Question d'origine :
J'entend souvent le mot intelligent mais je me demande:
1-Quelle est la définition de l'intelligence scientifiquement?
2- Est ce que l'intelligence es une chose innée ou acquise?
3-Si elle est acquise quelle sont les moyens pour devenir intelligent?
4-Enfin,comment savoir si quelqu’un est intelligent?
Et merci pour la réponse.
Réponse du Guichet

Bonjour,
1. L’intelligence est d’abord définie, dans l’Encyclopaedia Universalis, par différence, c’est-à-dire en ce qu’elle nous différencie des animaux.
Dans le Robert, elle est définie comme l' « ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle (par opposition à sensation et à intuition). »
Pour Henri Delacroix, dans Les Grandes Formes de la vie mentale : « L’intelligence est donc avant tout une machine à formuler des systèmes d’abstraction : non pas seulement des concepts par identification des ressemblances et des différenciation des différences, mais un univers de concepts qui s’opposent, se limitent et se complètent. […] Non pas seulement des nombres ou des figures, mais l’univers mathématique. »
L’intelligence désigne, dans un deuxième temps, l’ « aptitude à s’adapter aux situations nouvelles, à découvrir des solutions aux difficultés que l’on rencontre ». Ce qui explique le terme d’ "intelligence artificielle", celui-ci désignant les programmes informatiques capables de résoudre des problèmes complexes.
Cependant, à cette notion traditionnelle s’est greffée, depuis une période plus récente, l’idée d’une intelligence émotionnelle, qui complèterait le quotient intellectuel pour former l’intelligence :
Ces auteurs ont par la suite révisé leur définition de l’intelligence émotionnelle. Selon cette nouvelle définition, qui est aussi la plus généralement acceptée, l’intelligence émotionnelle désigne « l’habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres » (Mayer & Salovey, 1997). (Source: Wikipedia)
2. La question que vous posez participe d’un débat qui anime la société depuis des siècles : la polémique de l’inné/acquis, et, plus largement, des divergences d’opinion en ce qui concerne la nature et la culture dans le développement de l’être humain.
En effet, l’inné renvoie en général à ce qui est dit « naturel », et l’acquis à ce qui est « culturel » :
Les biologistes ont posé, d'une part, que tout caractère acquis n'est tel que parce que l'être a une prédisposition héréditaire à l'acquérir (ce qui donne une certaine hérédité aux caractères acquis, via la prédisposition). Et, d'autre part, que tout caractère a un double déterminisme, génétique et externe (il est donc à la fois héréditaire et acquis), sans que l'on ne puisse jamais évaluer la part de l'un et de l'autre (autrement dit, les caractères innés ne constituent pas une essence sur laquelle se grefferaient les accidents que seraient les caractères acquis).
(Inné & acquis – Encyclopaedia Universalis)
Cela étant, le cas des « enfants sauvages » révèle tout de même la place importante de la culture dans l’acquisition de l’intelligence, qu’elle soit intellectuelle ou émotionnelle :
Aujourd’hui, le débat est surtout psychologique : en étudiant ces enfants, on cherche à déterminer quelles conséquences ont eu les carences de leur environnement, et dans quelle mesure elles sont réversibles. Quant aux carences, les constats se ressemblent. Anomalies motrices : les enfants animalisés se déplacent à quatre pattes, les autres marchent plus ou moins mal. Anomalies de perceptions sensorielles : on croit d’abord Victor sourd, Anna sourde et aveugle ; tous les « enfants-animaux », mais aussi Victor et Genie, sont insensibles à la chaleur et au froid. Et surtout, absence totale ou quasi de langage. Quant à l’intelligence, d’après Skuse, elle est toujours affectée, mais l’intelligence verbale bien plus que l’intelligence spatiale.
Ainsi, privés de contact humain, ces enfants régresseraient jusqu’à paraître atteints d’idiotie, voire à se comporter comme des animaux. Mais cette plasticité joue-t-elle dans les deux sens ? La réponse est : oui, mais… Oui, car très rares sont les enfants qui, une fois recueillis, n’ont guère progressé, alors qu’il y a des cas de récupération parfaite, ou presque. Mais dans la majorité des cas, il y a récupération partielle, avec un schéma constant : des progrès rapides, puis un plafonnement, notamment dans l’acquisition du langage. […]
D’où l’hypothèse qu’avancent les linguistes : si le cerveau structure le langage, la réciproque est vraie ; faute d’une stimulation par le langage au moment opportun, le cerveau ne développerait pas les structures appropriées, et un apprentissage normal du langage deviendrait impossible.
(Source: La Culture: de l'universel au particulier)
On peut donc dire que certaines formes d’intelligence, lorsqu’elle atteint un niveau largement supérieur à la moyenne des humains, semble être le fruit de dispositions biologiques : c’est le cas des génies, que ce soit en mathématiques ou en musique par exemple.
En revanche, l’intelligence se développe au contact d’autres êtres humains (le cerveau n’étant pas entièrement formé jusqu’à une vingtaine d’années), par la pratique ; elle est donc en grande partie acquise.
3. Si l’on suit le cas des enfants sauvages, l’intelligence s’acquiert dès le plus jeune âge, car c’est à cette époque que le cerveau est le plus souple, puisqu’il est encore en train de se former : « le génome est lui-même altéré pendant les périodes sensibles des premiers temps du développement. » (Source : sciences humaines)
Nous pouvons donc vous proposer quelques ouvrages sur le développement, et en particulier celui de l’enfant :
- L'éducation émotionnelle de la maternelle au lycée
- Jeux d'intelligence
- L'intelligence de situation: savoir exploiter toutes les situations
- Accompagner le développement de son enfant
4.Pour savoir si quelqu’un est intelligent, les seuls tests fiables sont ceux élaborés et faits avec des psychologues (et non, par exemple, ceux proposés par des sites internet…). Cela dit, ces tests mesurent souvent le seul QI et la notion de QE n’étant apparue qu’au début des années 1990, ils ne mesurent pas l’intelligence sous tous ses aspects. Par ailleurs, ils mesurent ce QI en fonction de la moyenne du QI des individus dans leur ensemble. Le total obtenu n'est donc que relatif: il n'y a pas vraiment de moyen de mesurer une intelligence "absolue".
Si vous souhaitez pousser plus loin votre recherche, vous pouvez consulter les articles et ouvrages suivants:
- Individu & société, dans l'Encyclopaedia Universalis
- Intelligence, dans l'Encyclopaedia Universalis
- Développement du crâne, ses rapports avec l'intelligence
- Si les différentes formes d'intelligence et les différentes façon de réfléchir vous intéressent, vous pouvez regarder cette vidéo dans laquelle Daniel Tammet explique sa façon de penser, de réfléchir, et comment il peut effectuer des calculs complexes en très peu de temps. Il l'explique également dans un livre, intitulé Born on a Blue Day.
Bon courage !
1. L’intelligence est d’abord définie, dans l’Encyclopaedia Universalis, par différence, c’est-à-dire en ce qu’elle nous différencie des animaux.
Dans le Robert, elle est définie comme l' « ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle (par opposition à sensation et à intuition). »
Pour Henri Delacroix, dans Les Grandes Formes de la vie mentale : « L’intelligence est donc avant tout une machine à formuler des systèmes d’abstraction : non pas seulement des concepts par identification des ressemblances et des différenciation des différences, mais un univers de concepts qui s’opposent, se limitent et se complètent. […] Non pas seulement des nombres ou des figures, mais l’univers mathématique. »
L’intelligence désigne, dans un deuxième temps, l’ « aptitude à s’adapter aux situations nouvelles, à découvrir des solutions aux difficultés que l’on rencontre ». Ce qui explique le terme d’ "intelligence artificielle", celui-ci désignant les programmes informatiques capables de résoudre des problèmes complexes.
Cependant, à cette notion traditionnelle s’est greffée, depuis une période plus récente, l’idée d’une intelligence émotionnelle, qui complèterait le quotient intellectuel pour former l’intelligence :
Ces auteurs ont par la suite révisé leur définition de l’intelligence émotionnelle. Selon cette nouvelle définition, qui est aussi la plus généralement acceptée, l’intelligence émotionnelle désigne « l’habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres » (Mayer & Salovey, 1997). (Source: Wikipedia)
2. La question que vous posez participe d’un débat qui anime la société depuis des siècles : la polémique de l’inné/acquis, et, plus largement, des divergences d’opinion en ce qui concerne la nature et la culture dans le développement de l’être humain.
En effet, l’inné renvoie en général à ce qui est dit « naturel », et l’acquis à ce qui est « culturel » :
Les biologistes ont posé, d'une part, que tout caractère acquis n'est tel que parce que l'être a une prédisposition héréditaire à l'acquérir (ce qui donne une certaine hérédité aux caractères acquis, via la prédisposition). Et, d'autre part, que tout caractère a un double déterminisme, génétique et externe (il est donc à la fois héréditaire et acquis), sans que l'on ne puisse jamais évaluer la part de l'un et de l'autre (autrement dit, les caractères innés ne constituent pas une essence sur laquelle se grefferaient les accidents que seraient les caractères acquis).
(Inné & acquis – Encyclopaedia Universalis)
Cela étant, le cas des « enfants sauvages » révèle tout de même la place importante de la culture dans l’acquisition de l’intelligence, qu’elle soit intellectuelle ou émotionnelle :
Aujourd’hui, le débat est surtout psychologique : en étudiant ces enfants, on cherche à déterminer quelles conséquences ont eu les carences de leur environnement, et dans quelle mesure elles sont réversibles. Quant aux carences, les constats se ressemblent. Anomalies motrices : les enfants animalisés se déplacent à quatre pattes, les autres marchent plus ou moins mal. Anomalies de perceptions sensorielles : on croit d’abord Victor sourd, Anna sourde et aveugle ; tous les « enfants-animaux », mais aussi Victor et Genie, sont insensibles à la chaleur et au froid. Et surtout, absence totale ou quasi de langage. Quant à l’intelligence, d’après Skuse, elle est toujours affectée, mais l’intelligence verbale bien plus que l’intelligence spatiale.
Ainsi, privés de contact humain, ces enfants régresseraient jusqu’à paraître atteints d’idiotie, voire à se comporter comme des animaux. Mais cette plasticité joue-t-elle dans les deux sens ? La réponse est : oui, mais… Oui, car très rares sont les enfants qui, une fois recueillis, n’ont guère progressé, alors qu’il y a des cas de récupération parfaite, ou presque. Mais dans la majorité des cas, il y a récupération partielle, avec un schéma constant : des progrès rapides, puis un plafonnement, notamment dans l’acquisition du langage. […]
D’où l’hypothèse qu’avancent les linguistes : si le cerveau structure le langage, la réciproque est vraie ; faute d’une stimulation par le langage au moment opportun, le cerveau ne développerait pas les structures appropriées, et un apprentissage normal du langage deviendrait impossible.
(Source: La Culture: de l'universel au particulier)
On peut donc dire que certaines formes d’intelligence, lorsqu’elle atteint un niveau largement supérieur à la moyenne des humains, semble être le fruit de dispositions biologiques : c’est le cas des génies, que ce soit en mathématiques ou en musique par exemple.
En revanche, l’intelligence se développe au contact d’autres êtres humains (le cerveau n’étant pas entièrement formé jusqu’à une vingtaine d’années), par la pratique ; elle est donc en grande partie acquise.
3. Si l’on suit le cas des enfants sauvages, l’intelligence s’acquiert dès le plus jeune âge, car c’est à cette époque que le cerveau est le plus souple, puisqu’il est encore en train de se former : « le génome est lui-même altéré pendant les périodes sensibles des premiers temps du développement. » (Source : sciences humaines)
Nous pouvons donc vous proposer quelques ouvrages sur le développement, et en particulier celui de l’enfant :
- L'éducation émotionnelle de la maternelle au lycée
- Jeux d'intelligence
- L'intelligence de situation: savoir exploiter toutes les situations
- Accompagner le développement de son enfant
4.Pour savoir si quelqu’un est intelligent, les seuls tests fiables sont ceux élaborés et faits avec des psychologues (et non, par exemple, ceux proposés par des sites internet…). Cela dit, ces tests mesurent souvent le seul QI et la notion de QE n’étant apparue qu’au début des années 1990, ils ne mesurent pas l’intelligence sous tous ses aspects. Par ailleurs, ils mesurent ce QI en fonction de la moyenne du QI des individus dans leur ensemble. Le total obtenu n'est donc que relatif: il n'y a pas vraiment de moyen de mesurer une intelligence "absolue".
Si vous souhaitez pousser plus loin votre recherche, vous pouvez consulter les articles et ouvrages suivants:
- Individu & société, dans l'Encyclopaedia Universalis
- Intelligence, dans l'Encyclopaedia Universalis
- Développement du crâne, ses rapports avec l'intelligence
- Si les différentes formes d'intelligence et les différentes façon de réfléchir vous intéressent, vous pouvez regarder cette vidéo dans laquelle Daniel Tammet explique sa façon de penser, de réfléchir, et comment il peut effectuer des calculs complexes en très peu de temps. Il l'explique également dans un livre, intitulé Born on a Blue Day.
Bon courage !
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