Question d'origine :
Bonjour,
Pouvez-vous m'indiquer quel est l'équivalent en Euros 2011 du salaire annuel (ou mensuel) d'un contremaître (quai de commerce) en 1909 ?
Merci
Réponse du Guichet

Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
Nous n'avons malheureusement pas trouvé le salaire précis d'un contremaître de quai en 1909.
Les conventions collectives qui permettent notamment de garantir un revenu minimum n'ayant pas été encore instaurées (elles ne le seront qu'en 1919, cf Wikipedia), les salaires différaient à cette époque en fonction de nombreux critères : sexe, âge, région, entreprise, corps de métier, niveau de qualification... Il est donc extrêmement difficile de répondre à votre question, d'autant plus que les sources sont rares :
Ce n’est que depuis 1947-1950 que l’exploitation par l’INSEE des déclarations de salaires des employeurs (DADS) fournissent des séries fiables sur les salaires moyens des différentes CSP, et en particulier des ouvriers. Avant la seconde guerre mondiale, les seules statistiques régulières sur les salaires concernent les salaires moyens de différentes professions ouvrières (charpentier, carrier, manœuvre, ajusteur, etc.), que les enquêtes de la SGF auprès des Conseils de Prud’Hommes permettent de mesurer dans la région parisienne, dans les chefs-lieux de département et dans les villes où siègent les Conseils de Prud’hommes. [...] De fait, le passage de ces séries brutes à une série de « salaire ouvrier moyen » exige un travail long et minutieux, car les effectifs correspondants aux différentes professions ouvrières dont on connaît les salaires moyens sont généralement inconnus, si bien que les pondérations nécessaires pour passer des séries brutes à une série de « salaire ouvrier moyen » sont difficiles à déterminer avec précision. Ce problème de pondération des séries brutes est d’autant plus important que l’inégalité entre ces différents salaires ouvriers est souvent considérable (entre différentes professions ouvrières, entre hommes et femmes, entre Paris et province, etc..), et que les évolutions temporelles des différentes séries sont parfois très différentes (au moins dans le court terme).
source : Présentation de l'étude Estimation de séries homogènes portant sur le salaire ouvrier : Salaire ouvrier 1900-1998 sur le site de Thomas Piketty, Directeur d'études à l'EHESS et Directeur adjoint de la Fédération Paris-Jourdan.
A noter, la colonne 7 correspond au salaire ouvrier moyen (salaire net annuel à plein temps) en francs de 1998.
Voici également d'autres exemples de salaires d'ouvriers dans un extrait de l'ouvrage intitulé "La Belle Epoque : la France de 1900 à 1914" de Michel Winock :
Les salaires relevés varient selon les sexes (en 1901, le salaire journalier d'un ouvrier des sucreires est d'environ 20 francs par jour, moins de 11 francs pour les femmes), mais aussi entre les régions (0,50 franc de l'heure en 1911 pour un ouvrier de l'imprimerie en province, soit environ 1500 francs par an, mais 2400 francs pour son homologue parisien), les entreprises, les corps de métier (le salaire horaire moyen à Paris d'un charpentier, à la même date, est de 1 franc, et de 0,60 franc pour un relieur). A partir de 1900, les progrès techniques tendent aussi à creuser des écarts entre les ouvriers qualifiés de la grande industrie, qui connaissent un niveau de vie en hausse, et les travailleurs non quailfiés, proches de la misère.
Une étude du docteur René Martial datant de mars 1907 indique également qu'un ouvrier chapelier parisien gagne entre 7,50 et 10 francs par jour alors qu'un charpentier gagnera 7 à 9 francs par jour.
Par ailleurs, l'ouvrage de Fabrice Laroulandie "Les ouvriers de Paris au XIXe siècle" indique :
[...] Ces grandes évolutions soulignées, il faut s'empresser d'ajouter avec l'historien Jacques Rougerie, qu'une extrême diversité caractérise les salaires ouvriers qui varient en fonction de multiples paramètres.
Le degré de qualification est un premier critère discriminant : le salaire hebdomadaire des tailleurs s'échelonne de 45 à 140 F à la fin du siècle.
Le poids des mortes-saisons constitue un autre facteur de disparité. Un cordonnier peut gagner la moitié de son revenu annuel en quatre mois de surmenage avec des journées de 16 heures. En bonne saison, les semaines d'une chapelière vont, dans les années 1880, de 30 à 40 F, quelquefois 45 F, dit Jeanne Bouvier ; mais elles redescendent à 12 ou 15 F en saison creuse. Ce phénomène n'épargne pas les travailleurs très qualifiés, pourtant réputés privilégiés : les ébénistes, avec 8 F quotidiens et 2 400 F par an appartiennent à l'élite des salaires ouvriers en faisant de dures journées de 10 heures pendant six jours par semaine et 300 jours par an. Mais l'ébéniste de haut luxe décrit par Pierre Du Maroussem en 1891pour "Les Ouvriers des Deux Mondes" ne fait que 154 journées de travail d'art de 8 F et consacre 152 jours rétribués 6 F à fabriquer des meubles ordinaires, ce qui abaisse son revenu annuel à 2 144 F.
L'âge conditionne également le montant des salaires : si l'ébéniste touche 8 F entre 25 et 60 ans, l'apprenti ne peut guère espérer davantage que 5,60 F et l'ouvrier de plus de 60 ans 6,80 F, d'après un rapport de l'Office du travail sur l'apprentissage dans les industries de l'ameublement (1905).
Le clivage entre Paris et la banlieue est manifeste sur le plan des salaires bien qu'il tende à s'atténuer à la veille de la guerre : alors que la journée est plus longue en banlieue (moins du tiers des ouvriers parisiens travaillent plus de 10 heures à la fin du siècle contre plus de la moitié des ouvriers banlieusards), le salaire quotidien moyen d'un ouvrier est inférieur en banlieue de 10%, selon l'enquête de l'Office du travail sur les salaires et la durée du travail (1893-1897).
Le sexe, enfin, détermine les inégalités majeures : le salaire des ouvriers est deux fois supérieur à celui de leurs compagnes. Le salaire moyen des ouvriers à Paris tourne autour de 3,80 F en 1847, 4,51 F en 1860, 4,98 F en 1872 et 5,66 F en 1882 ; celui des femmes autour de 1,63 F en 1847, 2,14 F en 1860, 2,60 F en 1872 et 2,95 F en 1882. En proportion, l'écart s'est donc réduit : en 1847, le salaire féminin représente seulement 43 % de celui des hommes ; en 1882, il en représente 52 %. La grande dépression de la fin du siècle fige l'inégalité des salaires : l'Office du travail évalue en 1897 le salaire moyen des ouvrières à 3,15 F soit 51 du salaire des ouvriers établi à 6,20 F. Au total, le déséquilibre n'a pas diminué de façon significative, ni régulière ; plus les salaires sont bas ou se déprécient, plus le fossé se creuse au détriment des ouvrières.
Il conviendrait de consulter des documents d'archives pour connaître le salaire des contremaîtres auxquels vous faîtes allusion. Ce dont nous ne disposons pas.
Les fiches du catalogue de la bibliothèque de la Statistique générale de la France (SGF) ont été numérisées. Elles référencent des publications officielles statistiques françaises de 1870 à 1950 environ. Les documents correspondants sont consultables dans cette bibliothèque. Ils portent sur la France entière ou sur une zone géographique particulière (département, ville).
Deux modes de recherche vous sont proposés : thématique et géographique
Comment ensuite convertir les francs du début du XXe siècle ?
Il suffit de consulter ce tableau de l'INSEE qui traduit en euros actuels des valeurs exprimées en francs ou en euros du passé. Il indique qu'un franc de 1910 valait approximativement 3,66381 € en 2010.
Bonjour,
Nous n'avons malheureusement pas trouvé le salaire précis d'un contremaître de quai en 1909.
Les conventions collectives qui permettent notamment de garantir un revenu minimum n'ayant pas été encore instaurées (elles ne le seront qu'en 1919, cf Wikipedia), les salaires différaient à cette époque en fonction de nombreux critères : sexe, âge, région, entreprise, corps de métier, niveau de qualification... Il est donc extrêmement difficile de répondre à votre question, d'autant plus que les sources sont rares :
Ce n’est que depuis 1947-1950 que l’exploitation par l’INSEE des déclarations de salaires des employeurs (DADS) fournissent des séries fiables sur les salaires moyens des différentes CSP, et en particulier des ouvriers. Avant la seconde guerre mondiale, les seules statistiques régulières sur les salaires concernent les salaires moyens de différentes professions ouvrières (charpentier, carrier, manœuvre, ajusteur, etc.), que les enquêtes de la SGF auprès des Conseils de Prud’Hommes permettent de mesurer dans la région parisienne, dans les chefs-lieux de département et dans les villes où siègent les Conseils de Prud’hommes. [...] De fait, le passage de ces séries brutes à une série de « salaire ouvrier moyen » exige un travail long et minutieux, car les effectifs correspondants aux différentes professions ouvrières dont on connaît les salaires moyens sont généralement inconnus, si bien que les pondérations nécessaires pour passer des séries brutes à une série de « salaire ouvrier moyen » sont difficiles à déterminer avec précision. Ce problème de pondération des séries brutes est d’autant plus important que l’inégalité entre ces différents salaires ouvriers est souvent considérable (entre différentes professions ouvrières, entre hommes et femmes, entre Paris et province, etc..), et que les évolutions temporelles des différentes séries sont parfois très différentes (au moins dans le court terme).
source : Présentation de l'étude Estimation de séries homogènes portant sur le salaire ouvrier : Salaire ouvrier 1900-1998 sur le site de Thomas Piketty, Directeur d'études à l'EHESS et Directeur adjoint de la Fédération Paris-Jourdan.
A noter, la colonne 7 correspond au salaire ouvrier moyen (salaire net annuel à plein temps) en francs de 1998.
Voici également d'autres exemples de salaires d'ouvriers dans un extrait de l'ouvrage intitulé "La Belle Epoque : la France de 1900 à 1914" de Michel Winock :
Les salaires relevés varient selon les sexes (en 1901, le salaire journalier d'un ouvrier des sucreires est d'environ 20 francs par jour, moins de 11 francs pour les femmes), mais aussi entre les régions (0,50 franc de l'heure en 1911 pour un ouvrier de l'imprimerie en province, soit environ 1500 francs par an, mais 2400 francs pour son homologue parisien), les entreprises, les corps de métier (le salaire horaire moyen à Paris d'un charpentier, à la même date, est de 1 franc, et de 0,60 franc pour un relieur). A partir de 1900, les progrès techniques tendent aussi à creuser des écarts entre les ouvriers qualifiés de la grande industrie, qui connaissent un niveau de vie en hausse, et les travailleurs non quailfiés, proches de la misère.
Une étude du docteur René Martial datant de mars 1907 indique également qu'un ouvrier chapelier parisien gagne entre 7,50 et 10 francs par jour alors qu'un charpentier gagnera 7 à 9 francs par jour.
Par ailleurs, l'ouvrage de Fabrice Laroulandie "Les ouvriers de Paris au XIXe siècle" indique :
[...] Ces grandes évolutions soulignées, il faut s'empresser d'ajouter avec l'historien Jacques Rougerie, qu'une extrême diversité caractérise les salaires ouvriers qui varient en fonction de multiples paramètres.
Le degré de qualification est un premier critère discriminant : le salaire hebdomadaire des tailleurs s'échelonne de 45 à 140 F à la fin du siècle.
Le poids des mortes-saisons constitue un autre facteur de disparité. Un cordonnier peut gagner la moitié de son revenu annuel en quatre mois de surmenage avec des journées de 16 heures. En bonne saison, les semaines d'une chapelière vont, dans les années 1880, de 30 à 40 F, quelquefois 45 F, dit Jeanne Bouvier ; mais elles redescendent à 12 ou 15 F en saison creuse. Ce phénomène n'épargne pas les travailleurs très qualifiés, pourtant réputés privilégiés : les ébénistes, avec 8 F quotidiens et 2 400 F par an appartiennent à l'élite des salaires ouvriers en faisant de dures journées de 10 heures pendant six jours par semaine et 300 jours par an. Mais l'ébéniste de haut luxe décrit par Pierre Du Maroussem en 1891pour "Les Ouvriers des Deux Mondes" ne fait que 154 journées de travail d'art de 8 F et consacre 152 jours rétribués 6 F à fabriquer des meubles ordinaires, ce qui abaisse son revenu annuel à 2 144 F.
L'âge conditionne également le montant des salaires : si l'ébéniste touche 8 F entre 25 et 60 ans, l'apprenti ne peut guère espérer davantage que 5,60 F et l'ouvrier de plus de 60 ans 6,80 F, d'après un rapport de l'Office du travail sur l'apprentissage dans les industries de l'ameublement (1905).
Le clivage entre Paris et la banlieue est manifeste sur le plan des salaires bien qu'il tende à s'atténuer à la veille de la guerre : alors que la journée est plus longue en banlieue (moins du tiers des ouvriers parisiens travaillent plus de 10 heures à la fin du siècle contre plus de la moitié des ouvriers banlieusards), le salaire quotidien moyen d'un ouvrier est inférieur en banlieue de 10%, selon l'enquête de l'Office du travail sur les salaires et la durée du travail (1893-1897).
Le sexe, enfin, détermine les inégalités majeures : le salaire des ouvriers est deux fois supérieur à celui de leurs compagnes. Le salaire moyen des ouvriers à Paris tourne autour de 3,80 F en 1847, 4,51 F en 1860, 4,98 F en 1872 et 5,66 F en 1882 ; celui des femmes autour de 1,63 F en 1847, 2,14 F en 1860, 2,60 F en 1872 et 2,95 F en 1882. En proportion, l'écart s'est donc réduit : en 1847, le salaire féminin représente seulement 43 % de celui des hommes ; en 1882, il en représente 52 %. La grande dépression de la fin du siècle fige l'inégalité des salaires : l'Office du travail évalue en 1897 le salaire moyen des ouvrières à 3,15 F soit 51 du salaire des ouvriers établi à 6,20 F. Au total, le déséquilibre n'a pas diminué de façon significative, ni régulière ; plus les salaires sont bas ou se déprécient, plus le fossé se creuse au détriment des ouvrières.
Il conviendrait de consulter des documents d'archives pour connaître le salaire des contremaîtres auxquels vous faîtes allusion. Ce dont nous ne disposons pas.
Les fiches du catalogue de la bibliothèque de la Statistique générale de la France (SGF) ont été numérisées. Elles référencent des publications officielles statistiques françaises de 1870 à 1950 environ. Les documents correspondants sont consultables dans cette bibliothèque. Ils portent sur la France entière ou sur une zone géographique particulière (département, ville).
Deux modes de recherche vous sont proposés : thématique et géographique
Comment ensuite convertir les francs du début du XXe siècle ?
Il suffit de consulter ce tableau de l'INSEE qui traduit en euros actuels des valeurs exprimées en francs ou en euros du passé. Il indique qu'un franc de 1910 valait approximativement 3,66381 € en 2010.
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