Caractéristiques d'une bonne politique d'accès et de signalement en bibliothèque.
Question d'origine :
Bonjour,
Quelles sont les caractéristiques d'une bonne politique d'accès et de signalement dans une bibliothèque ?
Merci d'avance
Magaly
Réponse du Guichet
Une bonne accessibilité en bibliothèque doit avoir tenu compte, selon les différents espaces d'une bonne isolation phonique, d'un éclairage adapté, de circulations accessibles à l’ensemble des usagers, d'une sécurité répondant aux normes et elle aussi appropriée aux personnes handicapées, d'une signalétique lisible par toutes et tous, cohérente et pertinente sans oublier l'accessibilité numérique.
Bonjour,
Vous souhaitez connaître les caractéristiques d'une bonne politique d’accessibilité et de signalétique en bibliothèque.
Selon la définition du Robert, l'accessibilité est la possibilité d'accéder, d'arriver à. L'accessibilité à un lieu. L'accessibilité à un emploi. Pour Wikipédia, le terme accessibilité est initialement relatif au monde du handicap. Est-ce cela le sens de votre question ? Quoi qu'il en soit, nous partirons du principe que ce qui vaut pour les personnes en situation de handicap vaut pour toustes les usagèr·es.
Aussi, ce qu'indique la Bibliothèque Départementale de la Sarthe dans la partie 1 Accessibilité et Bibliothèques de son document Accueillir les publics handicapés à la bibliothèque, nous semble être une bonne introduction pour répondre à votre question :
Avant de proposer un ensemble de services d’accueil et de médiation auprès de ces publics, il est nécessaire de prendre en compte les normes d’accueil dans les domaines :
• Du mobilier
• De la signalétique
• Des circulations et de la sécurité
• De l’acoustique et de l’éclairage
Cette brochure vous intéressera puisqu'elle détaille tous ces points sans oublier en préliminaire, l'extérieur de la bibliothèque c'est à dire ses abords (stationnement, transports en commun) et ses voies d'accès.
A l'intérieur du bâtiment, les différents espaces (banque d’accueil, espace de consultation, espace informatique / multimédia, espace animation, sanitaires) doivent bénéficier d'une bonne isolation phonique, d'un éclairage adapté, de circulations accessibles à l’ensemble des usagers, d'une sécurité répondant aux normes et elle aussi appropriée aux personnes handicapées :
• L’acoustique du bâtiment
L’isolation phonique de la bibliothèque doit être bien étudiée et adaptée aux besoins des personnes handicapées. La qualité acoustique du bâtiment a une incidence directe sur le confort auditif des personnes déficientes particulièrement sensibles aux agressions sonores. L’insonorisation est également capitale pour les personnes malentendantes, car elle constitue une condition indispensable pour l’utilisation d’un appareil de correction auditive. > Le niveau de bruit ambiant ne devra pas excéder 50 à 60 décibels dans les allées de circulation. Une attention particulière doit être accordée notamment aux bruits d’impact (bruits de pas par exemple) et aux phénomènes d’écho et de réverbération. > La banque d’accueil doit être située dans une zone calme (niveau de bruit ambiant de l’ordre de 45 à 50 décibels au maximum) et sera équipée si possible d’une boucle magnétique (voir p. 27).
[..]
• L’éclairage
Puisque ce sont les contrastes et les masses qui sont perceptibles par les malvoyants, l’éclairage général doit être suffisant, diffus et bien réparti dans toute la bibliothèque, afin de ne pas créer de trop grandes différences de luminosité d’une pièce à l’autre.
Cet éclairage général sera accompagné de pôles lumineux spécifiques, adaptés aux différentes activités et sera particulièrement soigné au niveau des accès, abords et circulations pour éviter les zones d’ombre mais également les reflets, les éblouissements et les contre-jours (on utilisera le moins possible de vitrines, glaces et surfaces brillantes). On privilégiera la lumière naturelle et un niveau d’éclairement minimal des circulations de 100 à 200 lux au sol. Éviter les lumières ambiantes excessives, sources de perturbations pour les personnes déficientes visuelles et auditives.
Pour les personnes déficientes visuelles :
• Signaler les marches, plans inclinés et les obstacles surtout s’ils sont situés dans des zones d’ombre.
• Associer un éclairage direct à un éclairage indirect permettra une meilleure visualisation de l’espace.
• Disposer de lampes fluorescentes non chauffantes (fixées pour une raison de sécurité) directement disposées sur des tables de lecture.
Pour les personnes qui ont un handicap auditif :
Les personnes sourdes sont très sensibles à leur environnement et à la lumière. Une sollicitation visuelle trop riche risque de les gêner, tout comme les contre-jours pour la lecture labiale et la compréhension de la langue des signes. Si des interprètes ou des animateurs en langue des signes interviennent dans des salles obscures, ils devront être bien éclairés pour être visibles.
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• Les circulations
Les différents espaces de la bibliothèque seront accessibles à l’ensemble des usagers. Pour ne pas entraver leur mobilité à l’intérieur de la bibliothèque, nous vous conseillons de veiller aux différents axes de circulation.
Les circulations horizontales
Les allées de circulation disposeront d’une largeur minimale de 1,40 m ; les allées principales pourront mesurer jusqu’à 1,80 m afin que deux personnes en fauteuil roulant se croisent sans gêne. Un cheminement podotactile pourra être aménagé pour les personnes non voyantes (bandes plastiques de 0,40 m de large). Aucun obstacle ne devra bien entendu entraver leur cheminement : on évitera les casiers bas, à cause des risques de déséquilibre, ainsi que les poteaux mal annoncés que les repères podotactiles ou visuels n’auront pas permis de percevoir.
Les circulations verticales
L’ascenseur Il est obligatoire : > si la bibliothèque reçoit plus de 50 personnes en sous-sol ou en étage. > si la bibliothèque reçoit moins de 50 personnes mais que ses prestations se déroulent uniquement en sous-sol ou en étage. Les dimensions de l’ascenseur doivent permettre l’accès des personnes en fauteuil roulant : > largeur minimale de la porte : 0,80 m. > barre d’appui sur un côté de l’ascenseur au moins à une hauteur de 0,90 m. L’arrêt de la cabine se fera à 2 cm maximum par rapport au sol fini. Attention aux temps d’ouverture de la porte qui devront être suffisants pour faciliter le passage d’une personne en fauteuil roulant. Un bouton commandant la fermeture de la porte pourra ainsi la bloquer et faciliter l’entrée et la sortie dans l’ascenseur. Les commandes (situées entre 0,80 m et 1,10 m de hauteur), extérieures ou intérieures, seront de bonne dimension et si possible en relief (voire transcrites en braille) pour une meilleure perception tactile par les personnes malvoyantes ou aveugles. On pourra aussi utiliser des signaux sonores ou des annonces vocales.
L’escalier
Sa largeur minimale est de 1,40 m s’il est situé entre deux murs ; 1,30 m s’il comporte un mur d’un seul côté et 1,20 m s’il ne comporte aucun mur de part et d’autre. La hauteur maximale d’une marche sera de 16 cm. L’accès à l’escalier pourra être matérialisé par une bande de matériaux d’aspect et de couleur contrastée marquant le changement de niveau et en l’annonçant au moins 1 m avant l’escalier. Pour tout escalier de plus de trois marches, prévoir une main courante située de chaque côté à une hauteur minimum de 70 cm. Il est aussi nécessaire d’indiquer les étages en gros chiffres et en braille pour les personnes malvoyantes et aveugles.
• La sécurité
Alarmes
Tous les signaux d’alarme seront non seulement sonores et bien audibles, mais aussi visuels à l’attention des personnes sourdes ou malentendantes.
A tout moment, un usager sourd doit pouvoir voir l’alarme soit directement soit indirectement (reflets sur les murs de flashes et gyrophares). Il convient d’accorder une attention particulière aux endroits où la personne sourde peut être seule (toilettes, ascenseur, salles de lecture). Un dispositif d’alarme lumineux pourra être installé dans ces lieux.
Issues de secours
En cas d’incendie, la distance à parcourir pour gagner la sortie principale n’excédera pas 30 mètres. Les autres sorties seront judicieusement réparties.
Les portes doivent également pouvoir s’ouvrir vers l’extérieur par simple poussée.
Concernant le mobilier :
Il est parfois nécessaire de prévoir des ajustements aux solutions proposées par les professionnels afin que le mobilier soit fonctionnel, solide et réponde aux normes d’accessibilité.
• Les rayonnages
Pouvoir consulter les documents suppose que les collections soient librement accessibles en rayon. Pour les consulter, une hauteur maximale de 1,50 m et une largeur minimale de 0,30 m sont donc recommandées. On ne pourra pas dépasser 5 étagères pour un rayonnage. La tablette la plus basse se situera de préférence entre 0,40 m et 0,60 m du sol. Des angles arrondis sont plutôt conseillés pour ces rayonnages.
L’espacement des épis doit être assez large (minimum 1,50 m) pour permettre le croisement de deux personnes en fauteuil roulant.
Entre deux tables de travail, la distance minimum sera supérieure à 1,90 m.
• Les bacs
La hauteur et la profondeur des bacs à disques ou des bacs à bandes dessinées permettront aux personnes en fauteuil roulant de glisser leurs jambes dessous. Une hauteur minimum à 0,90 m du sol et une profondeur minimum de 0,60 m sont donc recommandées.
• Les chaises
Des chaises à une hauteur de 0,45 m, des sièges à une hauteur de 0,75 m conviendront aussi bien aux personnes âgées qu’aux personnes à mobilité réduite s’aidant d’une canne ou d’une béquille.
Ils préfèrent en effet les chaises ou sièges sensiblement plus hauts qu’à l’ordinaire (0,75 m contre 0,60 m) avec des appuis latéraux.
• Les tables de travail
Pour permettre le passage d’un fauteuil roulant, elles respecteront une hauteur minimale de 0,80 m avec un dégagement inférieur de 0,70 m de hauteur et une profondeur de 0,60 m.
Penser à éviter les sièges fixes solidaires de la table et à veiller à ce que les piétements ne bloquent pas l’accès du fauteuil.
Il existe des tables mobiles qui peuvent être réglées en fonction des besoins de l’utilisateur.
En outre la signalétique doit être lisible par toutes et tous, cohérente et pertinente :
• La signalétique intérieure
La signalétique intérieure d’une bibliothèque sera simple et surtout cohérente. Elle concerne les services, les différents espaces de la bibliothèque, les outils (photocopieuse, postes informatiques) mais également les collections et permet de favoriser l’autonomie des publics handicapés.
À tout moment, l’usager doit être informé du lieu où il se trouve (étage, secteur) de manière à pouvoir s’orienter, se diriger à l’intérieur du bâtiment.
Elle comportera si possible différents types d’informations : visuelle, sonore, tactile, des dispositifs d’identification (étiquettes placées directement sur les étagères), de localisation (panneaux présentant les différents espaces), d’informations générales (plans d’information et annonces sonores des différents étages et secteurs pour les personnes déficientes visuelles).
Quelques conseils concernant la signalétique :
• Prévoir des indications de signalisation à double hauteur : maximum à 1,80 m du sol et au minimum à 1m du sol.
• Privilégier les caractères de type Arial ou Helvetica, corps 18, semi-gras.
• Varier la taille des lettres et l’épaisseur du trait selon la distance de lecture.
• Éviter les supports transparents ou brillants.
• Rechercher les contrastes entre le support et l’écrit : fonds de couleur / encres de la graphie. L’association la plus efficace en terme de visibilité est la suivante :
• Associer textes et images pour aider à la compréhension de l’information.
• Privilégier l’usage de pictogrammes homologués (produits par l’AFNOR).
Signalétique et collections
Une signalétique adaptée facilitera la recherche et le repérage des documents dans la bibliothèque, au niveau de la cote, mais aussi des étagères.
Pour les publics déficients visuels : signalétique en braille ou en gros caractères.
Pour les publics déficients auditifs ou intellectuels : utilisation de pictogrammes ou de codes de couleur. Pour aider les publics en difficulté à se repérer, il semble préférable de regrouper les documents adaptés (livres en braille ou traduits en LSF) ou de les signaler par des étiquettes et des cotes spécifiques.
La brochure aborde ensuite les questions d'accueil et de médiation qui font également partie de l'accessibilité. Accueillir c'est communiquer, proposer des actions culturelles pour toustes et mettre en valeur ses collections. Nous vous laissons approfondir ces thématiques par la lecture dans le texte.
Vous devrez aussi vous informer sur l'accessibilité numérique :
- L'accessibilité numérique par étapes ! (2024), ARALL
Auvergne-Rhône-Alpes Livre et Lecture propose une ressource à destination de l'ensemble des professionnels du livre pour s'informer ou perfectionner ses connaissances en matière d'accessibilité numérique. L’accessibilité numérique des livres doit s’inscrire tant dans la production des livres que dans leur promotion, leur vente ou leur prêt. Tout l’écosystème du livre est donc concerné.
L’accessibilité numérique permet d’assurer à tous les lecteurs, qu’ils soient ou non en situation de handicap (moteur, psychique, visuel, auditif, cognitif), un accès équitable et autonome aux contenus numériques proposés par les professionnels du livre et de l’écrit. Elle s’inscrit dans le format des livres numériques comme dans les sites web.
Pour accompagner les professionnels dans cette démarche, Auvergne-Rhône-Alpes Livre et Lecture propose un guide « par étapes ». 7 pages pour poser ou reprendre les bases de l’accessibilité numérique et permettre aux professionnels du livre et de la lecture de créer des sites, des ressources et des contenus perceptibles, utilisables et compréhensibles par tous.
- Espaces de création numérique en bibliothèque / sous la direction de Cyrille Jaouan & Casimir Jeanroy-Chasseux, 2019
Des éclairages théoriques, historiques, sociologiques et pratiques sur les enjeux et la mise en place d'un espace de création numérique en bibliothèque. (c) Electre
- Philippe LENEPVEU et Marc MAISONNEUVE, « Accessibilité numérique : des portails accessibles, des bibliothèques handi-accueillantes », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 2017, n° 11, p. 16-25.
En complément, vous pourriez aussi lire :
- Jean-Arthur CREFF, « Accueillir tous les publics : les dispositifs d’accessibilité à la BPI », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 2017, n° 11, p. 36-41.
- Handicap et accessibilité, BPI
- Accessibilité universelle et inclusion en bibliothèque / Association des bibliothécaires français ; sous la direction de Françoise Fontaine-Martinelli et Luc Maumet, 2017
Propose des approches pratiques et des éclairages plus théoriques pour comprendre les enjeux de l'accessibilité des bibliothèques aux personnes handicapées, que ce soit des lieux, des collections ou des services. (c) Electre
- Accessibilité et handicap : anciennes pratiques, nouvel enjeu / Joël Zaffran (dir.), 2015
Contributions issues d'un colloque établissant un état des lieux, dix ans après la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, de la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. La question de l'accessibilité est traitée en trois thèmes : l'accessibilité aux savoirs et à la formation, à l'emploi et à la culture. Bilans à tirer et défis pour les années à venir. © Electre 2015
Et pour finir, dans ces réponses du Guichet du savoir, vous trouverez des bibliographies récentes sur l'accessibilité et la signalétique en bibliothèque :
- Bibliographie et autres questions sur l'accessibilité en bibliothèque.
- Je cherche une bibliographie sur la signalétique en bibliothèque pour tous les publics.
- Existe-t-il des mémoires en master sur la signalétique en bibliothèque ?
- Qu'est-ce qu'une charte graphique signalétique en bibliothèque ?
Bonne journée


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