Question d'origine :
Bonjour,
Au cours d'une visite au musée Pierre Corneille à Rouen il nous a été dit qu'un débat existait actuellement sur la question de savoir si, à une période de son existence, Corneille n'avait pas participé à l'écriture de certaines pièces de Molière dont il était proche; serait-il possible de connaitre des détails sur ce débat ?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 06/12/2011 à 17h00
Bonjour,
Ce passionnant débat, à savoir la paternité des œuvres de MOLIERE, qui s’est ouvert en 1919, est encore d’actualité et a donné lieu à des thèses dont une des plus argumentées en faveur de CORNEILLE, est celle de Denis BOISSIER, intitulée « Molière bouffon du Roi et prête-nom de CORNEILLE ».
Cette soi-disant supercherie littéraire qui ferait de CORNEILLE le nègre de MOLIERE, ou de MOLIERE le prête-nom de CORNEILLE, aurait été débusquée par le poète Pierre LOUYS en 1919, et serait une pratique courante au XVIIè siècle pour les comédies, satires et farces.
De manière étonnante, les mathématiques sont venues au secours de CORNEILLE, avec en 2003 les travaux de Dominique LABBE qui déclare avoir résolu cette énigme littéraire à l’aide d’outils statistiques, un logiciel d’analyse : la ressemblance lexicale entre les pièces des deux auteurs serait trop grande pour être le fruit du hasard. On attribuerait ainsi à CORNEILLE entre seize et dix-huit comédies de MOLIERE.
Ce qui n’a pas plu aux moliéristes qui n’aiment pas que les matheux se mêlent de littérature.
Georges FORESTIER, titulaire de la chaire des études théâtrales du XVIIe siècle à la Sorbonne conteste cette thèse. Il développe plusieurs arguments en faveur de MOLIERE en insistant sur le fait que CORNEILLE est mort riche et n’avait donc pas besoin de devenir un nègre , que ce dernier et son frère avaient organisé une cabale contre « L’école des femmes », pièce dans laquelle MOLIERE se moque ouvertement de ses titres de noblesse. Il précise aussi que CORNEILLE n’aurait pas eu le temps matériel d’écrire pour MOLIERE, trop occupé à la publication de « L’office de la Sainte Vierge ». Enfin, il fait remarquer que même les pires détracteurs et ennemis de MOLIERE n’ont jamais contesté la paternité de ses succès.
Une chose est cependant sure, ils ont écrit ensemble « Le dépit amoureux » en 1662 et « Psyché » en 1673.
Aucun des deux n’a laissé de traces de ses manuscrits après publication.
Cependant, la thèse d'une "grande supercherie littéraire" continue à être considérée comme marginale parmi les tenants de Molière.
Aujourd'hui encore, le débat ouvert en 1919 n'est toujours pas clos.
Il a même donné lieu à un téléfilm : « Le nègre de Molière» de Didier Bivel, 2005.
At least, but not the last, les mêmes soupçons pèsent sur le grand William : certains ont même affirmé que SHAKESPEARE n’avait pas existé ou que ce n'était pas son véritable nom. C'est le cas par exemple de la théorie « baconienne » selon laquelle les textes du célèbre dramaturge auraient été écrits par Lord Bacon of Verulam.
Vous pourrez retrouver tous les noms cités et plus d’informations si vous le souhaitez sur le site particulièrement bien documenté de l’Association Cornélienne de France.
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