Question d'origine :
Cher Guichet du Savoir,
Lors d'une conversation animée où je confiais ma passion des bains, mon camarade me fit remarquer qu'elle pourrait m'être fatale, soutenant hardiment la thèse suivante : "si tu restes 6 mois dans le bain, tu n'auras plus de peau en sortant !".
Qu'en est-il vraiment ? Un séjour prolongé dans l'eau a-t-il des conséquences irréversibles sur l'épiderme ?
Merci d'avance,
Pauline Silvestre
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 19/01/2011 à 09h00
Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
Ces discussions soulèvent un autre problème, celui d’une conception culturelle de l’hygiène. En effet, un retour sur l’histoire nous permettra de comprendre l’évolution des pratiques quotidiennes et de l’entendement de la propreté.
Pascal Bordat montre ainsi que l’eau n’a pas toujours été perçue comme un bienfait. C’est ainsi qu’à la fin du Moyen Âge, la peur liée à l’usage de l’eau entraîne une modification profonde des pratiques de l’hygiène. En conséquence, à la période classique, l’essuyage va prendre la place du bain dans la pratique quotidienne.
De même, s’il démontre que le bain occupe une place essentielle dans les sociétés occidentales depuis l’époque gréco-romaine, il relate également qu’à la fin du Moyen Age, face aux nombreuses épidémies, l’usage de l’eau va complètement changer et que l’appréhension du bain et plus généralement de l’eau perdura jusqu’au début du XIXe siècle.
Source : « Cosmétiques, vers une troisième catégorie de produits ? », Les Tribunes de la santé, 1/2005 (no 6), p. 29-36 (article consultable sur la base de données Cairn, disponible dans les bibliothèques du réseau BML)
Sur ce même thème, de nombreux auteurs se rejoignent dont Georges Vigarello qui dans Le propre et le sale retrace toutes les techniques de la propreté corporelle du Moyen Age au début du XXe siècle.
A l’heure actuelle, le bain paraît avoir repris tout son importance dans la société et maintes études médicales vantent les effets physiologiques de l’immersion.
Ainsi, dans son article « Le bain et la douche » (consultable sur la base de données EMC, disponible dans les bibliothèques du réseau BML), Jacqueline Bregetzer écrit que la peau a un rôle protecteur et doit rester intacte pour remplir correctement sa fonction. Le bain et la douche sont des soins importants, non seulement en termes d’hygiène mais aussi au niveau relationnel.
Pédiatres, médecins et plus généralement personnel médical semblent corroborer ces dires. Par exemple, le bain est particulièrement conseillé pour les nourrissons et Jacqueline Gassier dans le Guide de la petite enfance recommande cette pratique puisque : La peau du nourrisson est particulièrement fragile : le panicule adipeux est mince, la circulation sanguine très superficielle et le pouvoir absorbant important. Un manque de soins à ce niveau peut être source d’infections (...) la peau du bébé respire deux fois plus que celle de l’adulte. En débarrassant les pores de souillures qui s’y accumulent, le bain permet ainsi à la peau de mieux remplir son rôle…
Parallèlement, nous n’avons pas trouvé d’articles démontrant un hypothétique danger du bain, ce qui ne veut pas dire pour autant que vos amis n’aient pas raison. Les descriptions nécrologiques font effectivement état, dans le cas de noyés, de modifications de l’épiderme. Dans l’ouvrage Histoire du roman américain, Marc Saporta décrit divers cas : la peau des noyés devient couleur indigo, puis brunit à l’air ; celle du reste du corps est très blanche (…) souvent aussi le séjour prolongé dans l’eau amène des corrosions du derme.
Pour autant, ces informations concernent des personnes décédées et les cas présentés relèvent de l'extrême. On passe rarement cinq mois dans sa baignoire !!
Nous achèverons par le récit de la performance Seed de Teresa Murak qui en 1989 se laissa macérer plusieurs jours dans une baignoire …. Cette expérimentation ne semblerait pas avoir eu de répercussions sur l’état physique de l’artiste!!
Pour approfondir ce sujet, nous vous recommandons un ouvrage que nous n'avons pu consulter : Le livre du bain de Françoise de Bonneville.
Vous pouvez également parcourir une réponse du Guichet du Savoir portant sur les doigts dans l'eau
Bonjour,
Ces discussions soulèvent un autre problème, celui d’une conception culturelle de l’hygiène. En effet, un retour sur l’histoire nous permettra de comprendre l’évolution des pratiques quotidiennes et de l’entendement de la propreté.
Pascal Bordat montre ainsi que l’eau n’a pas toujours été perçue comme un bienfait. C’est ainsi qu’à la fin du Moyen Âge, la peur liée à l’usage de l’eau entraîne une modification profonde des pratiques de l’hygiène. En conséquence, à la période classique, l’essuyage va prendre la place du bain dans la pratique quotidienne.
De même, s’il démontre que le bain occupe une place essentielle dans les sociétés occidentales depuis l’époque gréco-romaine, il relate également qu’à la fin du Moyen Age, face aux nombreuses épidémies, l’usage de l’eau va complètement changer et que l’appréhension du bain et plus généralement de l’eau perdura jusqu’au début du XIXe siècle.
Source : « Cosmétiques, vers une troisième catégorie de produits ? », Les Tribunes de la santé, 1/2005 (no 6), p. 29-36 (article consultable sur la base de données Cairn, disponible dans les bibliothèques du réseau BML)
Sur ce même thème, de nombreux auteurs se rejoignent dont Georges Vigarello qui dans Le propre et le sale retrace toutes les techniques de la propreté corporelle du Moyen Age au début du XXe siècle.
A l’heure actuelle, le bain paraît avoir repris tout son importance dans la société et maintes études médicales vantent les effets physiologiques de l’immersion.
Ainsi, dans son article « Le bain et la douche » (consultable sur la base de données EMC, disponible dans les bibliothèques du réseau BML), Jacqueline Bregetzer écrit que la peau a un rôle protecteur et doit rester intacte pour remplir correctement sa fonction. Le bain et la douche sont des soins importants, non seulement en termes d’hygiène mais aussi au niveau relationnel.
Pédiatres, médecins et plus généralement personnel médical semblent corroborer ces dires. Par exemple, le bain est particulièrement conseillé pour les nourrissons et Jacqueline Gassier dans le Guide de la petite enfance recommande cette pratique puisque : La peau du nourrisson est particulièrement fragile : le panicule adipeux est mince, la circulation sanguine très superficielle et le pouvoir absorbant important. Un manque de soins à ce niveau peut être source d’infections (...) la peau du bébé respire deux fois plus que celle de l’adulte. En débarrassant les pores de souillures qui s’y accumulent, le bain permet ainsi à la peau de mieux remplir son rôle…
Parallèlement, nous n’avons pas trouvé d’articles démontrant un hypothétique danger du bain, ce qui ne veut pas dire pour autant que vos amis n’aient pas raison. Les descriptions nécrologiques font effectivement état, dans le cas de noyés, de modifications de l’épiderme. Dans l’ouvrage Histoire du roman américain, Marc Saporta décrit divers cas : la peau des noyés devient couleur indigo, puis brunit à l’air ; celle du reste du corps est très blanche (…) souvent aussi le séjour prolongé dans l’eau amène des corrosions du derme.
Pour autant, ces informations concernent des personnes décédées et les cas présentés relèvent de l'extrême. On passe rarement cinq mois dans sa baignoire !!
Nous achèverons par le récit de la performance Seed de Teresa Murak qui en 1989 se laissa macérer plusieurs jours dans une baignoire …. Cette expérimentation ne semblerait pas avoir eu de répercussions sur l’état physique de l’artiste!!
Pour approfondir ce sujet, nous vous recommandons un ouvrage que nous n'avons pu consulter : Le livre du bain de Françoise de Bonneville.
Vous pouvez également parcourir une réponse du Guichet du Savoir portant sur les doigts dans l'eau
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