La chirurgie : mode ou besoin ?
Le 27/11/2012 à 08h49
491 vues
Question d'origine :
Ceci est notre problématique entière : En quoi par le biais des nouvelles technologie et du fait de l'évolution des moeurs, la chirurgie réparatrice a ouverte une autre branche : la chirurgie réparatrice ?
Nous travaillons sur la première guerre mondiale jusqu'à nos jours.
Il nous faudrait des informations à propos de la chirurgie sur les gueules cassés, sur les nouvelles technologies et sur la chirurgie d'aujourd'hui ( persception, technique, ... )
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 28/11/2012 à 11h52
Comme vous le soulignez dans votre question, la première guerre mondiale a permis à la chirurgie de faire d'énormes progrès dans ses capacités réparatrices. Un bond en avant dont les effets ont été tempérés par la gravité accrue des blessures infligées : "la médecine de guerre de 1914-1918 a bénéficié des progrès médicaux du XIXe siècle, mais aussi de véritables percées scientifiques directement liées aux nécessités qu'imposèrent les nouvelles blessures de guerre... Les blessures de la Grande Guerre sont beaucoup plus complexes : 1% seulement d'entre elles sont dues à l'arme blanche. La plupart des nouvelles blessures sont infligées par les éclats d'obus, les billes de shrapnells, et par les balles modernes dont la forme conique, la rapidité et la rotation sur elles-mêmes signifient une capacité de
destruction des chairs jusqu'alors inégalée." Stéphane Audoin-Rouzeau
Vous trouverez des informations sur la chirurgie des gueules cassées dans Gueules cassées : les blessés de la face de la Grande Guerre de Sophie Delaporte, dont voici un résumé : "pendant la guerre de 1914-1918, le monde médical connaît une mobilisation sans précédent. Par le nombre d'abord, avec plus de six mille médecins engagés sur le front ou à l'arrière, et par les questions nouvelles qui suscitent des débats passionnés. Ce premier conflit mondial du XXe siècle pose aux médecins des questions médicales et éthiques inédites auxquelles ils doivent répondre dans l'urgence. Les dégâts effroyables infligés au corps des combattants, à une échelle jusque-là inconnue, l'affluence et l'encombrement des formations sanitaires obligent les médecins à remettre en cause les principes énoncés jusqu'à l'entrée en guerre : opérer ou non les blessés de l'abdomen, amputer ou conserver le membre atteint, soigner ou juger les blessés qui refusent les soins et ceux qui s'infligent des mutilations pour échapper au front. Une question qui engage le médecin dans le terrible processus de la justice de guerre, dont on connaît la rigueur implacable. Tout doit être repensé dans l'urgence d'un drame permanent. Le travail de Sophie Delaporte, auteur de Gueules cassées (Noêsis, 1996), trouve ici son prolongement. L'histoire du corps et de la médecine en temps de guerre, discipline à part entière dans les pays anglo-saxons, est en France un champ inexploré. Les médecins dans la Grande Guerre enrichit l'étude de la violence de guerre, longtemps sacrifiée à l'analyse politique, stratégique, sociale et culturelle."
Voir aussi Les gueules cassées de Martin Monestier.
Des protocoles opératoires ont été mis en place, des instruments ont été inventés, qui portent le nom de leur concepteur aujourd'hui encore, mais dont on ne connaît plus l'origine. Xavier Riaud, dans Pionniers de la chirurgie maxillo-faciale (1914-1918) en a dressé l'inventaire par nationalité, français, anglais, américains, allemands, avec pour chacun une notice biographique ainsi qu'une bibliographie.
Sur le site de la Médiologie, vous trouverez un
article décrivant le sort réservé aux gueules cassées : "On ramasse les gueules cassées en dernier, irrécupérables au jugé, ils sont condamnés. Puis voilà qu’on s’aperçoit qu’il est peut-être possible de les sauver – évacués sur des brouettes et incapables de retenir leur salive, ils sont baptisés « les baveux ». Réhabilités en même temps qu’acheminés dans les centres de soins, ils deviennent très vite les témoins les plus « parlants » de l’atrocité de la guerre dans la France affligée et, plus tard, le moteur de la solidarité nationale.
Il faut les sauver, puisque, à tout prendre, leurs blessures sont assez peu mortelles, mais il convient de les garder en salles de soins à part, de les « recoller» pour faire la preuve qu’on peut rendre l’humanité à ceux qui ont perdu les signes extérieurs de l’identité. Vaste entreprise et noble ascèse de médecins qui se spécialisent et doivent trouver en leur patient un interlocuteur responsable. On célèbre encore aujourd’hui des messes à la mémoire de ces médecins virtuoses et pionniers, le colonel Virenque, les Docteurs Morestin, Delagenière ou Ebileau. Se met en place alors le triangle d’or de la rédemption : le médecin, l’infirmière et le blessé. La bouche et la langue étant souvent arrachées, les malheureux sont incapables de crier au secours ; les chirurgiens du front les répartissent en fonction du grade et de la blessure vers les centres spécialisés de l’arrière (le délai moyen entre la date de la blessure et l’arrivée au poste de soin est de 42 jours !) où enfin, lavés et désinfectés, leurs plaies « épluchées », ils sont nourris par sondes nasales ou rectales à l’aide de « canard » ou de « col de cygnes ». Ils bavent et leurs plaies exhalent une odeur difficilement supportable. « On doit leur fixer un sac sous-mentonnier particulièrement humiliant pour recueillir leur salive », note, effondré, un chirurgien du Royal Army Medical Corps. Alors commencent les opérations et les greffes, suite graduée de supplices où interviennent prothésistes, mécanothérapeutes et autres chirurgiens maxillo-faciaux mais l’essentiel pour ces blessés, véritables cobayes humains, reste le regard du médecin, épié à chaque visite – ni pitié, ni complicité. Il faut un regard froid, le seul qui rassure, prédit le futur, donne de l’espoir.
Concernant l'aspect strictement historique de la naissance de la chirurgie esthétique à partir de la chirurgie réparatrice, vous pouvez consulter l'article de Nicolas Guirimand, publié dans les
Actes de la recherche en sciences sociales n° 156-157 de 2005 : De la réparation des « gueules cassées » à la « sculpture du visage ».La naissance de la chirurgie esthétique en France pendant l'entre-deux-guerres
"C’est au lendemain de la Première Guerre mondiale, avec la réparation des « gueules cassées », que s’ébauche une chirurgie réparatrice intégrant à ses finalités la dimension de l’esthétique. Pendant l’entre-deux guerres, celle-ci se construit dans plusieurs espaces spécialisés du champ médical (services de chirurgie constructrice, d’ORL, d’orthopédie), tandis que sont mises au point des techniques (lifting, rhinoplastie, mammoplastie...) qui vont rendre possible l’émergence d’une chirurgie esthétique « pure », alors même que se développe un marché de la lutte contre le vieillissement. Si, à ses débuts, la chirurgie esthétique doit compter avec la concurrence des thérapeutiques de rajeunissement endocriniennes (greffes de testicules et de thyroïdes de singes sur l’homme), le discrédit qui frappe ces traitements à la fin des années 1920 lui permet de dominer ce
marché."
Extrait :
"La guerre de 1914 fournit aux chirurgiens français plus de mutilations et, surtout, plus de mutilations faciales qu’ils n’en virent auparavant durant plus de cent années. Pendant cette période, une section spéciale de soins chirurgicaux est créée pour intervenir auprès des soldats mutilés, les « gueules cassées ». Elle devient rapidement un lieu d’innovation pour la chirurgie de la face, de la tête et du cou, et les traitements réparateurs sont l’occasion de mettre au point ou de perfectionner un certain nombre de techniques (ligatures des artères du cou, trachéotomie, immobilisation des fragments mandibulaires, extraction de corps étrangers orbitaires ou oculaires, etc.)
Cette expérience va favoriser une dynamique de spécialisation. D’une part, elle permet à la chirurgie ORL, jusque-là très limitée dans ses indications, d’élargir son domaine et de s’institutionnaliser en spécialité, autour de quelques services hospitaliers (à Lariboisière et à Saint-Antoine) et d’une chaire de clinique spéciale (créée en 1919 pour son chef de file, Marie Guillaume Sébileau). D’autre part, elle accélère la formation d’une chirurgie dite constructive, déjà ébauchée avant la guerre, avec les travaux d’Hyppolite Morestin et de ses élèves.
Pour cette chirurgie réparatrice, le problème de l’apparence physique des parties du corps reconstruites après amputation est un objet de préoccupation qui conduit les médecins à multiplier les interventions à visées esthétiques (dites de retouche). Dans ce qui va s’affirmer comme une lutte contre la laideur, l’esthétique du résultat opératoire doit devenir un objectif majeur du chirurgien, et se traduire par un travail sur la forme des parties du corps reconstruites et sur l’aspect de la peau (réduire le nombre ou la surface des cicatrices, réaliser les greffes de peau, etc.) Dans les années qui suivent la fin du conflit, alors que les innovations dans les techniques opératoires se multiplient, la chirurgie constructive étend ses indications à deux séries de
problèmes. D’une part à la réparation des mutilations consécutives à la chirurgie d’exérèse, notamment celle mise en œuvre dans les traitements anticancéreux (mammectomie). D’autre part à la correction d’anomalies ou de malformations, sans incidence pathologique, mais qui handicapent le patient dans sa vie sociale (nævus, « tache de vin », « bec-de-lièvre »). Léon Dufourmentel, chef de file de la chirurgie constructive, intègre cette évolution et la définit comme la réunion de deux catégories de pratiques chirurgicales : la première, à finalité « correctrice », traitant les déformations congénitales ou acquises et les difformités pathologiques ; la seconde, à finalité « réparatrice », s’occupant du remplacement des tissus et des organes manquants (anomalies de développement, destructions pathologiques ou accidentelles)."
Peut-être est-ce ce que vous supposiez dans votre question : "la chirurgie réparatrice a ouvert une autre branche : la chirurgie réparatrice" ?
Vous pouvez consulter cet article en ligne à la Bm de Lyon, soit sur son réseau wifi, soit sur les postes internet mis à disposition du public.
destruction des chairs jusqu'alors inégalée." Stéphane Audoin-Rouzeau
Vous trouverez des informations sur la chirurgie des gueules cassées dans Gueules cassées : les blessés de la face de la Grande Guerre de Sophie Delaporte, dont voici un résumé : "pendant la guerre de 1914-1918, le monde médical connaît une mobilisation sans précédent. Par le nombre d'abord, avec plus de six mille médecins engagés sur le front ou à l'arrière, et par les questions nouvelles qui suscitent des débats passionnés. Ce premier conflit mondial du XXe siècle pose aux médecins des questions médicales et éthiques inédites auxquelles ils doivent répondre dans l'urgence. Les dégâts effroyables infligés au corps des combattants, à une échelle jusque-là inconnue, l'affluence et l'encombrement des formations sanitaires obligent les médecins à remettre en cause les principes énoncés jusqu'à l'entrée en guerre : opérer ou non les blessés de l'abdomen, amputer ou conserver le membre atteint, soigner ou juger les blessés qui refusent les soins et ceux qui s'infligent des mutilations pour échapper au front. Une question qui engage le médecin dans le terrible processus de la justice de guerre, dont on connaît la rigueur implacable. Tout doit être repensé dans l'urgence d'un drame permanent. Le travail de Sophie Delaporte, auteur de Gueules cassées (Noêsis, 1996), trouve ici son prolongement. L'histoire du corps et de la médecine en temps de guerre, discipline à part entière dans les pays anglo-saxons, est en France un champ inexploré. Les médecins dans la Grande Guerre enrichit l'étude de la violence de guerre, longtemps sacrifiée à l'analyse politique, stratégique, sociale et culturelle."
Voir aussi Les gueules cassées de Martin Monestier.
Des protocoles opératoires ont été mis en place, des instruments ont été inventés, qui portent le nom de leur concepteur aujourd'hui encore, mais dont on ne connaît plus l'origine. Xavier Riaud, dans Pionniers de la chirurgie maxillo-faciale (1914-1918) en a dressé l'inventaire par nationalité, français, anglais, américains, allemands, avec pour chacun une notice biographique ainsi qu'une bibliographie.
Sur le site de la Médiologie, vous trouverez un
article décrivant le sort réservé aux gueules cassées : "On ramasse les gueules cassées en dernier, irrécupérables au jugé, ils sont condamnés. Puis voilà qu’on s’aperçoit qu’il est peut-être possible de les sauver – évacués sur des brouettes et incapables de retenir leur salive, ils sont baptisés « les baveux ». Réhabilités en même temps qu’acheminés dans les centres de soins, ils deviennent très vite les témoins les plus « parlants » de l’atrocité de la guerre dans la France affligée et, plus tard, le moteur de la solidarité nationale.
Il faut les sauver, puisque, à tout prendre, leurs blessures sont assez peu mortelles, mais il convient de les garder en salles de soins à part, de les « recoller» pour faire la preuve qu’on peut rendre l’humanité à ceux qui ont perdu les signes extérieurs de l’identité. Vaste entreprise et noble ascèse de médecins qui se spécialisent et doivent trouver en leur patient un interlocuteur responsable. On célèbre encore aujourd’hui des messes à la mémoire de ces médecins virtuoses et pionniers, le colonel Virenque, les Docteurs Morestin, Delagenière ou Ebileau. Se met en place alors le triangle d’or de la rédemption : le médecin, l’infirmière et le blessé. La bouche et la langue étant souvent arrachées, les malheureux sont incapables de crier au secours ; les chirurgiens du front les répartissent en fonction du grade et de la blessure vers les centres spécialisés de l’arrière (le délai moyen entre la date de la blessure et l’arrivée au poste de soin est de 42 jours !) où enfin, lavés et désinfectés, leurs plaies « épluchées », ils sont nourris par sondes nasales ou rectales à l’aide de « canard » ou de « col de cygnes ». Ils bavent et leurs plaies exhalent une odeur difficilement supportable. « On doit leur fixer un sac sous-mentonnier particulièrement humiliant pour recueillir leur salive », note, effondré, un chirurgien du Royal Army Medical Corps. Alors commencent les opérations et les greffes, suite graduée de supplices où interviennent prothésistes, mécanothérapeutes et autres chirurgiens maxillo-faciaux mais l’essentiel pour ces blessés, véritables cobayes humains, reste le regard du médecin, épié à chaque visite – ni pitié, ni complicité. Il faut un regard froid, le seul qui rassure, prédit le futur, donne de l’espoir.
Concernant l'aspect strictement historique de la naissance de la chirurgie esthétique à partir de la chirurgie réparatrice, vous pouvez consulter l'article de Nicolas Guirimand, publié dans les
Actes de la recherche en sciences sociales n° 156-157 de 2005 : De la réparation des « gueules cassées » à la « sculpture du visage ».La naissance de la chirurgie esthétique en France pendant l'entre-deux-guerres
"C’est au lendemain de la Première Guerre mondiale, avec la réparation des « gueules cassées », que s’ébauche une chirurgie réparatrice intégrant à ses finalités la dimension de l’esthétique. Pendant l’entre-deux guerres, celle-ci se construit dans plusieurs espaces spécialisés du champ médical (services de chirurgie constructrice, d’ORL, d’orthopédie), tandis que sont mises au point des techniques (lifting, rhinoplastie, mammoplastie...) qui vont rendre possible l’émergence d’une chirurgie esthétique « pure », alors même que se développe un marché de la lutte contre le vieillissement. Si, à ses débuts, la chirurgie esthétique doit compter avec la concurrence des thérapeutiques de rajeunissement endocriniennes (greffes de testicules et de thyroïdes de singes sur l’homme), le discrédit qui frappe ces traitements à la fin des années 1920 lui permet de dominer ce
marché."
Extrait :
"La guerre de 1914 fournit aux chirurgiens français plus de mutilations et, surtout, plus de mutilations faciales qu’ils n’en virent auparavant durant plus de cent années. Pendant cette période, une section spéciale de soins chirurgicaux est créée pour intervenir auprès des soldats mutilés, les « gueules cassées ». Elle devient rapidement un lieu d’innovation pour la chirurgie de la face, de la tête et du cou, et les traitements réparateurs sont l’occasion de mettre au point ou de perfectionner un certain nombre de techniques (ligatures des artères du cou, trachéotomie, immobilisation des fragments mandibulaires, extraction de corps étrangers orbitaires ou oculaires, etc.)
Cette expérience va favoriser une dynamique de spécialisation. D’une part, elle permet à la chirurgie ORL, jusque-là très limitée dans ses indications, d’élargir son domaine et de s’institutionnaliser en spécialité, autour de quelques services hospitaliers (à Lariboisière et à Saint-Antoine) et d’une chaire de clinique spéciale (créée en 1919 pour son chef de file, Marie Guillaume Sébileau). D’autre part, elle accélère la formation d’une chirurgie dite constructive, déjà ébauchée avant la guerre, avec les travaux d’Hyppolite Morestin et de ses élèves.
Pour cette chirurgie réparatrice, le problème de l’apparence physique des parties du corps reconstruites après amputation est un objet de préoccupation qui conduit les médecins à multiplier les interventions à visées esthétiques (dites de retouche). Dans ce qui va s’affirmer comme une lutte contre la laideur, l’esthétique du résultat opératoire doit devenir un objectif majeur du chirurgien, et se traduire par un travail sur la forme des parties du corps reconstruites et sur l’aspect de la peau (réduire le nombre ou la surface des cicatrices, réaliser les greffes de peau, etc.) Dans les années qui suivent la fin du conflit, alors que les innovations dans les techniques opératoires se multiplient, la chirurgie constructive étend ses indications à deux séries de
problèmes. D’une part à la réparation des mutilations consécutives à la chirurgie d’exérèse, notamment celle mise en œuvre dans les traitements anticancéreux (mammectomie). D’autre part à la correction d’anomalies ou de malformations, sans incidence pathologique, mais qui handicapent le patient dans sa vie sociale (nævus, « tache de vin », « bec-de-lièvre »). Léon Dufourmentel, chef de file de la chirurgie constructive, intègre cette évolution et la définit comme la réunion de deux catégories de pratiques chirurgicales : la première, à finalité « correctrice », traitant les déformations congénitales ou acquises et les difformités pathologiques ; la seconde, à finalité « réparatrice », s’occupant du remplacement des tissus et des organes manquants (anomalies de développement, destructions pathologiques ou accidentelles)."
Peut-être est-ce ce que vous supposiez dans votre question : "la chirurgie réparatrice a ouvert une autre branche : la chirurgie réparatrice" ?
Vous pouvez consulter cet article en ligne à la Bm de Lyon, soit sur son réseau wifi, soit sur les postes internet mis à disposition du public.
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 29/11/2012 à 10h23
bonjour,
même s'il est vrai que la première guerre mondiale a permis d'ouvrir une nouvelle ère dans l'histoire de la chirurgie réparatrice (comme le rappelle justement le département Civilisations), celle-ci n'a pas précédé la chirurgie esthétique.
Ainsi, les Egyptiens de l'antiquité pratiquaient déja des rhinoplasties (chirurgie du nez) en 3000 av J.C. La première lipectomie (chirurgie esthétique du ventre) fut sans doute pratiquée par les Hebreux et les Romains effectuaient des corrections sur les paupières ...
A l'époque nous sommes pourtant bien loin de la dictature des magazines féminins ou de la beauté "mondialisée".
Alors, ces corrections esthétiques correspondaient-elles déja à une "mode" (comme créer des spécificités physiques aux classes dirigeantes) ou à des besoins de "réparer" la nature ?
Au moyen âge, les ravages de la syphilis jouèrent un rôle important dans la recherche de procédé chirurgicaux réparateurs, un peu comme plus tard le fit la grande guerre (toutes proportions gardées).
Il ne semble pas donc incertain d'écrire que les aspects purement réparateurs d'une part, et ceux relevant "seulement" des critères, forcément subjectifs, de beauté d'autre part, ont toujours évolué ensemble.
Dans le cas de la rhinoplastie, emblématique, (le visage n'est-il pas la "fenêtre de l'âme" ? ), s'est-il agit de rendre plus beau ou seulement moins laid ? entre les deux la différence paraît ténue ...
Ce sont effectivement l'expérience et le savoir acquis lors de la première guerre mondiale qui permit de transformer de jolies starlettes en stars de cinéma avant que des chirurgiens ne se mettent à proposer leurs services à -presque- tout le monde.
Et si certaines excentricités, "performances" artistiques ou caprices de semi-vedettes font la une des médias, il ne faut pas oublier que c'est aujourd'hui monsieur et madame tout-le-monde qui sont demandeurs, pour une liposuccion, une couperose persistante ou un lifting ...
Dostoïevski a dit "la beauté sauvera le monde", pensait-il à la beauté manipulée ?
Nous nous sommes appuyés essentiellement sur deux ouvrages que vous pouvez consulter, parmi d'autres, à la BML :
- Histoire de la chirurgie esthétique, de l'antiquité à nos jours, par le docteur Sydney Ohana, pour tout ce qui concerne les aspects historiques
- et surtout : La chirurgie esthétique, aux éditions Taschen, véritable somme sur le sujet, abordant tous les aspects, historiques, artistiques, cliniques ... et donnant la parole aux professionnels, avec de nombreuses citations et un carnet d'adresses ...
DANS NOS COLLECTIONS :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter