Urbanisme : La Plaine Santy ou quartier "Juliot Curie"
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 14/03/2013 à 18h17
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Question d'origine :
Bonjour,
Je suis étudiant en urbanisme et dans le cadre d'un travail de groupe, je fais un diagnostic territorial autour d'une emprise foncière rue Louis Blanc à Vénissieux.
Le problème étant : ce terrain se trouve au Nord du périphérique, et jouxte le stade du LOU (matmut stadium), séparé du reste de la commune de Vénissieux par le boulevard Laurent Bonnevay.
Après analyse du terrain (derrière la grande emprise foncière des fonderies Saint Jean Industries, liquidée en 2009), je me demande s'il n'appartient pas plus au quartier Lyonnais de La Plaine Santy qu'au quartier "Juliot Curie" qui semble être surtout une construction de la ville de Vénissieux pour désigner ce bout de territoire coincé entre le Boulevard Laurent Bonnevay, le Boulevard Juliot Curie et la limite communale avec Lyon.
J'aimerais donc savoir d'un point de vue historique quand cette limite communale a été fixée, et quand ce quartier s'est construit. De manière à savoir si le bout de quartier qui m'intéresse est bel et bien orphelin ou s'il a connu une vie de quartier, une histoire commune avec La Plaine Santy.
Je soupçonne une emprise foncière restée longtemps disponible qui a profité à l'installation d'une emprise industrielle importante et à celle du périphérique, du coup je serais avec un quartier "bâtard".
Toujours est-il que des ressources bibliographiques sur le quartier de La Plaine Santy et sur ses environs me seraient fort utiles.
Merci d'avance pour ce quartier qui gagne à être connu =)
Réponse du Guichet

La limite communale entre Lyon et Vénissieux au niveau de l’avenue Viviani a des racines très anciennes. En 1479, Louis XI demande à Louis Tindo de fixer avec précision les limites du mandement de Béchevelin, qui correspond au territoire de la Guillotière, par la suite annexé à Lyon. Il note pour cela des jalons tenus pour légitimes : le lieu dit de la Vieille morte (ou de la femme morte, vers le métro Parilly), Grange rouge et Moulin à Vent, la Croix de Saint-Fond… ces repères marquent les limites communales entre Lyon et Vénissieux et n’ont presque pas évolué.
A lire : La délimitation Tindo, dans le n°177 de Rive gauche consacré au 8e arrondissement, et cet article du journal Expressions de Vénissieux consacré au lieu-dit de la Femme morte.
Le triangle constitué par l’actuel quartier Joliot Curie a cependant failli devenir lyonnais.
Suite à la construction de la seconde ceinture fortifiée lancée en 1874, cet espace se trouve inclus dans l’enceinte des fortifications de l’agglomération lyonnaise, à proximité immédiate du bastion n°7, tout comme le territoire du Moulin à vent et une partie de Parilly, tandis que la majeure partie de Vénissieux se situe de l’autre côté de l’enceinte. Le boulevard Laurent Bonnevay suit en partie le tracé de ces anciennes fortifications.
Maurice Corbel, dans Vénissieux La Rebelle, évoque le projet d’un ambitieux « boulevard industriel » entre Lyon et Vénissieux à l’initiative d’Edouard Herriot et de Tony Garnier, qui devait desservir les usines environnantes et où l’on prévoyait la construction d’un habitat révolutionnaire pour loger 1200 personnes. Mais Vénissieux n’ayant pas les ressources pour financer cette opération d’envergure, Edouard Herriot propose de prendre en charge les frais en échange de l’annexion par la ville de Lyon des quartiers situés entre les limites lyonnaises et le mur d’enceinte militaire, c'est-à-dire Moulin à vent et un morceau de Parilly. Mais les tentatives de 1917 et 1926 n’aboutirent pas, Lyon abandonnant l’ambitieux projet du boulevard industriel. Le Boulevard des Etats-Unis, réalisé sur le territoire lyonnais, s’arrêtera d’abord à la cité des Etats-Unis avant d’être prolongé plus au sud des années plus tard.
L’ouvrage Vénissieux du village à la cité industrielle du même auteur reproduit un plan de la commune de Vénissieux en 1936. On peut constater que seules quelques bâtisses occupent ce quartier, alors très peu urbanisé. Elles sont principalement situées à proximité de l’avenue de Préssensé et de l’avenue Viviani. Les fortifications ont disparu et le prolongement du boulevard des Etats-Unis jusqu’à Vénissieux figure à l’état de projet.
Nous n’avons guère trouvé d’informations très précises sur l’histoire du quartier Santy-La plaine. Voici cependant quelques informations qui pourront vous être utiles.
L’ouvrage Zoom rive gauche s’intéresse au développement du quartier des Etats-Unis (la limitation retenue dans l’ouvrage est l’avenue Viviani au sud et l’avenue Paul Santy au nord, ce qui inclut donc la partie lyonnaise qui vous intéresse). L’urbanisation du quartier a été initiée par Edouard Herriot en 1917. A l’inauguration des « Etats-Unis » en 1934, les logements construits sont isolés au milieu de terrains non urbanisés. C’est à partir des années 50 que le quartier prend son essor. Le départ de certaines industries permet la construction de nouveaux logements et d’établissements scolaires, le développement de HLM stimule l’achèvement de la voirie ce qui désenclave le quartier. Le boulevard des Etats-Unis, prolongé dans sa partie sud, devient un des principaux axes routiers reliant Lyon à Vénissieux.
Lyon 8e arrondissement consacre quelques pages au quartier « La Plaine », mais reste assez bref sur l’urbanisation du quartier : « La Plaine livra son sud aux Etats-Unis, et, dans les années 50, sa partie nord au quartier Mermoz. ». La vie de quartier se développe autour de la place Général-André avec son école et son marché. La Maison du peuple est ouverte en 1922 sur l’avenue Général Frère...
Il serait intéressant de suivre le développement de ces deux quartiers à travers des documents cartographiques. Vous trouverez des cartes de l’agglomération dans l’Atlas historique du Grand Lyon. La bibliothèque municipale conserve des cartes de Lyon et de l’agglomération à différentes époques (voir cette recherche entre 1930 et 1970). Attention cependant le bâti n’y est pas nécessairement représenté.
Les plans cadastraux sont une source d’information intéressante. Vous trouverez des plans pacellaires de Lyon en ligne sur le site des archives municipales, Voir le plan de secteur au 1/2000e secteur 30 (1920-1984) , et les secteurs 414 et 415 pour le plan au 1/500e.
Plan de secteur 1/2000e en 1920
Comme on peut le voir sur les secteurs 414 et 415 en 1948, on trouve encore de nombreuses parcelles constituées de jardins, et de terrains non construits à proximité de l’emplacement qui vous intéresse, alors qu’en 1965 le bâti est beaucoup plus important.
Concernant des plans de Vénissieux, vous pouvez si ce n’est déjà fait prendre contact avec la bibliothèque municipale de Vénissieux, les archives municipales de Vénissieux ainsi que les archives départementales du Rhône.
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