Orange de Noël
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 27/12/2006 à 09h07
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Question d'origine :
Bonjour,
Ma mère me racontait que lorsqu'elle était petite , vers 1912 elle avait comme seul cadeau à Noël, une orange.
C'était en Limousin et sa famille, avec de nombreux enfants, était très pauvre.
Aussi, je me demande comment arrivaient des oranges au fond de cette campagne de Corrèze en hiver, d'où venaient-elles, pourquoi mes grands parents pouvaient en acheter car elles devaient être chères, et d'où venait cette tradition.
C'est un morceau qui manque à mon histoire familiale.
Merci de m'aider.
Et aussi merci à tous pour votre beau travail et meilleurs voeux pour cette nouvelle année.
Françoise
Réponse du Guichet

Voici quelques éléments d'histoire sur l'importation et la culture de l'oranger en France sur Imago Mundi :
L'Oranger proprement dit, l'oranger à fruit doux, est d'importation encore plus récente. Originaire de la Péninsule indochinoise et de la Chine méridionale, où, à une époque lointaine, serait survenue, d'après une hypothèse assez plausible, une dérivation, soigneusement propagée, du Bigaradier en Oranger doux, il s'est répandu d'abord, par l'effet des semis, dans la région de l'Inde, peut-être vers le commencement de l'ère chrétienne; il a gagné ensuite l'Occident, par des migrations vraisemblablement analogues à celles du Bigaradier, mais postérieures de 400 ou 500 ans, car jusqu'au commencement du XVe siècle les ouvrages arabes et les chroniques ne parlent que d'oranges amères ou aigres.
Dans le Nord de la France, il n'a existé, pendant longtemps, qu'un seul oranger, et encore était-ce un bigaradier non greffé : semé à Pampelune, en 1421, il avait été transporté, déjà grand, à Chantilly, puis à Fontainebleau, et, de là, en 1684, à Versailles, baptisé successivement des noms de Grand Connétable, Grand Bourbon et François ler. Louis XIV en fit venir et planter d'autres, et, comme il s'en montrait admirateur passionné, l'oranger devint en vogue pour l'ornementation des grands jardins à la Le Nôtre; on les y alignait, ainsi qu'on le fait encore aujourd'hui, de chaque côté des allées principales, dans des caisses, et, pour les préserver des rigueurs de l'hiver, on leur construisit des serres monumentales, appelées orangeries.
Ce récit de 1853 inspiré du « Cours élémentaire théorique et pratique d'arboriculture » de M. du Breuil confirma la présence d'orangeraie en France à la fin du XIXème siècle :
La célébrité des orangers comme arbres fruitiers remonte aux siècles héroïques et fabuleux. Si l'on se reporte aux temps historiques, on voit, d'après M. de Sacy, que l'oranger à fruit amer, ou bigaradier, a été apporté de l'Inde postérieurement à l'an 300 de l'hégire ; qu'il se répandit d'abord en Syrie, en Palestine, puis en Egypte. Suivant Ebn-el-Awam, cet arbre était cultivé à Séville vers la fin du douzième siècle. Nicolaüs Specialis assure que, dans l'année 1150, il embellissait les jardins de la Sicile. Enfin on sait qu'en 1336 le bigaradier était un objet de commerce dans la ville de Nice.
L'oranger à fruit doux croît spontanément dans les provinces méridienales de la Chine, à Amboine, aux îles Marianes et dans toutes celles de l'océan Pacifique. On attribue généralement son introduction en Europe aux Portugais. Gallesio affirme, toutefois, que cet arbre a été introduit de l'Arabie dans la Grèce et dans les îles de l'Archipel, d'où il a été transporté dans toute l'Italie.
D'après Théophraste, le citronnier ou cédratier existait en Perse et dans la Médie dès la plus haute antiquité, il est passé de là dans les jardins de Babylone, dans ceux de la Palestine ; puis en Grèce, en Sardaigne, en Corse, et sur tout le littoral de la Méditerranée. Il formait, dès la fin du deuxième siècle de l'ère vulgaire, un objet d'agrément et d'utilité dans l'Europe méridionale. Son introduction dans les Gaules paraît devoir être attribuée aux Phocéens, lors de la fondation de Marseille.
Le limonier croît spontanément dans la partie de l'Inde située au delà du Gange, d'où il a été successivement répandu par les Arabes dans toutes les contrées qu'ils soumirent à leur domination. Les croisés le trouvèrent en Syrie et en Palestine vers la fin du onzième siècle, et le rapportèrent en Sicile et en Italie.
L es diverses espèces d'orangers sont des arbres qui, dans le midi de l'Europe, peuvent atteindre une hauteur de huit à neuf mètres. Naguère encore ils étaient l'objet d'une culture assez importante, soit pour leurs feuilles employées sous forme d'infusion, soit pour leurs fleurs dont on fait l'eau de fleurs d'oranger, soit enfin pour leurs fruits qui sont servis sur nos tables, et dont on extrait aussi des huiles essentielles et de l'acide citrique.
Mais depuis peu de temps une maladie spéciale, dont la cause est complètement ignorée, a envahi les orangers de la plaine d' Hyères, et en a fait succomber plus des trois quarts. La plupart de ceux qui survivent sont atteints de la maladie et périront avant un an ou deux. Dans toute cette plaine, qui a une étendue d'environ 68 hectares, et qui, régulièrement plantée à 4 mètres en tous sens, comprend 42 800 pieds d'orangers de tout âge, on en compterait à peine un dixième tout à fait sains. L'opinion générale des agriculteurs est que ce faible reste aura le sort des autres. Depuis deux ans, ces arbres leur servent de bois de chauffage.
La culture de l'oranger disparaîtra bientôt de la plaine d'Hyères, si le mal continue ses ravages le remède à lui opposer ne saurait être immédiat. Il est impossible de replanter maintenant ; quelques propriétaires l'ont tenté, et déjà leurs jeunes arbres périssent attaqués de la maladie. Il est nécessaire qu'un certain laps de temps s'écoule avant que l'on songe à mettre de nouveaux orangers à la place des anciens. M.-V. Rendu, inspecteur général de l'agriculture, auquel nous empruntons ces détails, a décrit avec soin les deux maladies distinctes dont les orangers d'Hyères lui paraissent atteints. Il pense que les germes pestilentiels de ces maladies doivent être détournés au moyen d'un changement radical de culture. « Transformer en prairies arrosables les jardins d'oranger, ou les convertir en jardins fruitier ou maraîchers, dont les produits s'élèveraient à plus de 600000 francs par an à Hyères, serait, dit-il, une bonne opération. »
Il est difficile d'affirmer à coup sûr d'où provenait l'orange de votre mère, mais il est très probable qu'elle ait été cultivée en France.
Vous pouvez aussi lire L'Orange de Noël, roman de Michel Peyramaure dont l'action se passe justement en Corrèze...
Bonnes fêtes à vous aussi.
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