Question d'origine :
Bien le bonjour ,
La petite Clara (8, 10 ans ) a demandé à Picsou Magazine : Pourquoi les garçons ne sont pas habiles avec les bébés ?
La réponse du dit magazine en a fait bondir plus d'un sur ( twitter )
Voici : Parce qu'ils sont plus habiles avec leurs pieds et un ballon . Et toi , tu te débrouilles comment sur un terrain de foot.
http://t.co/1EwhKOP0Qg
1) Pouvez-vous svp répondre à Clara
2) Me donner une idée pour que Clara( Paris 75) puisse lire votre réponse
Merci
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 09/10/2013 à 07h25
Bonjour Clara,
Comme nous l’expliquions dans une de nos réponses portant sur l’expérience sociologique sur le genre des bébés, il apparaît que dès la naissance, les enfants sont placés dans des univers différenciés – voix, manipulations, temps qui leur est consacré - , bien avant même qu’ils soient en mesure d’avoir des préférences. Le comportement des parents et de l’entourage met en lumière attentes et interprétations liées au genre. Par exemple, devant la même photographie d’un bébé qui crie, hommes et femmes pensent qu’il est en colère si on leur dit qu’il s’agit d’un garçon, et estiment qu’elle est effrayée si on leur dit qu’il s’agit d’une fille .
Pour être clair, les garçons et les filles ne reçoivent pas la même éducation…. Et quand bien même ils recevraient la même éducation, notre perception de la réalité en serait toute autre. En effet, dans cette même réponse, nous reprenions une expérience qui avait été conduite en 1976. Des sociologues ont fait visionner à des étudiants sans enfants un film dans lequel on voyait un bébé de 9 mois à qui on présentait successivement 4 objets (un ours en peluche, un pantin sortant d’une boîte, une poupée et un sifflet). Les étudiants avaient pour tâche d’interpréter les comportements du bébé qui était présenté dans 50% des cas comme une fille et dans 50% des cas comme un garçon. Après la diffusion du film, on interrogeait les étudiants sur la cause des pleurs du bébé : ils considéraient que la fille pleurait parce qu’elle était effrayée tandis que le garçon était en colère, il était également vu comme actif et efficace.
Nous pourrions donc répondre à ta question « pourquoi les garçons ne sont pas habiles avec les bébés » de deux façons :
* Soit ils ne sont vraiment pas habiles et cela est vraisemblablement dû à leur éducation
* Soit ils sont tout aussi habiles que les filles mais c’est notre perception, c'est-à-dire la vision que nous avons des garçons qui nous fait penser qu’ils ne sont pas habiles.
Si aujourd’hui ces notions de filles et de garçons font l’objet de débats, il existe encore une très grande différence dans l’appréhension de l’homme et de la femme. La réponse de ton magazine Picsou en est malheureusement une illustration...
Mais Picsou n’est pas le seul à proposer de semblables clichés. En effet, l’univers des enfants est en partie orienté en fonction du sexe.
Ainsi dans une de nos réponses portant sur la sociologie du déguisement nous faisions état des réflexions de Mona Zegaï qui expliquait les différents clivages qu’il existe entre les mondes lexicaux masculins et féminins. Pour les premiers, ils gravitent autour des véhicules (voiture, avion, hélicoptère) et de leur description technique (turbo, vitesse, infrarouge). Ils sont également constitués de figurines articulées qui représentent fréquemment des super-héros, sont armées et prêtes au combat dans des décors qui sont couramment des châteaux. De nombreux univers de combat sont reproduits en miniature et peuplés de chevaliers, dragons ou dinosaures. Les mondes lexicaux féminins concernent, quant à eux, majoritairement les poupons et de nombreux accessoires permettant aux petites mamans de s’occuper de leur bébé (poussette, biberon), du ménage et de la cuisine. Les poupées, le plus souvent des poupées mannequins, sont également fortement représentées et liées au rêve (magie, fée) ainsi qu’à l’apparence physique et à la mode (coiffure, maquillage). Cette distinction entre jouets de garçon et jouets de fille mise au jour par le discours linguistique est amplifiée par un discours iconique spécialisé omniprésent dans les espaces de commercialisation de ces objets de l’enfance.
L’auteure remarque aussi que les déguisements permettent aux enfants de développer des habitus différenciés en fonction de leur sexe. Ils tirent néanmoins leur particularité du fait qu’il s’agit d’appliquer l’objet à soi-même, de travestir son apparence pour apparaître autre, d’entrer ‘physiquement’ dans les histoires que suggèrent les œuvres de fiction (…)Les déguisements des garçons représentent la plupart du temps des héros et super-héros connus, au visage presque systématiquement masqué, partiellement (Batman) ou intégralement (Spiderman), alors que ceux des filles représentent des anonymes (des princesses, des fées) au visage découvert. Les premiers sont parfois méchants (Dark Vador), laids (Hulk) et leur principal accessoire est une arme, alors que les secondes sont toujours gentilles (anges), belles et dotées de baguettes magiques, diadèmes et d’une multitude d’accessoires de beauté : maquillage, chaussures, sacs, bijoux (colliers, bracelets, boucles d’oreilles), serre-tête, jupons, justaucorps, chaussons, chapeaux, perruques. Les déguisements des filles étant essentiellement liés à la beauté et à l’esthétisme, la frontière avec la parure apparaît assez fine, et cela d’autant plus qu’une partie de leurs accessoires pourrait tout à fait se porter dans la vie de tous les jours.
Voilà Clara, nous ne savons si tu liras un jour notre réponse et ce même si nous essayerons de la diffuser sur les réseaux sociaux et sur Picsou magazine, mais sache que les clichés ont la vie dure et qu’il faudra encore quelques temps avant d’atteindre la parité femmes-hommes !!!
Pour illustrer nos propos et constater que le "sexisme" est bien ancré dans notre société, nous vous suggérons les lectures des réponses suivantes :
* relations garçons-filles dans les albums/romans pour enfants
* bande dessinée sur le genre
* littérature jeunesse
et les dossiers publiés sur le Point G
Comme nous l’expliquions dans une de nos réponses portant sur l’expérience sociologique sur le genre des bébés, il apparaît que dès la naissance, les enfants sont placés dans des univers différenciés – voix, manipulations, temps qui leur est consacré - , bien avant même qu’ils soient en mesure d’avoir des préférences. Le comportement des parents et de l’entourage met en lumière attentes et interprétations liées au genre. Par exemple, devant la même photographie d’un bébé qui crie, hommes et femmes pensent qu’il est en colère si on leur dit qu’il s’agit d’un garçon, et estiment qu’elle est effrayée si on leur dit qu’il s’agit d’une fille .
Pour être clair, les garçons et les filles ne reçoivent pas la même éducation…. Et quand bien même ils recevraient la même éducation, notre perception de la réalité en serait toute autre. En effet, dans cette même réponse, nous reprenions une expérience qui avait été conduite en 1976. Des sociologues ont fait visionner à des étudiants sans enfants un film dans lequel on voyait un bébé de 9 mois à qui on présentait successivement 4 objets (un ours en peluche, un pantin sortant d’une boîte, une poupée et un sifflet). Les étudiants avaient pour tâche d’interpréter les comportements du bébé qui était présenté dans 50% des cas comme une fille et dans 50% des cas comme un garçon. Après la diffusion du film, on interrogeait les étudiants sur la cause des pleurs du bébé : ils considéraient que la fille pleurait parce qu’elle était effrayée tandis que le garçon était en colère, il était également vu comme actif et efficace.
Nous pourrions donc répondre à ta question « pourquoi les garçons ne sont pas habiles avec les bébés » de deux façons :
* Soit ils ne sont vraiment pas habiles et cela est vraisemblablement dû à leur éducation
* Soit ils sont tout aussi habiles que les filles mais c’est notre perception, c'est-à-dire la vision que nous avons des garçons qui nous fait penser qu’ils ne sont pas habiles.
Si aujourd’hui ces notions de filles et de garçons font l’objet de débats, il existe encore une très grande différence dans l’appréhension de l’homme et de la femme. La réponse de ton magazine Picsou en est malheureusement une illustration...
Mais Picsou n’est pas le seul à proposer de semblables clichés. En effet, l’univers des enfants est en partie orienté en fonction du sexe.
Ainsi dans une de nos réponses portant sur la sociologie du déguisement nous faisions état des réflexions de Mona Zegaï qui expliquait les différents clivages qu’il existe entre les mondes lexicaux masculins et féminins. Pour les premiers, ils gravitent autour des véhicules (voiture, avion, hélicoptère) et de leur description technique (turbo, vitesse, infrarouge). Ils sont également constitués de figurines articulées qui représentent fréquemment des super-héros, sont armées et prêtes au combat dans des décors qui sont couramment des châteaux. De nombreux univers de combat sont reproduits en miniature et peuplés de chevaliers, dragons ou dinosaures. Les mondes lexicaux féminins concernent, quant à eux, majoritairement les poupons et de nombreux accessoires permettant aux petites mamans de s’occuper de leur bébé (poussette, biberon), du ménage et de la cuisine. Les poupées, le plus souvent des poupées mannequins, sont également fortement représentées et liées au rêve (magie, fée) ainsi qu’à l’apparence physique et à la mode (coiffure, maquillage). Cette distinction entre jouets de garçon et jouets de fille mise au jour par le discours linguistique est amplifiée par un discours iconique spécialisé omniprésent dans les espaces de commercialisation de ces objets de l’enfance.
L’auteure remarque aussi que les déguisements permettent aux enfants de développer des habitus différenciés en fonction de leur sexe. Ils tirent néanmoins leur particularité du fait qu’il s’agit d’appliquer l’objet à soi-même, de travestir son apparence pour apparaître autre, d’entrer ‘physiquement’ dans les histoires que suggèrent les œuvres de fiction (…)Les déguisements des garçons représentent la plupart du temps des héros et super-héros connus, au visage presque systématiquement masqué, partiellement (Batman) ou intégralement (Spiderman), alors que ceux des filles représentent des anonymes (des princesses, des fées) au visage découvert. Les premiers sont parfois méchants (Dark Vador), laids (Hulk) et leur principal accessoire est une arme, alors que les secondes sont toujours gentilles (anges), belles et dotées de baguettes magiques, diadèmes et d’une multitude d’accessoires de beauté : maquillage, chaussures, sacs, bijoux (colliers, bracelets, boucles d’oreilles), serre-tête, jupons, justaucorps, chaussons, chapeaux, perruques. Les déguisements des filles étant essentiellement liés à la beauté et à l’esthétisme, la frontière avec la parure apparaît assez fine, et cela d’autant plus qu’une partie de leurs accessoires pourrait tout à fait se porter dans la vie de tous les jours.
Voilà Clara, nous ne savons si tu liras un jour notre réponse et ce même si nous essayerons de la diffuser sur les réseaux sociaux et sur Picsou magazine, mais sache que les clichés ont la vie dure et qu’il faudra encore quelques temps avant d’atteindre la parité femmes-hommes !!!
Pour illustrer nos propos et constater que le "sexisme" est bien ancré dans notre société, nous vous suggérons les lectures des réponses suivantes :
* relations garçons-filles dans les albums/romans pour enfants
* bande dessinée sur le genre
* littérature jeunesse
et les dossiers publiés sur le Point G
DANS NOS COLLECTIONS :
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Commentaires 2
Commentaire de
user674 :
Publié le 21/02/2024 à 16:50
Bonjour, c'est moi la petite Clara. Cette publication a 20 ans et je ne savais meme pas que picsou l'a fait paraitre.. vous savez dans quelle numéro c'est parue svp ?
Aussi la question est je l'accorde assez etrange mais je sais tres bien pourquoi je l'avait poser a l'epoque. Par contre la réponse de l'adulte est encore plus étonnante et vraiment débile pour le coup.
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Commentaire de
gds_lt :
Publié le 22/02/2024 à 11:33
Quelle surprise de vous retrouver ici plus de 10 ans après ce premier appel à témoin ! Nous allons tenter de partir à la recherche de ce fameux numéro de Picsou magazine, leur canard boiteux, où votre question a été publiée.
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