Quelle est l'espérance de vie d'un homme atteint d'embolie pulmonaire ?
Question d'origine :
Bonjour, qu'elle est l'espérance de vie d'un être humain ne sachant pas qu'il est atteint d'une embolie pulmonaire.Cordialement
Réponse du Guichet
L’embolie pulmonaire (EP) est, en terme de fréquence, la troisième maladie cardiovasculaire avec environ 35 000 hospitalisations chaque année. L’EP serait à l’origine d’environ 15 000 décès par an en France, essentiellement dans les cas sévères d’apparition brutale, ceux où le diagnostic n’a pas été posé, ou chez des patients âgés fragiles ou souffrant d’autres maladies graves.
Associée à plusieurs facteurs de risque, son pronostic dépend du type et de la gravité de l'embolie, de facteurs individuels et de la rapidité du diagnostic et du traitement. Il n’existe donc pas une « espérance de vie » unique et simple à chiffrer. Les médecins utilisent une échelle de gravité de l'EP pour évaluer les chances de survie à 30 jours ou plus : les chances de guérison d'une EP sont élevées si la personne reçoit un traitement médical rapide.
Lorsque l'EP n'est pas traitée en raison notamment de son caractère asymptomatique, elle peut être mortelle chez 1 personne sur 3 (selon la Société des sciences vasculaires du Québec) et les récidives sont alors observées dans 25 % des cas (moins de 10 % des cas lorsqu’un traitement a été mis en place). Outre sa mortalité, une EP non soignée peut entrainer des morbidités : une hypertension pulmonaire chronique (syndrome post EP) et une insuffisance cardiaque.
Attention, tout symptôme doit toujours alerter lorsqu’ils surviennent dans un contexte de risque de phlébite et d’embolie pulmonaire. Le médecin traitant est à même de donner des conseils préventifs et/ou de poser un diagnostic médical précis et personnalisé.
Bonjour,
Vous souhaitez savoir quelle est l'espérance de vie d'un homme atteint d'embolie pulmonaire passée inaperçue.
Nous ne sommes pas les mieux placés pour répondre à votre question. Vous devriez avant tout poser la question à votre médecin traitant qui procédera notamment à une anamnèse approfondie et à un diagnostic médical personnalisé. En cas de difficulté d'accès aux droits et aux soins, comme trouver un médecin traitant par exemple, le site Ameli vous guidera.
Qu'est-ce qu'une embolie pulmonaire ?
L’embolie pulmonaire (EP) est, en terme de fréquence, la troisième maladie cardiovasculaire (après l’infarctus du myocarde et l’accident vasculaire cérébral) avec environ 35 000 hospitalisations chaque année. L’embolie pulmonaire serait à l’origine d’environ 15 000 décès par an en France, essentiellement dans les cas sévères d’apparition brutale, ceux où le diagnostic n’a pas été posé, ou chez des patients âgés fragiles ou souffrant d’autres maladies graves.
L’embolie pulmonaire est l'obstruction d’une artère pulmonaire ou de l’une de ses branches, en général par un caillot de sang [thrombus]. Elle provoque des dommages au niveau du poumon atteint et la partie lésée ne peut plus fournir d’oxygène à l’organisme.
Le caillot se forme au cours d’une phlébite ou thrombose veineuse (en général au niveau des jambes). Il se détache de la paroi de la veine et remonte avec le sang dans la circulation veineuse vers le cœur. Lors de ses contractions, le ventricule droit du cœur propulse le caillot dans les artères pulmonaires. Le caillot sanguin chemine dans des artères de plus en plus fines, où il finit par rester bloqué.
En France, en 2022, 48 489 personnes ont été hospitalisées pour embolie pulmonaire.
Source : Ameli.fr
Il faut noter que le caillot de sang n’est pas le seul responsable d’une embolie pulmonaire. Beaucoup plus rarement, l'embolie pulmonaire peut être due à un embol (élément flottant dans un vaisseau) :
- athéromateux (fragment de plaque d’athérome) ;
- septique ou parasitaire (en cas d’infection grave) ;
- graisseux (après une fracture osseuse par exemple) ;
- amniotique (lors d’un accouchement) ;
- tumoral (migration de cellules cancéreuses).
Source : Ameli.fr
La survenue d’une embolie pulmonaire est favorisée par certains antécédents médicaux, l'usage de certains médicaments ou encore des contingences de vie (allaitement, grossesse, immobilisation) :
- les interventions chirurgicales et tout particulièrement les interventions orthopédiques, gynéco-obstétricales et pour cancer ;
- les traumatismes : choc, fracture osseuse ;
- les troubles de la coagulation dus à des maladies héréditaires ;
- l’alitement ou l’immobilisation prolongés quelle qu’en soit la cause (maladie, traumatisme, long voyage…) ;
- chez la femme, la contraception orale (pilule contraceptive), le traitement hormonal substitutif de la ménopause, la grossesse ;
- certaines maladies, en particulier les cancers du poumon et de l’estomac, l'insuffisance cardiaque, l'infarctus du myocarde, les antécédents de phlébite, le surpoids et l’obésité... ;
Source : Ameli.fr
Outre ces facteurs favorisant la survenue de l'embolie pulmonaire, la gravité de celle-ci est multifactorielle, et va dépendre de :
- l’importance de la partie du poumon lésée par l’artère obstruée.
Lorsqu'elle est grave, l'embolie pulmonaire est responsable d'une hypoxémie grave (diminution de la quantité d'oxygène dans le sang) et d'un retentissement sur le ventricule droit du cœur (insuffisance cardiaque) ;- l’état cardiaque (une angine de poitrine pré-existante est un facteur de gravité) ;
- l'état respiratoire (insuffisance respiratoire par BPCO par exemple) de la personne avant la survenue de l'embolie.
Source : Ameli.fr
Il n’existe donc pas une « espérance de vie » unique et simple à chiffrer puisque le pronostic dépend des facteurs décrits ci-dessus, ainsi que dans l'étude publiée sur NIH (National Institutes of Health) : Epidemiology, Pathophysiology, and Natural History of Pulmonary Embolism / Turetz M, Sideris AT, etc., (2018 Jun). En voici le résumé :
Pulmonary embolism (PE) is a common and potentially deadly form of venous thromboembolic disease. It is the third most common cause of cardiovascular death and is associated with multiple inherited and acquired risk factors as well as advanced age. The prognosis from PE depends on the degree of obstruction and hemodynamic effects of PE and understanding the pathophysiology helps in risk-stratifying patients and determining treatment. Though the natural history of thrombus is resolution, a subset of patients have chronic residual thrombus, contributing to the post-PE syndrome.
Traduction google :
[L’embolie pulmonaire (EP) est une forme fréquente et potentiellement mortelle de maladie thromboembolique veineuse. Troisième cause de mortalité cardiovasculaire, elle est associée à de multiples facteurs de risque héréditaires et acquis, ainsi qu’à un âge avancé. Le pronostic de l’EP dépend du degré d’obstruction et des conséquences hémodynamiques de l’embolie. La compréhension de sa physiopathologie permet de stratifier les patients selon leur risque et d’orienter le traitement. Bien que le thrombus se résorbe spontanément, certains patients présentent un thrombus résiduel chronique, contribuant au syndrome post-EP.]
Et cette étude de conclure :
The incidence of PE is increasing possibly due to overdiagnosis, and although mortality is falling, PE continues to be a common and a potentially fatal form of VTE. Inherited and acquired risk factors (particularly surgery and malignancy) increase the likelihood of VTE and PE. Though commonly a cause of gas exchange abnormalities, mortality risk is due to the cardiovascular consequences of obstruction with increasing PVR, RV pressure load, and dysfunction. Both the burden of PE and underlying cardiopulmonary status contribute to these hemodynamic consequences. In addition to the immediate morbidity and mortality caused by PE, in recent years the post-PE syndrome of functional limitation in association with ongoing cardiac and gas exchange dysfunction has received more attention and research is ongoing to determine who is at increased risk for these consequences especially in the submassive population with the question of benefits from early intervention to reduce clot burden.
Traduction google :[L'incidence de l'embolie pulmonaire (EP) est en augmentation, probablement en raison d'un surdiagnostic. Bien que la mortalité soit en baisse, l'EP demeure une forme fréquente et potentiellement mortelle de thromboembolie veineuse (TEV). Les facteurs de risque héréditaires et acquis (notamment la chirurgie et les cancers) augmentent la probabilité de TEV et d'EP. Bien qu'elle soit fréquemment à l'origine d'anomalies des échanges gazeux, le risque de mortalité est lié aux conséquences cardiovasculaires de l'obstruction, avec augmentation des résistances vasculaires pulmonaires (RVP), de la surcharge de pression du ventricule droit (VD) et dysfonctionnement. L'importance de l'EP et l'état cardiopulmonaire sous-jacent contribuent à ces conséquences hémodynamiques. Outre la morbidité et la mortalité immédiates causées par l'EP, le syndrome post-EP, caractérisé par une limitation fonctionnelle associée à un dysfonctionnement cardiaque et des troubles des échanges gazeux persistants, a suscité un intérêt croissant ces dernières années. Des recherches sont en cours pour identifier les personnes présentant un risque accru de ces conséquences, en particulier dans la population submassive, et pour déterminer les bénéfices d'une intervention précoce visant à réduire la charge thrombotique.]
Le site Medical News Today, site web anglais d'information médicale destiné aux médecins et au grand public, a rédigé un article sur l’espérance de vie après une embolie pulmonaire Life expectancy after pulmonary embolism (14 février 2023). L'article déclare que l'espérance de vie d'une personne atteinte d'une embolie pulmonaire (EP) dépend du type et de la gravité de l'embolie, de facteurs individuels et de la rapidité du diagnostic et du traitement. Les médecins utilisent une échelle pour estimer la probabilité de survie à 30 jours minimum :
Doctors use a pulmonary embolism severity scale to assess the likelihood or a person with a PE surviving 30 days or longer. A person who scores 65 or less on the scale has a 1–6% chance of dying within 30 days, but a person who scores 125 or more has a 10.0–24.5% chance of dying within 30 days.
However, there is a good chance of recovering from a PE if a person receives prompt medical treatment.
Traduction Google :[Les médecins utilisent une échelle de gravité de l'embolie pulmonaire pour évaluer les chances de survie à 30 jours ou plus d'une personne atteinte d'une embolie pulmonaire. Une personne obtenant un score de 65 ou moins sur cette échelle a entre 1 et 6 % de chances de décéder dans les 30 jours, tandis qu'une personne obtenant un score de 125 ou plus a entre 10 et 24,5 % de chances de décéder dans les 30 jours.
Cependant, les chances de guérison d'une embolie pulmonaire sont bonnes si la personne reçoit un traitement médical rapide.]
Les traitements de l’embolie pulmonaire visent à restaurer la circulation sanguine dans l’artère pulmonaire bouchée, si nécessaire, soulager le cœur et rétablir une concentration d’oxygène dans le sang normale et prévenir les complications et les récidives qui seront plus importantes sans traitement. En effet, "Dans 1 à 3% des cas d'embolie pulmonaire, l'obstruction chronique résiduelle entraîne une hypertension artérielle pulmonaire (hypertension artérielle postembolique chronique) qui peut se développer sur des mois ou des années et entraîner à terme une insuffisance cardiaque droite chronique (3)" (Source : Manuel VSD).
Est-il possible d'être asymptomatique ?
Les symptômes varient d’une personne à l’autre, mais ils doivent toujours alerter lorsqu’ils surviennent dans un contexte de risque de phlébite et d’embolie pulmonaire (suite d'une intervention chirurgicale, immobilisation dans le mois précédent, cancer en cours de traitement...).
L’embolie pulmonaire entraîne l’apparition soudaine de symptômes, mais "les symptômes sont parfois difficilement évocateurs, car peu intenses ou peu spécifiques. La difficulté à respirer peut survenir progressivement et la douleur peut être modérée" (Source : Ameli.fr)
Les symptômes d'apparition soudaine sont :
- une douleur thoracique d’un côté, qui augmente à l’inspiration ;
- des difficultés à respirer (dyspnée) avec une respiration rapide et courte ;
- parfois, une toux et des crachats avec du sang.
Source : Ameli.fr
D’autres symptômes peuvent être présents, souvent en cas d'embolie pulmonaire grave :
- un malaise, ou même une perte de connaissance ;
- une accélération du rythme cardiaque (tachycardie) ;
- une tension artérielle basse ;
- des signes périphériques de choc (marbrures des genoux, doigts et lèvres bleus, froideur des mains et pieds).
Que se passe t-il si une EP asymptomatique ne reçoit pas de traitement ?
La Société des sciences vasculaires du Québec (SSVQ), forum interdisciplinaire de professionnels de la santé ayant pour mission d’améliorer et de partager la compréhension des maladies vasculaires, déclare que :
Sans traitement, l’embolie pulmonaire peut être mortelle chez 1 personne sur 3 ! L’embolie pulmonaire est donc une urgence médicale. [...] Une bonne nouvelle : avec le bon traitement au bon moment, les chances de survie sont meilleures !
Source : Embolie pulmonaire (SSVQ)
Le site Vidal évoque également les risques d'EP non diagnostiquée car passée inaperçue :
Lorsque l’embolie n’a pas été traitée (par exemple du fait de l’absence de symptômes), des récidives sont observées dans 25 % des cas (moins de 10 % des cas lorsqu’un traitement a été mis en place). Les récidives sont souvent plus sévères et plus graves que le premier épisode d’embolie. Elles peuvent être à l’origine d’hypertension pulmonaire chronique, une pression sanguine anormalement élevée au niveau des artères pulmonaires qui est à l’origine d’un essoufflement au moindre effort.
Source : Les symptômes et les complications de l'embolie pulmonaire (Site Vidal, 9 juin 2024)
Le Manuel VSD consacre un chapitre au pronostic de l'EP :
La plupart des décès par embolie pulmonaire surviennent dans l'heure de la présentation (1). La plupart des patients qui meurent suite à une embolie pulmonaire aiguë ne sont jamais diagnostiqués avant de mourir. En fait, l'embolie pulmonaire n'a pas été suspectée chez la plupart de ces patients. La mortalité globale à l'hôpital varie d'environ 8% chez les patients stables à 25% chez les patients présentant un choc cardiogénique et à 65% chez les patients nécessitant une réanimation cardiorespiratoire (2).
Bien à vous

Numéro Invalide – tome 1