Question d'origine :
Je voudrais savoir quelle place avait le corps au cours des époques et selon les religions (plus précisément catholique, protestante et islamique) ?
merci d'avance
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 19/04/2007 à 07h53
Le sujet est trop vaste pour que nous puissions y répondre autrement que par des références bibliographiques.
« Le corps religieux est un vaste domaine d’étude, un champ encore en friche, qu’anthropologues, historiens des représentations et historiens de l’art ont commencé à explorer. Leurs contributions éclairent les changements qui se sont manifestés au cours des siècles médiévaux et modernes ; mais le corps n’était pas vraiment au centre de leurs préoccupations et ils ne l’ont atteint que de manière incidente. L’histoire des représentations du corps dans l’univers religieux est aujourd’hui un chantier ouvert et l’essentiel de la tâche est devant nous. »
Cet extrait de l’ Histoire du corps. 1. De la Renaissance aux Lumières p. 19, souligne la difficulté.
L’article Religion du Dictionnaire du corps, développe les nombreuses manières d’étudier le rapport entre corps et religion : rôle du corps dans les pratiques religieuses de guérison, fonction de la religion d’exercer un contrôle sur le corps, que se soit dans les pratiques d’ascétisme ou par le regard sur la fécondité, conceptions au sujet de l’après-vie, de la place de la femme, de la sexualité, métaphores corporelles de la sociabilité (utilisation des fluides corporels, corps et sang du Christ , cosmologies…).
Vous pourrez trouver dans Le corps, ce qu’en disent les religions des développements importants sur l’importance théologique du corps, la vision de la sexualité, la représentation ou non du corps dans les principales religions, notamment dans la tradition chrétienne et l’Islam.
Le sexe et le sacré de Clifford Bishop s’intéresse comme son titre l’indique aux rapports entre sexe et sacré et clarifie des notions comme la fertilité, la virginité, la mystique et l’extase …
Voir aussi L’invention du corps, de Nadeije Lannerie-Dagen, qui étudie les représentations y compris religieuses du corps.
Vous trouverez par ailleurs dans l’ Histoire du corps. 1. De la Renaissance aux Lumières déjà citée beaucoup de renseignements sur le corps dans le christianisme dans la première partie I. Le corps, l’Eglise et le sacré.
« Dans l’univers religieux, l’étude des représentations du corps reste un chantier ouvert, profondément marqué par cette ambivalence soulignée par Jacques Gélis, du corps du Christ entouré de foi et de dévotion, au corps fait de chair, synonyme de faiblesse, tentation et péché. Sous l’impulsion de la Contre Réforme, la période moderne encourage un culte doloriste exaltant le corps souffrant du Christ et les instruments de la Passion. Paroles, images et art du discours chrétien post-tridentin expriment ici une fascination pour le corps torturé que l’on peut rapprocher de la « mort au cœur de la vie » et de cette théâtralisation de la mort mise en évidence par Philippe Ariès et Michel Vovelle.
Dans ce culte du corps du Christ, la place première est prise par l’image, dépassant bien souvent le discours par son réalisme, dont l’auteur décline quelques-uns des thèmes iconographiques les plus répandus comme le pressoir mystique, le Christ médecin, les signes de la Passion, le Massacre des Innocents, etc.
Chez les mystiques, l’exaltation du martyre divin, fruit d’une longue éducation de l’imaginaire, suscite de nouvelles formes de violences infligées au corps : mortification, stigmatisation (surtout au XVIIe siècle), recherche d’une putréfaction volontaire, d’un néant qui reflèterait celui, corporel, du Christ. Seuls les saints qui meurent en « odeur de sainteté » échappent à ce pourrissement, avant que les différentes parties de leur corps ne réalisent quantité de prodiges. »
Voir la suite du résumé sur Les Clionautes, compte-rendus. et la table des matières sur le site de l’OCHA.
C’est aussi dans cette partie I. IV. 1, titrée : Un corps protestant ? p. 103, que vous trouverez soulignée la différence entre le catholicisme et le protestantisme sur la vision et le traitement du corps.
« Pour les protestants, ce qui importe, c’est de donner à celui ou à celle qui se trouve en situation critique les moyens de surmonter ses difficultés et de vaincre ses angoisses, d’accepter le sort qui lui est fait, non pas pour abandonner la partie, mais au contraire pour apprendre à se maîtriser et par là, à se dépasser. Dans cette perspective, le corps n’est ni dévalorisé ni contraint abusivement. Son soulagement en cas de maladie et sa guérison constitue un noble objectif : la santé, l’absence de souffrances physiques ou morales sont les conditions de l’épanouissement de la personne. C’est prendre l’exact contrepied de la parole du magistère catholique […] »
Dans le volume 2 Histoire du corps. 2. De la Révolution à la Grande guerre, c’est en I. 2. L’emprise de la religion, par Alain Corbin que vous lirez des mises au point sur l’incarnation, la virginité et la continence, les devoirs conjugaux, la position ascétique, les postures du recueillement et les miracles.
L’édition complète des catéchèses données par Jean-Paul II entre 1979 et 1984 Homme et femme Il les créa : une spiritualité du corps, vous renseignera sur la position de l’Eglise à notre époque.
Pour approfondir sur la question en Islam :
Le corps en Islam, de Malek Chebel qui «montre combien le Corps en Islam est un élément actif du conditionnement social et culturel. Présent à tous les niveaux d'organisation formelle ou informelle de la société, le Corps, dans la culture musulmane, est l'aboutissement d'une civilisation donnée, un support de mémoire, une sorte d'archive vivante reflétant de nos jours les conflits entre les modèles de comportement traditionnel et l'adoption d’un code social occidental. »
Cette page Les religions, le corps, le sensible, sur le site de l’Association française pour l’étude du monde arabe et musulman.
Le corps et le sacré en Orient musulman, le numéro 113-114 de la Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée.
L’Article Islam du Dictionnaire du corps déjà cité.
Il est évident que cette réponse est loin d’être exhaustive, d’autant que sur des points précis, statut de la femme, rituels funéraires, hygiène, alimentation, mystique, reliques, etc. …existent des ouvrages précis. Pour en savoir encore plus vous pouvez vous référer aux bibliographies des ouvrages cités qui sont fort fournies, voire vous procurer A la recherche du corps qui fait le point sur l’état de la recherche en France sur le sujet du corps et comporte un chapitre Corps et religions.
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