Question d'origine :
En Égypte, au XIX et au XX siècle, avait une grande communauté grec. Je voudrais savoir quand cette immigration grec (de l'Époque Contemporaine, puisqu'il ne s'agit pas de la présence grec en Egypte en l'Antiquité) a commencé ? Pour quoi ils y sont allés ?
D'ores et déjà je vous remercie infiniment.
Victor Villon
Réponse du Guichet

Conséquence de la conquête ottomane au XVe siècle et de sa poursuite pendant les deux siècles suivants (Péloponnèse, XVe-XVIe s. ; Chypre, 1571 ; Crète, 1669), les migrations grecques sont aux XVIIe et XVIIIe siècles dues à des pressions économiques, et parfois démographiques, lorsqu'il existe un déséquilibre entre ressources et effectifs humains dans certaines îles, ainsi que dans des régions continentales.
Les principaux pays d'accueil sont l'Italie, l'Autriche et la Hongrie ; les vagues de migration atteignent aussi la France, l'Angleterre, la Hollande, la Russie, la Pologne, l'Allemagne ; d'autres Grecs vont en Asie et en Afrique, tandis que l'Amérique deviendra un pôle d'attraction, dans un contexte différent, au XIXe et surtout au XXe siècle.
Une diaspora grecque a perduré pendant des siècles jusqu'à une date récente en Egypte.
La communauté grecque vit surtout au Caire et plus encore à
in : Encyclopaedia universalis
Atlas des diasporas Gérard Chaliand, Jean-Pierre Rageau
*La maison de commerce des Tossizza et le commerce des céréales à Alexandrie durant la première moitié du XIXe siècle.
contribution d'un colloque : la ville d'Alexandrie au XVIIIe et début XIXe siècle:
Au début du XIXe siècle, des Grecs s’établissaient aussi hors d’Alexandrie : dans le delta et dans toute la vallée du Nil jusqu’au Soudan. Là, ils achetaient les produits qu’ils faisaient ensuite parvenir à leurs compatriotes à Alexandrie qui les exportaient. Ils étaient aussi prêteurs d’argent au pacha. Ils n’hésitaient pas à mettre leurs navires à son service, même durant la guerre de Morée. Certains entretenaient des liens personnels avec lui. Outre les Tossizza, c’était aussi le cas de Anastasy, Zizinia, Casoli, Stormanga et Stormara. Pendant longtemps, ces individus contrôlaient le commerce des céréales avant de s’intéresser au coton. Pour beaucoup, ils étaient venus s’établir en Egypte au cours de la seconde décennie du XIXe siècle, bénéficiant de toutes les faveurs du pacha.
D’après un document des archives qui couvre la période 1811-1819, ils étaient alors des dizaines à se livrer à l’exportation des céréales. On y lit des noms tels que Pitroji, Pavolojimar, Fidaïos, Yorki de Morée, Yorki Modavi, Jiovani Yapolani, Tanash, Vasli ; ou d’autres encore les Avierino, Anastasy Castagli, Mauregardato, Proi, Popolani, Riga Giro, Scaramanga, Gevastopulo, Vuro, Zaccali, généralement bénéficiaires de la protection de consulats étrangers
En Egypte les Grecs étaient exportateurs, financiers, armateurs, grossistes, propriétaires de manufactures, contractuels pour l’exploitation de terrains agricoles, fermiers des douanes en particulier celles d’Alexandrie. Tossizza en était l’un des plus importants. Devenu consul de la Grèce en 1830, il est particulièrement représentatif de ces négociants grecs à Alexandrie. Il avait connu Muhammad Ali dans sa jeunesse à Cavalla dans le nord de la Grèce. Comme lui, il y avait pratiqué le commerce du tabac. Les documents consultés, relatifs à cette maison de commerce, mettent en évidence les rapports particuliers entre Tossizza et le pacha. Son rôle dans le commerce des céréales était très important. Il faisait produire dans certaines régions dont la Munûfiyya, il assurait le transport sur le Nil, puis il se chargeait de l’exportation à partir d’Alexandrie. Dès 1838, il avait obtenu une concession agricole de mille feddans dans la Buhayriyya. Il passait fréquemment des contrats avec le Diwân al-Tijâra pour l’achat et l’exportation de diverses variétés de céréales et de légumineuses : blé, orge, maïs, fèves, lentilles et autres. Les profits accumulés lui permettaient ensuite l’acquisition de nouvelles concessions agricoles. Tossizza était aussi présent dans les transports maritimes. Avec les partenaires européens, il pratiquait le troc de céréales et de produits agricoles contre des machines, du charbon, du bois, du fer et autre. Il donnait aussi sa garantie à d’autres maisons grecques, notamment lorsqu’elles passaient des contrats dans le domaine du négoce des céréales.
A consulter dans les bibliothèques parisiennes : La colonie grecque en Egypte de C. Hadziiossif (thèse soutenue à l'EHESS, 1980 - voir le Sudoc).
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