Question d'origine :
L'enfant trouvé qui était recueilli à l'Hôtel-Dieu était immédiatement baptisé et on lui attribuait un nom et un prénom. Qui décidait ce choix? Y avait-il des listes de noms de famille à donner?
Réponse du Guichet
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- Département : Documentation régionale
Le 10/11/2015 à 17h21
Bonjour,
Nous avons trouvé à l’intérieur du livre Parcours d'enfances, portraits de familles : la tradition de l'accueil familial dans l'Ain hier et aujourd'hui, un chapitre traitant du sujet qui vous intéresse. Cependant l’étude porte sur la Charité de Bourg-en-Bresse et non sur l'Hôtel Dieu de Lyon. En voici les passages les plus importants :
Sans famille, les enfants trouvés et abandonnés étaient également souvent sans nom. Or, le nom est indispensable pour identifier un individu dans les actes courants de la vie en société. Attribuer un nom « patronymique » à ces enfants était donc une obligation pour les hospices, et ce dès le moment de leur réception. La filiation des enfants trouvés, exposés dans la rue ou déposés dans le tour de l’hospice, était souvent ignorée et il fallait donc créer une identité pour ceux-ci. Pour ce qui est des enfants « naturels » ou « illégitimes »…..l’identité de la mère était parfois connue, … Mais pour eux également, il fallait créer une identité nouvelle, marquant la rupture avec les parents qui les avaient délaissés. ….
Plusieurs raisons incitent l’administration à ces changements d’identité. D’une part il s’agit d’éviter des fraudes. Une mère « dénaturée » aurait pu confier son enfant à la Charité puis le prendre en nourrice moyennant finance…. Ce nouveau nom sert aussi parfois à marquer l’origine des enfants, et en la matière, la Charité de Bourg-en-Bresse s’est montrée fort peu charitable envers certains de ces enfants qui lui étaient confiés. … Certaines grandes villes, comme Lyon, recevaient chaque année plusieurs centaines, voire quelques milliers d’enfants abandonnés. … En France, c’est une circulaire de juin 1812 faisant suite à une importante loi votée en 1811, qui réglemente ce point : « il convient de choisir des noms qui ne puissent être pour leurs titulaires une cause de difficultés, de déboires ou d’ennuis. Ils ne devront ni évoquer l’origine de l’enfant, ni appartenir à une famille de la commune, ni pouvoir être confondus avec un prénom, ni attirer l’attention par leur bizarrerie, ni prêter au ridicule». Il est en outre demandé de ne pas attribuer le même nom à de nombreux enfants recueillis par le même hospice. Dans les faits on observe en France des comportements différents selon les hospices. Certains donnent volontiers aux enfants trouvés, en guise de prénom et de nom, deux prénoms. D’autres intercalent le terme « dit » entre le nom et le prénom, signalant par là que le nom porté n’est pas un nom hérité. … Nombreux toutefois sont les hospices qui suivent la directive de 1812 et donnent aux enfants des noms « passe-partout ».
Puis va suivre l’exemple précis de la Charité de Bourg qui va user et abuser de lettres peu fréquentes habituellement dans les noms de familles bressans, notamment les X, les Y et les Z.
Pour ce qui est des prénoms donnés aux enfants recueillis, l’imagination est plus limitée. Les prénoms du calendrier chrétien sont largement représentés.
Vous pouvez lire l’intégralité de ce chapitre dans le livre Parcours d'enfances, portraits de familles : la tradition de l'accueil familial dans l'Ain hier et aujourd'hui à partir de la page 43.
Paul Gonnet nous précise dans Les enfants adoptifs de l'Aumône générale de Lyon : L’enfant trouvé prend le nom de ses parents adoptifs. Les biens de l’enfant passent aux parents adoptifs et l’enfant adopté succède à ses parents d’adoption.
Par ailleurs, nous avons réalisé une réponse récapitulative relative à l'histoire de la naissance sous le secret et à l'abandon d'enfants, qui vous permettra de comprendre les notions essentielles et les jalons historiques relatifs à ce sujet.
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