Question d'origine :
Face à la crise actuelle, j'ai l'impression que le comportement des consommateurs est en train de changer et qu'on observe un renouveau des valeurs, par exemple un retour à l'authenticité. J'aimerais trouver des analyses sociologiques récentes sur la question (articles, livres, émissions...) car je trouve ce thème passionnant. Je vous remercie de votre aide !
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 24/09/2012 à 14h00
Bonjour,
Les études sociologiques sur la consommation sont assez nombreuses, mais le traitement des valeurs varie d’un auteur à l’autre en fonction des définitions données à celles-ci.
* Nicolas Herpin dans Sociologie de la consommation revient sur les différentes approches sociologiques de l’analyse de la consommation. La troisième partie de son ouvrage est consacrée à l’interdépendance des consommateurs et aux biens conviviaux et à l’évolution des valeurs collectives relatives à la consommation. (Valeur postmatérialiste)
* Vers une agriculture choisie de Richard-Emmanuel Eastes, revient sur les idées reçues relative à l’agriculture. Il y parle des valeurs marketing avec notamment les labels, ou les valeurs écologiques.
* La consommation citoyenne (Paris : Alternatives économiques, 2006). Il ne s’agit pas d’un ouvrage sociologique, mais d’un guide pratique pour une consommation responsable.
* La consommation engagée de Sophie Dubuisson-Quellier (Paris : Presses de Sciences Po, 2009)
Boycott, achat de produits " éthiques ", résistance à la publicité ou formes d'échange alternatives, les registres de protestation des consommateurs sont multiples. Quelles lectures peut-on en proposer ? Quel est leur impact sur les marchés et dans la sphère sociale ? Espace de recrutement et de discipline des comportements individuels sur des projets collectifs variés, la consommation engagée dispose d'une réelle capacité à mettre sur l'agenda politique, économique ou médiatique de nouvelles problématiques sociales liées à l'environnement ou à l'éthique dans les échanges. La consommation engagée entretient des relations ambiguës avec le marché. Toutefois, lorsqu'elle est articulée à des actions collectives, elle n'exprime plus seulement des droits ou des besoins individuels, mais redevient un espace de construction de responsabilités et de devoirs citoyens.
* Les intermittents du bio de Claire Lamine (Paris : Maison des sciences de l'homme : Ed. Quae, 2008)
Pour une sociologie pragmatique des choix alimentaires émergents
* La crise dope le fait-maison
Pourquoi ne pas fabriquer ses cosmétiques, ses produits ménagers, voire ses meubles ? La tendance «Faire soi même» se développe, pour des raisons économiques mais pas seulement !
L’économie de la qualité, en ses secteurs, ses territoires et ses mythes, Gilles Allaire, (Géographie, Economie, Société) 4 (2002) 155–180
Ce texte propose un cadre d’analyse « régulationniste » de l’émergence d’une « économie de la qualité » dans le domaine agroalimentaire, c’est-à-dire d’un nouveau modèle productif centré sur la différenciation des qualités. Des propositions méthodologiques et analytiques de portée plus générale sont confrontées aux faits stylisés que l’on peut établir dans ce domaine. Avec la notion de modèle productif, le parti est pris d’une analyse conjointe des dynamiques des systèmes productifs et des dispositifs institutionnels. La notion d’espace de régulation renvoie elle à l’analyse des dimensions « sectorielle » et « territoriale » du mode de régulation. Secteur et territoire sont envisagés comme des constructions institutionnelles en tension. L’agroalimentaire est un bon exemple de ces tensions. L’économie de la qualité y est souvent présentée comme une réorientation des stratégies des acteurs et des politiques publiques, des secteurs vers les territoires.
Celle-ci, en fait, remet en jeu les définitions des secteurs comme des territoires locaux. La différenciation des qualités se développe à travers des crises sectorielles, elle vise notamment à valoriser des ressources spécifiques territoriales mais aussi d’autres ressources cognitives et à tirer parti de l’individualisation des comportements. Cette différenciation s’opère à partir de plusieurs lignes de perception des demandes des consommateurs. Deux principales lignes d’innovation apparaissent, l’une visant à spécifier toujours plus en profondeur les caractéristiques fonctionnelles des services alimentaires en exploitant les développements scientifiques et technologiques, l’autre exploitant plutôt des attributs hédonistes ou politico-éthico-culturels. Pour caractériser les logiques de différenciation, sont introduits deux paradigmes cognitifs (qui fonctionnent comme des « mythes », au sens où ils sont incomplets) : l’assimilation des qualités à des caractéristiques des produits, la formation des qualités à partir des identités. L’analyse doit pouvoir rendre compte d’une diversité d’évolutions et de ruptures avec les principes de l’ancien modèle de production, mais aussi, pour être complète, elle doit intégrer les limites du nouveau modèle, autrement dit, l’analyse des crises qui sont liées à son développement. Celles-ci sont caractéristiques d’un régime d’accumulation centré sur les valeurs immatérielles.
* Du pain et des vacances : la consommation des catégories socioprofessionnelles s'homogénéise-t-elle (encore) ? de Louis Chauvel In: Revue française de sociologie. 1999, 40-1. Fluidité et hiérarchie. L'évolution de la stratification sociale en France. pp. 79-96.
Cet article évalue l'hypothèse du rapprochement des modes de consommation des différentes catégories socioprofessionnelles. Selon les auteurs les plus radicaux, il n'y aurait plus de différence dans les structures des dépenses des cadres et des ouvriers. Une analyse discriminante portant sur les enquêtes de Budget des ménages 1985 et 1995 montre que les cadres et les ouvriers conservent des structures budgétaires distinctes et qu'il n'y a pas de changement significatif en dix ans. La hiérarchie de l'ensemble des catégories socioprofessionnelles que permet de construire la méthode est stable dans le temps. En outre, l'activité de la conjointe, qui aurait pu produire un brouillage des frontières sociales, a des effets empiriques contradictoires : l'hétérogamie des couples rapproche les cadres des ouvriers mais l'homogamie les éloigne ; l'effet global est nul. Une étude sur le long terme aurait peut-être permis de repérer des changements plus importants, mais, sur les dix dernières années, les catégories socioprofessionnelles apparaissent comme un outil descriptif stable et efficace.
* Chantelat Pascal. La Nouvelle Sociologie Économique et le lien marchand : des relations personnelles à l'impersonnalité des relations. In: Revue française de sociologie. 2002, 43-3. pp. 521-556.
Le renouveau de la sociologie économique s'appuie sur la réaffirmation de la dimension sociale de l'action économique en postulant que cette dernière est toujours socialement située. Contrairement aux postulats de la microéconomie standard, l'échange économique n'est jamais indépendant des relations de personne à personne et des facteurs extra-économiques. En ce sens, il fait toujours société. L'article, tout en reconnaissant les apports de la Nouvelle Sociologie Économique (NSE), se propose de discuter ce postulat en interrogeant la manière dont la NSE conceptualise la frontière entre le social et le non-social au sein des échanges marchands. Ce travail montre que la NSE, en s'attachant essentiellement aux formes de socialisation « primaire » du marché, propose une vision « intimiste » du lien social qui l'empêche de penser toute la spécificité sociologique de la relation marchande. Dans la perspective de saisir cette spécificité, une relecture microsociologique des analyses simmeliennes de l'action réciproque et des approches ethnographiques récentes des relations marchandes permet de repenser les formes élémentaires du lien social en insistant sur la socialisation « secondaire » du marché. Cette réflexion critique débouche sur l'esquisse d'un programme de recherches visant à rendre compte des conditions de fonctionnement de la vie économique moderne la plus ordinaire et fondée sur les relations « purement » marchandes.
* Grignon Claude. Les enquêtes sur la consommation et la sociologie des goûts. In: Revue économique. Volume 39, n°1, 1988. pp. 15-32.
On examine à la fois la définition implicite du goût que véhiculent les enquêtes de consommation, et les définitions théoriques du goût, comme système de dispositions ou comme système d'oppositions, auxquelles peut se référer le sociologue. L'enquête de l'INSEE sur l'alimentation des Français définit implicitement le goût comme une habitude de consommation : l'offre fait l'usage, l'usage fait l'habitude, l'habitude fait le goût. Pour la sociologie de la culture, les goûts sont plutôt des normes, et des écarts à la norme légitime. C'est pourquoi le sociologue préfère en général les enquêtes d'opinion aux enquêtes de consommation, les noms de plats aux noms de produits. Il reste que le choix de l'objet d'étude est loin d'être socialement neutre : selon que l'on étudie des paniers ou des menus, on se trouve confronté à des définitions du goût qui sont inégalement proches des goûts et des pratiques des différentes classes.
Les études sociologiques sur la consommation sont assez nombreuses, mais le traitement des valeurs varie d’un auteur à l’autre en fonction des définitions données à celles-ci.
* Nicolas Herpin dans Sociologie de la consommation revient sur les différentes approches sociologiques de l’analyse de la consommation. La troisième partie de son ouvrage est consacrée à l’interdépendance des consommateurs et aux biens conviviaux et à l’évolution des valeurs collectives relatives à la consommation. (Valeur postmatérialiste)
* Vers une agriculture choisie de Richard-Emmanuel Eastes, revient sur les idées reçues relative à l’agriculture. Il y parle des valeurs marketing avec notamment les labels, ou les valeurs écologiques.
* La consommation citoyenne (Paris : Alternatives économiques, 2006). Il ne s’agit pas d’un ouvrage sociologique, mais d’un guide pratique pour une consommation responsable.
* La consommation engagée de Sophie Dubuisson-Quellier (Paris : Presses de Sciences Po, 2009)
Boycott, achat de produits " éthiques ", résistance à la publicité ou formes d'échange alternatives, les registres de protestation des consommateurs sont multiples. Quelles lectures peut-on en proposer ? Quel est leur impact sur les marchés et dans la sphère sociale ? Espace de recrutement et de discipline des comportements individuels sur des projets collectifs variés, la consommation engagée dispose d'une réelle capacité à mettre sur l'agenda politique, économique ou médiatique de nouvelles problématiques sociales liées à l'environnement ou à l'éthique dans les échanges. La consommation engagée entretient des relations ambiguës avec le marché. Toutefois, lorsqu'elle est articulée à des actions collectives, elle n'exprime plus seulement des droits ou des besoins individuels, mais redevient un espace de construction de responsabilités et de devoirs citoyens.
* Les intermittents du bio de Claire Lamine (Paris : Maison des sciences de l'homme : Ed. Quae, 2008)
Pour une sociologie pragmatique des choix alimentaires émergents
* La crise dope le fait-maison
Pourquoi ne pas fabriquer ses cosmétiques, ses produits ménagers, voire ses meubles ? La tendance «Faire soi même» se développe, pour des raisons économiques mais pas seulement !
L’économie de la qualité, en ses secteurs, ses territoires et ses mythes, Gilles Allaire, (Géographie, Economie, Société) 4 (2002) 155–180
Ce texte propose un cadre d’analyse « régulationniste » de l’émergence d’une « économie de la qualité » dans le domaine agroalimentaire, c’est-à-dire d’un nouveau modèle productif centré sur la différenciation des qualités. Des propositions méthodologiques et analytiques de portée plus générale sont confrontées aux faits stylisés que l’on peut établir dans ce domaine. Avec la notion de modèle productif, le parti est pris d’une analyse conjointe des dynamiques des systèmes productifs et des dispositifs institutionnels. La notion d’espace de régulation renvoie elle à l’analyse des dimensions « sectorielle » et « territoriale » du mode de régulation. Secteur et territoire sont envisagés comme des constructions institutionnelles en tension. L’agroalimentaire est un bon exemple de ces tensions. L’économie de la qualité y est souvent présentée comme une réorientation des stratégies des acteurs et des politiques publiques, des secteurs vers les territoires.
Celle-ci, en fait, remet en jeu les définitions des secteurs comme des territoires locaux. La différenciation des qualités se développe à travers des crises sectorielles, elle vise notamment à valoriser des ressources spécifiques territoriales mais aussi d’autres ressources cognitives et à tirer parti de l’individualisation des comportements. Cette différenciation s’opère à partir de plusieurs lignes de perception des demandes des consommateurs. Deux principales lignes d’innovation apparaissent, l’une visant à spécifier toujours plus en profondeur les caractéristiques fonctionnelles des services alimentaires en exploitant les développements scientifiques et technologiques, l’autre exploitant plutôt des attributs hédonistes ou politico-éthico-culturels. Pour caractériser les logiques de différenciation, sont introduits deux paradigmes cognitifs (qui fonctionnent comme des « mythes », au sens où ils sont incomplets) : l’assimilation des qualités à des caractéristiques des produits, la formation des qualités à partir des identités. L’analyse doit pouvoir rendre compte d’une diversité d’évolutions et de ruptures avec les principes de l’ancien modèle de production, mais aussi, pour être complète, elle doit intégrer les limites du nouveau modèle, autrement dit, l’analyse des crises qui sont liées à son développement. Celles-ci sont caractéristiques d’un régime d’accumulation centré sur les valeurs immatérielles.
* Du pain et des vacances : la consommation des catégories socioprofessionnelles s'homogénéise-t-elle (encore) ? de Louis Chauvel In: Revue française de sociologie. 1999, 40-1. Fluidité et hiérarchie. L'évolution de la stratification sociale en France. pp. 79-96.
Cet article évalue l'hypothèse du rapprochement des modes de consommation des différentes catégories socioprofessionnelles. Selon les auteurs les plus radicaux, il n'y aurait plus de différence dans les structures des dépenses des cadres et des ouvriers. Une analyse discriminante portant sur les enquêtes de Budget des ménages 1985 et 1995 montre que les cadres et les ouvriers conservent des structures budgétaires distinctes et qu'il n'y a pas de changement significatif en dix ans. La hiérarchie de l'ensemble des catégories socioprofessionnelles que permet de construire la méthode est stable dans le temps. En outre, l'activité de la conjointe, qui aurait pu produire un brouillage des frontières sociales, a des effets empiriques contradictoires : l'hétérogamie des couples rapproche les cadres des ouvriers mais l'homogamie les éloigne ; l'effet global est nul. Une étude sur le long terme aurait peut-être permis de repérer des changements plus importants, mais, sur les dix dernières années, les catégories socioprofessionnelles apparaissent comme un outil descriptif stable et efficace.
* Chantelat Pascal. La Nouvelle Sociologie Économique et le lien marchand : des relations personnelles à l'impersonnalité des relations. In: Revue française de sociologie. 2002, 43-3. pp. 521-556.
Le renouveau de la sociologie économique s'appuie sur la réaffirmation de la dimension sociale de l'action économique en postulant que cette dernière est toujours socialement située. Contrairement aux postulats de la microéconomie standard, l'échange économique n'est jamais indépendant des relations de personne à personne et des facteurs extra-économiques. En ce sens, il fait toujours société. L'article, tout en reconnaissant les apports de la Nouvelle Sociologie Économique (NSE), se propose de discuter ce postulat en interrogeant la manière dont la NSE conceptualise la frontière entre le social et le non-social au sein des échanges marchands. Ce travail montre que la NSE, en s'attachant essentiellement aux formes de socialisation « primaire » du marché, propose une vision « intimiste » du lien social qui l'empêche de penser toute la spécificité sociologique de la relation marchande. Dans la perspective de saisir cette spécificité, une relecture microsociologique des analyses simmeliennes de l'action réciproque et des approches ethnographiques récentes des relations marchandes permet de repenser les formes élémentaires du lien social en insistant sur la socialisation « secondaire » du marché. Cette réflexion critique débouche sur l'esquisse d'un programme de recherches visant à rendre compte des conditions de fonctionnement de la vie économique moderne la plus ordinaire et fondée sur les relations « purement » marchandes.
* Grignon Claude. Les enquêtes sur la consommation et la sociologie des goûts. In: Revue économique. Volume 39, n°1, 1988. pp. 15-32.
On examine à la fois la définition implicite du goût que véhiculent les enquêtes de consommation, et les définitions théoriques du goût, comme système de dispositions ou comme système d'oppositions, auxquelles peut se référer le sociologue. L'enquête de l'INSEE sur l'alimentation des Français définit implicitement le goût comme une habitude de consommation : l'offre fait l'usage, l'usage fait l'habitude, l'habitude fait le goût. Pour la sociologie de la culture, les goûts sont plutôt des normes, et des écarts à la norme légitime. C'est pourquoi le sociologue préfère en général les enquêtes d'opinion aux enquêtes de consommation, les noms de plats aux noms de produits. Il reste que le choix de l'objet d'étude est loin d'être socialement neutre : selon que l'on étudie des paniers ou des menus, on se trouve confronté à des définitions du goût qui sont inégalement proches des goûts et des pratiques des différentes classes.
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