Deux personnalités :conscient et inconscient ?
CIVILISATION
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Le 24/05/2008 à 13h31
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Question d'origine :
Bonjour, la graphologie m'intéresse et j'aurais souhaiter si la "Personnalité" était égale au "moi"
SI deux personnalités se contredisent dans une personne s'agit-il bien : l'une personnalité consciente ; l'autre personnalité inconsciente ? MERCI

Réponse du Guichet

Votre, ou plutôt vos, question(s) font appel à des mots certes employés couramment, mais qui sont en psychologie des concepts qui font l’objet de définitions assez complexes, d’études détaillées et de débats contradictoires. Impossible de vous résumer tout un pan de l’histoire de la psychologie et de la psychanalyse dans le contexte du guichet du savoir. Voici cependant quelques précisions et des pistes bibliographiques pour approfondir.
-« Personnalité : Ensemble de traits, de types, de structures psychiques qui caractérise un individu. Ces traits, ces types ou ces structures, selon le cas, formeraient chez l'individu un noyau psychologique relativement stable, qui serait à l'origine des comportements »
Lexique de psychologie, sur Planète Psy.
- Le moi , terme utilisé en psychanalyse, ne recouvre pas au sens strict le concept de personnalité :
« Moi (concept du)
Instance identifiée par Freud dans le cadre de sa seconde théorie de l’appareil psychique
Caractérisé par l'emploi du Je, le Moi, concept essentiel de la psychanalyse, est, avec le ça et le surmoi, l'un des trois éléments qui constituent la personnalité. Il se construit à partir des sensations éprouvées, des expériences vécues et de séries d'identifications. Il est à la fois le lieu de l'identité personnelle, du contrôle du comportement, du rapport aux autres et de la confrontation entre la réalité extérieure, les normes morales et sociales et les désirs inconscients »
Dictionnaire sur Psychologies.com
Cependant, l’acception du mot est parfois plus large notamment dans l’expression « psychologie du moi » :
« Expression qui définit une théorie générale de la personnalité, édifiée à partir des données de la psychanalyse, par un groupe de psychanalystes d'origine viennoise émigrés aux États-Unis, notamment Heinz Hartmann (1894-1970), Ernst Kris (1900-1957), Rudolf Loewenstein. Cette théorie prend appui sur la distinction qui, proposée par Freud au début des années 1920 pour rendre compte des conflits intrapsychiques, oppose au ça, système inconscient des exigences pulsionnelles, et au surmoi, système des exigences normatives également inconscientes, le moi, système de choix et de rejet par lequel le sujet se reconnaît comme une individualité cohérente et autonome, ayant pour double tâche de s'adapter aux exigences de la réalité extérieure et de maîtriser les conflits internes.
La « psychologie du moi » (ou Ego Psychology) tend à généraliser cette distinction. Elle assimile aux fonctions du moi ainsi définies les fonctions psychologiques de l'intelligence, du langage et, plus généralement, toutes les fonctions que la psychologie générale traditionnelle range dans le cadre des activités cognitives et adaptatives.
Parmi les conséquences théoriques d'une telle généralisation on peut noter : l'importance accordée aux tâches d'adaptation à la réalité, l'hypothèse d'un moi relativement indépendant des conflits psychiques internes (zone non conflictuelle du moi) ; l'intérêt pour l'étude du développement d'une organisation aussi complexe (importance du point de vue dit génétique). Parmi les incidences de cette conception sur la technique de la cure, il faut souligner l'importance accordée à l'analyse des systèmes défensifs (vis-à-vis des pulsions) et adaptatifs (vis-à-vis de la réalité).
L'Ego Psychology a exercé une grande influence sur la psychanalyse américaine, tandis qu'elle suscite d'importantes réserves de la part de nombreux psychanalystes, en particulier en Europe. On lui reproche de développer un intérêt excessif pour les fonctions adaptatives au détriment de l'écoute des désirs inconscients et d'entretenir une confusion entre une distinction qui se fonde sur l'analyse du conflit intrapsychique et les extrapolations auxquelles elle prête. Les discussions auxquelles cette tendance donne lieu, et qui prennent parfois un ton passionnel, alimentent un des plus importants débats qui animent aujourd'hui encore le mouvement psychanalytique.»
Article Psychologie du moi, par Daniel Wodlöcher, sur l’Encyclopaedia Universalis, en ligne à la BML. .
Enfin, le sens du mot peut aussi excéder largement le sens du mot personnalité, englobant aussi les éléments non psychiques et non stables d’un individu :
« Je suis multiple
Il est impossible de répondre à « qui suis-je ? » en une ou deux phrases. Parce que tout individu est composé de multiples visages, selon les circonstances ou les étapes de la vie. Le psychologue québécois René L’Ecuyer, spécialiste du développement des connaissances sur soi, a mené un très large projet de recherche auprès de personnes âgées de 3 à 100 ans. Il leur a demandé de répondre à la question « qui suis-je ? ». L’analyse du discours de toutes ces personnes a révélé qu’on pouvaient se référer à 43 facettes différentes du soi pour se décrire ! […] Certaines de ces facettes concernent tout ce que les personnes possèdent, que ce soit leur propre corps, des objets ou des personnes. D’autres référent aux caractéristiques internes ou psychiques de la personne, comme les aspirations, les goûts, les intérêts, les qualités et défauts, etc. Ressortent aussi dans le discours des gens ce qui les identifie (leur nom, prénom, lieu de résidence), leurs rôles et statuts (état civil, profession, rang dans la famille), leur idéologie (« je suis pour la non-violence ») et leur identité abstraite (« je suis un manuel »). »
Le Moi : du normal au pathologique
Dans ces acceptions, difficile de dire que nous avons deux « moi » !
Pour répondre à votre dernière question, il faut d’abord préciser que la plupart des individus ont dans leur personnalité des traits contradictoires, qui peuvent être tous conscients, ou inconscients d’ailleurs ! Le cas de deux personnalités distinctes que vous semblez décrire dans votre dernière phrase relève du dédoublement de personnalité :
« Coexistence, chez le même sujet, de deux types de comportement : l’un normal lié à des motivations conscientes et bien adapté ; l’autre, pathologique, lié à des motivations inconscientes et présentant un caractère d’automatisme impliquant une certaine inadaptation »
Vocabulaire de la psychologie.
Là aussi, deux est un minimum, bien que nous vous fassions grâce des débats sur les personnalités multiples, évoqués avec légèreté par Jean-Pierre Lentin dans Le mystère des personnalités multiples.
Pour approfondir :
Ca, le moi, le sur-moi : la personnalité et ses instances.
La personnalité : description, dynamique et développement, Susan C. Cloninger.
La personnalité : de la théorie à la recherche.
La personnalité, Jean-Claude Filloux.
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