Question d'origine :
Bonjour,
Pourquoi écrit-on "emprunter un escalier" et non "empreinter un escalier"?
Connaissez vous l'origine de cette expression?
Merci
Réponse du Guichet

Bonjour,
Révérence gardée envers Bernard Cerquiligny (et Alain Rey avant lui), nous aimons beaucoup jouer à « Merci Professeur » nous aussi
Tout d’abord empreinter* n’existe pas. Si nous voulions « appuyer fortement » sur une marche de l’escalier, nous ne pourrions que l’empreindre . Elle se trouverait ainsi empreinte d’une marque de pas.
Emprunter vient lui du latin juridique signifiant « avance d’argent ». Le verbe a reçu en Ancien français des valeurs extensives, figurées, comme celle de « utiliser, recourir à » qui s’applique aussi bien à un escalier qu’à un chemin, puisque aussi bien vous ne vous l’appropriez pas définitivement et le restituez après votre passage, non peut-être sans y avoir laissé votre empreinte...
Il s’agit, comme le définit relativement récemment le Trésor de la langue française du cas de « voies de communication » et « moyens de transports » dans la catégorie « Avoir recours à, utiliser occasionnellement » :
« P. ext., style recherché.
♦ [Le compl. d'obj. désigne une voie de communication] Emprunter une rue. L'itinéraire de Marco Polo, empruntant les vallées et les cols (Giraudoux, Simon,1926, p. 105).Louis VII, renonçant à poursuivre sa route par terre jusqu'en Syrie, décida d'emprunter la voie de mer (Grousset, Croisades,1939, p. 169).
♦ [Le compl. d'obj. désigne un moyen de transport] J'ai décidé d'emprunter le train de 11 h 09 (Bernanos, Joie,1929, p. 708)."
Comme l’expression est peu exemplifiée dans les dictionnaires, nous ajoutons quelques citations d’auteurs empruntées à la Base Frantext, pour jouer les lexicographes jusqu’au bout :
« Je n'osais emprunter l'escalier par crainte de rencontrer madame Éléonore muée en bête-cimetière. »
Patrick Chamoiseau, Texaco.
« un de mes rêves récurrents, qui me poursuivra plusieurs décennies, est lié à ce raide escalier, si étroit que dans mon rêve jamais mon père ne peut l'emprunter. »
François Bon, Mécanique.
« Au début, les deux étages de combles n'étaient occupés que par les domestiques. Ils n'avaient pas le droit d'emprunter le grand escalier ; ils devaient entrer et sortir par la porte de service à l'extrémité gauche de l'immeuble et prendre l'escalier de service (…) »
Georges Perec, La Vie mode d’emploi.
Bonne journée.
Merci professeur, "Emprunte et empreinte"
Révérence gardée envers Bernard Cerquiligny (et Alain Rey avant lui), nous aimons beaucoup jouer à « Merci Professeur » nous aussi

Tout d’abord empreinter* n’existe pas. Si nous voulions « appuyer fortement » sur une marche de l’escalier, nous ne pourrions que l’
Il s’agit, comme le définit relativement récemment le Trésor de la langue française du cas de « voies de communication » et « moyens de transports » dans la catégorie « Avoir recours à, utiliser occasionnellement » :
« P. ext., style recherché.
♦ [Le compl. d'obj. désigne une voie de communication] Emprunter une rue. L'itinéraire de Marco Polo, empruntant les vallées et les cols (Giraudoux, Simon,1926, p. 105).Louis VII, renonçant à poursuivre sa route par terre jusqu'en Syrie, décida d'emprunter la voie de mer (Grousset, Croisades,1939, p. 169).
♦ [Le compl. d'obj. désigne un moyen de transport] J'ai décidé d'emprunter le train de 11 h 09 (Bernanos, Joie,1929, p. 708)."
Comme l’expression est peu exemplifiée dans les dictionnaires, nous ajoutons quelques citations d’auteurs empruntées à la Base Frantext, pour jouer les lexicographes jusqu’au bout :
« Je n'osais emprunter l'escalier par crainte de rencontrer madame Éléonore muée en bête-cimetière. »
Patrick Chamoiseau, Texaco.
« un de mes rêves récurrents, qui me poursuivra plusieurs décennies, est lié à ce raide escalier, si étroit que dans mon rêve jamais mon père ne peut l'emprunter. »
François Bon, Mécanique.
« Au début, les deux étages de combles n'étaient occupés que par les domestiques. Ils n'avaient pas le droit d'emprunter le grand escalier ; ils devaient entrer et sortir par la porte de service à l'extrémité gauche de l'immeuble et prendre l'escalier de service (…) »
Georges Perec, La Vie mode d’emploi.
Bonne journée.
Merci professeur, "Emprunte et empreinte"
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