Question d'origine :
A la suite des trois Glorieuses, un poète, Auguste Barbier, a écrit des Iambes, dans lequel un poème "La Curée" contient deux strophes sur la Femme-liberté.
Ce poème a-t-il inspiré Delacroix pour son tableau La Liberté guidant le peuple qui date de la même époque ?
ou bien est-ce le contraire ?
peut-on le savoir ?
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 14/11/2012 à 16h56
Les informations concernant l’hypothèse de l’influence du poème d’Auguste Barbier sur l’œuvre La Liberté guidant le peuple de Delacroix ou inversement sont contradictoires.
Sur internet, dans le Larousse , la notice sur Auguste Barbier indique effectivement que Delacroix aurait puisé son inspiration dans cette œuvre littéraire.
« Delacroix lui doit sa Liberté guidant le peuple. »
Dans la notice de l’œuvre La Liberté... sur le site du Louvre , il n’y a aucune allusion à cette potentielle source d’inspiration.
La notice de Wikipedia sur l’œuvre La Liberté... est plus prudente :
« Sa Liberté a sans doute été inspirée d'une lecture des poèmes La Curée d'Auguste Barbier et de Casimir Delavigne ».
Dans une des monographies de référence sur Delacroix par Peter Rautmann , on trouve l’information suivante page 130 : « A plusieurs reprises, un lien s’établit entre ce tableau et le poème révolutionnaire « La Curée », qui fait partie des Lambres d’Auguste Barbier. Ce poème, écrit à peu près à la même époque, assimile la figure allégorique de la liberté et de la révolution à la femme du peuple. ».
« C’est une forte femme aux puissantes mamelles,
A la voix rauque, aux durs appas,
Qui, du brun sur la peau, du feu dans les prunelles,
Agile et marchant à grands pas,
Se plaît aux cris du peuple, aux sanglantes mêlées … » (aout 1830)
L'auteur ne se prononce donc pas sur une éventuelle influence d'une oeuvre sur une autre.
Dans une analyse très complète de l’œuvre La Liberté...par Hélène Toussaint du département des peintures du Musée du Louvre, on peut lire page 46 :
« Une source littéraire a été proposée pour la Liberté, celles les Iambes d’Auguste Barbier, parues immédiatement après la Révolution de Juillet pour sa glorification. On y lit «C’est une forte femme aux puissantes mamelles… » Mais ceci est surtout invoqué – hypocritement ? – dans la vaine recherche d’une justification au réalisme de la figure taxée de populancière par une partie de la critique pour qui l’allégorie doit se parer de l’idéalisation. Delacroix n’a pas besoin qu’on lui souffle son inspiration. Il veut, c’est évident, montrer une femme du peuple. Il ne conçoit ni une nymphe, ni une mijaurée. »
Concernant la chronologie, on voit dans la monographie de Peter Rautmann que le poème d'Auguste Barbier a été écrit en aout 1930.
Concernant la genèse de l’œuvre de Delacroix, on apprend dans l’ouvrage d'Hélène Toussaint que Delacroix s’attèle à la réalisation de la Liberté dès octobre 1830 :
« Le 12 octobre 1830, Delacroix écrit à son frère Henri, général à la retraite qui avait gagné ses galons dans la Grande Armée «J’ai entrepris un sujet moderne, une barricade, et si je n’ai psa vaincu pour la patrie au moins peindrais-je pour elle. Cela m’a remis de belle humeur. »
et qu'il l'achève en décembre de la même année :
« Par une lettre du 6 décembre, le peintre informe son compagnon d’enfance, Félix Guillemardet « J’ai fini, ou peu s’en manque, mon tableau ». Selon toute vraisemblance, il s’agit là de la toile qui nous intéresse. Quelques mois ont suffi pour parfaire une œuvre dont la célébrité n’a cessé de croître. »
L’inspiration n’est donc a priori pas vérifiée par les spécialistes de Delacroix.
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