Premières représentation lesbiennes et textes sur l'homosexu
Le 29/05/2012 à 21h04
749 vues
Question d'origine :
Bonjour, Je voudrais savoir quelles sont les premières représentations d'homosexualité féminine, ainsi que les premiers textes qui l'évoquent. Merci
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 01/06/2012 à 12h14
"Si on a fréquemment tendance à confondre homosexualité masculine et féminine (et le terme homosexuel y incite), il est impossible de mêler systématiquement les deux histoires. Pour une large part, les pratiques policières et religieuses à l'égard du lesbianisme sont fondamentalement différentes de celles qui condamnent les hommes homosexuels.
Si l'homosexualité féminine a paru longtemps moins choquante que celle des hommes, c'est parce qu'on l'a entourée de silence. Depuis la poétesse grecque Sappho, vers 600 ans avant J.-C., il semble que le lesbianisme soit marqué par un grand vide : très méconnu, peu réprimé, tardivement nommé (le terme apparaîtrait vers 1600, forgé à partir du nom de l'île de la mer Égée, Lesbos, mais serait surtout diffusé par Baudelaire dans Les Fleurs du mal) ; plus que toute autre son histoire reste à écrire."
in Encyclopaedia universalis consultable en ligne à la BM de Lyon.
Voir aussi l'article de Wikipedia consacré à ce sujet.
Comme le souligne Sandra Boehringer, dans la préface à son anthologie de textes classiques grecs et romains : "Homosexualité : aimer en Grèce et à Rome" "il n'existe aucun équivalent grec ou latin qui renverrait à ce que nous désignons par "homosexualité" ou "hétérosexualité"... Le mot "homosexualité" apparaît en 1869, en langue allemande... Dans le monde antique, ces notions n'avaient pas cours, et la préférence pour l'un ou l'autre sexe n'était guère un critère pertinent pour définir l'individu et ses caractéristiques propres... En d'autres termes, nous vivons dans une société qui établit un lien très fort entre l'identité profonde et la sexualité des individus. Chez les Anciens, en revanche, ce lien était bien plus ténu : en Grèce comme à Rome, il n'existe pas de lesbiennes, ni de gays, pas plus qu'il n'existe d'hétérosexuels."
Dès lors, de quand dater "les premières représentations d'homosexualité féminine, ainsi que les premiers textes qui l'évoquent" ? Sans doute de la fin du dix-neuvième siècle, avec l'émergence d'une culture lesbienne revisitant et réactualisant l'histoire ancienne à l'aulne d'une anachronie ? Dans "L'homosexualité féminine dans l'antiquité grecque et romaine", Sandra Boehringer souligne l'ambiguïté de toute interprétation : "il arrive souvent que les critiques modernes reconstituent une société à partir de sa production poétique et qu'ensuite ils interprètent cette oeuvre poétique à partir de cette reconstitution."
Vous pourrez lire sur le site de revues consultables en ligne Cairn une étude de la manière dont s'est constituée une culture lesbienne à Paris à la Belle époque De la topographie invisible à l’espace public et littéraire :les lieux de plaisir lesbien dans le Paris de la Belle Époque
"L’histoire de l’homosexualité féminine se confond avec les représentations et les discours qu’elle a suscités.C’est à eux qu’il faut d’abord se référer pour étudier l’émergence de la culture lesbienne, moins visible que celle de son homologue masculin, à la fin du XIXe siècle. Paris s’impose alors comme La Mecque du saphisme,où fleurissent bars,brasseries,tables d’hôtes et autres lieux de sociabilité et de plaisir; ils s’ajoutent désormais aux seuls espaces privés, réservés jusqu’alors aux tribades. Le dynamisme de cette sous-culture et la présence patente, voire redoutée, des lesbiennes dans la sphère publique sont attestés par une pléthore de textes – romans, articles, guides, études de mœurs – et d’images,de la peinture à l’illustration. Une fois considérée la place du fantasme et de l’imagination,ces divers témoignages,ces scènes croquées sur le vif, ces pochades, ces études à vocation panoramique,permettent de reconstituer assez fidèlement la physionomie d’un Paris lesbien en gestation. Pour la première fois,l’homosexuelle sort de l’invisibilité: elle descend dans la rue,se mêle à la foule,s’affirme dans sa singularité et concourt déjà à la formation d’une communauté."
Pour des compléments d'information, vous pouvez vous reporter aux ouvrages suivants :
Histoire de la sexualité de Michel Foucault
Une histoire de l'homosexualité sous la dir. de Robert Aldrich
L'homosexualité féminine dans l'antiquité grecque et romaine de Sandra Boehringer
Les relations amoureuses entres les femmes XVIe-XXe siècles de Marie-Jo Bonnet
Erotiques sous la dir. de Violaine Sebillotte Cuchet et Sylvie Steinberg
La sexualité et l'histoire d'Yvonne Knibiehler
L'homosexualité à l'épreuve des représentations de Florence Tamagne
A lesbian history of Britain : love and sex between women since 1500 de Rebecca Jennings
Sur internet, le Catalogue général du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT vous permettra de vous constituer une bibliographie complète, et vous donnera l'accès à des documents numérisés.
Sappho de Lesbos, d'après une peinture de 1904 parJohn William Godward.
Si l'homosexualité féminine a paru longtemps moins choquante que celle des hommes, c'est parce qu'on l'a entourée de silence. Depuis la poétesse grecque Sappho, vers 600 ans avant J.-C., il semble que le lesbianisme soit marqué par un grand vide : très méconnu, peu réprimé, tardivement nommé (le terme apparaîtrait vers 1600, forgé à partir du nom de l'île de la mer Égée, Lesbos, mais serait surtout diffusé par Baudelaire dans Les Fleurs du mal) ; plus que toute autre son histoire reste à écrire."
in Encyclopaedia universalis consultable en ligne à la BM de Lyon.
Voir aussi l'article de Wikipedia consacré à ce sujet.
Comme le souligne Sandra Boehringer, dans la préface à son anthologie de textes classiques grecs et romains : "Homosexualité : aimer en Grèce et à Rome" "il n'existe aucun équivalent grec ou latin qui renverrait à ce que nous désignons par "homosexualité" ou "hétérosexualité"... Le mot "homosexualité" apparaît en 1869, en langue allemande... Dans le monde antique, ces notions n'avaient pas cours, et la préférence pour l'un ou l'autre sexe n'était guère un critère pertinent pour définir l'individu et ses caractéristiques propres... En d'autres termes, nous vivons dans une société qui établit un lien très fort entre l'identité profonde et la sexualité des individus. Chez les Anciens, en revanche, ce lien était bien plus ténu : en Grèce comme à Rome, il n'existe pas de lesbiennes, ni de gays, pas plus qu'il n'existe d'hétérosexuels."
Dès lors, de quand dater "les premières représentations d'homosexualité féminine, ainsi que les premiers textes qui l'évoquent" ? Sans doute de la fin du dix-neuvième siècle, avec l'émergence d'une culture lesbienne revisitant et réactualisant l'histoire ancienne à l'aulne d'une anachronie ? Dans "L'homosexualité féminine dans l'antiquité grecque et romaine", Sandra Boehringer souligne l'ambiguïté de toute interprétation : "il arrive souvent que les critiques modernes reconstituent une société à partir de sa production poétique et qu'ensuite ils interprètent cette oeuvre poétique à partir de cette reconstitution."
Vous pourrez lire sur le site de revues consultables en ligne Cairn une étude de la manière dont s'est constituée une culture lesbienne à Paris à la Belle époque De la topographie invisible à l’espace public et littéraire :les lieux de plaisir lesbien dans le Paris de la Belle Époque
"L’histoire de l’homosexualité féminine se confond avec les représentations et les discours qu’elle a suscités.C’est à eux qu’il faut d’abord se référer pour étudier l’émergence de la culture lesbienne, moins visible que celle de son homologue masculin, à la fin du XIXe siècle. Paris s’impose alors comme La Mecque du saphisme,où fleurissent bars,brasseries,tables d’hôtes et autres lieux de sociabilité et de plaisir; ils s’ajoutent désormais aux seuls espaces privés, réservés jusqu’alors aux tribades. Le dynamisme de cette sous-culture et la présence patente, voire redoutée, des lesbiennes dans la sphère publique sont attestés par une pléthore de textes – romans, articles, guides, études de mœurs – et d’images,de la peinture à l’illustration. Une fois considérée la place du fantasme et de l’imagination,ces divers témoignages,ces scènes croquées sur le vif, ces pochades, ces études à vocation panoramique,permettent de reconstituer assez fidèlement la physionomie d’un Paris lesbien en gestation. Pour la première fois,l’homosexuelle sort de l’invisibilité: elle descend dans la rue,se mêle à la foule,s’affirme dans sa singularité et concourt déjà à la formation d’une communauté."
Pour des compléments d'information, vous pouvez vous reporter aux ouvrages suivants :
Histoire de la sexualité de Michel Foucault
Une histoire de l'homosexualité sous la dir. de Robert Aldrich
L'homosexualité féminine dans l'antiquité grecque et romaine de Sandra Boehringer
Les relations amoureuses entres les femmes XVIe-XXe siècles de Marie-Jo Bonnet
Erotiques sous la dir. de Violaine Sebillotte Cuchet et Sylvie Steinberg
La sexualité et l'histoire d'Yvonne Knibiehler
L'homosexualité à l'épreuve des représentations de Florence Tamagne
A lesbian history of Britain : love and sex between women since 1500 de Rebecca Jennings
Sur internet, le Catalogue général du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT vous permettra de vous constituer une bibliographie complète, et vous donnera l'accès à des documents numérisés.
Sappho de Lesbos, d'après une peinture de 1904 parJohn William Godward.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter