Question d'origine :
Que signifie ou que représente le Mathème en psychanalyse ? l'objet a ?[I]
Merci pour une réponse si possible explicite.
Bien à vous.
Bravo pour ce site.
Réponse du Guichet

Jacques Lacan a eu recours à ce qu’il a appelé des mathèmes pour formaliser sa pensée à une période où structuralisme, logique, linguistique fournissaient de nombreux outils intellectuels.
Ce ne sont pas des formules permettant de réaliser des « opérations » au sens mathématique, par exemple, mais des énonciations à même de rendre compte de la structure de l’inconscient.
En grec, « mathêma » désigne ce qui est enseigné, et c’est dans un souci de formalisation et de transmission qu’il introduisit son premier mathème en 1955 (le schéma L) même si le nom n’apparaît que beaucoup plus tard ( Séminaire sur le savoir du psychanalyste , 2 décembre 1971).
S’il existe de nombreux ouvrages d’introduction à la lecture de Lacan, pas toujours très limpides, certains comme celui de Juan David Nasio ou l’article de Patrick Guyomard, psychanalyste, maître-assistant au département de Psychanalyse de l'université de Paris VIII, rédigé pour l’Encyclopaedia Universalis en ligne, nous semblent d’une lecture relativement aisée.
« Les lettres, les
À cette opération, il y a
L'objet (a) et la cure
Qu'est-ce qui est analysable ? Rien d'autre que la relation du sujet au signifiant. La cure analytique est, à chaque fois, particulière : « il n'y a d'analyse que du particulier » ; son expérience n'est pas totalisable. Son objet est l'objet de la psychanalyse. Objet paradoxal qui n'est pas un objet plein et concret, corrélat et répondant d'un sujet consistant. L'autre du sujet, c'est son semblable, son alter ego. Le sujet barré, effet du signifiant, rencontre comme objet ce que l'Autre produit : son reste, son déchet, l'objet (a).
C'est un objet impossible à avoir, car c'est un objet perdu. Il n'est pas l'objet du désir, mais sa cause. Un désir irréductible, absolu, inéducable et inadaptable, sans objet qui puisse le saturer, rebelle à toute pédagogie et relevant uniquement d'une éthique. C'est un concept nouveau, le seul, de l'aveu même de Lacan, qu'il ait inventé. Il reprend cependant le concept freudien d'objet partiel, objet de la pulsion partielle, à la série classique duquel s'ajoutent le regard et la voix. Le fantasme le recouvre ; et l'analyse mène à son dévoilement, le temps d'un battement, d'une ouverture, avant que l'inconscient ne se referme. Ce serait le point ultime de l'analyse, celui où le voile de la réalité se déchirerait un temps devant le réel. Concept d'un objet à chaque fois singulier, qui « n'est déductible qu'à la mesure de la psychanalyse de chacun » Patrick GUYOMARD.
La définition de
« Objet a. Selon J. Lacan, objet cause du désir.
L’objet a [petit a] n’est pas un objet du monde. Non représentable comme tel, il ne peut être identifié que sous forme d’ « éclats » partiels du corps, réductibles à quatre : l’objet de la succion (sein), l’objet de l’excrétion (fèces), la voix, le regard.
Constitution de l’objet a
Cet objet se crée dans cet espace, cette marge que la demande (c’est-à-dire le langage) ouvre au-delà du besoin qui la motive : aucune nourriture ne peut « satisfaire » la demande du sein par exemple. Il devient plus précieux au sujet que la satisfaction même de son besoin (dès lors qu’elle n’est pas réellement menacée) car il est la condition absolue de son existence en tant que sujet désirant. (…)
La découverte et la théorie par D.W. Winnicott de l’objet transitionnel (cet objet apparemment quelconque : mouchoir, bout de laine, etc., auquel le petit enfant manifeste un attachement inconditionnel) ont été saluées par Lacan, outre l’intérêt clinique de ce véritable emblème de l’objet a, parce que l’auteur a reconnu la structure paradoxale de l’espace que cet objet crée, ce champ de l’ »illusion » ni intérieur ni extérieur au sujet. (…)
C’est dans [I]Remarque sur le rapport de Daniel Lagache (Pâques 1960) que Lacan introduit l’expression « objet a ». Elle désigne alors l’objet du désir. La même année, dans Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien (septembre 1960), sera précisé son caractère d’incompatibilité avec la représentation. De fait, l’objet du désir au sens courant est ou un fantasme, qui est en réalité le soutien du désir, ou un leurre ». Aussi, très vite, l’objet a s’appellera-t-il « objet cause du désir ». (…)
Dans le Séminaire XVII, 1969-70, L’Envers de la psychanalyse ,
A la liste des objets partiels, objets a : le sein, les excréments, le pénis mais aussi le regard, la voix, Lacan ajoutera le « rien ». En fait, tout ce qui peut imaginairement se découper sur le corps est susceptible de le devenir.
Le regard comme objet partiel a été analysé par Lacan dans son étude du tableau de Velasquez Les Ménines lors de son séminaire de 1966.
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