Histoire de Strasbourg

Réponse du Département Civilisation

Une ville libre d'empire désigne sous le Saint Empire romain germanique, jusqu'en 1806, une ville directement subordonnée à l'empereur et non à un état membre.

L’Alsace dans le saint Empire romain germanique

En l’an mil, l’Alsace se trouve intégrée, pour sept siècles, au Saint Empire de la nation germanique, à l’intérieur duquel elle va connaître une destinée bien particulière.

Les Othoniens, la dynastie salienne et celle des Hohenstaufen(sur le trône impérial presque sans interruption de 1137à 1250) s’épuisent à réaliser l’utopie de l’empire universel avec d’autant plus de difficultés qu’un concurrent sérieux y aspire également , la papauté, au point qu’un grave conflit éclate : la querelle des Investitures.
Commencée en 1073, avec le décret de Grégoire VII retirant à l’Empereur l’investiture des évêques, la querelle met en cause la nature même du pouvoir impérial. Or le seul pape alsacien de l’histoire Léon IX(1049), de la famille noble des Eguisheim , est l’initiateur de ce mouvement. Les évêques de Strasbourg choisissent l’Empire, les chapitres , certains monastères, et de nombreux Seigneurs laïcs embrassent la cause pontificale. La distinction entre l’investiture spirituelle et l’investiture laïque par le Concordat de Worms (1122) met un terme au conflit dont les grands bénéficiaires en Alsace sont les seigneurs d’Hohenstaufen… La mort , en 1250, de Frédéric II d’Hohenstaufen inaugure une période d’anarchie dite du grand Interrègne, l’utopie unitaire disparaît au profit d’un émiettement du pouvoir accaparé par tous les titulaires de terres et de charges à leur seul profit….

Les démocraties urbaines
.
Les Habsbourg avaient toutes les chances de réussir à unifier l’Alsace s’il n’y avait pas les villes plus spécialement les villes impériales et Strasbourg.

Strasbourg, de loin la ville la plus peuplée et la plus riche a des ambitions qui dépassent le cadre régional : membre de la Diète d’Empire, elle n’hésite pas à y faire entendre sa voix. La victoire des troupes municipales à Hausbergen (1262) débarasse Strasbourg de la tutelle temporelle de l’évêque. Parallèlement mais avec circonspection, elle tente par tous les moyens de limiter ses liens de dépendance vis-à-vis de l’Empereur : efforts que couronne au XIV e siècle son élévation au rang de « Ville libre d’Empire » (Reichfreistadt). Non sans soubresauts, mais révélateurs de tensions sociales se met en place la constitution de l’Etat strasbourgeois, l’évolution s’achève en 1482. Démocratie urbaine dans le conteste féodal et monarchique de l’époque , Strasbourg est , en réalité, une oligarchie polysynodique où de subtils dosages partage le pouvoir entre les vingt corporations de métiers (pour les deux tiers) et le patriciat noble (pour un tiers). Les organes politiques soumis à des élections(Grand Sénat, Conseils des Echevins) sont contrebalancés par des conseils secrets et permanents dont les membres Viagers se recrutent par cooptation (Conseils des XV, des XIII, et des XXI). Les autres cités (Colmar, Sélestat etc.) connaissent des régimes identiques, moins compliqués, que surveille(en théorie) le grand Bailli impérial résidant à Haguenau.


Sources :

- Alsace. Encyclopédie Bonneton
- Histoire de Strasbourg sous la dir. de Georges Livet et Francis Rapp
- Ville libre d'Empire :site Wikipedia