de Lyon raconte succinctement la vie lyonnaise de l'écrivain, dont la famille s'est installée rue Lafont (actuelle rue Jospeh Serlin) à partir de 1849. Son père, Vincent Daudet, est tisserand et négociant en soierie, tandis qu'Alphonse est élève au lycée Ampère (Lyon 2ème).
Le numéro de la maison Daudet n'était pas signalée dans nos recherches mais un passage sur Google Street View nous permet de retrouver la plaque en question. Elle est située au niveau du numéro 5 de la rue. Ce que confirme la biographie romancée de Jacques Rouré, Alphonse Daudet (Julliard, 1982) en p. 19 : "Péremptoire et royal, Monsieur Vincent annonce : 5 rue de Lafont ! C'est l'adresse du nouveau gîte". Un article du Figaro (novembre 1940), lisible sur RetroNews, raconte l'histoire de l'accrochage de cette plaque grâce au travail d'un archiviste en retraite, un certain Mr. Vermorel, et donne un bon aperçu de la vie des Daudet à Lyon.
Concernant la profession et le lieu d'exercice du père d'Alphonse, Vincent, les biographies que nous avons parcouru n'indiquent pas de lieux et d'activités précises mais présentent une débâcle générale conduisant dans les grandes lignes à la ruine de la famille... Voir par exemple Jean-Paul Clebert dans Les Daudet (1840-1940) (1988), qui fait le point sur les années lyonnaises de la famille. Le contexte n'aide en rien (p. 34)
Vincent Daudet n'a vraiment pas de chance. Son arrivée à Lyon correspond à une nouvelle crise du commerce de la soie. Le premier journal qui lui tombe sous la main, La Gazette de Lyon, annonce en gros titres la liquidation quai Saint-Antoine des cravates, fichus et foulards du magasin du Grand Colbert, soldés à moins de deux francs pièce. C'est consternant. Ailleurs on parle d'une menace de choléra. Enfin, le 15 juin, éclate l'insurrection, menée par les voraces. Une semaine durant la ville est à feu et à sang. Les barricades coupent les rues. Des traboules et des labyrinthes de maisons communicantes, les insurgés mitraillent les soldats du 17e.
Et la situation va de mal en pis, J. P Clebert mentionne même un ultime logement rue de Castries après de nombreux déboires (p. 43) :
En cette année 1856, la France est prospère. La famille Daudet beaucoup moins. Depuis sept ans, Vincent a essayé tous les métiers. Il n'a pas réussi. Ce n'est plus la ruine, ce sont les séquelles de la ruine, avec tout ce qu'elle entraîne d'horrible et d'irréparable. Grâce à Mgr Dupanloup, qu'Adeline connaît personnellement, il a obtenu un de ces sinistres emplois de placier en n'importe quoi qui font de leur victime un commis-voyageur circulant dans toutes les régions, par tous les temps, connaissant les nuits glacées ou torrides dans des wagons crasseux ou encore dans les dernières diligences cahotantes. Le pauvre homme,imbu d'excellentes traditions et qui, malgré son caractère difficile, aime tendrement sa femme et ses enfants, se désespère de voir sa famille acculée à la misère. Il faut encore déménager pour un trou humide de la rue de Castries.
Nous pouvons néanmoins conclure en vous conseillant la lecture de cet article écrit par l'archiviste Mr. Vermorel, que nous avons retrouvé dans RetroNews, publié dans Lyon Républicain (mai 1934). Il s'appuie sur le registre de recensement de 1851, identifie la maison des "babarottes" (nom donné à leur habitat lyonnais par les frères Daudet) au 5 rue Lafont et précise, concernant les activités professionnels du père : "C'est rue Lafont que Monsieur Vincent Daudet installa un nouveau métier à imprimer les foulards, mais la vie était dure".
Bonne journée.
								Sous la colline