Quel tribunal pour juger les hérésies à Rome au XVe siècle?

Réponse du département Civilisation


Bonjour,

D’après les informations que nous avons pu collecter dans nos différentes sources, il semblerait qu’il n’y avait pas un seul tribunal gérant les questions d’hérésie et de sorcellerie à Rome.

Avant la création de la sacrée Congrégation de l’Inquisition romaine et universelle par le Pape Paul III en 1542, les affaires d’hérésie étaient gérées par les tribunaux épiscopaux. « L’officialité épiscopale » était l’instance centrale de la justice d’Eglise, elle se composait d’un official, c'est-à-dire un délégué de l’évêque qui jugeait en son nom.

Dans son ouvrage, Eglise et cité : histoire du droit canonique, Jean Gaudemet, explique le rôle de l’official et les compétences de son tribunal :
« L’official exerce la juridiction épiscopale en matière civile, disciplinaire et répressive. Il peut prononcer des peines ecclésiastiques. […] Pour l’assister dans ces tâches multiples, des auxiliaires : des auditeurs, à qui sont confiées les instructions des affaires ; des promoteurs, pour rechercher les fautes, décider des poursuites ; des procureurs, rédacteurs des actes de procédure et représentants des parties devant le tribunal ; des avocats, qui ne représentent pas les parties, mais prennent la parole pour défendre leur cause. […] En raison de la nature du litige, les tribunaux d’Eglise sont évidemment d’abord compétents pour toute question concernant la discipline intérieure de l’Eglise, qu’il s’agisse de la sauvegarde de la foi (poursuite des hérétiques devant les tribunaux de l’Inquisition. […] Et naturellement en cas de crimes contre la foi (hérésie, sorcellerie, magie).

Le jugement rendu par ces tribunaux peut être amené en appel auprès des autorités de l’Eglise à Rome, dans ces cas là, le Pape pouvait être appelé à se prononcer.

L’existence de ces tribunaux est à lier avec le mouvement de l’Inquisition instaurée par le Pape Grégoire IX à partir de 1231. Nous vous conseillons la lecture de l’article de Marcelin DEFOURNEAUX et Yves DOSSAT, Inquisition, de l’Encyclopædia Universalis en ligne dont la consultation est possible depuis les postes de la bibliothèque.

Pour Rome, il semblerait qu’il y ait, comme dans toutes les grandes villes des provinces italiennes, un tribunal épiscopal.

Dans le livre Histoire de l’Inquisition au Moyen-Age de Henry Charles Lea, la lutte de l’Eglise contre les Fraticelli, mouvement issu des franciscains, est un bon exemple du combat des autorités catholiques contre les hérésies. L’Eglise a, pendant plusieurs siècles, essayé de vaincre cette hérésie mais en vain puisqu’en 1466 il reste encore des traces des Fraticelli.
L’auteur relate que « Paul II envoya comme inquisiteur Bertoldo di Callepio. Celui-ci revint à Rome avec un grand nombre de prisonniers, qui furent jugés par une commission composée de l’archevêque de Milan, de Rodrigo, évêque de Zamora, de Nicolas, évêque de Faro et de Jacopo Edigio, maître du Sacré Palais. […] La réconciliation des sectaires fut l’occasion d’une grande cérémonie publique. Huit hommes et six femmes, coiffés de mitres en papier, furent offerts aux insultes de la populace sur un échafaud dressé à l’Aracoeli, tandis que le vicaire apostolique et cinq évêques prêchaient pour leur conversion. Leur pénitence consista à être emprisonnés dans le Campidoglio et à porter une longue robe marquée d’une croix blanche sur la poitrine et le dos. Les os de leurs frères morts furent exhumés et brûlés ; une maison de Poli, qui avait abrité un conventicule, fut rasée. »

Vous trouverez également des exemples de procès dans l'ouvrage : Histoire de l'Inquisition au Moyen Age / Henry-Charles Lea

Si vous comprenez l’espagnol, vous pouvez consulter les sites suivants qui élargiront vos connaissances sur la question :

- Herejía
- Historia de la iglesia epoca medieval
- Historia de la inquisicion en el mundo
- Inquisición