Question d'origine :
Bonjour,
Je m'intéresse à la manière dont les gens sont attirés par les sectes et par tout ce qui permet d'expliquer leur succès (particulièrement le mouvement raëlien).
Quels livres/articles me conseilleriez-vous?
Merci d'avance.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 09/04/2013 à 15h45
Bonjour ,
Pour comprendre les mécanismes d’adhésion aux sectes en général, vous pouvez consulter :
- Pour une première approche, Le pouvoir des sectes, Renaud Leblond, dans son chap. 2, La mécanique des sectes, rappelle à peu près les étapes décrites par la Miviludes, en décrivant le rôle du « gourou » et la manipulation mentale.
Voir aussi :
Manipulation mentale dans les groupes dits sectaires, en ligne sur preventsectes.com, où vous pourrez trouver aussi de nombreuses références sur le Mouvement raëlien, intéressantes et souvent drôles, cependant plus à charge qu’explicatives.
- Pour approfondir et nuancer :
La manipulation mentale : sociologie des sectes en France, Arnaud Esquerre (voir compte-rendu de Benjamin Mine sur La Vie des idées). L’ouvrage montre la difficulté à qualifier une situation de manipulation mentale et introduit de nombreuses nuances dans les motivations qui peuvent conduire à adhérer à une secte.
Croire à l’incroyable : anciens et nouveaux adeptes, Romy Sauvayre (notamment p. 85 et suivantes : Sectes et nouveaux mouvements religieux : apostasie ou manipulation mentale ? et chap. 2 p. 155 : Les mécanismes de l’adhésion). Voir résumé sur Sciences Humaines, en ligne.
Des « sectes » dans la France contemporaine, Jean-Pierre Chantin. L’ouvrage analyse les divers « attraits » des sectes, notamment le mouvement raëlien p. 104 et suiv. : Raël : messager des extras-terrestres.
Pour comprendre l’adhésion au mouvement raëlien, qui a la particularité d’être un des seuls groupes dit « soucoupistes » à avoir autant d’adeptes, voici quelques livres et articles qui devraient vous aider :
« Cette religion athée et matérialiste s'accompagne d'une morale de vie fondée sur « l'hygiène mentale et corporelle (ni drogue ni alcool), la contraception, l'amour libre, l'objection de conscience », qui vise à un épanouissement de l'humanité par la suppression de l'agressivité. Raël prône, collectivement, la « géniocratie » (les responsabilités sont fonction du quotient intellectuel) et, individuellement, la « médiation sensuelle » (redécouverte de son corps et de son plaisir).
Cette doctrine semble ainsi résoudre les aspirations contradictoires de ses membres, plutôt jeunes (80 % ont moins de 25 ans) et de formation généralement technico-scientifique (les cadres du mouvement occupant souvent des postes à hauts salaires) : convictions scientistes et besoin de spiritualité, « besoins affectifs et sexuels mais débarrassés de leur vulgarité » via la sexualité libre et la médiation sensuelle, faisant d'eux des hommes et femmes « libérés, bien dans leur peau », qui peuvent, via la géniocratie, s'identifier à l'élite de l'intelligence. »
Extrait de : A quoi croient les raëliens, Sciences Humaines, en ligne, qui résume l’article de J.-B. Renard : « Le mouvement raëlien : les raisons d'un succès » (in Psychologie et société, n° 6, 2003 titré Logique sociale des phénomènes sectaires), dont voici la conclusion :
« Palmer dans Pour en finir avec les sectes (1996, p. 313) dégage trois facteurs expliquant l’attrait du mouvement raëlien :
1. « Le mouvement remplace et réplique dans sa structure l’Eglise catholique romaine », et, de ce fait attire des « catholiques désenchantés ». Ce qui explique sans doute le succès du raëlisme dans des pays de culture catholique et son faible impact dans les pays de culture protestante.
2. « La théologie rejette le Dieu de l’Ancien Testament, jugeur et lointain, en le remplaçant par des êtres plus accessibles. »
3. « Le mouvement est un endroit où l’on peut vivre une sexualité libre ». A ces trois facteurs, auxquels nous souscrivons entièrement, nous en ajouterons deux :
4. Le raêlisme dépasse l’opposition matérialisme/spiritualisme en technologisant le surnaturel (créationnisme athée, clonage).
5. Le raëlisme propose à ses adeptes une identification à un Homme Nouveau, qui incarne les valeurs postmodernes, en la personne de Raël.
Le succès du mouvement raëlien vient de ce qu’il valorise la personnalité de ses fidèles. Comme l’ont montré plusieurs enquêtes, le thème des extra-terrestres est corrélé avec des croyances aux pouvoirs cachés de l’être humain […]. L’idéologie de la « géniocratie » flatte les raëliens en les identifiant à l’élite de l’intelligence. Enfin, la « méditation sensuelle » fait d’eux des hommes et des femmes qui se prétendent « libérés », « biens dans leur peau. » »
Vous trouverez dans cet article citations et référence du livre :
Le mouvement raëlien et son prophète : approche sociologique complexe du Charisme, Annie Cathelin.
« Ce livre montre comment la captation des adeptes par un leader charismatique s'exerce sur des personnes en rupture de classe, en rupture avec leurs valeurs d'appartenance, qui peuvent parfois avoir elles-mêmes d'autres valeurs à proposer. Cependant tentées par la fusion sécuritaire dans une communauté qui les isole du monde, elles étouffent « dans l'œuf » leurs velléités de contestation. La secte reste contradictoirement, à la fois, lieu d'aveuglement et lieu de contestation potentielle et d'investissement de la religiosité. Celle-ci ne saurait être réduite entièrement à un phénomène pathologique ou à un produit de l'embrigadement idéologique, mais reste l'expression d'un drame existentiel. L'efficacité du gourou sectaire tiendrait plus à la manipulation de la religiosité sincère des adeptes qu'à celle de leur fragilité psychologique et de leur crédulité supposées. »
Enfin, vous pouvez lire en ligne :
Mais comment peut-on croire une chose pareille ?, Laurent Testot, Sciences Humaines, article qui replace les croyances raëliennes dans une histoire.
Raël : de la provocation à l’attestation, Jacques Cherblanc , qui analyse succès, stratégies et évolution du mouvement dans la province de Montréal et fournit d'autres pistes bibliographiques.
Bonnes lectures !
Pour comprendre les mécanismes d’adhésion aux sectes en général, vous pouvez consulter :
- Pour une première approche, Le pouvoir des sectes, Renaud Leblond, dans son chap. 2, La mécanique des sectes, rappelle à peu près les étapes décrites par la Miviludes, en décrivant le rôle du « gourou » et la manipulation mentale.
Voir aussi :
Manipulation mentale dans les groupes dits sectaires, en ligne sur preventsectes.com, où vous pourrez trouver aussi de nombreuses références sur le Mouvement raëlien, intéressantes et souvent drôles, cependant plus à charge qu’explicatives.
- Pour approfondir et nuancer :
La manipulation mentale : sociologie des sectes en France, Arnaud Esquerre (voir compte-rendu de Benjamin Mine sur La Vie des idées). L’ouvrage montre la difficulté à qualifier une situation de manipulation mentale et introduit de nombreuses nuances dans les motivations qui peuvent conduire à adhérer à une secte.
Croire à l’incroyable : anciens et nouveaux adeptes, Romy Sauvayre (notamment p. 85 et suivantes : Sectes et nouveaux mouvements religieux : apostasie ou manipulation mentale ? et chap. 2 p. 155 : Les mécanismes de l’adhésion). Voir résumé sur Sciences Humaines, en ligne.
Des « sectes » dans la France contemporaine, Jean-Pierre Chantin. L’ouvrage analyse les divers « attraits » des sectes, notamment le mouvement raëlien p. 104 et suiv. : Raël : messager des extras-terrestres.
Pour comprendre l’adhésion au mouvement raëlien, qui a la particularité d’être un des seuls groupes dit « soucoupistes » à avoir autant d’adeptes, voici quelques livres et articles qui devraient vous aider :
« Cette religion athée et matérialiste s'accompagne d'une morale de vie fondée sur « l'hygiène mentale et corporelle (ni drogue ni alcool), la contraception, l'amour libre, l'objection de conscience », qui vise à un épanouissement de l'humanité par la suppression de l'agressivité. Raël prône, collectivement, la « géniocratie » (les responsabilités sont fonction du quotient intellectuel) et, individuellement, la « médiation sensuelle » (redécouverte de son corps et de son plaisir).
Cette doctrine semble ainsi résoudre les aspirations contradictoires de ses membres, plutôt jeunes (80 % ont moins de 25 ans) et de formation généralement technico-scientifique (les cadres du mouvement occupant souvent des postes à hauts salaires) : convictions scientistes et besoin de spiritualité, « besoins affectifs et sexuels mais débarrassés de leur vulgarité » via la sexualité libre et la médiation sensuelle, faisant d'eux des hommes et femmes « libérés, bien dans leur peau », qui peuvent, via la géniocratie, s'identifier à l'élite de l'intelligence. »
Extrait de : A quoi croient les raëliens, Sciences Humaines, en ligne, qui résume l’article de J.-B. Renard : « Le mouvement raëlien : les raisons d'un succès » (in Psychologie et société, n° 6, 2003 titré Logique sociale des phénomènes sectaires), dont voici la conclusion :
« Palmer dans Pour en finir avec les sectes (1996, p. 313) dégage trois facteurs expliquant l’attrait du mouvement raëlien :
1. « Le mouvement remplace et réplique dans sa structure l’Eglise catholique romaine », et, de ce fait attire des « catholiques désenchantés ». Ce qui explique sans doute le succès du raëlisme dans des pays de culture catholique et son faible impact dans les pays de culture protestante.
2. « La théologie rejette le Dieu de l’Ancien Testament, jugeur et lointain, en le remplaçant par des êtres plus accessibles. »
3. « Le mouvement est un endroit où l’on peut vivre une sexualité libre ». A ces trois facteurs, auxquels nous souscrivons entièrement, nous en ajouterons deux :
4. Le raêlisme dépasse l’opposition matérialisme/spiritualisme en technologisant le surnaturel (créationnisme athée, clonage).
5. Le raëlisme propose à ses adeptes une identification à un Homme Nouveau, qui incarne les valeurs postmodernes, en la personne de Raël.
Le succès du mouvement raëlien vient de ce qu’il valorise la personnalité de ses fidèles. Comme l’ont montré plusieurs enquêtes, le thème des extra-terrestres est corrélé avec des croyances aux pouvoirs cachés de l’être humain […]. L’idéologie de la « géniocratie » flatte les raëliens en les identifiant à l’élite de l’intelligence. Enfin, la « méditation sensuelle » fait d’eux des hommes et des femmes qui se prétendent « libérés », « biens dans leur peau. » »
Vous trouverez dans cet article citations et référence du livre :
Le mouvement raëlien et son prophète : approche sociologique complexe du Charisme, Annie Cathelin.
« Ce livre montre comment la captation des adeptes par un leader charismatique s'exerce sur des personnes en rupture de classe, en rupture avec leurs valeurs d'appartenance, qui peuvent parfois avoir elles-mêmes d'autres valeurs à proposer. Cependant tentées par la fusion sécuritaire dans une communauté qui les isole du monde, elles étouffent « dans l'œuf » leurs velléités de contestation. La secte reste contradictoirement, à la fois, lieu d'aveuglement et lieu de contestation potentielle et d'investissement de la religiosité. Celle-ci ne saurait être réduite entièrement à un phénomène pathologique ou à un produit de l'embrigadement idéologique, mais reste l'expression d'un drame existentiel. L'efficacité du gourou sectaire tiendrait plus à la manipulation de la religiosité sincère des adeptes qu'à celle de leur fragilité psychologique et de leur crédulité supposées. »
Enfin, vous pouvez lire en ligne :
Mais comment peut-on croire une chose pareille ?, Laurent Testot, Sciences Humaines, article qui replace les croyances raëliennes dans une histoire.
Raël : de la provocation à l’attestation, Jacques Cherblanc , qui analyse succès, stratégies et évolution du mouvement dans la province de Montréal et fournit d'autres pistes bibliographiques.
Bonnes lectures !
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