réponse à typhaine les accents sur les capitales
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 24/04/2013 à 10h52
404 vues
Question d'origine :
Bonjour,
Les souvenirs de mes cours de grammaire me rappellent qu'il ne faut pas mettre d'accent sur les lettres majuscules. Or, je m'aperçois que les correcteurs orthographiques des ordinateurs repèrent désormais une faute d'orthographe lorsque l'on écrit "Evidence" et proposent "Évidence". Pouvez-vous me dire ce qu'il en est?
Un grand merci d'avance,
Typhaine
Réponse du Guichet

L’accentuation des majuscules est une convention, plus qu’une règle. Les correcteurs orthographiques des traitements de texte ne font que s’adapter à la demande et à l’évolution des capacités de l’imprimerie.
Nous avons trouvé deux explication justifiant l’emploi de l’accentuation sur les majuscules :
«
Il n’est pas d’usage de mettre les accents aux lettres capitales. Cela a peu d’importance dans l’écriture manuscrite, mais peut créer des équivoques en dactylographie, en imprimerie et dans les inscriptions. Il faut dans ces cas accentuer les capitales pour éviter les confusions. Si un titre de journal annonce « UN POLICIER TUE », on risque de prendre la victime pour l’assassin à cause d’un accent (tue ou tué ?). Un article intitulé « AUGMENTATION DES RETRAITES » risque de décevoir l’intéressé qui découvre en le lisant que les statistiques révèlent un plus grand nombre de retraités. Certains établissements publics portent au-dessus de l’entrée « SALLE DES CONGRES ». On pourrait croire que c’est un entrepôt de poissons, alors que la salle est destinée à des congrès.
Dans les dictionnaires de langue, les entrées en capitales comportent des accents. »
In Dictionnaire d'orthographe et d'expression écrite, d’ André Jouette; éd. Le Robert
Sur le site orthonet :
«
L’accentuation des majuscules est une question d'orthographe, mais aussi de typographie, et parfois d’esthétique typographique.
Le latin s’écrivait sans accents. Les inscriptions romaines, en majuscules, n’avaient donc aucune accentuation.
Pour imiter leur solennité, et par souci esthétique, beaucoup d’inscriptions monumentales ont des capitales non accentuées :
LIBERTE EGALITE FRATERNITE - HOTEL DE VILLE
En imprimerie, il existe des polices de caractères sans capitales accentuées; c’était le cas de la plupart des machines à écrire ; mais leur emploi était une contrainte plutôt qu’une norme.
Quand on dispose d’une police de caractères comprenant des capitales accentuées, on peut appliquer les mêmes règles que pour les minuscules.
Les dictionnaires, en particulier, obligés de distinguer en entrée CUIVRE et CUIVRÉ, ou SALE et SALÉ, utilisent les " petites capitales " (avec accents).
Toutefois certains imprimeurs opèrent des choix ; on évite souvent des caractères comme la majuscule de " à " : À – Ainsi, le Proust de la Pléiade, dans ses titres courants, accentue " DU CÔTÉ DE… ", mais non : " A LA RECHERCHE…. "
Nos claviers sont plus ou moins riches en accents. Si votre clavier est riche en signes diacritiques (accents, tréma, tilde, cédille, etc.), il n’y a aucune raison de ne pas les utiliser. »
Boone journée.

Chère typhaine, la langue française étant une langue à voyelles accentuées, il est OBLIGATOIRE de porter les accents sur les capitales, à moins de prétendre être au dessus de l'Académie française !
Et pourtant… combien répandent cette croyance que l'on peut s'en passer…
Un petit retour arrière sur l'Histoire nous donne la clé de ce malentendu.
Dès la fin du XIXe siècle la mécanisation de l'imprimerie impose aux imprimeurs de se pourvoir d'une machine extraordinaire qui permet de "fondre" une ligne de texte d'un seul bloc, et de pouvoir travailler avec des lignes et non plus avec des caractères séparés. Invention prodigieuse qui fait gagner du temps et des problèmes de "désolidarisation" de chaque carctère. Ces machines, les Linotypes (type= carctère) sont fabriquées en grand nombre par les américains… qui eux ont une langue non accentuée…
Vous devinez la suite… Le marché va être inondé de ces machines recherchées pour l'avance technologique qu'elles apportent, mais… sont incapables de fabriquer des caractères (capites) accentués puisqu'elles ont été produites par et pour les américains avant tout.
Et c'est ainsi que l'on va avoir sous les yeux des imprimés qui ne comporteront plus d'accent sur les capitales (il y en aura sur les bas de casse qui ne nécessitent pas d'extension de la surface réservée au caractère, alors que la capitale nécessiterait une refonte prenant en compte l'élévation de l'accent).
Et ainsi donc certains finissent par dire qu'il n'y a pas ou plus d'accent sur les capitales, affirmant preuves à l'appuis par l'affichage des prospectus et journaux que l'objet diacritique est mort ou facultatif.
Il faudra attendre l'évolution des techniques dites "froides" (photocomposition et plus tard ordinateurs) qui vont progreser et permettre , sans coût supplémentaire significatif, de remettre les choses à leur place. Ce mouvement de corrction tardive sera accentué par la mondialisation des marchés où toute industrie qui souhaite vendre sur un marché international, sera poussée par un habile marketing à s'occuper du besoin et de la demande du client et non plus uniquement de ce que l'on est capable de proposer.
Ainsi donc justice sera rendue à la langue française, mais les croyances ont la vie plus longue et plus dure que la réalité…
N.B. Il en ira de même pour les Espagnols et l'accent tonique, les polonais et les caractères barrés et cédillés…
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 1
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter