Est-ce possible de ne pas aimer manger ?
SCIENCES ET TECHNIQUES
+ DE 2 ANS
Le 24/05/2013 à 12h43
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Question d'origine :
Bonjour cher Guichet,
Cela fait longtemps qu'on ne s'est pas vu, j'espère que tu vas bien.
En discutant de religion avec des amis et de l'impossibilité de faire plaisir à tout le monde, je me suis demandé s'il était possible de trouver quelque chose que tout le monde aime.
J'ai donc pensé à l'action de manger.
En parcourant un lien donné précédemment ici (http://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_03 ... l_que.html), j'ai pu trouver l'extrait suivant :
"Manger, boire, se reproduire ou avoir un comportement maternel sont toutes des activités essentielles pour la survie de l’individu et de l’espèce. Au cours de l’évolution, la sélection naturelle a associé à ces comportements de fortes sensations de satisfaction. "
Est-ce que cela implique que l'action de manger en elle-même est source de satisfaction pour tout le monde ?
Je suis conscient que tout le monde n'aime pas tout manger, chacun ses goûts, mais :
- j'ai du mal à croire que quelqu'un puisse de RIEN aimer du tout
- si le mécanisme de la récompense fonctionne comme cela, est-ce que cela n'implique pas que dans le but de survivre, le corps nous fait aimer ce qu'on mange ?
Merci d'avance pour ta réponse, cher Guichet !
Bon weekend !
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 25/05/2013 à 12h29
Bonjour,
Le lien que vous mettez en valeur corrobore votre analyse :
L’aire tegmentale ventrale (ATV), un groupe de neurones situés en plein centre du cerveau, est particulièrement importante dans ce circuit. Elle reçoit de l’information de plusieurs autres régions qui l’informent du niveau de satisfaction des besoins fondamentaux ou plus spécifiquement humains.
L’aire tegmentale ventrale transmet ensuite cette information à une autre structure cérébrale située plus en avant : le noyau accumbens. Cette transmission s’effectue grâce à un messager chimique particulier, la dopamine.
Source : Le cerveau à tous les niveaux
Donc, d’une certaine façon notre corps nous pousse à aimer manger et aimer ce que l’on mange
Deux mécanismes sont à l’œuvre :
- Le processus homéostasique, décrit par Claude Bernard dès 1865 "Tous les mécanismes vitaux quelques variés qu’ils soient, n’ont toujours qu’un seul but, celui de maintenir l’unité des conditions de la vie dans le milieu intérieur"
- le processus hédonique : l'individu peut ressentir le désir de manger un aliment même en dehors d’un état de faim, simplement parce que cet aliment est jugé comme étant très palatable. Ainsi la valence hédonique de l’aliment (« Aimer ») favorise l’émergence d’une motivation à s’alimenter (« Vouloir ») en dehors de tout besoin physiologique ou métabolique. tel que le présente la synthèse Activations cérébrales liées à la palatabilité d'un aliment chez l'Homme : applications en neuromarketing.
Dans les faits, ces deux mécanismes se complètent :
Le poids respectif de ces deux composantes dans un comportement fondamental dépend manifestement du degré d’évolution dans l’échelle phylogénétique, la théorie hédoniste prenant le dessus chez les espèces les plus évoluées.
Voyons un exemple de complémentarité à travers des expériences de neurophysiologie : enregistrements d’activités unitaires dans différentes structures cérébrales. On présente à un singe assis dans une chaise des images représentant différents objets. On enregistre des activités unitaires au niveau de l’hypothalamus. pour certains neurones (15%), on enregistre une activité particulière :
De plus, la fréquence de ces neurones est fortement modulée par le déséquilibre homéostasique. Plus le déséquilibre est important (faim), plus la fréquence de décharge sera forte (l’animal ‘salive’ beaucoup plus…). Cela signifie que
Source: site de Jacques Lehouelleur ancien Professeur des Universités spécialisé en neurobiologie.
Si ces mécanismes tiennent de la règle générale; elle souffre quelques exceptions. En effet, des troubles du comportements alimentaires conduisent certaines personnes :
- A oublier de manger, comme dans le cas de malades d'Alzheimer
- à un dégoût de la nourriture ou une alimentation vécue comme problématique dans le cas de l’anorexie mentale.
L’alimentation n’est donc pas toujours associée à une notion de plaisir…
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