histoire
DIVERS
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Le 04/10/2007 à 07h16
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Question d'origine :
Pourquoi Hilter n'aimait il pas les juifs?
Réponse du Guichet

La question correcte serait plutôt : pourquoi Hitler vouait-il une haine aussi irrationnelle envers les juifs jusqu'à vouloir les exterminer tous ? L'ensemble des psychiatres, psychologues et psychanalystes qui se sont penchés sur son cas est assez unanime en la matière. Adolf Hitler était probablement atteint de psychose paranoïaque, maladie psychiatrique qui se traduit par un délire systématisé sans altération des facultés mentales. (Doctissimo).
La revue Psychologie Magazine a consacré un très important dossier en ligne sur ce sujet : Quelle était la folie de Hitler ? (par Isabelle Taubes) : un demi-siècle après sa mort, Hitler demeure une énigme. Quels pouvaient être l’univers mental et les motivations réelles de ce monstre à l’origine du massacre collectif le plus ignoble et le plus fou jamais perpétré ? Dans “Pourquoi Hitler”, l’écrivain et journaliste américain Ron Rosenbaum passe au crible de l’analyse la totalité des thèses (psychanalytiques, psychohistoriques, historiques, théologiques ou philosophiques) avancées pour expliquer son antisémitisme criminel. Dix années d’enquête minutieuse sans complaisance.
[...]
Une chose est sûre : un personnage qui suscite ce type de questionnements a de sérieuses chances d’être atteint de « psychose paranoïaque », une « maladie de la haine », comme l’a définie la psychanalyste Micheline Enriquez. Mais attention : il ne faut pas confondre cette pathologie avec la « parano » ordinaire (tendance à se sentir observé, méprisé, insulté sans raison tout en restant capable de faire la part des choses). La psychose paranoïaque est un authentique trouble de la personnalité avec délire (essentiellement délire de persécution et mégalomanie sans limite, souvent assorti de délire mystique). Sa caractéristique : attribuer systématiquement à l’autre ses propres impulsions et désirs. Ainsi, pour se justifier de vouloir éliminer les juifs, Hitler les accusait de désirer la perte de la race aryenne.[...]
Pour le paranoïaque, l’autre est, par définition, l’ennemi, précisément parce qu’il lui ressemble trop. Il constitue donc une menace pour son identité. Comment est née la haine de Hitler pour le « juif », cet autre redoutable ? Le dictateur l’explique à son insu dans un passage de “Mein Kampf” : « Un jour que je traversais la vieille ville [de Vienne], je rencontrai tout à coup un personnage en long caftan avec des boucles de cheveux noirs. Est-ce là un juif ? Telle fut ma première pensée. [...] J’examinais l’homme à la dérobée et prudemment, mais plus j’observais ce visage étranger et scrutais chacun de ses traits, plus la première question que je m’étais posée prenait dans mon cerveau, une autre forme : est-ce là aussi un Allemand ? » Propos que l’on peut aisément compléter. S’il est allemand, que suis-je, moi ? Cet autre menace mon être ! Et la terreur se double d’une haine viscérale. Pour le paranoïaque, le « moi » et l’« autre » ne peuvent coexister. D’ailleurs, Hitler haïssait les mélanges interéthniques qu’il qualifiait d’« incestueux ».
Ce « juif », Hitler le voit partout. Il pullule, c’est un « poison », un « empoisonneur », une « maladie », une « bactérie »… S’il déteste à ce point les communistes, c’est qu’il voit en eux un masque du « juif ». Le « persécuteur » le nargue et se moque de lui. Mais, c’est sûr, pense-t-il, il sera le plus fort. Les juifs prétendent avoir une religion ? Hitler est convaincu qu’il s’agit là encore d’un masque.[...]
Cependant, ainsi que le mentionne ce même article, cela ne constitue ni une excuse, ni la seule "raison" :
Dire de Hitler qu’il était un malade mental l’excuse-t-il ? Certes non ! Selon de nombreux psychiatres et psychanalystes, un psychotique peut résister au commandement de voix hallucinées et au délire qui le pousse au pire. L’immense majorité des personnes souffrant de cette pathologie ne deviennent pas des assassins ! Certes, un grand paranoïaque mégalomane méprisant le genre humain présente des prédispositions à la carrière de dictateur. Toutefois, une pathologie ne peut, à elle seule, rendre compte de la trajectoire d’un être humain. Il y a toujours quelque chose de mystérieux, d’imprévisible dans nos destins individuels. Il faut compter avec le contexte historique, le poids du hasard et des rencontres, bonnes et mauvaises. Que le fantasme de Hitler – « guérir l’Allemagne » – ait reçu un écho dans celui du peuple allemand – « trouver un sauveur » –, a sans doute permis l’ascension du dictateur. Mais cette rencontre ne suffit pas à expliquer la tragédie qui a suivi. Il est d’ailleurs peu probable que celle-ci trouve un jour une explication définitive.
A consulter également : cet article du magazine Lire avec des extraits de l'oeuvre de Ron Rosenbaum, Pourquoi Hitler ?
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