Question d'origine :
Cher guichet,
Avant le premier timbre en France,je crois que c'était le destinataire du courrier qui payait .
1)Comment calculait on la somme à payer ?
2)Était-ce élevé comme contribution ?
Réponse du Guichet

Bonjour,
L’Amicale philatélique de Cholet a réalisé un dossier sur Lettre avant le timbre qui explique le mode de calcul du prix de port :
« Avant l’existence du timbre poste, le courrier voyageait la plupart du temps en port dû. La marque postale mentionnait la localité de départ et servait à calculer le montant du port à payer par le destinataire. Moins fréquent, le port payé par l’expéditeur était surtout utilisé pour écrire à un notable ou à une administration.
Beaucoup plus rare, le déboursé était apposé par le bureau de destination de la lettre lorsque le destinataire n’avait pas pu être joint et donc que le port dû n’avait pas été perçu. »
C’est donc la distance parcourue par le courrier qui déterminait son prix. Plus la distance était longue, plus le prix augmentait. Les prix étaient élevés et de nombreuses personnes refusaient les plis qu’elles recevaient pour ne pas payer.
Le site Hérodote relate l’histoire de l’invention du timbre :
« 6 mais 1840 : naissance du timbre-poste :
Le timbre-poste naît à Londres le 6 mai 1840. Avant cette date, il était habituel que le port des lettres soit payé par le destinataire en fonction de la distance.
Un inventeur au cœur sensible :
Un jour de 1837, si l’on en croit une pieuse légende, un éducateur d’avant-garde, Rowland Hill (42 ans), voit une jeune femme qui pleure à chaudes larmes après le passage du facteur. Elle lui explique qu’elle a dû refuser une lettre de son amoureux faute d’argent pour payer le port.
L’imaginatif Anglais, qui a des entrées au gouvernement rédige un mémorandum et le transmet au Premier ministre, lord Melbourne.
Dans ce texte intitulé : Postal Reform : its Importance and Practicability (La réforme postale : importance et faisabilité), il propose le paiement du port à l’avance avec un prix identique quelle que soit le distance dans le pays. Le paiement est garanti avec un timbre adhésif et un tampon d’oblitération. […] »
En France, le timbre-poste n’apparaîtra qu’en 1849.
Pour connaître le prix de port d’un courrier avant 1849, vous pouvez vous référer aux tableaux proposés sur le blog ATrinquier, Tarifs postaux (1627-1848) :
« La tarification du port des lettres est, du moins avant 1849 (apparition du timbre-poste et suppression des échelons de distance dans le tarif des lettres de bureau à bureau), une question complexe: la détermination de la distance et les échelles de poids sont autant de questions qu'il est quelquefois difficile d'apprécier.
D'autre part les relations de Paris pour la Province (et retour) ne sont pas taxées, en général, suivant les mêmes critères de distance que les relations entre villes de Province.
Si on y ajoute (dans les tarifs de 1704 et 1759) la notion de double port (par exemple, le port d'une lettre de Valence à Narbonne sera calculé, non pas en tenant compte de la distance entre les deux villes, mais en faisant la somme des deux taxes correspondant à Valence - Montpellier et Montpellier - Narbonne), on comprend pourquoi "nous ne parvenons pas toujours à recalculer les taxes figurant sur les lettres de cette époque" (M. WALLART - Les feuilles Marcophiles supplément au numéro 273).
Il m'a paru utile, à l'intention, non pas des marcophiles chevronnés, mais des débutants de donner, tout au moins dans leurs grandes lignes, les tarifs appliqués en France entre 1627 et 1848 pour les lettres de bureau à bureau. »
Vous trouverez ainsi les prix pour les différentes distances selon les lois en vigueur. Ainsi en 1759, un courrier parcourant 21 lieues (soit environ 101 kilomètres) coûtait de 6 à 24 sols selon le poids de la lettre. En 1828, pour parcourir la même distance, cela coûtait 4 décimes au destinataire.
Pour évaluer le coût des lettres par rapport au niveau de vie de la population du XVIIIe siècle, on peut se faire référer au site Femme des Lumières :
« Il est très difficile de se rendre compte du coût de la vie. Les historiens ont pour habitude de comptabiliser les revenus en journée de travail. On peut considérer qu’une livre correspond à 50 de nos euros actuels, même si cela ne veut pas dire grand chose car certains produits étaient meilleur marché qu’à notre époque et d’autres beaucoup plus chers. Encore une fois, le seul point de comparaison possible est la valeur du travail du salaire journalier moyen. […]
Petit rappel sur les monnaies au XVIIIe siècle
Livre (ou franc) = 20 sous
Sou = 12 deniers
Ecu d’argent = 3 livres
Ecu d’or = 6 livres
Louis d’or = 24 livre
Un autre exemple, celui d’un journalier agricole (classe la plus pauvre des travailleurs) au milieu du siècle : il est mieux payé à la ville qu’à la campagne (de 20 à 30 sous par jour selon les villes, 16 sous à la campagne) mais son sort n’est guère reluisant, la livre de pain de froment coûtant alors 2 sous.
Bien entendu, les femmes gagnent moins, environ la moitié. Mais, en 1710, une brodeuse (métier recherché) gagne 20 sols et un maître maçon 30.
Le salaire annuel moyen d’un tisserand est de 150 livres. […] »
Pour un journalier agricole, recevoir une lettre simple venant d’une ville située à 100 km, coûtant 6 sols, équivalait à 1/5 de sa journée de travail, recevoir un colis à 24 sols équivalait à plus d’une journée de travail.
Le salaire moyen du XIXe siècle a été mesuré lors de grandes enquêtes, il existe des disparités entre le secteur agricole et le secteur industriel :
« Les salaires moyens agricoles en Ile-de-France et en Bretagne sont respectivement de 1,99F et 0,84F en 1852.
Le salaire moyen nominal dans l’industrie est de 1,89F en 1839-1847. […] »
Source : Les disparités de salaires en France au XIXe siècle, Jean-Marie Chanut, Jean Heffer, Jacques Mairesse, Gilles Postel-Vinay.
Si l’on reprend la même distance, les 100 km, 4 décimes sont égales à 40 centimes de francs. Cela représente une demi journée de travail pour un ouvrir agricole breton.
Les sommes demandées pour l’envoi du courrier étaient donc élevées pour les classes populaires. On comprend donc mieux les raisons des refus de courrier par les destinataires.
Pour en savoir plus sur les timbres :
- Histoire de la poste dans le monde, Camille Allaz.
- Chronique du timbre-poste français, sous la direction de Jacques Pessis.
- Le timbre-poste : messager du monde, Annette Apaire, Patrick Marchand, Musée de la poste.
Bonne journée.
L’Amicale philatélique de Cholet a réalisé un dossier sur Lettre avant le timbre qui explique le mode de calcul du prix de port :
« Avant l’existence du timbre poste, le courrier voyageait la plupart du temps en port dû. La marque postale mentionnait la localité de départ et servait à calculer le montant du port à payer par le destinataire. Moins fréquent, le port payé par l’expéditeur était surtout utilisé pour écrire à un notable ou à une administration.
Beaucoup plus rare, le déboursé était apposé par le bureau de destination de la lettre lorsque le destinataire n’avait pas pu être joint et donc que le port dû n’avait pas été perçu. »
C’est donc la distance parcourue par le courrier qui déterminait son prix. Plus la distance était longue, plus le prix augmentait. Les prix étaient élevés et de nombreuses personnes refusaient les plis qu’elles recevaient pour ne pas payer.
Le site Hérodote relate l’histoire de l’invention du timbre :
« 6 mais 1840 : naissance du timbre-poste :
Le timbre-poste naît à Londres le 6 mai 1840. Avant cette date, il était habituel que le port des lettres soit payé par le destinataire en fonction de la distance.
Un inventeur au cœur sensible :
Un jour de 1837, si l’on en croit une pieuse légende, un éducateur d’avant-garde, Rowland Hill (42 ans), voit une jeune femme qui pleure à chaudes larmes après le passage du facteur. Elle lui explique qu’elle a dû refuser une lettre de son amoureux faute d’argent pour payer le port.
L’imaginatif Anglais, qui a des entrées au gouvernement rédige un mémorandum et le transmet au Premier ministre, lord Melbourne.
Dans ce texte intitulé : Postal Reform : its Importance and Practicability (La réforme postale : importance et faisabilité), il propose le paiement du port à l’avance avec un prix identique quelle que soit le distance dans le pays. Le paiement est garanti avec un timbre adhésif et un tampon d’oblitération. […] »
En France, le timbre-poste n’apparaîtra qu’en 1849.
Pour connaître le prix de port d’un courrier avant 1849, vous pouvez vous référer aux tableaux proposés sur le blog ATrinquier, Tarifs postaux (1627-1848) :
« La tarification du port des lettres est, du moins avant 1849 (apparition du timbre-poste et suppression des échelons de distance dans le tarif des lettres de bureau à bureau), une question complexe: la détermination de la distance et les échelles de poids sont autant de questions qu'il est quelquefois difficile d'apprécier.
D'autre part les relations de Paris pour la Province (et retour) ne sont pas taxées, en général, suivant les mêmes critères de distance que les relations entre villes de Province.
Si on y ajoute (dans les tarifs de 1704 et 1759) la notion de double port (par exemple, le port d'une lettre de Valence à Narbonne sera calculé, non pas en tenant compte de la distance entre les deux villes, mais en faisant la somme des deux taxes correspondant à Valence - Montpellier et Montpellier - Narbonne), on comprend pourquoi "nous ne parvenons pas toujours à recalculer les taxes figurant sur les lettres de cette époque" (M. WALLART - Les feuilles Marcophiles supplément au numéro 273).
Il m'a paru utile, à l'intention, non pas des marcophiles chevronnés, mais des débutants de donner, tout au moins dans leurs grandes lignes, les tarifs appliqués en France entre 1627 et 1848 pour les lettres de bureau à bureau. »
Vous trouverez ainsi les prix pour les différentes distances selon les lois en vigueur. Ainsi en 1759, un courrier parcourant 21 lieues (soit environ 101 kilomètres) coûtait de 6 à 24 sols selon le poids de la lettre. En 1828, pour parcourir la même distance, cela coûtait 4 décimes au destinataire.
Pour évaluer le coût des lettres par rapport au niveau de vie de la population du XVIIIe siècle, on peut se faire référer au site Femme des Lumières :
« Il est très difficile de se rendre compte du coût de la vie. Les historiens ont pour habitude de comptabiliser les revenus en journée de travail. On peut considérer qu’une livre correspond à 50 de nos euros actuels, même si cela ne veut pas dire grand chose car certains produits étaient meilleur marché qu’à notre époque et d’autres beaucoup plus chers. Encore une fois, le seul point de comparaison possible est la valeur du travail du salaire journalier moyen. […]
Petit rappel sur les monnaies au XVIIIe siècle
Livre (ou franc) = 20 sous
Sou = 12 deniers
Ecu d’argent = 3 livres
Ecu d’or = 6 livres
Louis d’or = 24 livre
Un autre exemple, celui d’un journalier agricole (classe la plus pauvre des travailleurs) au milieu du siècle : il est mieux payé à la ville qu’à la campagne (de 20 à 30 sous par jour selon les villes, 16 sous à la campagne) mais son sort n’est guère reluisant, la livre de pain de froment coûtant alors 2 sous.
Bien entendu, les femmes gagnent moins, environ la moitié. Mais, en 1710, une brodeuse (métier recherché) gagne 20 sols et un maître maçon 30.
Le salaire annuel moyen d’un tisserand est de 150 livres. […] »
Pour un journalier agricole, recevoir une lettre simple venant d’une ville située à 100 km, coûtant 6 sols, équivalait à 1/5 de sa journée de travail, recevoir un colis à 24 sols équivalait à plus d’une journée de travail.
Le salaire moyen du XIXe siècle a été mesuré lors de grandes enquêtes, il existe des disparités entre le secteur agricole et le secteur industriel :
« Les salaires moyens agricoles en Ile-de-France et en Bretagne sont respectivement de 1,99F et 0,84F en 1852.
Le salaire moyen nominal dans l’industrie est de 1,89F en 1839-1847. […] »
Source : Les disparités de salaires en France au XIXe siècle, Jean-Marie Chanut, Jean Heffer, Jacques Mairesse, Gilles Postel-Vinay.
Si l’on reprend la même distance, les 100 km, 4 décimes sont égales à 40 centimes de francs. Cela représente une demi journée de travail pour un ouvrir agricole breton.
Les sommes demandées pour l’envoi du courrier étaient donc élevées pour les classes populaires. On comprend donc mieux les raisons des refus de courrier par les destinataires.
Pour en savoir plus sur les timbres :
- Histoire de la poste dans le monde, Camille Allaz.
- Chronique du timbre-poste français, sous la direction de Jacques Pessis.
- Le timbre-poste : messager du monde, Annette Apaire, Patrick Marchand, Musée de la poste.
Bonne journée.
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