Question d'origine :
Bonjour,
Encore merci de répondre à mes questions avec une telle dévotion !
Je m’interroge sur l’emploi de la saignée durant la Renaissance.
Cette technique était-elle uniquement du charlatanisme liée à des croyances?
Si il y avait un effet bénéfique, cela concernait quelles maladies?
Avec le recul, la médecine moderne a t-elle jugée que l'emploi des saignées était abusif à l'époque?
Encore merci pour le travail de qualité que vous ne manquer pas de fournir.
Courtoises salutation,
Cyril
Réponse du Guichet

Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
La pratique de la saignée comme le montre l’article de Danièle Etienne, "la saignée à travers les âges" (Soins, n° 716, juin 2007) consultable sur la base de données EMC, disponible dans les bibliothèques du réseau BML) n’a jamais été considérée comme du charlatanisme, bien au contraire.
Dans l’esprit de chacun, le mot “saignée” est apparenté à une effusion de sang destinée à soulager l’homme pour une raison médicale ou rituelle. Saint Bernard disait : « Il y a deux causes pour tirer du sang à l’homme : ou bien il en a trop ou bien il l’a mauvais » .
Pratiquée dès l’Antiquité, la saignée est encore utilisée de nos jours, mais avec des indications bien précises, ce qui n’a pas toujours été le cas. C’est une pratique ancestrale qui débute bien avant le II e siècle avant Jésus-Christ. Elle touche toutes les civilisations et tous les pays. Les Grecs et les Arabes, avant que l’Islam ne soit instauré, saignaient par ventouses : cet acte était appelé la “hijama”. En Égypte, des traces de cette pratique ont été retrouvées sur une sculpture d’un verre destiné à retirer le sang, gravé dans les murs du temple Comombo. Enfin, on pense que La Chine pratiquait la saignée par ventouse depuis plus de 4 000 ans.
En France, c’est au Moyen Âge, période d’émergence de nombreuses découvertes, que fut pratiquée la saignée d’une manière excessive. Cette évacuation de sang, désignée en 1130 sous le nom de saignée, était pratiquée par des chirurgiens.
Du XII e au XVII e siècles, les saignées étaient abondantes, provoquant parfois la mort des malades. On rapporte que sur les champs de bataille, la saignée était de mise sur des blessés perdant leur sang et causait bien souvent leur mort.
C’est au XVII e siècle que fut découverte la circulation sanguine. Les chirurgiens saignaient les malades, mais aussi les gens en bonne santé. Par exemple, les moines étaient saignés quatre fois l’année dans un espace appelé “la maison des saignées”.
(…)
Dans son Avis au peuple sur sa santé, le médecin suisse Simon-André Tissot affirme en 1763 que trop de sang ou un sang enflammé sont les deux seules causes nécessaires de la saignée.
Après le XVIII e siècle, la saignée tend à disparaître. Elle sera remplacée par la pose de sangsues destinée à se nourrir du sang en l’aspirant. Il faudra que Georges Washington, premier président de la république des États-Unis, meure en 1799 d’une saignée pour que cette pratique cesse.
Claude Chastel confirme cette pratique et explique que la saignée était pratiquée couramment par les médecins hippocratiques, romains et arabes. Galien en adaptait le volume à l’âge et à l’état du malade. Elle continuera à être prescrite, du Moyen Age au début du XXe siècle. Pierre Dionis (1643-1718) que Louis XIV avait nommé « anatomiste du jardin du roy », pensait que c’était le plus grand remède jamais conçu par al médecine. Louis XIII et le Roi Soleil furent saignés un nombre inimaginable de fois, quelques 1500 pour le premier. Le « catéchisme de la médecine physiologique » de broussais (1824) est encore un plaidoyer en faveur de la saignée.
Source : Une petite histoire de la médecine, p. 56.
Par ailleurs, le site scienceshumaines.com présente l’ouvrage de Chantal Beauchamp, Le sang et l'imaginaire médical : histoire de la saignée aux XVIIIe et XIXe siècles et précise que l’auteure s’interroge sur les raisons qui ont permis à la saignée de résister aux progrès de la connaissance et de rester jusqu’au début du XXe siècle le plus représentatif des soins donnés aux malades (…) elle montre que la saignée, indiquée pour ralentir un flux trop fougueux, pour diminuer les forces du mal ou pour désengorger les humeurs, est considérée comme un substitut à la fonction hémorragique naturelle.
Enfin, sur prescription médicale, la saignée est dans certains cas (notamment dans les cas de surcharge en fer) encore pratiquée. A ce propos, vous pouvez lire les articles "La saignée à l’hôpital, un temps privilégié" (Soins, juin 2007) et "La saignée à domicile dans les surcharges en fer: enquête de faisabilité et de satisfaction des intervenants" (La revue de médecine interne, décembre 2006), disponibles sur la base de données EMC,
Sur cette thématique, vous pouvez également consulter une réponse apportée par le Guichet du Savoir sur Saignée en milieu médical.
Pour aller plus loin, nous vous suggérons ces quelques lectures, consultables en ligne :
- l'article "saignée publié sur L'Encyclopédie de l'Agora
- Histoire de la santé vétérinaire, Thèse pour le doctorat vétérinaire,Présentée et soutenue publiquement devant la faculté de Médecine de Créteil par Gabrielle d'Houdian-Doniol-Valcroze qui consacre la première partie de son travail au thème de la saignée en médecine humaine : origine et évolution.
- Histoire de la médecine Par Bruno Halioua, 2009.
Bonjour,
La pratique de la saignée comme le montre l’article de Danièle Etienne, "la saignée à travers les âges" (Soins, n° 716, juin 2007) consultable sur la base de données EMC, disponible dans les bibliothèques du réseau BML) n’a jamais été considérée comme du charlatanisme, bien au contraire.
Dans l’esprit de chacun, le mot “saignée” est apparenté à une effusion de sang destinée à soulager l’homme pour une raison médicale ou rituelle. Saint Bernard disait : « Il y a deux causes pour tirer du sang à l’homme : ou bien il en a trop ou bien il l’a mauvais » .
Pratiquée dès l’Antiquité, la saignée est encore utilisée de nos jours, mais avec des indications bien précises, ce qui n’a pas toujours été le cas. C’est une pratique ancestrale qui débute bien avant le II e siècle avant Jésus-Christ. Elle touche toutes les civilisations et tous les pays. Les Grecs et les Arabes, avant que l’Islam ne soit instauré, saignaient par ventouses : cet acte était appelé la “hijama”. En Égypte, des traces de cette pratique ont été retrouvées sur une sculpture d’un verre destiné à retirer le sang, gravé dans les murs du temple Comombo. Enfin, on pense que La Chine pratiquait la saignée par ventouse depuis plus de 4 000 ans.
En France, c’est au Moyen Âge, période d’émergence de nombreuses découvertes, que fut pratiquée la saignée d’une manière excessive. Cette évacuation de sang, désignée en 1130 sous le nom de saignée, était pratiquée par des chirurgiens.
Du XII e au XVII e siècles, les saignées étaient abondantes, provoquant parfois la mort des malades. On rapporte que sur les champs de bataille, la saignée était de mise sur des blessés perdant leur sang et causait bien souvent leur mort.
C’est au XVII e siècle que fut découverte la circulation sanguine. Les chirurgiens saignaient les malades, mais aussi les gens en bonne santé. Par exemple, les moines étaient saignés quatre fois l’année dans un espace appelé “la maison des saignées”.
(…)
Dans son Avis au peuple sur sa santé, le médecin suisse Simon-André Tissot affirme en 1763 que trop de sang ou un sang enflammé sont les deux seules causes nécessaires de la saignée.
Après le XVIII e siècle, la saignée tend à disparaître. Elle sera remplacée par la pose de sangsues destinée à se nourrir du sang en l’aspirant. Il faudra que Georges Washington, premier président de la république des États-Unis, meure en 1799 d’une saignée pour que cette pratique cesse.
Claude Chastel confirme cette pratique et explique que la saignée était pratiquée couramment par les médecins hippocratiques, romains et arabes. Galien en adaptait le volume à l’âge et à l’état du malade. Elle continuera à être prescrite, du Moyen Age au début du XXe siècle. Pierre Dionis (1643-1718) que Louis XIV avait nommé « anatomiste du jardin du roy », pensait que c’était le plus grand remède jamais conçu par al médecine. Louis XIII et le Roi Soleil furent saignés un nombre inimaginable de fois, quelques 1500 pour le premier. Le « catéchisme de la médecine physiologique » de broussais (1824) est encore un plaidoyer en faveur de la saignée.
Source : Une petite histoire de la médecine, p. 56.
Par ailleurs, le site scienceshumaines.com présente l’ouvrage de Chantal Beauchamp, Le sang et l'imaginaire médical : histoire de la saignée aux XVIIIe et XIXe siècles et précise que l’auteure s’interroge sur les raisons qui ont permis à la saignée de résister aux progrès de la connaissance et de rester jusqu’au début du XXe siècle le plus représentatif des soins donnés aux malades (…) elle montre que la saignée, indiquée pour ralentir un flux trop fougueux, pour diminuer les forces du mal ou pour désengorger les humeurs, est considérée comme un substitut à la fonction hémorragique naturelle.
Enfin, sur prescription médicale, la saignée est dans certains cas (notamment dans les cas de surcharge en fer) encore pratiquée. A ce propos, vous pouvez lire les articles "La saignée à l’hôpital, un temps privilégié" (Soins, juin 2007) et "La saignée à domicile dans les surcharges en fer: enquête de faisabilité et de satisfaction des intervenants" (La revue de médecine interne, décembre 2006), disponibles sur la base de données EMC,
Sur cette thématique, vous pouvez également consulter une réponse apportée par le Guichet du Savoir sur Saignée en milieu médical.
Pour aller plus loin, nous vous suggérons ces quelques lectures, consultables en ligne :
- l'article "saignée publié sur L'Encyclopédie de l'Agora
- Histoire de la santé vétérinaire, Thèse pour le doctorat vétérinaire,Présentée et soutenue publiquement devant la faculté de Médecine de Créteil par Gabrielle d'Houdian-Doniol-Valcroze qui consacre la première partie de son travail au thème de la saignée en médecine humaine : origine et évolution.
- Histoire de la médecine Par Bruno Halioua, 2009.
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