Je recherche des images d'un restaurant lyonnais réputé du XIX° siècle
Question d'origine :
Bonjour,
Je vous contacte car je fais des recherches sur le Château de Chazey pour le compte de la Communauté de Communes de la Plaine de l'Ain. Je suis à la recherche d'image (photos, gravures, peinture...) d'un restaurant lyonnais réputé du XIX° siècle : "Chez Casati"
Réponse du Guichet
"Chez Casati" est un nom incontournable de la restauration lyonnaise au milieu du XIXe siècle jusqu'à l'aube du XXe siècle. Situé 8 rue impériale, aux angles des rues République et du Bât d'Argent, la maison a connu un passé riche mais fut attaquée lors de la terrible émeute du 24 juin 1894, jour de l'assassinat du président Sadi Carnot poignardé par un Italien. Plus ou moins ruiné, Isacco Casati déménage en 1904, au 31 rue Ferrandière, un établissement qui restera dans la famille jusqu'à la vente définitive, en 1926.
L'essor de la photographie dans la presse se déployant surtout à partir des années 20, nous n'avons pas trouvé de photos. En revanche, il existe des illustrations du restaurant et de son saccage lors de l'assassinat de Sadi Carnot dans la presse illustrée de l'époque.
Afin d'approfondir votre recherche d'images, nous vous conseillons de contacter les Archives municipales de Lyon, ou de vous rendre directement en salle de lecture des Archives. En effet, les AmL conservent notamment un dossier documentaire sur la famille Casati, coté 3C/330.
Bonjour,
Vous recherchez une documentation iconographique (photos, gravures, peinture...) sur un restaurant lyonnais réputé du XIXe siècle : "Chez Casati".
Si la presse a immédiatement su utiliser la photographie naissante au XIXe siècle afin d’illustrer le monde « tel qu’il est », ce n’est qu’à la fin des années 1920 que le reportage « photo » s’est imposé dans la presse locale et nationale. Ainsi, nous n'avons pas trouvé de photographies du restaurant Casati dans la presse numérisée. En revanche, il existe des illustrations (dessins et estampes) dans la presse illustrée de l'époque (Source : Retronews, site de presse de la BnF : Années 1930 : l’âge d’or du photojournalisme).
Un article de la Tribune de Lyon, du 11 décembre 2022 (et mis à jour le 14 février 2025), présente les activités gastronomiques de cette fameuse famille italienne à Lyon, et notamment son restaurant situé rue Impériale (actuelle rue de la République), "l'un des meilleurs restaurants au milieu du XIXe siècle" :
Le nom des Casati n’est peut-être pas connu de tous, pourtant c’est cette famille italienne qui a initié les Lyonnais au chocolat chaud. Vers 1774, Pierre Casati, un maître-verrier et fabricant d’instruments scientifiques comme le thermomètre à mercure (le thermomètre de Lyon) installé à la Guillotière, se lance dans la chocolaterie et en fait son activité complémentaire.
Après la Guillotière, la famille ouvre un second magasin rue du Bât-d’Argent, qui comprend un cabinet pour dames et un atelier de fabrication. Le troisième sera rue Impériale (actuelle rue de la République), et sera considéré comme l’un des meilleurs restaurants de Lyon au milieu du XIXe siècle, où se réunissaient les habitués autour d’une tasse de chocolat chaud traditionnel, de glaces, mais aussi de tournedos et sole meunière.
Les Archives municipales de Lyon présente sur leur site web, une facture de ce café restaurant (Chez Casati, 8 rue de Lyon) datée du 14 juillet 1881 ( cote : 773WP/1). À noter que la "rue de la République" fut dénommée "rue Impériale" de 1854 à 1871 puis "rue de Lyon" de 1871 à 1878 pour devenir "rue de la République " en 1878 (Source : Le fichier des voies de Lyon, AmL). Vous trouverez donc ces trois noms de rues associés au restaurant Casati. Nous apprenons ici que ce café-restaurant, "haut lieu" de "la bonne société lyonnaise" fut installé au n° 8 de la rue Impériale au milieu du XIXe siècle et fut visé "par les violences anti-italiennes suite à l’assassinat à Lyon en 1894 du Président Sadi Carnot" :
C’est, paraît-il, l’un des endroits les plus en vue de Lyon au milieu du XIXe siècle. La Vie Lyonnaise, dans son édition du 24 octobre 1868 (9), affirme que « l’origine du café Casati se perd dans la nuit des temps » (10).
L’essor de la fabrication de chocolat à Lyon remonterait à l’arrivée de Pietro Casati en France (11) (à la fin du XVIIIe siècle ?).
En 1813, la famille Casati compte déjà 4 établissements dans Lyon (12) :
Pierre Casati, chocolatier, 25 rue du Bât-d’Argent,
Joseph Casati, cafetier, 1 place des Terreaux,
J-M. Casati, cafetier, 2 place du Lycée,
Jean-Antoine Casati, fabricant de chocolat, rue de l’Âne.
Isaac Casati, chocolatier, apparaît dans les indicateurs en 1835 (13) au 12 rue du Bât d’Argent.A la faveur du percement de la rue Impériale au milieu du XIXe siècle, il installe au n° 8 un café-restaurant « qui passe […] pour un des établissements les plus confortables et les plus aristocratiques de Lyon” (14).C’est ce haut-lieu où se retrouve la bonne société lyonnaise que choisit le Conseil municipal pour ce repas du 14 juillet 1881. C’est aussi celui-ci qui est visé par les violences anti-italiennes suite à l’assassinat à Lyon en 1894 du Président Sadi Carnot, ce qui n’a pas empêché l’enseigne de perdurer tout au long du XXe siècle…
En savoir plus sur l'ouverture de la rue Impériale sur le site des AmL :
La rue Impériale est ouverte en 1858, sous le Second Empire, pour relier l'Hôtel de ville à la place Bellecour, deux lieux emblématiques de la cité. La création de la nouvelle voie par le préfet Vaïsse répond à un programme de modernisation et d'hygiénisation urbaine. Elle a pour motifs non seulement l'embellissement de la cité mais aussi l'assainissement et la sécurisation d'un quartier alors insalubre et propices aux soulèvements populaires.
Nous trouvons dans les documents iconographiques des Archives municipales de Lyon, à la cote 16FI/256-16FI/257, un "article (incomplet) relatant la visite de Sadi Carnot à Lyon et son assassinat, illustré de dessins en vignette et en pleine page", extrait de L'Univers illustré. La vue 4 contient un dessin représentant l'envahissement du café Casati.
On retrouve aussi mention de l'attaque de cette enseigne dans un article des Rues de Lyon :
Le 24 juin 1894, l’anarchiste Caserio est venu assassiner le président de la république Sadi Carnot au sortir d’un banquet donné au palais de la bourse. Une plaque et un pavé rouge rappellent cet épisode. Le mage Papus l’avait annoncé, mais de façon tellement obscure qu’on ne put en tenir compte. Un autre mage l’avait annoncé de façon trop précise ce qui fait qu’on l’avait interné par précaution avant la venue du président. En représailles, le café Casati, un peu plus au nord sur la rue, a été incendié et de nombreux commerces italiens attaqués.
Nous avons trouvé des illustrations du Restaurant Casati dans la bibliothèque numérique de la BnF, Gallica :
-Un dessin sur les émeutes anti-italiennes lyonnaises, suite à l'assassinat du président Carnot, dans le café Casati (Lyon), tiré de L'Univers illustré du 30 juin 1894 ;
- Une gravure légendée "Les troubles de Lyon. La troupe gardant les abords du cafe Casati, rue de la Republique", tirée du journal L"Illustration du 30 juin 1894 ;
- Un dessin de l'envahissement du café Casati suite à la mort de Carnot, tiré du Monde Illustré du 30 juin 1894.
Le site de la bibliothèque numérique de Lyon, Numélyo, donne accès à des articles non illustrés évoquant le restaurant, parmi lesquels :
LA VIE LYONNAISE, Première année - N°6 [1868]
LA VIE LYONNAISE, Première année - N°9 [1868]
LE JOURNAL DE LYON , Deuxième Année - N°261 (1872) :
Ainsi que le disait notre édition du matin, M. Gambetta, se rendant à Chambéry est arrivé à Lyon hier soir à 8 heures. MM. Barodet, Vallier et quelques amis attendaient. M. Gambetta a serré la main de M Barodet mais n'a pas paru voir M. Vallier qui le lui a inutilement tendu la sienne. Le maire de Lyon voulait lui présenter sur le champ un jeune homme qui l'accompagnait, son neveu, nous dit-on. M. Gambetta qui déteste avec raison, le népotisme et n'aime pas autant que les radicaux de Lyon les présentations officielles, se borna à répondre : C'est bon, c'est bon ! dépêchons nous ! En effet, on partit immédiatement pour se rendre chez Casati où un dîner de 17 couverts était préparé. En voici le menu : Potage printanier. Turbo hollandaise. Volaille petits pois. Filet au madère. Queues d'écrevisses. Haricots verts. Perdreaux rôtis. Homard. Glace. Dessert. Le tout à huit francs par tête.
BULLETIN OFFICIEL DE L'EXPOSITION DE LYON, Deuxième Année - N°26 (à propos des incidents survenus à Lyon suite à l'assassinat de Carnot) :
Les grands cafés tenus par des propriétaires italiens sont mis au pillage par une foule dont les rangs vont sans cesse grossissant. C'est d'abord le café Casati, situé à l'angle de la rue Bât-d 'Argent et de la rue de la République, qui est saccagé de fond en comble ; c'est ensuite le café Philippe Casati, place Bellecour et le magasin de chocolat du même propriétaire qui sont pillés. Nous ne nous étendrons pas davantage sur les déplorables événements de cette soirée et sur ceux qui ont marqué la journée du lundi.
On trouve également dans Retronews, des articles non illustrés de la presse locale et nationale du XIXe siècle, évoquant le restaurant Casati à Lyon, parmi lesquels :
Le Progrès de la Côte-d'Or, 26 juin 1894, p. 2/4
Le Figaro, 21 août 1881, p. 3/4
La France, 21 août 1881, p. 3/4
L'Intransigeant, 26 juin 1894, p. 2/4
La France, 22 août 1881, p. 3/4
Une recherche sur Europresse, plateforme de presse en ligne (disponible avec un abonnement à la Bibliothèque municipale de Lyon) permet de découvrir des articles de presse plus récents évoquant le souvenir du Restaurant Casati, 8 rue Impériale :
"Le Casati : les Cellier dans la tradition" dans Le Progrès - Lyon du mardi 26 décembre 2000 :
En reprenant l'emblématique Casati dix-huit mois en arrière, Emmanuelle et Patrick Cellier savaient exactement où ils allaient. Aujourd'hui, l'établissement est fidèle à près d'un siècle d'histoire. Dans la plus pure tradition, les gérants savent très bien qu'après leur passage, le Casati restera comme il est, c'est à dire " appartenant " à ses clients.
Casati, un nom incontournable de la restauration lyonnaise à l'aube du XXe siècle. Un lieu incontournable, aux angles des rues République et du Bât d'Argent, tenu de main de maître par Pierre, puis Léopold et Sylvestre. Mais si la maison a connu un passé riche, c'est principalement dû à un visionnaire italien, Isacco Casati, touché toutefois par la terrible émeute, le 24 juin 1894, jour de l'assassinat du président Sadi-Carnot poignardé par un Italien (voir encadré). Plus ou moins ruiné, Isacco n'a pas été dédommagé suite au massacre de son magasin, il déménage toutefois en 1904, au 31 rue Ferrandière, une chocolaterie, sous le nom de SA Isaac Casati. Un établissement qui restera dans la famille jusqu'à la vente définitive, en 1926, lors de la mort de Baptiste Casati.
Afin d'approfondir votre recherche d'images concernant le restaurant Casati du XIXème siècle, nous vous conseillons de contacter les Archives municipales de Lyon, ou de vous rendre directement en salle de lecture des Archives. En effet, les AmL conserve notamment un dossier documentaire sur la famille Casati, coté 3C/330.
Enfin, pour aller plus loin sur le sujet, voici des références issues de nos collections que vous pouvez consulter à la BmL :
Lyon [Livre] : restaurants, bars et cafés d'art et d'histoire / Gabriel Meunier, 2014
Lyon, capitale mondiale de la gastronomie [Livre] / Curnonsky et Marcel E. Grancher ; avec le concours de Max-André Dazergues, Joe Imbert-Vier, Emile Leroudier, L. Maynard, M. Varille, T. de Visan, 1935
Les bouchons d'hier et d'aujourd'hui [Livre] / Pierre Grison et Philippe Lecoq ; photos, Bernard Schreier, 1994
Bistrots de Lyon [Livre] : histoires et légendes, 1983
Cafés et brasseries de Lyon [Livre] : architecture et décor des cafés et brasseries de Lyon des origines à 1914 / Hélène de La Selle, 1986
Gourmandises ! [Livre] : histoire de la gastronomie à Lyon : exposition, Musée de Gadagne, Musée historique de la Ville de Lyon, 18 novembre 2011-29 avril 2012 / sous la direction de Maria-Anne Privat-Savigny
Bien à vous
Sous la colline