Question d'origine :
Bonjour,
… et le bonjour s'accompagne bien souvent d'une franche poignée de mains ! Mais en a-t-il été ainsi depuis … depuis quand ? Pourriez-vous éclairer ma lanterne sur cette coutume qui vient d'où et date de quand ?
Et comment se saluait-on donc avant ?
Merci de votre aide.
Réponse du Guichet
gds_ah
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 26/06/2012 à 07h24
Bonjour,
Le livre, Politesse en situation de communication sino-française : Malentendu et compréhension de Zhihong Pu (2003) indique que la pratique de serrer la main remonte à l’ère romaine et donne sa signification d’alors :
G. Andréani note ainsi la signification de la poignée de main : « la main chez les Romains, était l’emblème de la fidélité et de l’enlacement des mains le symbole de l’union des cœurs. Ce témoignage d’affection ou ce signe de loyauté a perdu sa valeur pour l’homme du XXème siècle. Serrer la main est une action banale, voire machinale. On ne s’embrasse plus du tout d’un protocole, mais il est vrai que l’on respecte s’en apercevoir l’usage ancien. (Page 153)
L’article, intitulé Corps et langage, écrit par la plume de Louis Marin, et édité dans l’Encyclopaedia universalis semble indiquer que le sens du geste de serrer la main avait une fonction utilitaire pendant l’époque des chevaliers. Elle permettait de vérifier l’absence d’une arme.
Si la sémiologie est la science des signes, la sémiologie du corps se définira comme la région de cette science dont l'objet est le corps comme signe. Comment le corps humain peut-il être signe ou ensemble de signes ? Comment peut-il signifier ? Quel peut être son type propre de signifiance ? Quelles lois la régissent ? (…)
Soit le geste d'introduction qui, dans notre culture, consiste à serrer la main droite. À l'origine, ce geste avait une fonction « utilitaire » précise : celle d'une vérification réciproque de l'absence d'une arme qui aurait pu être tenue dans cette main. Il s'est trouvé peu à peu « désémantisé » ; il a perdu une fonction pour en acquérir une autre, celle d'établir le contact par lequel la communication s'établira.
On pourrait faire des remarques semblables à propos du geste de salutation qui consiste, pour un homme, à soulever son chapeau à distance, en présence d'une personne connue de lui. Ce geste, qui présuppose le port d'un couvre-chef, était initialement un geste de reconnaissance par lequel le chevalier, en soulevant la visière du heaume qui lui cachait entièrement la tête, donnait à voir son visage à son vis-à-vis, se faisait ainsi reconnaître, voire nommer en montrant la partie la plus individualisée de son corps, tout en rendant plus fragile sa protection personnelle. Dans le geste de salutation d'aujourd'hui subsiste la fonction de reconnaissance, mais le caractère de motivation du signe du chevalier médiéval a cédé la place à l'arbitraire quasi total de la relation entre le signans (soulever de quelques centimètres son chapeau au-dessus de la tête) et le signatum (marquer civilité et déférence en guise d'introduction). Dans les deux cas, le fait de serrer la main et celui de saluer en soulevant son chapeau, en vertu du processus de désémantisation du geste ancien, apparaissent bien comme des signes dont la signifiance est marquée, dans une culture, par leur valeur oppositionnelle et le codage par ces signes de sentiments sociaux souvent très affaiblis jusqu'au point où ils constitueraient « une pure sémiotique sans sémantique »
Le Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction d'Alain Rey (Paris, Le Robert, 2006) donne ces définition du verbe Saluer et de l’expression Serrer la main , et confirme que saluer en serrant la main était en usage, notamment pour s’assurer que son interlocuteur n’avait pas d’arme.
SALUER v. tr. Est issu (1080) par l’intermédiaire de la forme saluder (v. 980) du latin salutare, rarement employé au sens de « donner le salut, sauver », et très couramment avec les sens affaiblis de « dire bonjour à qqn », « venir présenter ses hommages » ; le verbe dérive de salus. Le verbe apparaît vers 980 (saluder) au sens d’ « honorer, adorer ». Avec une autre valeur du latin, « donner à qqn une marque extérieure de civilité, de respect, en le rencontrant », il est attesté à partir de La Chanson de Roland (1080, saluer), et il est demeuré usuel. Le verbe reprend (v. 1170) le sens premier du latin, « sauver », encore au XVIIe s. avec une valeur affaiblie. Il s’emploie spécialement (1538) pour « faire ses compliments par lettre », puis « faire le salut militaire à » (1609), saluer de la voix correspondant à « crier Vive le Roi » dans la marine (1690, Th. Corneille). Saluer empereur, etc., « nommer par acclamation » (1643), est sorti d’usage. Saluer signifie aussi « manifester du respect à (qqn) par des pratiques réglées » (1611, saluer le drapeau, l’autel, etc.). Le verbe reprend au XVIIe s. le sens latin de « visiter (qqn) » (1662). Au XIXe s., il signifie par figure « accueillir (qqch., un événement) par des manifestations extérieurs » (1839, Balzac).
SERRER LA MAIN (de, puis à qqn), geste essentiel qui accompagne le salut et qui est un symbole très ancien de bonne intention (la main, étant libre, ne porte pas d’arme), n’est attesté qu’à la fin du XVIe siècle.
Pour finir, vous pouvez consulter ces deux précédentes questions du sujet, qui reprennent notamment les éléments de réponses ci-dessus et présentent d’autres précisions :
• Se serrer la main
• Origine du serrement de mains
Le livre, Politesse en situation de communication sino-française : Malentendu et compréhension de Zhihong Pu (2003) indique que la pratique de serrer la main remonte à l’ère romaine et donne sa signification d’alors :
G. Andréani note ainsi la signification de la poignée de main : « la main chez les Romains, était l’emblème de la fidélité et de l’enlacement des mains le symbole de l’union des cœurs. Ce témoignage d’affection ou ce signe de loyauté a perdu sa valeur pour l’homme du XXème siècle. Serrer la main est une action banale, voire machinale. On ne s’embrasse plus du tout d’un protocole, mais il est vrai que l’on respecte s’en apercevoir l’usage ancien. (Page 153)
L’article, intitulé Corps et langage, écrit par la plume de Louis Marin, et édité dans l’Encyclopaedia universalis semble indiquer que le sens du geste de serrer la main avait une fonction utilitaire pendant l’époque des chevaliers. Elle permettait de vérifier l’absence d’une arme.
Si la sémiologie est la science des signes, la sémiologie du corps se définira comme la région de cette science dont l'objet est le corps comme signe. Comment le corps humain peut-il être signe ou ensemble de signes ? Comment peut-il signifier ? Quel peut être son type propre de signifiance ? Quelles lois la régissent ? (…)
Soit le geste d'introduction qui, dans notre culture, consiste à serrer la main droite. À l'origine, ce geste avait une fonction « utilitaire » précise : celle d'une vérification réciproque de l'absence d'une arme qui aurait pu être tenue dans cette main. Il s'est trouvé peu à peu « désémantisé » ; il a perdu une fonction pour en acquérir une autre, celle d'établir le contact par lequel la communication s'établira.
On pourrait faire des remarques semblables à propos du geste de salutation qui consiste, pour un homme, à soulever son chapeau à distance, en présence d'une personne connue de lui. Ce geste, qui présuppose le port d'un couvre-chef, était initialement un geste de reconnaissance par lequel le chevalier, en soulevant la visière du heaume qui lui cachait entièrement la tête, donnait à voir son visage à son vis-à-vis, se faisait ainsi reconnaître, voire nommer en montrant la partie la plus individualisée de son corps, tout en rendant plus fragile sa protection personnelle. Dans le geste de salutation d'aujourd'hui subsiste la fonction de reconnaissance, mais le caractère de motivation du signe du chevalier médiéval a cédé la place à l'arbitraire quasi total de la relation entre le signans (soulever de quelques centimètres son chapeau au-dessus de la tête) et le signatum (marquer civilité et déférence en guise d'introduction). Dans les deux cas, le fait de serrer la main et celui de saluer en soulevant son chapeau, en vertu du processus de désémantisation du geste ancien, apparaissent bien comme des signes dont la signifiance est marquée, dans une culture, par leur valeur oppositionnelle et le codage par ces signes de sentiments sociaux souvent très affaiblis jusqu'au point où ils constitueraient « une pure sémiotique sans sémantique »
Le Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction d'Alain Rey (Paris, Le Robert, 2006) donne ces définition du verbe Saluer et de l’expression Serrer la main , et confirme que saluer en serrant la main était en usage, notamment pour s’assurer que son interlocuteur n’avait pas d’arme.
SALUER v. tr. Est issu (1080) par l’intermédiaire de la forme saluder (v. 980) du latin salutare, rarement employé au sens de « donner le salut, sauver », et très couramment avec les sens affaiblis de « dire bonjour à qqn », « venir présenter ses hommages » ; le verbe dérive de salus. Le verbe apparaît vers 980 (saluder) au sens d’ « honorer, adorer ». Avec une autre valeur du latin, « donner à qqn une marque extérieure de civilité, de respect, en le rencontrant », il est attesté à partir de La Chanson de Roland (1080, saluer), et il est demeuré usuel. Le verbe reprend (v. 1170) le sens premier du latin, « sauver », encore au XVIIe s. avec une valeur affaiblie. Il s’emploie spécialement (1538) pour « faire ses compliments par lettre », puis « faire le salut militaire à » (1609), saluer de la voix correspondant à « crier Vive le Roi » dans la marine (1690, Th. Corneille). Saluer empereur, etc., « nommer par acclamation » (1643), est sorti d’usage. Saluer signifie aussi « manifester du respect à (qqn) par des pratiques réglées » (1611, saluer le drapeau, l’autel, etc.). Le verbe reprend au XVIIe s. le sens latin de « visiter (qqn) » (1662). Au XIXe s., il signifie par figure « accueillir (qqch., un événement) par des manifestations extérieurs » (1839, Balzac).
SERRER LA MAIN (de, puis à qqn), geste essentiel qui accompagne le salut et qui est un symbole très ancien de bonne intention (la main, étant libre, ne porte pas d’arme), n’est attesté qu’à la fin du XVIe siècle.
Pour finir, vous pouvez consulter ces deux précédentes questions du sujet, qui reprennent notamment les éléments de réponses ci-dessus et présentent d’autres précisions :
• Se serrer la main
• Origine du serrement de mains
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