Question d'origine :
Qui est à l'origine de la théorie du polyphylétisme appliquée au genre humain, qui a donné lieu à la thèse de "hiérarchisation des races" ?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 11/05/2012 à 14h21
Bonjour,
La théorie du polyphylétisme appliquée au genre humain s’inscrit dans un contexte plus large et dans le cadre du développement de la biologie et de la théorie de l’évolution. Difficile en effet de comprendre l’émergence de cette théorie sans connaître les débats entre monogénisme et polygénisme au cours des siècles. Nous vous conseillons donc par exemple la lecture préalable de l’article Monogénisme et polygénisme du Dictionnaire du darwinisme et de l’évolution, qui inscrit cette théorie dans un contexte long, et montre le nombre de disciplines mobilisées par cette question de l’origine de l’homme.
L’article Polygénisme et polyphylétisme des Archives de philosophie, 1960, v. 28, entre dans le vif du sujet (p. 107) :
« Il est superflu de refaire ici le long historique des théories polyphylétiques. Depuis toujours, la position des polyphylétistes a été approximativement la suivante : les races humaines, fossiles ou actuelles, sont si différentes les unes des autres, elles manifestent des caractéristiques si tranchées qu’il est impossible d’admettre que l’humanité constitue un groupe homogène dérivant d’une souche unique. Leur convergence dans une « forme humaine » ne réalise donc qu’une unité seconde et d’aboutissement ; leur origine est au contraire dans la multiplicité et le relatif éparpillement.
A) Cette position fondamentale s’est exprimée et a été appuyée de bien des façons. Limité aux groupes humains modernes, tout le problème réside dans l’appréciation du caractère premier et originel des différences reconnues entre les types considérés. Pour ce faire, de nombreux anthropologistes (entre autres Klaatsch, Arldt, Horst, Sera) ont cru reconnaître entre les diverses races ou formes d’humanité , et les divers groupes non-humains des séries d’affinités suggérant l’existence d’autant de phyla (2, 3, 6 suivant les auteurs), ayant donné chacun naissance à un type humain et à un type simien. …. »
Il semble donc que plusieurs scientifiques aient exposé dans les mêmes années dans différents pays des théories polyphylétiques de l'évolution humaine.
La lecture de l’article en ligne Et l’homme quitta les grands singes, Richard Deslile, La Recherche, vous donnera à la fois l’historique et les pionniers.
Extraits :
« À une période de confusion sur le nombre et l'identité des primates aux XVIIIe et XIXe siècles succéda, de 1860 à 1930, une période d'incertitude réelle et profonde sur la nature des relations phylogéniques entre les variétés de l'homme et l'ensemble des autres primates. Jusqu'en 1930, un nombre non négligeable d'anatomistes et d'anthropologues, bien que ralliés à l'idée d'évolution, ont proposé d'autres façons de voir ces relations. En particulier, la thèse «polyphylétique», qui rattachait plus étroitement les différentes populations humaines à différentes espèces de singe, connut une certaine popularité et de nombreuses variantes. Ces propositions sont oubliées par les biologistes actuels, et négligées par bon nombre d'historiens des sciences. Toutefois, leur existence même témoigne que l'acceptation généralisée que l'homme occupe une branche bien à part dans l'arbre phylogénique des grands singes n'a été possible qu'après la découverte de nombreux fossiles d'hommes anciens à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. » […]
« Branches évolutives
Les premières hypothèses polyphylétiques furent proposées durant la seconde moitié du XIXe siècle, par le Suisse Carl Vogt, l'Allemand Hermann Schaaffhausen, et les Français Abel Hovelacque et Georges Hervé »
Il cite ensuite aussi Hermann Klaatsch, Sergi, Arldt, Sera … Notons encore le nom de Louis Agassiz, qui apparait par exemple dans un autre texte en ligne qui explicite les relations entre monogénisme, polygénisme et polyphylétisme : Théories de l’évolution (principalement le sous-chapitre biologie et racisme).
Bonnes lectures !
La théorie du polyphylétisme appliquée au genre humain s’inscrit dans un contexte plus large et dans le cadre du développement de la biologie et de la théorie de l’évolution. Difficile en effet de comprendre l’émergence de cette théorie sans connaître les débats entre monogénisme et polygénisme au cours des siècles. Nous vous conseillons donc par exemple la lecture préalable de l’article Monogénisme et polygénisme du Dictionnaire du darwinisme et de l’évolution, qui inscrit cette théorie dans un contexte long, et montre le nombre de disciplines mobilisées par cette question de l’origine de l’homme.
L’article Polygénisme et polyphylétisme des Archives de philosophie, 1960, v. 28, entre dans le vif du sujet (p. 107) :
« Il est superflu de refaire ici le long historique des théories polyphylétiques. Depuis toujours, la position des polyphylétistes a été approximativement la suivante : les races humaines, fossiles ou actuelles, sont si différentes les unes des autres, elles manifestent des caractéristiques si tranchées qu’il est impossible d’admettre que l’humanité constitue un groupe homogène dérivant d’une souche unique. Leur convergence dans une « forme humaine » ne réalise donc qu’une unité seconde et d’aboutissement ; leur origine est au contraire dans la multiplicité et le relatif éparpillement.
A) Cette position fondamentale s’est exprimée et a été appuyée de bien des façons. Limité aux groupes humains modernes, tout le problème réside dans l’appréciation du caractère premier et originel des différences reconnues entre les types considérés. Pour ce faire, de nombreux anthropologistes (entre autres Klaatsch, Arldt, Horst, Sera) ont cru reconnaître entre les diverses races ou formes d’humanité , et les divers groupes non-humains des séries d’affinités suggérant l’existence d’autant de phyla (2, 3, 6 suivant les auteurs), ayant donné chacun naissance à un type humain et à un type simien. …. »
Il semble donc que plusieurs scientifiques aient exposé dans les mêmes années dans différents pays des théories polyphylétiques de l'évolution humaine.
La lecture de l’article en ligne Et l’homme quitta les grands singes, Richard Deslile, La Recherche, vous donnera à la fois l’historique et les pionniers.
Extraits :
« À une période de confusion sur le nombre et l'identité des primates aux XVIIIe et XIXe siècles succéda, de 1860 à 1930, une période d'incertitude réelle et profonde sur la nature des relations phylogéniques entre les variétés de l'homme et l'ensemble des autres primates. Jusqu'en 1930, un nombre non négligeable d'anatomistes et d'anthropologues, bien que ralliés à l'idée d'évolution, ont proposé d'autres façons de voir ces relations. En particulier, la thèse «polyphylétique», qui rattachait plus étroitement les différentes populations humaines à différentes espèces de singe, connut une certaine popularité et de nombreuses variantes. Ces propositions sont oubliées par les biologistes actuels, et négligées par bon nombre d'historiens des sciences. Toutefois, leur existence même témoigne que l'acceptation généralisée que l'homme occupe une branche bien à part dans l'arbre phylogénique des grands singes n'a été possible qu'après la découverte de nombreux fossiles d'hommes anciens à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. » […]
« Branches évolutives
Les premières hypothèses polyphylétiques furent proposées durant la seconde moitié du XIXe siècle, par le Suisse Carl Vogt, l'Allemand Hermann Schaaffhausen, et les Français Abel Hovelacque et Georges Hervé »
Il cite ensuite aussi Hermann Klaatsch, Sergi, Arldt, Sera … Notons encore le nom de Louis Agassiz, qui apparait par exemple dans un autre texte en ligne qui explicite les relations entre monogénisme, polygénisme et polyphylétisme : Théories de l’évolution (principalement le sous-chapitre biologie et racisme).
Bonnes lectures !
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