Question d'origine :
quelles sont toutes les stratégies d'attaque du moyen âge?
Réponse du Guichet

Bonjour,
Vaste question, trop vaste question à laquelle le Guichet du savoir ne peut prétendre donner une réponse précise, concise et néanmoins documentée.
Le Moyen Âge est une époque de l'Histoire située entre l’Antiquité et l'époque moderne. Elle s’étend donc sur une durée de près de mille ans, des Ve-VIe siècles au XVe siècleN. Il ne s’agit pas d’une époque homogène, ni dans le temps, ni dans l’espace.
On imagine aisément que les manières de combattre comme les techniques ont évolué tout au long de la période médiévale.
-Quelques généralités sur ce site, familières dans l’imaginaire collectif :
Au Moyen Âge, il n'existe pas vraiment de grandes batailles. La majorité des opérations militaires consistent à éviter la bataille rangée et l'affrontement en rase campagne. La majorité des conflits ne sont que des escarmouches ou des embuscades (cependant meurtrières), des raids et des opérations relativement courtes mais avec des déplacements relativement longs en raison de la progression lente des armées. Souvent, dans les conflits locaux, il s'agissait de mettre en difficulté son adversaire en l'affaiblissant militairement (perte d'hommes, de matériel...) et économiquement (demande de rançons, destruction des ressources). Ainsi, il était coutume d'engendrer la crainte et la terreur, ce qui explique les sacs, pillages et autres rapines qui touchaient le plus souvent des populations pauvres et innocentes.
Contrairement à ce que laisse imaginer le cinéma, rares étaient les batailles de front. Sauf quelques exceptions, comme Azincourt ou Crécy, on évite absolument les champs de bataille massifs car les pertes matérielles et d’hommes sont trop importants. De plus, on ne dispose pas encore de connaissances cartographiques terrestres suffisantes pour permettre un bon déroulement en temps réel de ce type de bataille.
On distingue trois types de combattants lors des batailles rangées
La cavalerie montée : Constituée de 3 ou 4 rangs de cavaliers formant une « bataille ».L’ensemble était constitué de petits groupes tactiques appelés « conrois » groupés autour d’une bannière représentant une famille ou un seigneur. On formait alors des blocs de cavaliers et de lances le plus serré possible. Les cavaliers se mettaient lentement en route pour conserver l’alignement, puis accélérant au moment d’arriver sur l’ennemi. Le but était de disperser l’ennemi, pour former des groupes isolés facile à vaincre.
La cavalerie démontée : La tactique était d’attendre l’attaque de l’adversaire. Cela pouvait durer longtemps… Elle était très utilisée par les Anglais, les Français, quant à eux l’appréciaient peu et l’employèrent bien trop tardivement.
L’infanterie : Le corps d’infanterie avait trois dispositifs de combats : en ligne de front sur quelques rangs formant une sorte de rempart ; en cercle très en usage chez les Suisses, employé par les Français à Bouvines ; en bloc comme la bataille en forme de quadrilatère, auquel s’ajoute un triangle d’hommes faisant face à l’adversaire. Une telle formation de 10 000 hommes occupait une surface de 60 m sur 60.
Les raids, pillages.
Majoritairement, les chefs de guerre privilégient les actions ponctuelles à l’issue d’un déplacement plus ou moins long, et notamment les raids et les embuscades.
L’enjeu de ceux-ci n’est pas forcément de gagner dans l’immédiateté, mais plutôt d’affaiblir l’adversaire militairement et économiquement. De fait, les demandes de rançons étaient très fréquentes. L’impact sur la population d’un pillage est un moyen de pression sur l’ennemi autant qu’un moyen de ravitaillement, aussi est-il régulièrement pratiqué.
Les places fortes : enjeux stratégiques.
La période médiévale est propice à la guerre de siège. En effet, les places fortes ont un rôle très important, à la fois défensif et offensif. Elles permettent d’assoir sa domination sur le fief.
Elles offrent des solutions de repli aux tentatives des chevaliers pour percer les lignes de front. Elles sont également des positions de relai permettant un redéploiement vers un champ de bataille de plus grande envergure.
Ainsi, la guerre au Moyen-âge consiste à prendre ces places ou les reprendre. Comme sur un échiquier, la répartition et la prise des points stratégiques jouent un rôle fondamental dans la réussite de l’expédition.
Le château fort permet à un petit nombre de personnes de résister pendant longtemps à l’assaut, et bien souvent de survivre grâce aux approvisionnements qu’il renferme et aux zones de culture à l’intérieur de ses murs. Le siège est donc capital pour couper court l’arrivée de vivres supplémentaires éventuels et faciliter ainsi une prise rapide. Il suffit d’attendre l’épuisement des stocks pour que le défenseur se rende.
Et pourtant, cela n’est pas si évident. Le risque de maladie et d’appauvrissement en vivre de l’attaquant est grand : il est donc capital de prendre le château le plus rapidement possible. Pour cela, l’époque médiévale dispose d’armes de siège (tour de siège, bélier, baliste, trébuchet…)
On n’hésitait pas à acheter la garde, ou faire pénétrer des espions dans la faction ennemie pour se faire ouvrir les portes. C’est la technique de la sape pour percer les défenses du seigneur du lieu.
Cette technique, très efficace, consistait à creuser une galerie sous le mur d’enceinte en étayant au fur et à mesure avec des poutres de bois. Ensuite, les mineurs mettaient le feu aux poutres ce qui provoquait l’écroulement d’une partie du mur. Afin de pouvoir s’approcher des fortifications, les mineurs s’abritaient sous une « chatte », galerie de bois recouverte de peaux. Pour se protéger de ce type d’attaque, il fallait construire sur une base solide (rocher) ou bien faire des murs très larges du bas. Il était aussi possible de construire une contre-mine afin de repousser les mineurs adverses avant de combler le tunnel. Malheureusement, cela pouvait également accélérer l’effondrement du mur et ouvrait un passage vers l’intérieur du château.
Ces différentes techniques pour prendre places fortes et châteaux relèvent de la poliorcétique, l’art du siège et de la défense face à celui-ci. (Source)
Un exemple de préparation à l’affrontement : la guerre de Pise :
(transcrite à partir des « chroniques florentines »)
Florence ne déclara la guerre à Pise qu’en mai 1362, mais, selon les chroniqueurs, une guerre économique était en cours depuis 1355…
Au cours de l’année 1362 eurent lieu diverses expéditions pisanes afin de voler du bétail, détruire des champs ensemencés en les faisant labourer par « plus de cent paires de bœufs, coupant les arbres fruitiers, les vignes, les châtaigniers » et tuant quelques soldats.
Au mois de juin 1362, les florentins commencèrent à s’armer sous le commandement de leur capitaine. Ils fabriquèrent seize trébuchets, ce qui constituait un nombre impressionnant pour ce type d’engin de guerre, si rare qu’ils portèrent des noms propres pour la plupart. Ils recrutèrent aussi des soldats et des cavaliers.
Le 15 juin 1362, leur armée comptait 1500 cavaliers, 4000 fantassins dont plus de 1500 arbalétriers, auxquels s’ajouterait les jours suivants une centaine de cavaliers et un millier de fantassins. Les bannières furent distribuées le 20 juin à midi, conformément aux recommandations des astrologues. De leur côté, les Pisans firent évacuer leur territoire et renforcèrent leurs positions aux frontières.
Chose nouvelle pour eux, les Florentins prirent à leur solde quelques hommes et leurs galères pour combattre sur la côte pisane, à partir du mois d’août.
Le recrutement continua, grâce à un marchand florentin installé à Gênes , qui engagea un condottiere installé à Nice, et 400 arbalétriers, « tous les hommes choisis et habitués au combat », et les fit voyager à ses frais jusqu’à Florence. Cependant, Bonifazio ravagea la vallée d’Elsa, il prit trente deux châteaux, forteresses et villages dans lesquels il brûla 600 maisons puis il envoya 400 cavaliers (« barbutes » et hongrois) et 500 brigands dans la MAREMME où ils capturent 1200 bufflonnes,. , 900 vaches , de nombreuses génisses et plus de 1000 porcs Cette prise eut un double effet économique, elle affaiblit l’ennemi et permit de ravitailler l’armée et la ville.In (villes en guerre, XIVe-XVe siècles)
-Une bibliographie vous proposant des ouvrages spécifiquement consacrés à certaines batailles comme des livres d’histoire à caractère plus général sur l’histoire militaire , qui se veut une simple introduction à des consultation ou recherches susceptibles d’amener des investigations plus poussées et des réponses élaborées :
Anthologie mondiale de la stratégie
Histoire militaire de la France, des origines à 1715
Les cent plus grandes batailles de l’histoire de l’Antiquité à nos jours
Les grandes batailles de l’histoire de France
Les guerres navales françaises
Les chevaliers de Dieu, les ordres religieux
La guerre sainte
La guerre de cent ans
27 juillet 1214, le dimanche de Bouvines
Revue historique, Historiographie de la bataille de Poitiers au XIVe siècle, n° 533, p 21-58,1980
A l’assaut !
Vaste question, trop vaste question à laquelle le Guichet du savoir ne peut prétendre donner une réponse précise, concise et néanmoins documentée.
Le Moyen Âge est une époque de l'Histoire située entre l’Antiquité et l'époque moderne. Elle s’étend donc sur une durée de près de mille ans, des Ve-VIe siècles au XVe siècleN. Il ne s’agit pas d’une époque homogène, ni dans le temps, ni dans l’espace.
On imagine aisément que les manières de combattre comme les techniques ont évolué tout au long de la période médiévale.
-Quelques généralités sur ce site, familières dans l’imaginaire collectif :
Au Moyen Âge, il n'existe pas vraiment de grandes batailles. La majorité des opérations militaires consistent à éviter la bataille rangée et l'affrontement en rase campagne. La majorité des conflits ne sont que des escarmouches ou des embuscades (cependant meurtrières), des raids et des opérations relativement courtes mais avec des déplacements relativement longs en raison de la progression lente des armées. Souvent, dans les conflits locaux, il s'agissait de mettre en difficulté son adversaire en l'affaiblissant militairement (perte d'hommes, de matériel...) et économiquement (demande de rançons, destruction des ressources). Ainsi, il était coutume d'engendrer la crainte et la terreur, ce qui explique les sacs, pillages et autres rapines qui touchaient le plus souvent des populations pauvres et innocentes.
Contrairement à ce que laisse imaginer le cinéma, rares étaient les batailles de front. Sauf quelques exceptions, comme Azincourt ou Crécy, on évite absolument les champs de bataille massifs car les pertes matérielles et d’hommes sont trop importants. De plus, on ne dispose pas encore de connaissances cartographiques terrestres suffisantes pour permettre un bon déroulement en temps réel de ce type de bataille.
On distingue trois types de combattants lors des batailles rangées
La cavalerie montée : Constituée de 3 ou 4 rangs de cavaliers formant une « bataille ».L’ensemble était constitué de petits groupes tactiques appelés « conrois » groupés autour d’une bannière représentant une famille ou un seigneur. On formait alors des blocs de cavaliers et de lances le plus serré possible. Les cavaliers se mettaient lentement en route pour conserver l’alignement, puis accélérant au moment d’arriver sur l’ennemi. Le but était de disperser l’ennemi, pour former des groupes isolés facile à vaincre.
La cavalerie démontée : La tactique était d’attendre l’attaque de l’adversaire. Cela pouvait durer longtemps… Elle était très utilisée par les Anglais, les Français, quant à eux l’appréciaient peu et l’employèrent bien trop tardivement.
L’infanterie : Le corps d’infanterie avait trois dispositifs de combats : en ligne de front sur quelques rangs formant une sorte de rempart ; en cercle très en usage chez les Suisses, employé par les Français à Bouvines ; en bloc comme la bataille en forme de quadrilatère, auquel s’ajoute un triangle d’hommes faisant face à l’adversaire. Une telle formation de 10 000 hommes occupait une surface de 60 m sur 60.
Les raids, pillages.
Majoritairement, les chefs de guerre privilégient les actions ponctuelles à l’issue d’un déplacement plus ou moins long, et notamment les raids et les embuscades.
L’enjeu de ceux-ci n’est pas forcément de gagner dans l’immédiateté, mais plutôt d’affaiblir l’adversaire militairement et économiquement. De fait, les demandes de rançons étaient très fréquentes. L’impact sur la population d’un pillage est un moyen de pression sur l’ennemi autant qu’un moyen de ravitaillement, aussi est-il régulièrement pratiqué.
Les places fortes : enjeux stratégiques.
La période médiévale est propice à la guerre de siège. En effet, les places fortes ont un rôle très important, à la fois défensif et offensif. Elles permettent d’assoir sa domination sur le fief.
Elles offrent des solutions de repli aux tentatives des chevaliers pour percer les lignes de front. Elles sont également des positions de relai permettant un redéploiement vers un champ de bataille de plus grande envergure.
Ainsi, la guerre au Moyen-âge consiste à prendre ces places ou les reprendre. Comme sur un échiquier, la répartition et la prise des points stratégiques jouent un rôle fondamental dans la réussite de l’expédition.
Le château fort permet à un petit nombre de personnes de résister pendant longtemps à l’assaut, et bien souvent de survivre grâce aux approvisionnements qu’il renferme et aux zones de culture à l’intérieur de ses murs. Le siège est donc capital pour couper court l’arrivée de vivres supplémentaires éventuels et faciliter ainsi une prise rapide. Il suffit d’attendre l’épuisement des stocks pour que le défenseur se rende.
Et pourtant, cela n’est pas si évident. Le risque de maladie et d’appauvrissement en vivre de l’attaquant est grand : il est donc capital de prendre le château le plus rapidement possible. Pour cela, l’époque médiévale dispose d’armes de siège (tour de siège, bélier, baliste, trébuchet…)
On n’hésitait pas à acheter la garde, ou faire pénétrer des espions dans la faction ennemie pour se faire ouvrir les portes. C’est la technique de la sape pour percer les défenses du seigneur du lieu.
Cette technique, très efficace, consistait à creuser une galerie sous le mur d’enceinte en étayant au fur et à mesure avec des poutres de bois. Ensuite, les mineurs mettaient le feu aux poutres ce qui provoquait l’écroulement d’une partie du mur. Afin de pouvoir s’approcher des fortifications, les mineurs s’abritaient sous une « chatte », galerie de bois recouverte de peaux. Pour se protéger de ce type d’attaque, il fallait construire sur une base solide (rocher) ou bien faire des murs très larges du bas. Il était aussi possible de construire une contre-mine afin de repousser les mineurs adverses avant de combler le tunnel. Malheureusement, cela pouvait également accélérer l’effondrement du mur et ouvrait un passage vers l’intérieur du château.
Ces différentes techniques pour prendre places fortes et châteaux relèvent de la poliorcétique, l’art du siège et de la défense face à celui-ci. (Source)
Un exemple de préparation à l’affrontement : la guerre de Pise :
(transcrite à partir des « chroniques florentines »)
Florence ne déclara la guerre à Pise qu’en mai 1362, mais, selon les chroniqueurs, une guerre économique était en cours depuis 1355…
Au cours de l’année 1362 eurent lieu diverses expéditions pisanes afin de voler du bétail, détruire des champs ensemencés en les faisant labourer par « plus de cent paires de bœufs, coupant les arbres fruitiers, les vignes, les châtaigniers » et tuant quelques soldats.
Au mois de juin 1362, les florentins commencèrent à s’armer sous le commandement de leur capitaine. Ils fabriquèrent seize trébuchets, ce qui constituait un nombre impressionnant pour ce type d’engin de guerre, si rare qu’ils portèrent des noms propres pour la plupart. Ils recrutèrent aussi des soldats et des cavaliers.
Le 15 juin 1362, leur armée comptait 1500 cavaliers, 4000 fantassins dont plus de 1500 arbalétriers, auxquels s’ajouterait les jours suivants une centaine de cavaliers et un millier de fantassins. Les bannières furent distribuées le 20 juin à midi, conformément aux recommandations des astrologues. De leur côté, les Pisans firent évacuer leur territoire et renforcèrent leurs positions aux frontières.
Chose nouvelle pour eux, les Florentins prirent à leur solde quelques hommes et leurs galères pour combattre sur la côte pisane, à partir du mois d’août.
Le recrutement continua, grâce à un marchand florentin installé à Gênes , qui engagea un condottiere installé à Nice, et 400 arbalétriers, « tous les hommes choisis et habitués au combat », et les fit voyager à ses frais jusqu’à Florence. Cependant, Bonifazio ravagea la vallée d’Elsa, il prit trente deux châteaux, forteresses et villages dans lesquels il brûla 600 maisons puis il envoya 400 cavaliers (« barbutes » et hongrois) et 500 brigands dans la MAREMME où ils capturent 1200 bufflonnes,. , 900 vaches , de nombreuses génisses et plus de 1000 porcs Cette prise eut un double effet économique, elle affaiblit l’ennemi et permit de ravitailler l’armée et la ville.In (villes en guerre, XIVe-XVe siècles)
-Une bibliographie vous proposant des ouvrages spécifiquement consacrés à certaines batailles comme des livres d’histoire à caractère plus général sur l’histoire militaire , qui se veut une simple introduction à des consultation ou recherches susceptibles d’amener des investigations plus poussées et des réponses élaborées :
Anthologie mondiale de la stratégie
Histoire militaire de la France, des origines à 1715
Les cent plus grandes batailles de l’histoire de l’Antiquité à nos jours
Les grandes batailles de l’histoire de France
Les guerres navales françaises
Les chevaliers de Dieu, les ordres religieux
La guerre sainte
La guerre de cent ans
27 juillet 1214, le dimanche de Bouvines
Revue historique, Historiographie de la bataille de Poitiers au XIVe siècle, n° 533, p 21-58,1980
A l’assaut !
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