baptèmes et communions solennelles, où en sommes-nous ?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 03/03/2012 à 10h59
2587 vues
Question d'origine :
Bonjour Cher Guichet,
Est-il possible de connaitre le nombre actuel de baptêmes et de communions solennelles en France métropolitaine et son évolution depuis les années 60 ?
Réponse du Guichet

Bonjour,
Pour reprendre les propos d’Alferd Dittgen, au lendemain de la dernière guerre, les populations européennes, sauf celles tombées sous la domination communiste, se conformaient massivement aux grands rites religieux chrétiens marquant la vie : les enfants étaient baptisés, faisaient leur communion solennelle ou leur confirmation, les couples se mariaient religieusement et la mort était suivie d’obsèques à l’église ou au temple. Les choses ont bien changé depuis. À l’heure actuelle, il n’y a plus d’unanimité dans ce domaine. Ces pratiques sont en baisse et continuent à diminuer, mais de façon très variable selon le pays et selon la confession.
Source : Alfred Dittgen « Évolution des rites religieux dans l'Europe contemporaine. Statistiques et contextes », Annales de démographie historique , 2/2003 (no 106), p. 111-129.
URL : http://www.cairn.info/revue-annales-de- ... ge-111.htm
De manière plus générale, on note que depuis le milieu des années 1960, les familles en Europe ont connu des changements importants qui peuvent être énoncés sous forme de liste : moins de mariages, plus de divorces, plus de concubinage, plus de familles recomposées, plus de familles monoparentales, moins de familles nombreuses, plus de naissances hors mariage, plus de travail salarié des femmes. L'impression qui ressort de ces constats démographiques et statistiques est celle, avant tout, d'une augmentation de l'instabilité familiale, d'un certain éclatement de la famille considérée comme classique. Pour cette raison, Louis Roussel a accolé au mot « famille » l'adjectif « incertaine » afin de souligner que le modèle de référence avait disparu, engendrant une diversité de formes familiales.
Source : universalis.
Cette évolution est relativement bien documentée.
Le site église catholique fournit des statistiques de l’église catholique en France dont le nombre de baptêmes, confirmations, mariages etc. des années 1990 à 2009/2010.
Le Cnrs consacre un bref article à l’évolution des grands rites de passage célébrés dans l'Église catholique. On voit ainsi qu’en1975, la part des baptêmes dans les naissances représentait 77, 8 % pour 52 % en 2000 .
Par ailleurs la base de données Persée présente l’ouvrage édité en 1974, « moins de baptême en France. Pourquoi ? » qui analyse l’évolution des baptêmes de 1958 à 1968.
Vous trouverez d’autres informations en consultant l’article Naissances, baptêmes et participation au catéchisme. Evolution récente en France, in « Baptême et Catéchèse », Maison-Dieu Paris, 1982, n°152, pp. 37-110
Concernant votre deuxième demande il sera plus difficile de vous répondre car la communion solennelle a disparu au profit de la profession de foi. En effet, comme l’indique Elodie Maurot dans son article sur la profession de Foi (La Croix, n° 38055, 17 mai 2008 ) :
Cette dernière est l'héritière de la « communion solennelle », qu'elle a remplacée en prenant un sens différent. Elle a en commun avec « la communion » le moment de la vie où elle est célébrée (la fin de l'enfance), son caractère communautaire, ainsi que son côté festif particulier, auquel nombre de familles sont attachées.
Les deux fêtes ont néanmoins des sens différents. La communion solennelle était davantage centrée sur le sacrement de l'eucharistie, célébrée aujourd'hui lors de la « première communion », vers l'âge de 8 ans. La profession de foi, elle, est entièrement axée sur la proclamation de la foi personnelle, en lien direct avec le baptême.
Est-elle menacée ?
Avec la remise en valeur de la confirmation après le Concile, les débats ont été nombreux : fallait-il supprimer la profession de foi ? Beaucoup de chrétiens faisaient le constat qu'elle n'était pour bien des jeunes qu'une belle fête sans lendemain, marquant souvent la fin de toute pratique religieuse. À leurs yeux, l'attachement des familles à cette cérémonie relevait d'une demande de « sacré » insuffisamment évangélisée.
La profession de foi n'a pourtant pas été abandonnée. Depuis les années 1960, l'adolescence surgit comme un nouvel âge de la vie, et la profession de foi se pare alors d'un nouvel attrait pastoral aux yeux de l'Église : elle offre aux jeunes entrant dans l'adolescence l'occasion d'une démarche personnelle de réflexion et de proclamation de la foi, dans une société sécularisée qui valorise l'authenticité personnelle.
Que représente-t-elle aujourd'hui ?
La profession de foi ne semble plus menacée : l'Église catholique la considère comme un moyen pertinent de rejoindre les jeunes et de leur proposer un moment fort au cours de leurs années d'aumônerie...
Cependant, les statistiques et certaines analyses dressent un bilan plus contrasté puisque l’on comptait en1966, 87% des français et françaises ayant fait leur communion solennelle alors que selon les statistiques de l'Église catholique, le nombre de confirmés en France a diminué de 40 % en douze ans : de 85 722 en 1994, il est passé à 51 595 en 2006 . Une chute à replacer dans un contexte général de baisse du nombre de baptêmes, d'enfants catéchisés, de mariages religieux... Si la plupart des diocèses comptent à peine quelques centaines de confirmés par an, certains proposent désormais ystématiquement ce sacrement aux baptisés non confirmés qui demandent le mariage ou un baptême d'enfant. Certains également choisissent une même date chaque année (par exemple, la Pentecôte ou le dimanche des missions en octobre) pour célébrer la confirmation des adultes. Peu à peu, ce acrement retrouve ainsi sa place et son sens.
Sources : Claire Lesegretain, « La confirmation, pilier de l'initiation chrétienne », La Croix, no. 38016, 29 mars 2008 ; la rpésentation sur persée de l'ouvrage « La Foi sans la messe... 10 millions de Français croient sans pratiquer » par Pierre Vilain.
De même, Elie Maréchal, Astrid de Larminat, Anne-Marie Revol dans « L'avenir du catéchisme en question » publié dans Le Figaro (mardi 1 février 2000) reprennent ce même constat : Au début des années 90, ce corps enseignant annonçait 220 000 membres. L'effectif est revu à la baisse : ils ne sont plus que 128 891.
Par ailleurs le site la-croix.com fournit quelques données :
137 542 personnes, essentiellement des enfants, ont reçu le sacrement de première communion en France, en 2008, contre 161 000 en 2005 (source statistiques de l’Église. Annuaire du Vatican).
47 064 personnes ont reçu le sacrement de confirmation en 2008
334 665 baptêmes ont été célébrés en 2008, contre 349 075 en 2005 (source conférence des évêques de France.
Pour aller plus loin, nous vous conseillons la lecture de la première communion contemporaine : un rite de passage de l’enfance ? ou les très nombreux ouvrages portant sur cette question et disponibles dans les bibliothèques du réseau BML.
Vous trouverez de même tous els articles de presse sur la base de données Europresse.
Pour reprendre les propos d’Alferd Dittgen, au lendemain de la dernière guerre, les populations européennes, sauf celles tombées sous la domination communiste, se conformaient massivement aux grands rites religieux chrétiens marquant la vie : les enfants étaient baptisés, faisaient leur communion solennelle ou leur confirmation, les couples se mariaient religieusement et la mort était suivie d’obsèques à l’église ou au temple. Les choses ont bien changé depuis. À l’heure actuelle, il n’y a plus d’unanimité dans ce domaine. Ces pratiques sont en baisse et continuent à diminuer, mais de façon très variable selon le pays et selon la confession.
Source : Alfred Dittgen « Évolution des rites religieux dans l'Europe contemporaine. Statistiques et contextes », Annales de démographie historique , 2/2003 (no 106), p. 111-129.
URL : http://www.cairn.info/revue-annales-de- ... ge-111.htm
De manière plus générale, on note que depuis le milieu des années 1960, les familles en Europe ont connu des changements importants qui peuvent être énoncés sous forme de liste : moins de mariages, plus de divorces, plus de concubinage, plus de familles recomposées, plus de familles monoparentales, moins de familles nombreuses, plus de naissances hors mariage, plus de travail salarié des femmes. L'impression qui ressort de ces constats démographiques et statistiques est celle, avant tout, d'une augmentation de l'instabilité familiale, d'un certain éclatement de la famille considérée comme classique. Pour cette raison, Louis Roussel a accolé au mot « famille » l'adjectif « incertaine » afin de souligner que le modèle de référence avait disparu, engendrant une diversité de formes familiales.
Source : universalis.
Cette évolution est relativement bien documentée.
Le site église catholique fournit des statistiques de l’église catholique en France dont le nombre de baptêmes, confirmations, mariages etc. des années 1990 à 2009/2010.
Le Cnrs consacre un bref article à l’évolution des grands rites de passage célébrés dans l'Église catholique. On voit ainsi qu’en
Par ailleurs la base de données Persée présente l’ouvrage édité en 1974, « moins de baptême en France. Pourquoi ? » qui analyse l’évolution des baptêmes de 1958 à 1968.
Vous trouverez d’autres informations en consultant l’article Naissances, baptêmes et participation au catéchisme. Evolution récente en France, in « Baptême et Catéchèse », Maison-Dieu Paris, 1982, n°152, pp. 37-110
Concernant votre deuxième demande il sera plus difficile de vous répondre car la communion solennelle a disparu au profit de la profession de foi. En effet, comme l’indique Elodie Maurot dans son article sur la profession de Foi (La Croix, n° 38055, 17 mai 2008 ) :
Cette dernière est l'héritière de la « communion solennelle », qu'elle a remplacée en prenant un sens différent. Elle a en commun avec « la communion » le moment de la vie où elle est célébrée (la fin de l'enfance), son caractère communautaire, ainsi que son côté festif particulier, auquel nombre de familles sont attachées.
Les deux fêtes ont néanmoins des sens différents. La communion solennelle était davantage centrée sur le sacrement de l'eucharistie, célébrée aujourd'hui lors de la « première communion », vers l'âge de 8 ans. La profession de foi, elle, est entièrement axée sur la proclamation de la foi personnelle, en lien direct avec le baptême.
Est-elle menacée ?
Avec la remise en valeur de la confirmation après le Concile, les débats ont été nombreux : fallait-il supprimer la profession de foi ? Beaucoup de chrétiens faisaient le constat qu'elle n'était pour bien des jeunes qu'une belle fête sans lendemain, marquant souvent la fin de toute pratique religieuse. À leurs yeux, l'attachement des familles à cette cérémonie relevait d'une demande de « sacré » insuffisamment évangélisée.
La profession de foi n'a pourtant pas été abandonnée. Depuis les années 1960, l'adolescence surgit comme un nouvel âge de la vie, et la profession de foi se pare alors d'un nouvel attrait pastoral aux yeux de l'Église : elle offre aux jeunes entrant dans l'adolescence l'occasion d'une démarche personnelle de réflexion et de proclamation de la foi, dans une société sécularisée qui valorise l'authenticité personnelle.
La profession de foi ne semble plus menacée : l'Église catholique la considère comme un moyen pertinent de rejoindre les jeunes et de leur proposer un moment fort au cours de leurs années d'aumônerie...
Cependant, les statistiques et certaines analyses dressent un bilan plus contrasté puisque l’on comptait en
Sources : Claire Lesegretain, « La confirmation, pilier de l'initiation chrétienne », La Croix, no. 38016, 29 mars 2008 ; la rpésentation sur persée de l'ouvrage « La Foi sans la messe... 10 millions de Français croient sans pratiquer » par Pierre Vilain.
De même, Elie Maréchal, Astrid de Larminat, Anne-Marie Revol dans « L'avenir du catéchisme en question » publié dans Le Figaro (mardi 1 février 2000) reprennent ce même constat : Au début des années 90, ce corps enseignant annonçait 220 000 membres. L'effectif est revu à la baisse : ils ne sont plus que 128 891.
Par ailleurs le site la-croix.com fournit quelques données :
137 542 personnes, essentiellement des enfants, ont reçu le sacrement de première communion en France, en 2008, contre 161 000 en 2005 (source statistiques de l’Église. Annuaire du Vatican).
47 064 personnes ont reçu le sacrement de confirmation en 2008
334 665 baptêmes ont été célébrés en 2008, contre 349 075 en 2005 (source conférence des évêques de France.
Pour aller plus loin, nous vous conseillons la lecture de la première communion contemporaine : un rite de passage de l’enfance ? ou les très nombreux ouvrages portant sur cette question et disponibles dans les bibliothèques du réseau BML.
Vous trouverez de même tous els articles de presse sur la base de données Europresse.
DANS NOS COLLECTIONS :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter