Question d'origine :
Bonjour,
Je sais qu'au début des années cinquante, les salles de cinéma étaient environ deux fois plus fréquentées qu'aujourd'hui. Mais je voudrais savoir si la France possédait autant de salles de cinéma qu'aujourd'hui, et si celles-ci étaient à peu près également réparties sur le territoire où si, à l'époque, les salles de cinéma étaient majoritairement situées dans les grandes villes françaises. Peut-être pourrez-vous m'aider ?
Merci
Réponse du Guichet
Le 03/03/2007 à 16h44
Les statistiques détaillées sur l’exploitation des salles (le nombre de salles, leur répartition sur le territoire, leur fréquentation, etc.) sont délivrées en France par le Centre National de la Cinématographie (CNC), créé en 1946. Vous pouvez vous adresser à ce centre pour une étude précise.
Dans notre fonds de documentation, nous sommes abonnés au Bulletin d’information du CNC, à partir du n° 151-152, février-avril 1975. Ce bulletin délivre chaque année, jusqu’à nos jours, les chiffres annuels d’exploitation avec un classement géographique. Ainsi, dans le n° 151-152, le recensement, établi au 1er janvier 1975, compte 4224 salles en France, avec un total de 1 813 024 fauteuils. Le n° suivant, 153-154, juin-août 1975, délivre la répartition géographique des salles, selon un tableau à double entrée - la capacité des salles (au nombre de 6 : < 300 places ; 300 à 399 places ; 400 à 499 places ; 500 à 699 places ; 700 à 999 places, > 1000 places) et les régions de France, (au nombre de 9 : Paris, Banlieue, G.R.P., Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nancy, Strasbourg) -, ce qui donne respectivement en nombre de salles pour chacune de ces régions : 383, 368, 917, 644, 246, 656, 722, 128, 160.
Dans le n° 157-158, février-avril 1976, le « Rapport sur la modernisation et l’implantation des salles de cinéma », constate le déficit de l’exploitation cinématographique en France, pour la période 1960-1975 :
« L’exploitation cinématographique française a enregistré, pendant la période 1960 à 1975, une diminution du nombre de ses salles et de ses fauteuils ainsi qu’une forte désaffection du public pour les spectacles qu’elle y diffusait :
Nombre de salles : 5 821 en 1960 ; 4 188 en 1974
Nombre de fauteuils : 2 798 000 en 1960 ; 1 817 000 en 1974
Nombre d’entrées : 355 000 000 en 1960 ; 178 500 000 en 1974
Pendant cette période le mode de vie des Français était bouleversé par une croissance nouvelle, se manifestant à plusieurs niveaux :
- économique, par la modification des formes de consommation ;
- démographique, par la concentration de la population dans les agglomérations urbaines régionales les plus importantes ;
- culturel, par l’essor de la télévision ».
En consultant le catalogue collectif universitaire SUDOC, vous obtenez l’adresse des bibliothèques qui possèdent le Bulletin du CNC, de 1947 à 1952 (Bibliothèque nationale de France, la Fondation nationale des sciences politiques à Paris, la cinémathèque de Toulouse) et le Bulletin d'information du CNC, de 1953 à 1975 (les mêmes bibliothèques que précédemment, plus la BIFI à Paris).
Le dossier du CNC n°300, septembre 2006, intitulé "Géographie du cinéma", donne les résultats suivants, pour les 10 dernières années :
Nombre d’écrans actifs : 4529 en 1996, 4662 en 1997, 4779 en 1998, 5003 en 1999, 5155 en 2000, 5249 en 2001, 5264 en 2002, 5299 en 2003, 5357 en 2004, 5373 en 2005.
Nombre de fauteuils : 954 178 en 1996, 975 090 en 1997, 992 651 en 1998, 1 028 704 en 1999, 1 060 317 en 2000, 1 073 632 en 2001, 1 074278 en 2002, 1 076 287 en 2003, 1 083 516 en 2004, 1 084 637 en 2005.
De nombreuses autres statistiques, selon les villes, les départements, les régions, figurent également dans ce numéro.
Par ailleurs, dans son livre Le cinéma exploité, René Bonnell, économiste, décrit les conditions d’exploitation des films en France, de 1945 à 1977 et s’attache à analyser en profondeur tous les facteurs qui ont conduit à une baisse continue de la fréquentation des films, à partir de 1957. Vous aurez des éléments d’appréciation selon des critères géographiques, du phénomène de l’urbanisation (taux de ruralité, taille des agglomérations, prépondérance parisienne, etc.) et des pratiques socioculturelles locales. Voici quelques extraits : « Après une période de guerre assez favorable… (300 millions d’entrées en moyenne annuelle), la fréquentation atteint son niveau record en 1947, avec plus de 423 millions d’entrées… Entre 1952 et 1957, l’utilisation des techniques du grand écran, et du cinémascope en particulier, a encouragé la demande qui reprend une nouvelle vigueur pour culminer en 1957 avec plus de 411 millions d’entrées…En 1958 s’amorce une période de chute très forte de la demande qui ne s’amortit réellement qu’à partir de 1970. Entre 1957 et 1976, la fréquentation a diminué de 58 % au rythme de 3,63 % en moyenne annuelle… Depuis 1970, la demande semble se stabiliser autour de 170 à 180 millions de visites au cinéma par an. »
« Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, le parc des salles augmente de manière continue pour atteindre son niveau maximal en 1959 (+ 16,5 % par rapport à la fin des années quarante). Le retournement (1960) ne se situe que deux ans après celui de la fréquentation (1958) ; puis le nombre des salles en activité diminue rapidement selon le phénomène classique d’accélération : 19 établissements disparaissent entre 1960 et 1961, 138 entre 1964 et 1965, et 275 entre 1968 et 1969 ; encore s’agit-il de baisse nette, car un mouvement de création de salle se maintient pendant cette période de récession (graphique XXI). Le phénomène se ralentit dès 1970 …En 1976, il existe 237 salles de plus qu’en 1972 ; le parc se situe à environ 75 % de son niveau des années cinquante. »
A la page 231 du livre, commence un passage sur le « déséquilibre géographique de l’équipement » qui explicite, graphique à l’appui, les disparités concernant la répartition des équipements des départements, industrialisés ou ruraux, et des communes, selon leur nombre d’habitants.
Dans le livre La prochaine séance : les Français et leurs cinés, consacré à l’histoire de l’exploitation des salles en France, depuis l’origine en 1895 jusqu’aux années 90, figure, p. 108, le tableau suivant :
Nombre d’écrans : 4500 en 1980, 4532 en 1981, 4669 en 1982, 4857en 1983, 5098 en 1984, 5153 en 1985, 5117 en 1986, 5026 en 1987, 4819 en 1988, 4658 en 1989, 4518 en 1990, 4441 en 1991, 4402 en 1992, 4397 en 1993, 4414 en 1994, 4614 en 1995.
Nombre de fauteuils : 1 408 835 en 1980, 1 342 673 en 1981, 1 316 428 en 1982, 1 311 530 en 1983, 1 306 528 en 1984, 1 276 124 en 1985, 1 231 344 en 1986, 1 171 375 en 1987, 1 104 397 en 1988, 1 051 597 en 1989, 1 006 683 en 1990, 982 963 en 1991, 972 102 en 1992, 961 709 en 1993, 960 383 en 1994, 992 023 en 1995.
Une autre source très intéressante pour votre étude est le livre de Claude Forest, exploitant d’un cinéma et chargé de cours à l’université, Les dernières séances : cent ans d'exploitation des salles de cinéma , qui dresse, avec la présentation de nombreuses statistiques, un panorama historique et économique de l’exploitation cinématographique, en France et à l’étranger, de 1889 jusqu'à nos jours.
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