Question d'origine :
Bonjour,
Quelle a été la position de Chomsky sur les évènements qui se sont déroulés au Cambodge entre 1975 et 1979?
A-t-elle évolué?
Par quel canal l'a-t-il exprimé?(revues, débats, livres...)
Réponse du Guichet

L’Observatoire des médias (acrimed) donne une idée des rapports entre les médias français et la pensée de Noam CHOMSKY...
La pensée de Noam Chomsky est interdite de débat - du débat qu’elle mérite - dans les médias français. Comme si nous n’avions le choix qu’entre l’idolâtrie et la calomnie. Petit mémento de la bêtise ordinaire de certains seigneurs des médias (Acrimed).
Noam Chomsky, linguiste américain professeur au MIT (Massachusetts Institute of Technology), et, selon les propres mots d’Alain Finkielkraut, « l’intellectuel planétaire le plus populaire », n’est pas exactement la coqueluche des journalistes ou des intellectuels français, c’est le moins que l’on puisse dire.
Depuis une vingtaine d’années, ils ne parlent jamais de son œuvre, qui occupe pourtant (ou peut-être précisément parce qu’elle occupe) une place fondamentale dans la pensée critique moderne. Et les rares fois où son nom est évoqué, c’est pour ressasser encore et toujours les mêmes calomnies effarantes de bêtise et de malhonnêteté. Tout en lui refusant, bien entendu, le droit de répondre librement à ces accusations.
Le Figaro, Libération, Le Monde, Bernard-Henri Levy, Alain Finkielkraut, Alain Gérard Slama, Jacques Attali, André Glucksmann, Philippe Val et bien d’autres, se sont ainsi époumonés à de nombreuses reprises, pour condamner les idées répugnantes qu’ils lui prêtent avec une mauvaise foi consternante.
Chomsky n’a jamais nié ou minimisé le génocide perpétré au Cambodge par les Khmers rouges entre 1975 et 1978. Une partie importante de son travail est consacrée à établir les preuves objectives de l’existence d’une propagande médiatique. Pour ce faire, il cherche à démontrer que toutes choses étant égales par ailleurs, les intérêts politiques et économiques en jeux influencent de manière importante la façon dont les médias rendent compte de conflits internationaux pourtant similaires.
Il a ainsi observé que pour un niveau de violence et un nombre de victimes à peu près équivalents, les atrocités commises par Pol Pot (ennemi des Etats-unis), étaient traitées de manière emphatique, avec une exagération systématique des faits et des commentaires, tandis que le génocide perpétré à peu près à la même époque par l’armée indonésienne (alliée des Etats-Unis), au Timor Oriental, était, à l’inverse, complètement occulté par les médias.S’il a étudié les estimations officielles des victimes du Cambodge, c’est uniquement pour montrer que le niveau était comparable à celui du Timor, préalable indispensable à sa démonstration, non pour nier l’horreur des massacres commis, qu’il a par ailleurs, condamnés de manière parfaitement claire à plusieurs reprises, affirmant qu’il serait « difficile de trouver un exemple aussi horrible d’un tel déferlement de fureur ». Tous ceux qui ont pris la peine de lire ses écrits le savent parfaitement.
acrimed (action, critique, médias)
Le même point de vue est donné par le monde diplomatique :
Dans le cas de l’Indochine et du Cambodge en particulier, les écrits de Chomsky, souvent présentés comme une « défense de Pol Pot », ont cherché à comparer les réactions des gouvernements et des médias occidentaux face à deux atrocités presque simultanées : les massacres commis par les Khmers rouges au Cambodge et ceux des Indonésiens au moment de l’invasion du Timor-Oriental.
Concernant le Cambodge, l’indignation fut vive - autant qu’hypocrite. En revanche, au moment de l’action militaire indonésienne, les médias et les intellectuels « médiatiques » observèrent un silence presque complet alors même que les Etats-Unis et leurs alliés, dont la France, livraient à l’Indonésie des armes en sachant qu’elles seraient utilisées au Timor. Dresser la longue liste des non indignations de ce type obligerait à revenir sur la Turquie et les Kurdes, Israël et les Palestiniens, sans oublier l’Irak, où, au nom du droit international, on laisse des centaines de milliers de personnes mourir à petit feu
Deux livres écrits par Noam Chomsky confirment et complètent ces assertions :
- Le 1er : Bains de sang constructifs : dans les faits de la propagande (1974) donne des renseignements sur le fond.
- Dans Réponses inédites à mes détracteurs parisiens (1984), Chomsky fait une mise au point sur cette controverse avec l’intelligentsia française.
En ce qui concerne les revues, il peut être intéressant de consulter la presse française et américaine de l’époque. La bibliothèque municipale de Lyon possède les archives des journaux et revues depuis le début de leur parution…
Selon certains articles du Monde plus récents, Noam Chomsky s’en prend surtout aux génocides engendrés par la politique étrangère des Etats-Unis.
Le nombre d'Indochinois morts durant les guerres américaines est impressionnant, même d'après les critères du XXe siècle. Selon les chiffres publiés par le gouvernement vietnamien et généralement acceptés, deux millions de civils ont été tués, pour la plupart dans le sud, qui s'ajoutent au million cent mille Nord-Vietnamiens et résistants du sud (Vietcong, selon le lexique de la propagande américaine). Une liste supplémentaire de 300 000 disparus a été établie.
Washington a compté 225 000 morts dans l'armée de son régime satellite (le Vietnam du Sud ) ; la CIA estime à 600 000 le nombre de Cambodgiens tués pendant la phase américaine de ce qu'une enquête gouvernementale indépendante (menée par la Finlande) appelle la décennie du génocide au Cambodge, c'est-à-dire de 1969 à 1978. En outre, des milliers de personnes ont été tuées au Laos, principalement par des attaques américaines qui, pour la plupart, n'étaient pas liées à la guerre du Vietnam. Les Etats-Unis portent la responsabilité de ces morts, exactement de la même façon que le Japon est responsable des morts en Chine et la Russie des morts en Afghanistan (...).
Le monde 12 aout 1995.
L'information se détourne plus facilement que les avions. C'est qu'il est bien triste d'admettre que la politique étrangère américaine ne plonge pas dans l'enthousiasme " l'intellectuel vivant le plus important ". Comme on le verra dans le film si on n'a lu aucun de ses livres Noam Chomsky ne cesse même " sous les huées "de dénoncer les atrocités commises au Vietnam au Cambodge et à Timor
Le monde 3 décembre 1993.
(Articles trouvés sur lexisnexis)
Pour aller plus loin une petite sélection des ouvrages possédés par la bibliothèque municipale de Lyon :
De la guerre comme politique étrangère des Etats-Unis , 2002
Propagande, médias et démocratie, 2005
La Loi du plus fort : mise au pas des Etats voyous, 2002
Plus largement, voici les ouvrages de Noam chomsky trouvés sur le catalogue du système universitaire de documentation.
DANS NOS COLLECTIONS :
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