Question d'origine :
Je voudrais savoir s'il existe de réels risques de handicaps chez des êtres humains nés d'union consaguine.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 02/05/2011 à 09h08
Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
Il existe de nombreuses études présentant les risques encourus dans les cas de consanguinité.
Ainsi, Jean-Louis Serre détermine ce que l’on entend par consanguinité et en explique les conséquences :
Deux individus sont apparentés s’ils ont au moins un ancêtre commun et, dans ce cas, ils peuvent donner naissance à un enfant dit consanguin. Il faut bien préciser, en la matière, que ce n’est pas le couple qui est consanguin, ni le mariage, mais le produit du mariage, c’est-à-dire l’enfant.
Quelles sont les conséquences possibles de la consanguinité, c’est-à-dire du fait que des parents, apparentés par l’existence d’un ancêtre commun, procréent un enfant ?
Il est évident que si l’ancêtre était porteur d’une mutation pathologique très rare, une copie de celle-ci peut se retrouver chez chacun des parents et conduire à la naissance d’un enfant atteint d’une pathologie récessive, événement quasi impossible dans le cas d’un mariage entre sujets non apparentés .
(…)
La pratique des mariages entre apparentés, lorsqu’elle est répandue, augmente de manière considérable la fréquence des maladies récessives en permettant de réunir au sein d’un même enfant homozygote, deux copies d’un allèle pathologique issu d’un ancêtre commun aux deux parents.
(…)
On a montré qu’avec 16 % de mariages entre cousins germains, les enfants présentent une consanguinité moyenne F égale à 1 % (par définition : probabilité que les copies d’un gène soient identiques à un allèle venant d’un ancêtre commun aux deux parents), ce qui conduit, dans un exemple chiffré, pris volontairement en dessous de la réalité, à un quadruplement de la pathologie récessive, qui passe de 71 à 311 cas sur un total de 100 000 naissances (soit 240 cas supplémentaires dus à la consanguinité).
Il suffit de rapprocher cet exemple chiffré, concernant 16 % de mariages entre cousins germains, de la fréquence réelle des mariages entre apparentés dans de nombreuses régions du globe – l’Égypte avec 37 % de mariages entre apparentés dont 31 % entre cousins germains ; l’Irak avec des fréquences presque doubles ; le Soudan avec 57 % de mariages entre cousins germains ; le Koweït avec 30 % ou l’Inde avec 10 % de ces mariages entre cousins et 16 % de mariages oncle-nièce – pour réaliser pleinement la surcharge de pathologies récessives qui peut être liée la consanguinité….
Source : Jean-Louis, "Quelques points de génétique des populations", La Presse Médicale, vol 36, n° HS1, mars 2007, pp. 26-3. l'article est consultable à partir de la base de données EMC, référence encyclopédique de la médecine, elle même disponible dans les bibliothèques du réseau BML.
le site planetegene.com explique également pourquoi la consanguinité augmente le risque d’apparitions de certaines génétiques.
Ainsi, au sein d’une population large, il existe de nombreux allèles récessifs rares. Dans la mesure où les unions se font au hasard et que le nombre de personnes est élevé, le risque que deux personnes saines porteuses d’une même mutation récessive se rencontrent reste faible. Pour chaque maladie à transmission récessive connue, le risque de naissance d’un individu atteint correspond à la fréquence de la maladie dans la population. Si l’on prend l’exemple de la mucoviscidose, un couple a un risque de donner naissance à un enfant atteint de 0,04 %, qui correspond à la fréquence de la maladie (1 personne sur 2500). Cela traduit le fait que 1 personne sur 25 dans la population est porteuse saine d’une mutation responsable de la maladie à l’état hétérozygote .
En revanche,au sein d’une même famille, la probabilité de retrouver une mutation à l’état hétérozygote chez des individus appartenant aux différentes générations et branches est augmentée (...)
Pour reprendre l’exemple de lamucoviscidose, l’union entre cousins germains augmente le risque de donner naissance à un enfant malade : le risque est de 0.0412, c'est-à-dire qu’il est multiplié par plus de 100.
Vous trouverez de semblables considérations en parcourant l’étude Représentations sociales du mariage endogame et de ses conséquences biologiques sur la santé des descendants chez des fiancés apparentésCas de deux villages chiites au Liban de Serge Dumont et Foumia Bou-Assy qui constatent également quel’endogamie peut entraîner des conséquences sur la santé des descendants : elle augmente, entre autres, l'incidence des maladies génétiques (Der Kaloustian, dans Mustapha, 1997). En effet, le développement des connaissances en génétique humaine et en épidémiologie a permis l’identification de maladies dites génétiques. De ces mêmes connaissances découle la notion de risque. Selon Briard et ses collaborateurs (dans Mustapha, 1997), le risque dépend de deux catégories de facteurs : le lien de parenté entre les conjoints et l'existence dans la famille d'affections héréditaires récessives autosomiques ou multifactorielles. …
Si vous souhaitez vous documenter sur ce sujet, nous vous suggérons les lectures suivantes :
* V., Guillon, "L'interdit de l'inceste a-t-il un fondement biologique?", Science & vie, n° 1114, juill. 2010, p. 112-114
* Robert Boyd, Joan Silk, Stéphane Ducrocq, L'aventure humaine : des molécules à la culture, 2006.
* Marc, Jeanpierre, Génétique médicale: formelle, chromosomique, moléculaire, clinique, 2004.
* La base documentaire de la banque de données en santé publique(BDSP) recence de multiples articles abordant cette problématique.
* Les bases de données erudit.org et revues.org donnent des références et publient des études sur cette thématique.
Enfin, sachez que de nombreuses études universitaires ont été consacrées à ce sujet. Vous trouverez les références en cherchant dans le catalogue universitaire Sudoc.
Bonjour,
Il existe de nombreuses études présentant les risques encourus dans les cas de consanguinité.
Ainsi, Jean-Louis Serre détermine ce que l’on entend par consanguinité et en explique les conséquences :
Deux individus sont apparentés s’ils ont au moins un ancêtre commun et, dans ce cas, ils peuvent donner naissance à un enfant dit consanguin. Il faut bien préciser, en la matière, que ce n’est pas le couple qui est consanguin, ni le mariage, mais le produit du mariage, c’est-à-dire l’enfant.
(…)
(…)
On a montré qu’avec 16 % de mariages entre cousins germains, les enfants présentent une consanguinité moyenne F égale à 1 % (par définition : probabilité que les copies d’un gène soient identiques à un allèle venant d’un ancêtre commun aux deux parents), ce qui conduit, dans un exemple chiffré, pris volontairement en dessous de la réalité, à un quadruplement de la pathologie récessive, qui passe de 71 à 311 cas sur un total de 100 000 naissances (soit 240 cas supplémentaires dus à la consanguinité).
Il suffit de rapprocher cet exemple chiffré, concernant 16 % de mariages entre cousins germains, de la fréquence réelle des mariages entre apparentés dans de nombreuses régions du globe – l’Égypte avec 37 % de mariages entre apparentés dont 31 % entre cousins germains ; l’Irak avec des fréquences presque doubles ; le Soudan avec 57 % de mariages entre cousins germains ; le Koweït avec 30 % ou l’Inde avec 10 % de ces mariages entre cousins et 16 % de mariages oncle-nièce – pour réaliser pleinement la surcharge de pathologies récessives qui peut être liée la consanguinité….
Source : Jean-Louis, "Quelques points de génétique des populations", La Presse Médicale, vol 36, n° HS1, mars 2007, pp. 26-3. l'article est consultable à partir de la base de données EMC, référence encyclopédique de la médecine, elle même disponible dans les bibliothèques du réseau BML.
le site planetegene.com explique également pourquoi la consanguinité augmente le risque d’apparitions de certaines génétiques.
Ainsi, au sein d’une population large, il existe de nombreux allèles récessifs rares. Dans la mesure où les unions se font au hasard et que le nombre de personnes est élevé, le risque que deux personnes saines porteuses d’une même mutation récessive se rencontrent reste faible. Pour chaque maladie à transmission récessive connue, le risque de naissance d’un individu atteint correspond à la fréquence de la maladie dans la population. Si l’on prend l’exemple de la mucoviscidose, un couple a un risque de donner naissance à un enfant atteint de 0,04 %, qui correspond à la fréquence de la maladie (1 personne sur 2500). Cela traduit le fait que 1 personne sur 25 dans la population est porteuse saine d’une mutation responsable de la maladie à l’état hétérozygote .
En revanche,
Pour reprendre l’exemple de la
Vous trouverez de semblables considérations en parcourant l’étude Représentations sociales du mariage endogame et de ses conséquences biologiques sur la santé des descendants chez des fiancés apparentésCas de deux villages chiites au Liban de Serge Dumont et Foumia Bou-Assy qui constatent également que
Si vous souhaitez vous documenter sur ce sujet, nous vous suggérons les lectures suivantes :
* V., Guillon, "L'interdit de l'inceste a-t-il un fondement biologique?", Science & vie, n° 1114, juill. 2010, p. 112-114
* Robert Boyd, Joan Silk, Stéphane Ducrocq, L'aventure humaine : des molécules à la culture, 2006.
* Marc, Jeanpierre, Génétique médicale: formelle, chromosomique, moléculaire, clinique, 2004.
* La base documentaire de la banque de données en santé publique(BDSP) recence de multiples articles abordant cette problématique.
* Les bases de données erudit.org et revues.org donnent des références et publient des études sur cette thématique.
Enfin, sachez que de nombreuses études universitaires ont été consacrées à ce sujet. Vous trouverez les références en cherchant dans le catalogue universitaire Sudoc.
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