transmission du nom de famille
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 09/07/2015 à 17h27
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Question d'origine :
Bonjour,
On entend souvent dire, qu'autrefois, lorsqu'il n'y avait pas d'héritier mâle dans les grandes familles de la noblesse (française), la fille pouvait transmettre le nom de famille de ses pères lors d'un mariage. Qui autorisait ou n'autorisait pas cette transmission . Y avait-il d'autres particularités à cette transmission par la fille ?
Je vous remercie.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 10/07/2015 à 12h42
Bonjour,
La transmission du nom (et du titre de noblesse) par la fille est un cas extrêmement rare, et fait figure d’exception dans l’histoire de la noblesse française :
Filiation noble
Une triple exigence la caractérise : elle doit être masculine, naturelle et légitime. La première signifie queles filles n’ont pas le privilège de transmettre la noblesse. Ont fait timidement exception à ce principe certaines provinces de l’Est où persistait l’influence des coutumes germaniques (Champagne, Franche-Comté, Barrois) ; mais une telle transmission, fort rare, n’allait pas de soi et il lui fallait l’aval du Prince . […]Filiation naturelle veut dire par le sang, et légitime, dans le cadre du mariage. Ceci exclut toute forme de filiation adoptive.
[…]
Hust (comtes d’)
Georges Basta, capitaine au service de l’empereur germanique Rodolphe II, fut fait comte d’Hust et du Saint-Empire, en 1605, lui et sa descendance, utriusque sexus natos et aeterna serie nascituros. Il en a été inféré, quelquefois que le titre de comte d’Hust pouvait se transmettre par les femmes. Chaque fois que les tribunaux ont eu à en juger, ils ont conclu à l’impossibilité de ce passage.
[…]
Jeanne d’Arc
On a longtemps glosé sur une dérogation au principe de la filiation masculine en matière de noblesse, celui du privilège qu’auraient eu les filles du sang de Jeanne d’Arc d’anoblir leurs époux et leur descendance. Michel de Sachy, dans le Bulletin de l’A.N.F. d’octobre 1973, a réduit cette thèse à néant. Il note qu’il n’existe plus actuellement de descendance connue des frères de la Pucelle. « En décembre 1429, le roi Charkes VII, par lettres patentes, aurait anobli Jeanne d’Arc et toute sa famille ». On n’a jamais trouvé l’original de ces lettres dont on possède une expédition et une copie. Le premier personnage à s’en réclamer est Robert Le Fournier, baron de Tournebu, qui obtient, en octobre 1550, des lettres patentes d’Henri II le déclarant lui et son neveu Lucas du Chemyn nobles comme « issuz et descenduz de la lignée de la Pucelle ». En fait, dès 1555, l’édit d’Amboise enlève toute automaticité à ce type d’anoblissement. Le privilège « s’étend et se perpétue seulement en faveur de ceux qui seraient descendus du père et de frères de cette Pucelle, en ligne masculine et non féminine. Que les seuls mâles sont censés nobles et non les descendants des filles si elles ne se sont mariées à des gentilshommes ». Henri IV précise, en 1598, ces restrictions confirmées par divers textes de Louis XIII. Le règlement des tailles de 1634 stipule : « Les descendants des frères de la pucelle d’Orléans insérés au corps de la noblesse et vivant à présent noblement jouiront des privilèges de la noblesse, et leur postérité de mâle en mâle. [Mais] les filles et les femmes descendant des frères de la Pucelle n’anobliront plus leurs maris à l’avenir ». Le privilège, si jamais il a existé, est définitivement aboli.Des familles bénéficieront cependant de lettres de noblesse. Les plus célèbres celles sont accordées, en 1766, par le duc de Lorraine, aux enfants de Claire Haldat, veuve de François Alexandre, prévôt de Vaucouleurs (d’où la famille Alexandre de Haldat du Lys, subsistante, et donc authentiquement noble), et, en 1827, par le roi Charles X au fils et aux trois filles d’Henri Gauttier et d’Adélaïde Catherine Delauney, maintenus et confirmés dans leur noblesse comme descendants d’un frère de Jeanne d’Arc .
Source : Le simili-nobiliaire français, Pierre-Marie Dioudonnat
On connaît aussi, mais il s’agit là de grandes familles, des cas de reprises par un gendre ou un neveu, pour empêcher l’extinction d’un grand nom, des noms, titres et armes d’une famille à laquelle il se rattache par les femmes – substitution alors avalisée par le souverain. Les exemples connus sont ceux des Rohan-Chabot, qui sont des Chabot, et des Sabran-Pontevès, qui sont des Pontevès. Mais les Chabot comme les Pontevès étaient déjà des maisons d’extraction chevaleresque.
J’en profite pour évoquer la question des femmes mariées. Beaucoup de gens continuent de croire que la femme qui se marie perd son nom. On sait qu’il n’en est rien, au moins légalement, et qu’il n’en a jamais rien été. L’épouse qui adopte le nom de son mari comme nom d’usage se conforme à une tradition. Elle n’y est nullement contrainte, par le droit en tout cas, et, dans tous les actes de la vie civile, elle conserve son propre nom, qui est celui de son père, son patronyme. Madame Durand née Martin reste une demoiselle Martin. Cette réalité était encore plus flagrante sous l’Ancien régime.
Source : Le rôle social du patronyme : mythes et réalités, Conférence de l’asssociation des Vieux Noms Français Subsistants
Pour aller plus loin, vous pouvez éventuellement visiter le site de l’association d’entraide de la noblesse française.
Bonne journée.
La transmission du nom (et du titre de noblesse) par la fille est un cas extrêmement rare, et fait figure d’exception dans l’histoire de la noblesse française :
Une triple exigence la caractérise : elle doit être masculine, naturelle et légitime. La première signifie que
[…]
Georges Basta, capitaine au service de l’empereur germanique Rodolphe II, fut fait comte d’Hust et du Saint-Empire, en 1605, lui et sa descendance, utriusque sexus natos et aeterna serie nascituros. Il en a été inféré, quelquefois que le titre de comte d’Hust pouvait se transmettre par les femmes. Chaque fois que les tribunaux ont eu à en juger, ils ont conclu à l’impossibilité de ce passage.
[…]
On a longtemps glosé sur une dérogation au principe de la filiation masculine en matière de noblesse, celui du privilège qu’auraient eu les filles du sang de Jeanne d’Arc d’anoblir leurs époux et leur descendance. Michel de Sachy, dans le Bulletin de l’A.N.F. d’octobre 1973, a réduit cette thèse à néant. Il note qu’il n’existe plus actuellement de descendance connue des frères de la Pucelle. « En décembre 1429, le roi Charkes VII, par lettres patentes, aurait anobli Jeanne d’Arc et toute sa famille ». On n’a jamais trouvé l’original de ces lettres dont on possède une expédition et une copie. Le premier personnage à s’en réclamer est Robert Le Fournier, baron de Tournebu, qui obtient, en octobre 1550, des lettres patentes d’Henri II le déclarant lui et son neveu Lucas du Chemyn nobles comme « issuz et descenduz de la lignée de la Pucelle ». En fait, dès 1555, l’édit d’Amboise enlève toute automaticité à ce type d’anoblissement. Le privilège « s’étend et se perpétue seulement en faveur de ceux qui seraient descendus du père et de frères de cette Pucelle, en ligne masculine et non féminine. Que les seuls mâles sont censés nobles et non les descendants des filles si elles ne se sont mariées à des gentilshommes ». Henri IV précise, en 1598, ces restrictions confirmées par divers textes de Louis XIII. Le règlement des tailles de 1634 stipule : « Les descendants des frères de la pucelle d’Orléans insérés au corps de la noblesse et vivant à présent noblement jouiront des privilèges de la noblesse, et leur postérité de mâle en mâle. [Mais] les filles et les femmes descendant des frères de la Pucelle n’anobliront plus leurs maris à l’avenir ». Le privilège, si jamais il a existé, est définitivement aboli.
Source : Le simili-nobiliaire français, Pierre-Marie Dioudonnat
On connaît aussi, mais il s’agit là de grandes familles, des cas de reprises par un gendre ou un neveu, pour empêcher l’extinction d’un grand nom, des noms, titres et armes d’une famille à laquelle il se rattache par les femmes – substitution alors avalisée par le souverain. Les exemples connus sont ceux des Rohan-Chabot, qui sont des Chabot, et des Sabran-Pontevès, qui sont des Pontevès. Mais les Chabot comme les Pontevès étaient déjà des maisons d’extraction chevaleresque.
J’en profite pour évoquer la question des femmes mariées. Beaucoup de gens continuent de croire que la femme qui se marie perd son nom. On sait qu’il n’en est rien, au moins légalement, et qu’il n’en a jamais rien été. L’épouse qui adopte le nom de son mari comme nom d’usage se conforme à une tradition. Elle n’y est nullement contrainte, par le droit en tout cas, et, dans tous les actes de la vie civile, elle conserve son propre nom, qui est celui de son père, son patronyme. Madame Durand née Martin reste une demoiselle Martin. Cette réalité était encore plus flagrante sous l’Ancien régime.
Source : Le rôle social du patronyme : mythes et réalités, Conférence de l’asssociation des Vieux Noms Français Subsistants
Pour aller plus loin, vous pouvez éventuellement visiter le site de l’association d’entraide de la noblesse française.
Bonne journée.
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