Question d'origine :
Bonjour,
Je cherche à savoir si les Egyptiens confectionnaient des poisons. A-t-on des traces ou des informations là-dessus ? Si oui, auriez-vous des recettes de poisons tels qu'ils étaient confectionnés à l'époque, ou des informations sur les ingrédients qui entraient dans la composition de ces poisons ?
Merci beaucoup pour votre aide.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 09/06/2015 à 11h32
Bonjour,
Combien de romans ont mis en exergue l’usage du poison dans l’Egypte Antique. Le suicide de Cléopâtre a, entre autres, nourri ces légendes. Or, comme le rappelle Franck Collard dans son étude Pouvoir et poison: histoire d'un crime politique de l'Antiquité à nos jours / Franck Collard, la rareté des sources, l’incertitude de leur transmission, la porosité entre l’histoire et mythe rendent difficiles les enquêtes sur la place du poison dans les jeux de pouvoir. Ainsi, si l’Egypte pharaonique passe pour la terre mère des poisons, à l’instar de ce que sera l’Italie de la renaissance, les exemples d’usage politique du venin manquent pourtant à notre connaissance. Ce n’est pas que les conspirations y aient fait défaut [… mais] il est imposible d’établir si la rareté des cas transmis par les documents reflète la rareté du crime ou son occultation délibérée.
Pour autant, les égyptiens confectionnaient effectivement des poisons, pouvant aussi servir de remèdes. Ainsi, L’Egypte était vue dès l’époque homérique comme « une terre féconde qui produit en abondance des drogues ; les unes sont des remèdes, les autres des poisons. L’Egypte est un pays de médecins, les plus savants du monde. »
Source : cehm Toulouse.
C’est donc dans le cadre d’une « profession médicale », établie et hiérarchisée, qu’il faut inscrire l’essor des recherches sur le poison.
Ce double rôle- poison/remède - est clairement souligné dans Remèdes, onguents, poisons : une histoire de la pharmacie ; Bernard P. Roques précise que le papyrus Ebers rassemble sept cents drogues et en présente certaines :
Le mercure a été utilisé très tôt dans l’Egypte ancienne et la Grèce sous forme de sel (…) l’arsenic est l’exemple emblématique de l’histoire des poisons.
Par ailleurs, Christine Bluard dans l'article La pensée médicale dans l'ancienne Egypte à travers les papyrus médicaux fournit une liste des différents poisons :
En Égypte, la transcription des connaissances sur le poison ne remonte pas avant 300 avant J-C mais on sait que le tout premier pharaon Ménès (on situe son règne vers -3150) avait déjà étudié les propriétés des plantes toxiques et des venins. Les Égyptiens connaissent également déjà les avantages du poison telle que la dissolution des substances dans l'eau. En effet Agathodiamon (II-Ier siècle avant JC) cite un minéral qui mélangé avec du natron (minéral composé de carbonate et de sodium hydraté) disparaît dans l'eau pour donner une solution limpide, il est donc parfaitement soluble. Apparemment le «poison de feu» (fiery poison en anglais), comme ils l’appelaient, serait du trioxyde d'arsenic et du réalgar ou de l'orpiment (pigment à partir duquel on forme de l’anhydre arsénieux ou arsenic blanc, dont la dose mortelle est de 0,1g). Les découvertes d’Agathodiamon font parties des bases des connaissances sur les poisons pour l’utilisation de l’arsenic et d’autres substances pendant les siècles suivants.
Grâce à des ouvrages retrouvés de l'époque, on sait que les Égyptiens connaissent déjà à cette époque de nombreux poisons tels que l'antimoine, le cuivre, l'arsenic pur, le plomb, l'opium (psychotrope extrait du pavot, il permet également la fabrication de codéine et de morphine), la mandragore (plante toxique par pénétration cutanée ou bien par ingestion qui dans ce cas entraîne hallucinations, troubles des contractions du cœur et la mort par arrêt respiratoire)... Ils sont donc très avancés dans la science des poisons. Ils sont d’ailleurs les premiers à savoir maitriser correctement la distillation et à manipuler le poison préparé à partir de noyaux de pêche (c'est-à-dire du cyanure d’hydrogène, un inhibiteur de synthèse d’ATP qui entraîne une mort rapide)..
De semblables informations peuvent aussi être trouvées sur internet :
Chez les Égyptiens, le poison n'est mentionné que vers 300 av. J.-C. Il semble que dès cette époque, certaines substances toxiques soient déjà identifiées, notamment l'antimoine, l'arsenic pur, le cuivre, la mandragore, l'opium, l'orpiment, le plomb, le réalgar, le trioxyde d'arsenic… La reine Cléopâtre (v.69 - 30 av. J.-C.) elle-même a recours à la morsure de l'aspic pour se donner la mort en apprenant le décès de Marc-Antoine (83 - 30 av. J.-C.), et non sans avoir préalablement fait moult expériences sur des condamnés à mort, histoire de tester l'efficacité des substances les moins douloureuses. Ainsi, belladone, hyoscyamus niger et noix vomique (strychnine) sont également connus dans l'apothicairerie égyptienne antique.
Source : site-du-jour.com.
Si le sujet vous intéresse, voici quelques livres que vous pouvez consulter à la bibliothèque municipale de Lyon :
- Les Vénéneuses : figures d’empoisonneuses de l’Antiquité à nos jours / sous la direction de Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud et Myriam Soria, 2015.
- Le Corps empoisonné : pratiques, savoirs, imaginaire de l’Antiquité à nos jours / sous la direction de Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud et Myriam Soria , 2014.
- Poisons et sortilèges dans l'histoire / Docteur Augustin Cabanès; avec la collaboration de L. Nass, 2012.
Et dans d’autres bibliothèques :
- Les poisons dans l'antiquité égyptienne / thèse... présentée et soutenue par Alex G. Moraitis, 1933.
- Die Schlangennamen in den ägyptischen und griechischen Giftbüchern / von Christian Leitz, 1997.
- Pharmacopoles et apothicaires : les "pharmaciens" de l'Antiquité au Grand Siècle : [actes des 4èmes Rencontres d'histoire de la médecine, des pratiques et des représentations médicales dans les sociétés anciennes, Troyes, 20-21 janvier 2006] / Franck Collard et Evelyne Samama, directeurs, 2006.
- Les mystères des poisons: de l'Antiquité à nos jours / Pedro Palao Pons ; traduit de l'espagnol par Manuela Rodriguez, 2008.
- Sur la matière médicale. français. Livre des poisons : corruption et fable du sixième livre de Pédacius Dioscoride et Andrés de Laguna, sur les poisons mortifères et les bêtes sauvages qui crachent le venin / Antonio Gamoneda; traduit de l'espagnol par Jean-Yves Bériou, Martine Joulia. (suivi de) Vif-argent, sang, lait, scorpions : le livre de l'incertain[/url] / Ildefonso Rodriguez, 2009.
Combien de romans ont mis en exergue l’usage du poison dans l’Egypte Antique. Le suicide de Cléopâtre a, entre autres, nourri ces légendes. Or, comme le rappelle Franck Collard dans son étude Pouvoir et poison: histoire d'un crime politique de l'Antiquité à nos jours / Franck Collard, la rareté des sources, l’incertitude de leur transmission, la porosité entre l’histoire et mythe rendent difficiles les enquêtes sur la place du poison dans les jeux de pouvoir. Ainsi, si l’Egypte pharaonique passe pour la terre mère des poisons, à l’instar de ce que sera l’Italie de la renaissance, les exemples d’usage politique du venin manquent pourtant à notre connaissance. Ce n’est pas que les conspirations y aient fait défaut [… mais] il est imposible d’établir si la rareté des cas transmis par les documents reflète la rareté du crime ou son occultation délibérée.
Pour autant, les égyptiens confectionnaient effectivement des poisons, pouvant aussi servir de remèdes. Ainsi, L’Egypte était vue dès l’époque homérique comme « une terre féconde qui produit en abondance des drogues ; les unes sont des remèdes, les autres des poisons. L’Egypte est un pays de médecins, les plus savants du monde. »
Source : cehm Toulouse.
C’est donc dans le cadre d’une « profession médicale », établie et hiérarchisée, qu’il faut inscrire l’essor des recherches sur le poison.
Ce double rôle- poison/remède - est clairement souligné dans Remèdes, onguents, poisons : une histoire de la pharmacie ; Bernard P. Roques précise que le papyrus Ebers rassemble sept cents drogues et en présente certaines :
Le mercure a été utilisé très tôt dans l’Egypte ancienne et la Grèce sous forme de sel (…) l’arsenic est l’exemple emblématique de l’histoire des poisons.
Par ailleurs, Christine Bluard dans l'article La pensée médicale dans l'ancienne Egypte à travers les papyrus médicaux fournit une liste des différents poisons :
En Égypte, la transcription des connaissances sur le poison ne remonte pas avant 300 avant J-C mais on sait que le tout premier pharaon Ménès (on situe son règne vers -3150) avait déjà étudié les propriétés des plantes toxiques et des venins. Les Égyptiens connaissent également déjà les avantages du poison telle que la dissolution des substances dans l'eau. En effet Agathodiamon (II-Ier siècle avant JC) cite un minéral qui mélangé avec du natron (minéral composé de carbonate et de sodium hydraté) disparaît dans l'eau pour donner une solution limpide, il est donc parfaitement soluble. Apparemment le «poison de feu» (fiery poison en anglais), comme ils l’appelaient, serait du trioxyde d'arsenic et du réalgar ou de l'orpiment (pigment à partir duquel on forme de l’anhydre arsénieux ou arsenic blanc, dont la dose mortelle est de 0,1g). Les découvertes d’Agathodiamon font parties des bases des connaissances sur les poisons pour l’utilisation de l’arsenic et d’autres substances pendant les siècles suivants.
Grâce à des ouvrages retrouvés de l'époque, on sait que les Égyptiens connaissent déjà à cette époque de nombreux poisons tels que l'antimoine, le cuivre, l'arsenic pur, le plomb, l'opium (psychotrope extrait du pavot, il permet également la fabrication de codéine et de morphine), la mandragore (plante toxique par pénétration cutanée ou bien par ingestion qui dans ce cas entraîne hallucinations, troubles des contractions du cœur et la mort par arrêt respiratoire)... Ils sont donc très avancés dans la science des poisons. Ils sont d’ailleurs les premiers à savoir maitriser correctement la distillation et à manipuler le poison préparé à partir de noyaux de pêche (c'est-à-dire du cyanure d’hydrogène, un inhibiteur de synthèse d’ATP qui entraîne une mort rapide)..
De semblables informations peuvent aussi être trouvées sur internet :
Chez les Égyptiens, le poison n'est mentionné que vers 300 av. J.-C. Il semble que dès cette époque, certaines substances toxiques soient déjà identifiées, notamment l'antimoine, l'arsenic pur, le cuivre, la mandragore, l'opium, l'orpiment, le plomb, le réalgar, le trioxyde d'arsenic… La reine Cléopâtre (v.69 - 30 av. J.-C.) elle-même a recours à la morsure de l'aspic pour se donner la mort en apprenant le décès de Marc-Antoine (83 - 30 av. J.-C.), et non sans avoir préalablement fait moult expériences sur des condamnés à mort, histoire de tester l'efficacité des substances les moins douloureuses. Ainsi, belladone, hyoscyamus niger et noix vomique (strychnine) sont également connus dans l'apothicairerie égyptienne antique.
Source : site-du-jour.com.
Si le sujet vous intéresse, voici quelques livres que vous pouvez consulter à la bibliothèque municipale de Lyon :
- Les Vénéneuses : figures d’empoisonneuses de l’Antiquité à nos jours / sous la direction de Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud et Myriam Soria, 2015.
- Le Corps empoisonné : pratiques, savoirs, imaginaire de l’Antiquité à nos jours / sous la direction de Lydie Bodiou, Frédéric Chauvaud et Myriam Soria , 2014.
- Poisons et sortilèges dans l'histoire / Docteur Augustin Cabanès; avec la collaboration de L. Nass, 2012.
Et dans d’autres bibliothèques :
- Les poisons dans l'antiquité égyptienne / thèse... présentée et soutenue par Alex G. Moraitis, 1933.
- Die Schlangennamen in den ägyptischen und griechischen Giftbüchern / von Christian Leitz, 1997.
- Pharmacopoles et apothicaires : les "pharmaciens" de l'Antiquité au Grand Siècle : [actes des 4èmes Rencontres d'histoire de la médecine, des pratiques et des représentations médicales dans les sociétés anciennes, Troyes, 20-21 janvier 2006] / Franck Collard et Evelyne Samama, directeurs, 2006.
- Les mystères des poisons: de l'Antiquité à nos jours / Pedro Palao Pons ; traduit de l'espagnol par Manuela Rodriguez, 2008.
- Sur la matière médicale. français. Livre des poisons : corruption et fable du sixième livre de Pédacius Dioscoride et Andrés de Laguna, sur les poisons mortifères et les bêtes sauvages qui crachent le venin / Antonio Gamoneda; traduit de l'espagnol par Jean-Yves Bériou, Martine Joulia. (suivi de) Vif-argent, sang, lait, scorpions : le livre de l'incertain[/url] / Ildefonso Rodriguez, 2009.
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