Question d'origine :
Je recherche des exemples de figures de traîtres en littérature et en peinture.
Merci d'avance
Réponse du Guichet

Bonjour,
Un ouvrage, que nous n’avons pas entre les mains, peut vous être très utile pour la littérature :
- Figures du traître : les représentations de la trahison dans l'imaginaire des lettres européennes et des cultures occidentales.
Il existe bien des cas de trahison : politique (envers son souverain, envers sa patrie, envers l’idée politique, l’espionnage…), amicale, amoureuse, familiale… La figure la plus symbolique est probablement Judas, dont le nom est devenu synonyme de « traître », mais aussi Dalila coupant les cheveux de Samson.
Nous vous répondrons principalement à partir du dossier spécial « La trahison » du Magasine littéraire de juillet 2013.
La première figure du dossier estCaïn , avec les œuvres :
- « Abel et Caïn », Les Fleurs du Mal, Baudelaire
- Caïn, Lord Byron

Titien, Caïn et Abel. Domaine public.
Dans le domaine biblique, l’archétype du traître est tout de mêmeJudas . « Le destin littéraire de Judas » (Magasine littéraire en ligne), cite notamment :
- « Trois versions de Judas », Jorge Luis Borges (1944)
- Judas Iscariot,Thomas De Quincey (1853)

Anonyme, Le Baiser de Judas, XIIe siècle. Galerie des Offices, Florence.
La deuxième personnalité du dossier « La trahison » est celle deGanelon , qui organise le traquenard de Ronceveaux où meurt Rolland :
- La Chanson de Rolland

Le Supplice du traître Ganelon. Miniature extraite des Chroniques de France, British Library
La troisième est laPrincesse de Clèves, accompagnée de Zaydé, Alamir, la Comtesse de Tende, la Princesse de Montpensier, tous personnages de Madame de Lafayette , qui « montrent tous à l’œuvre la trahison dans tous les domaines ».

Botticelli, Mars et Venus, autour de 1483, National Gallery, Londres.
Les traîtres shakespeariens sont ensuite à l’honneur, à une époque où « Au cours du XVIe siècle, les Anglais développèrent une véritable obsession de la trahison. Évoquées régulièrement par la presse populaire et les colporteurs, les trahisons ou les rumeurs de conspiration abondaient. Pour se rappeler la réalité de ce danger, il suffisait de compter le nombre de têtes de traîtres, empalées sur le pont de Londres, qui accueillaient les visiteurs. »
- Richard II
- Jules César (Brutus)
- Hamlet (Claudius)
- Othello (Iago)
- Macbeth

Daniel Maclise (1842), The Play-scene in Hamlet. Domaine public.
Le 5e article traite de l’indispensabletraîtrise au théâtre , à commencer par le théâtre grec :
- Eschyle, L’Orestie (Clytemnestre, épouse meurtrière)
Le 6e traite principalement del’« emploi » de traître dans le mélodrame qui a pris son essor sous la Révolution et l’Empire où « le traître devient le personnage pivot de l’intrigue, caractérisée par sa structure manichéenne : le traître, sous un masque dissimulateur, manigance d’odieux forfaits […] contre l’Etat ou une famille. » :
- Cœlina ou l’enfant du mystère (Truguelin)
- Les Ruines de Babylone (calife Haroun-al-Rachid)
- Les Victimes cloîtrées (Le Père Laurent)
- Les Deux orphelines (Le marquis des Presles)
Enfin, pour ce qui concerne, la représentation du traître en peinture, « L’art du portraître » s’interroge sur la manière de « représenter visuellement celui-là même qui se dissimule ? » :
« Montrer un traître pour les artistes est un véritable défi : doit-on faire un « traître de mélodrame », identifiable au premier coup d’œil, ou laisser des indices qui permettront au spectateur de le démasquer ?».
On représente tantôt l’intention maligne du traître, avant ou pendant son mauvais coup, tantôt après sa trahison, le profit qu’il en retire, le remord qu’il en ressent, la punition qu’il reçoit.
La première représentation de la trahison est celle d’Harold envers Guillaume le Conquérant, dont la Telle du Conquest est l’histoire racontée par la Tapisserie de Bayeux. Sa punition révèle sa traîtrise (comme le supplice de Ganelon) ; la représentation de la punition revient au XIXe siècle, avec L’Exécution du maréchal Ney par Gérôme notamment.
Les représentations de Judas l’isolent souvent du groupe des apôtres, le montrent de profil, le regard fuyant, ou la main crispée sur les deniers. La représentation de Iago dans les gravures illustrant Othello, de Chassériau, montre « l’ami » incliné comme un courtisan pendant qu’Othello lui confie Desdémone en l’appelant « honnête Iago ».
Nous compléterons ce dossier par quelques autres pistes. Les figures du traître peuvent aussi être historiques. Les grands traîtres de l’Histoire cite Alcibiade qui trahit Athènes, Brutus qui participe au complot contre César, Isabeau de Bavière qui brade la France à l'Angleterre au Moyen Âge, Pierre Laval inféodé à l’occupant nazi… On pourrait ajouter la figure célèbre de Mata Hari, bien que la figure de l’espion-ne ne se superpose pas complètement à celle du traître.
Dans la catégorie politique, il y a de nombreux traîtres tragiques, à commencer par Polynice, frère d’Antigone, traître à Thèbes, mais que sa sœur ne veut pas trahir en ne lui rendant pas l’honneur familial d’une sépulture (loyauté politique/loyauté familiale). Ariane trahit son père et sa patrie pour l’amour de Thésée.
Dans la littérature médiévale, Ganelon est traître (félon) dans la Chanson de Roland, Mordred dans le cycle arthurien ; Tristan trahit la confiance du roi Marc (même si un filtre magique en est la cause).
Voir aussi :
- Félonie, trahison, reniements au Moyen Âge
- Seduction and Betrayal : Women and Literature
- Traîtres et trahison : de l’Antiquité à nos jours
Bon travail.
Un ouvrage, que nous n’avons pas entre les mains, peut vous être très utile pour la littérature :
- Figures du traître : les représentations de la trahison dans l'imaginaire des lettres européennes et des cultures occidentales.
Il existe bien des cas de trahison : politique (envers son souverain, envers sa patrie, envers l’idée politique, l’espionnage…), amicale, amoureuse, familiale… La figure la plus symbolique est probablement Judas, dont le nom est devenu synonyme de « traître », mais aussi Dalila coupant les cheveux de Samson.
Nous vous répondrons principalement à partir du dossier spécial « La trahison » du Magasine littéraire de juillet 2013.
La première figure du dossier est
- « Abel et Caïn », Les Fleurs du Mal, Baudelaire
- Caïn, Lord Byron
Titien, Caïn et Abel. Domaine public.
Dans le domaine biblique, l’archétype du traître est tout de même
- « Trois versions de Judas », Jorge Luis Borges (1944)
- Judas Iscariot,Thomas De Quincey (1853)

Anonyme, Le Baiser de Judas, XIIe siècle. Galerie des Offices, Florence.
La deuxième personnalité du dossier « La trahison » est celle de
- La Chanson de Rolland

Le Supplice du traître Ganelon. Miniature extraite des Chroniques de France, British Library
La troisième est la

Botticelli, Mars et Venus, autour de 1483, National Gallery, Londres.
- Richard II
- Jules César (Brutus)
- Hamlet (Claudius)
- Othello (Iago)
- Macbeth

Daniel Maclise (1842), The Play-scene in Hamlet. Domaine public.
Le 5e article traite de l’indispensable
- Eschyle, L’Orestie (Clytemnestre, épouse meurtrière)
Le 6e traite principalement de
- Cœlina ou l’enfant du mystère (Truguelin)
- Les Ruines de Babylone (calife Haroun-al-Rachid)
- Les Victimes cloîtrées (Le Père Laurent)
- Les Deux orphelines (Le marquis des Presles)
Enfin, pour ce qui concerne, la représentation du traître en peinture, «
« Montrer un traître pour les artistes est un véritable défi : doit-on faire un « traître de mélodrame », identifiable au premier coup d’œil, ou laisser des indices qui permettront au spectateur de le démasquer ?».
On représente tantôt l’intention maligne du traître, avant ou pendant son mauvais coup, tantôt après sa trahison, le profit qu’il en retire, le remord qu’il en ressent, la punition qu’il reçoit.
La première représentation de la trahison est celle d’Harold envers Guillaume le Conquérant, dont la Telle du Conquest est l’histoire racontée par la Tapisserie de Bayeux. Sa punition révèle sa traîtrise (comme le supplice de Ganelon) ; la représentation de la punition revient au XIXe siècle, avec L’Exécution du maréchal Ney par Gérôme notamment.
Les représentations de Judas l’isolent souvent du groupe des apôtres, le montrent de profil, le regard fuyant, ou la main crispée sur les deniers. La représentation de Iago dans les gravures illustrant Othello, de Chassériau, montre « l’ami » incliné comme un courtisan pendant qu’Othello lui confie Desdémone en l’appelant « honnête Iago ».
Nous compléterons ce dossier par quelques autres pistes. Les figures du traître peuvent aussi être historiques. Les grands traîtres de l’Histoire cite Alcibiade qui trahit Athènes, Brutus qui participe au complot contre César, Isabeau de Bavière qui brade la France à l'Angleterre au Moyen Âge, Pierre Laval inféodé à l’occupant nazi… On pourrait ajouter la figure célèbre de Mata Hari, bien que la figure de l’espion-ne ne se superpose pas complètement à celle du traître.
Dans la catégorie politique, il y a de nombreux traîtres tragiques, à commencer par Polynice, frère d’Antigone, traître à Thèbes, mais que sa sœur ne veut pas trahir en ne lui rendant pas l’honneur familial d’une sépulture (loyauté politique/loyauté familiale). Ariane trahit son père et sa patrie pour l’amour de Thésée.
Dans la littérature médiévale, Ganelon est traître (félon) dans la Chanson de Roland, Mordred dans le cycle arthurien ; Tristan trahit la confiance du roi Marc (même si un filtre magique en est la cause).
Voir aussi :
- Félonie, trahison, reniements au Moyen Âge
- Seduction and Betrayal : Women and Literature
- Traîtres et trahison : de l’Antiquité à nos jours
Bon travail.
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