Question d'origine :
Bonjour,
Question toute simple: j'ai vu dans une expo temporaire une image de 1897 où le lit du Rhône est à sec, si bien que l'on joue aux boules lyonnaises.
Je voudrais savoir pour quelles raisons le Rhône s'est retrouvé comme ça, je suppose la construction d'un barrage en amont mais je n'ai trouvé strictement aucune information.
Cordialement,
Bonne journée
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 06/08/2015 à 15h24
A vrai dire, c’est plutôt l’inverse. Nous avions d’abord pensé que la construction du canal de Jonage et de l’usine hydroélectrique de Cusset, qui s’est échelonnée entre 1894 et 1899, y était pour quelque chose. Cependant l’usine est construite sur le canal de Jonage, percé pour l’occasion, ce qui n’engendre pas de détournement du cours d’eau pendant les travaux. Une première tentative de mise en eau du canal a eu lieu le 13 décembre 1897. L’usine est mise en service en 1899. La baisse de niveau du Rhône n’est pas signalée dans cet ouvrage consacré à la Construction du canal de Jonage, qui revient pourtant en détail sur les étapes du chantier, photographies à l'appui.
Le Progrès illustré du 28 novembre 1897, consultable sur Numelyo sous forme numérisée, consacre un article et un ensemble de gravures à ce phénomène. On y retrouve d’ailleurs les badauds jouant aux boules dans le lit du fleuve. Peut-être était-ce l'image que vous aviez observée ? Cet article, que nous vous laissons le soin de lire en ligne, souligne le caractère impressionnant de cette baisse de niveau du Rhône, et le journaliste, s’il n’avance pas d’explications, ne relie nullement cet évènement à des travaux en cours en amont de Lyon. La lecture de l'article fait plutôt penser à un phénomène naturel d’une ampleur exceptionnelle. Notre recherche dans la presse lyonnaise numérisée en 1897 ne nous a pas fourni d'autre article sur ce phénomène (une recherche plus approfondie vous permettra peut-être d'en trouver d'autres descriptions).
Yves-François Le Lay, géographe et enseignant à l’ENS de Lyon, publie sur son site personnel un article sur Les hauts et les bas du Rhône, où il s’intéresse notamment à cet article du Progrès illustré. On y apprend que l’étiage (période de l’année où le niveau d’un cours d'eau atteint son point le plus bas) de 1897, s’il a été particulièrement long et profond, correspond à un phénomène naturel et récurent qui a fini par disparaître au cours du XXe siècle avec l’aménagement du fleuve et notamment la construction d’un certain nombre de barrages entre le lac Léman et le delta du Rhône, régulant le débit du fleuve.
Vous trouverez à la fin de l’article d’Yves-François Le Lay une bibliographie qui vous permettra d’approfondir le sujet.
Pour comprendre le régime hydrique du Rhône, vous pouvez déjà lire en ligne cette intervention de Maurice Pardé, Le régime du Rhône, paru dans la Revue de géographie alpine en 1925, (Tome 13 N°3. pp. 459-547), à une période pas si lointaine de celle qui vous intéresse.
Voici ce qu’il écrit sur les étiages du Rhône supérieur (portion du fleuve comprise entre le confluent de l’Arve et le confluent de la Saône) :
« En ce qui concerne les étiages, le Rhône est bien resté un cours d'eau alpestre. Ses basses eaux, qui obéissent de Genève à Lyon à des lois à peu près identiques, ne surviennent jamais entre mai et août. Avant la construction du barrage de Genève, la lente émission des eaux accumulées au cours de l'été s'opposait à toute pénurie véritable en septembre et octobre. A présent, on observe des bas débits non seulement à l'époque du gel et de la rétention nivale, de novembre à mars, mais encore dans les deux mois qui précèdent. C'est au cours de l'hiver, en janvier et février, que le Rhône subit ses étiages non pas les plus graves, mais les plus longs (à Lyon, janvier compte 145 maigres inférieurs à 215 mc. pour la période qui s'étend entre 1877 et 1916).
Ces pénuries sont la conséquence d'un déficit de pluviosité étendu à plusieurs mois et tel que les nappes souterraines épuisées ne fournissent plus aux sources qu'un faible tribut. Elles s'établissent par une évolution lente et ne disparaissent de façon durable qu'après une série de pluies assez abondantes pour rendre aux sources une bonne alimentation.
Les étiages les plus sérieux ont été ceux de 1858, 1884, 1904, 1906 et surtout celui d’octobre-décembre 1921 (…) »
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