Philomène Magnin est-elle inhumée au cimetière de la Guillotière à côté d'autres élus ?
Question d'origine :
Bonjour
J'ai lu que Philomène Magnin avait ét éla première femme élus à la ville de lyon mais aussi au Conseil Général de la Libération Qu'est ce que le conseil général de la Libération ? Le Coseil départemental comme aujourd'hui ou u autre organisme
Est elle inhumée au cimetière de la Guillotière dans la zone des tombes des élus ? et la seule femme dans cette zone ?
Merci
Réponse du Guichet
Philomène Magnin, syndicaliste de bonne heure, très engagée dans les questions sociales, initiatrice de la première maison de retraite médicalisée en Europe qui servit de modèle aux EHPAD, première femme à siéger au conseil municipal de Lyon, est décédée le 27 août 1996. Elle repose à Saint Martin de Vallamas.
Le conseil général de la libération se nommait en réalité comité départemental de Libération. Dans chaque département, les conseils généraux devaient préparer la libération du territoire et après celle-ci devenir des auxiliaires des autorités. Le conseil général ou départemental est une structure bien distincte.
Bonjour,
Née le 26 avril 1905 à Caluire, c’est très jeune, à l’âge de 14 ans que Philomène Magnin adhère à la Confédération française des travailleurs chrétiens du Rhône (CFTC).
Elle suit en cours du soir les formations dispensées par le syndicat, qui lui donne une formation "sur le tas" riche de connaissances. Devenue déléguée syndicale, elle aide les ouvrières, participe aux grèves du Front populaire et acquiert une réputation solide dans le monde professionnel, car à sa dimension militante, elle ajoute un côté humoristique en imitant la mère Cottivet lors des congrès syndicaux et dans le réunions de travail. À la Libération, une fois le vote des femmes acquis, elle est conseillère municipale à Lyon. Sa carrière politique locale commence. Sous Édouard Herriot, elle devient adjointe au maire, administratrice des Hospices civils et est à l'origine d'une maison de retraite originale, Ma Demeure, qui est une référence dans la France d'alors, puisque les personnes âgées, seules ou en couple, occupent de petits appartements avec leurs meubles. [...] Philomène Magnin est élue au Conseil général du Rhône où elle mène également son combat pour les plus faibles, les plus déshérités.
Source : Dictionnaire historique de Lyon / Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup, Bruno Thévenon ; coordination éditoriale Bruno Thévenon ; révision et relecture Michel Kneubühler, 2009
Le livre de Michel Loude publié en 2004, Philomène Magnin : l'aube des citoyennes, précise que Philomène Magnin est poussée au-devant de la scène par la C.F.T.C. qui la désigne, en accord avec le Conseil de la Résistance, pour siéger au Conseil Municipal Provisoire (p.60). Le jour de sa nomination au Conseil Municipal provisoire de 1944, Philomène Magnin n'a pas pu retenir ses larmes de joie et d'angoisse... (p.73).
Ce même ouvrage indique en 4° de couverture que P. Magnin fut l'une des premières femmes élues [...] au Conseil Général de la Libération mais aucune précision n'est donnée à propos de cet organisme dans les chapitres qui auraient pu être plus explicites et que nous avons parcourus. La page 153 mentionne que cette grande figure lyonnaise est élue conseillère générale du sixième canton au second tour en 1945. A nouveau candidate au sixième canton en 1949 et en 1955, elle n'est pas réélue. Elle est réélue conseillère générale dans les années 60.
Cependant, grâce à Gallica, nous avons trouvé mentionné par Léo Hamon la dénomination conseil général de la Libération dans le Journal officiel de la République française. Débats de l'Assemblée consultative provisoire : compte rendu in-extenso, séance du 27 décembre 1944 :
Voilà pourquoi nous vous avons demandé, afin que le titre fût symbolique de la réalité qu'il recouvre, dans le moment même où nous nous engagions, pour autant que cela dépendait de nous, à appliquer l'ordonnance du 30 octobre 1944, que le conseil municipal de Paris et le conseil général de la Seine reçoivent le nom de conseil municipal de la Libération et de conseil général de la Libération, afin qu'après avoir été dans les choses la continuité de la Résistance et de la légalité nouvelle se retrouve dans les mots eux-mêmes. p. 610
Comme indiqué sur la page Wikipédia de Léo Hamon, celui-ci était vice-président du comité parisien de Libération qui était un des comités départemental de libération (ou CDL), structures de la Résistance.
Le Conseil national de la Résistance (CNR) est formé au printemps 1943 pour unifier les mouvements de la Résistance jusqu'alors politiquement divisés. Présidé par Jean Moulin puis Georges Bidault, il regroupe huit réseaux de la Résistance française, des représentants des syndicats (Confédération générale du travail CGT et Confédération française des travailleurs chrétiens CFTC) et de partis politiques. Il organise en France des comités départementaux de Libération (1944) et élabore une charte qui formule les principales options et directions de la IVe République : indépendance politique et économique de la France ; châtiment des collaborateurs ; rétablissement du suffrage universel et des libertés publiques ; réformes économiques, sociales, éducatives et coloniales.
Les comités départementaux de Libération (CDL) sont créés dans le cadre de l'ordonnance du 21 avril 1944 portant organisation des pouvoirs publics en France à la Libération. Dans chaque département, ils doivent préparer la libération du territoire et après celle-ci devenir des auxiliaires des autorités.
Source : Comité départemental de Libération, FranceArchives
Page 607 du Journal officiel de la République française. Débats de l'Assemblée consultative provisoire : compte rendu in-extenso, le ministre de l'Intérieur du Gouvernement provisoire de la République française du général de Gaulle, Adrien Tixier déclare :
L'article 19 de l'ordonnance du 21 avril 1944 avait prévu que les comités départementaux de libération cesseraient leurs fonctions lorsque les conseils généraux et les conseils municipaux seraient remis en place. Or, les comités départementaux de libération - ils l'ont affirmé avec éclat à leur récent congrès tenu à Paris les 15 et 16 décembre - estimaient qu'ils ne devaient pas disparaître, qu'ils avaient encore un rôle à jouer, même après le rétablissement des conseils municipaux et des conseils généraux.
Le Gouvernement a récemment examiné cette question et, bien qu'il n'ait pas abouti à des décisions définitives, je suis autorisé à dire à l'Assemblée qu'il s'oriente vers les solutions suivantes :
D'abord l'article 19 de l'ordonnance du 21 avril 1941 sera modifié, et les comités départementaux de la libération ne disparaîtront pas nécessairement après le rétablissement des conseils municipaux et des conseils généraux.
D'autre part, une ordonnance viendra fixer la composition et les nouvelles attributions de ces comités départementaux de libération. Cette ordonnance sera élaborée en tenant compte de la nécessité d'éviter des conflits et des doubles emplois entre les deux catégories d'organismes départementaux.
Les conseils généraux conserveront leurs attributions prévues par les lois de la République, et qui sont surtout de caractère administratif. Les comités de la libération n'auront pas à intervenir dans les domaines réservés aux conseils généraux.
Quelle sera alors la fonction des comités départementaux de la libération ?
L'idée est pour moi assez claire si les formules qui l'expriment sont assez difficiles à trouver. D'une manière simpliste, je dirai : la Résistance doit rester la Résistance, c'est-à-dire, comme aime à le répéter le général de Gaulle, le levain de la nation libérée.
Je n'aimerais pas voir les comités départementaux de la libération se laisser absorber par des tâches administratives pour lesquelles ils ne sont pas faits. Je voudrais que ces noyaux actifs de la Résistance continuent à être formés exclusivement de résistants actifs, je voudrais qu'ils gardent l'esprit de la Résistance, c'est-à-dire un certain esprit révolutionnaire, un certain esprit qui stimulera l'établissement d'une France nouvelle, d'une France où des réformes de la structure économique et sociale viendront introduire plus de Justice sociale. (Applaudissements.)
Je n'ai pas à vous proposer aujourd'hui les formules que j'essaierai de trouver pour le texte d'ordonnance, mais je suis convaincu que si nous faisons ensemble un effort suffisant, nous trouverons les moyens de donner une vie nouvelle aux comités départementaux de la libération et que la solution que nous trouverons confirmera et renforcera l'accord nécessaire entre la masse demeurée saine de la nation, la Résistance active, et le Gouvernement qui est le Gouvernement de la Résistance, le Gouvernement de la libération, et qui sera le Gouvernement de la reconstruction. (Applaudissements.)
Vraisemblablement c'est à ce titre et pour que les résistants ne soient pas écartés de la reconstruction de la France après-guerre, que l'ancien résistant Léo Hamon demande le 27 décembre 1944, la création d'un conseil général de la Libération en remplacement du conseil général de la Seine, cela malgré l'ordonnance du 31 octobre 1944 dont l'objet est la passation des pouvoirs entre CDL et conseils généraux :
La passation des pouvoirs entre CDL et conseils généraux fait l’objet d’une ordonnance le 31 octobre 1944, qui adapte assez largement celle du 21 avril 1944, en donnant là aussi la priorité aux résistants, c’est-à-dire aux membres du CDL, sur les anciens élus. Les CDL, CPL compris, ont tous du mal à appliquer rapidement ces consignes, et l’objectif de beaucoup d’entre eux est de faire office de conseil général provisoire jusqu’aux élections. Cependant, le congrès des CDL réuni à Paris du 15 au 17 décembre consacre une nouvelle façon de concevoir l’organisation institutionnelle de la France de la libération, « revirement complet, tant par rapport aux débats de la veille qu’aux décisions prises la semaine précédente aux congrès des comités locaux de la Seine ». La nouvelle doctrine est la survivance des CDL aux côtés des conseils généraux, et un partage des tâches entre ces deux organismes. Aux conseils généraux, le travail quotidien sur les questions administratives et aux comités de libération les grandes questions politiques et la mobilisation de la population, pour la réalisation du programme du CNR. Cette orientation est partagée par le gouvernement, bien qu’il craigne que cette nouvelle donne n’aboutisse à dresser les uns contre les autres, conseils généraux et CDL.
Source : Riondet, Charles. « Chapitre VI. Le pouvoir dans la Seine libérée ». Le Comité parisien de la Libération, Presses universitaires de Rennes, 2017
Cette question sur le conseil général de la libération nous a amené·es bien loin de Philomène Magnin, décédée le 27 août 1996 à l'âge de 91 ans.
Elle repose loin du fracas du monde, à Saint Martin de Vallamas entre Tournon, Lamastre et La Louvesc, dans cette grande Ardèche saturée d'azur, blanchie par la burle virulente de l'hier... une remontée aux sources de sa vie.
Source : Philomène Magnin : l'aube des citoyennes / Michel Loude ; préface de Simone André, 2004
Bonne journée
Métropoles et périphéries : qui les habitent ?