consommateurs d'AMAP
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 01/03/2016 à 10h15
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Question d'origine :
Bonjour,
Je souhaiterais savoir qui sont les consommateurs cible achetant des produits dans des AMAP (Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne).
Merci
Réponse du Guichet
admin
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 01/03/2016 à 10h20
Bonjour,
Les Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne ont été créées en France à partir de 2001 sur le modèle des Community Supported Agriculture (CSA) américains, qui s’inspiraient des Teikei japonais apparus dans les années soixante (Lagane, 2011 ; Amemiya, 2011). Elles ont connu en France depuis une expansion fulgurante (1200 en 2010). Par exemple, leur nombre en Loire-Atlantique est passé d’un en 2004 à plus de soixante-dix en 2011. Elles respectent les 18 principes fondateurs de la Charte des AMAP de 2003. Cette forme de circuit court repose sur une distribution de « paniers » de produits frais alimentaires offerts par des producteurs locaux auprès des consommateurs adhérents. Même si ces paniers contiennent le plus souvent des légumes, leur contenu tend à se s’enrichir des autres produits de la ferme. Les consommateurs, souvent appelés amapiens, sont généralement à l’initiative de leur création.
Source : Il faut du temps pour devenir « amapien » !, Ivan Dufeu.
Plutôt que des « cibles » (la démarche marketing s’accordant peu avec la philosophie des Amap), nous vous donnerons quelques indications sur le profil « type » des amapiens.
D’après les sources que nous avons consultées, ce profil est assez marqué : d’un niveau d’étude très supérieur à la moyenne nationale (85% ont un bac+2 ou plus contre 17% de la population française), ce sont des femmes (73%), le plus souvent d’âge moyen (70% entre 32 et 55 ans) vivant en famille et occupant un emploi à temps complet. Ceci correspond au profil habituel des amapiens (Mundler, 2007). Les répondants échangent beaucoup avec les autres adhérents et avec les producteurs, participent aux activités de distribution (91%) et parfois même de production (34%). Une minorité continue de fréquenter les GMS.
Ce portrait d’Ivan Dufeu suit la même tendance que les constatations faites par l’Alliance PEC Isère dans son étude typologique des amapiens de l’agglomération de Grenoble :
Le profil type de la personne adhérente à une AMAP localisée sur le territoire de la Métro serait le suivant. Il s’agirait d’une femme âgée entre 35 ans et 49 ans qui vit en couple avec enfants.
Elle a un niveau d’étude correspondant à BAC +4 +5 et elle se situe dans la catégorie socioprofessionnelle « cadre supérieur ou profession libérale ». Son ménage a un revenu mensuel net qui s’élève à plus de 3 000 € en moyenne.
Elle a découvert l’existence des AMAP grâce au bouche-à-oreille (relations, familles, amis).
Elle a décidé de rejoindre une AMAP pour des raisons à la fois citoyenne, visant au soutien à l’agriculture paysanne et locale, mais également pour des raisons plus personnelles afin de prendre soin de sa santé à travers une alimentation de qualité.
D’après l’étude de Patrick Mundler : Fonctionnement et reproductibilité des AMAP en Rhône-Alpes, une majorité d’amapiens déclarent avoir des engagements associatifs ou militants. […] on trouve des associations sportives et culturelles mais aussi des associations de sensibilisation et de défense de l’environnement, et des associations plus militantes […]On retrouve également des associations en faveur de la promotion d’alternatives économiques […]ou les systèmes d’échanges locaux.
Enfin, la revue de l’Association des ruralistes français (Ruralia) distingue le profil « hédoniste » et le profil « militant » :
Si les raisons d’engagement dans une AMAP sont nombreuses et rarement hiérarchisées par les consommateurs interrogés, les entretiens réalisés ont toutefois permis de mettre en évidence deux grands types de raisons mobilisées pour justifier l’engagement dans une AMAP. Le premier type rassemble des raisons hédonistes. Elles caractérisent les « amapiens » qui mettent d’abord en avant des motivations liées à la recherche d’une alimentation de qualité (souci de trouver des produits « sains » ou « bios » ou volonté d’avoir accès à de « bons » produits) et celles liées au désir de mieux connaître l’agriculture et les producteurs : « l’avantage, c’est que ça permet justement, dans le concret, dans le réel, de rencontrer les producteurs et de découvrir vraiment comment ils fonctionnent, comment ils produisent, où se trouvent leurs difficultés… ». Ces consommateurs, parfois très éloignés du monde agricole, éprouvent un grand intérêt à établir des contacts directs avec le ou les producteur(s). Ce contact est également rassurant, les consommateurs ont envie de savoir comment est fabriqué ce qu’ils consomment et de retrouver un contact humain lorsqu’ils achètent leurs produits alimentaires. De façon complémentaire, mais néanmoins différente, un certain nombre de personnes engagées dans les AMAP mettent en avant des raisons plus militantes. C’est alors la volonté de soutenir les « petits producteurs » qui est mise en avant. Ces consommateurs sont sensibles à l’aspect de commerce équitable de la démarche ; ils entendent s’afficher solidaires avec des agriculteurs, perçus comme une population à soutenir. L’adhésion à l’AMAP est également un moyen de mettre en application des idées politiques : l’engagement dans l’AMAP est alors un prolongement de l’engagement militant. Ainsi cette consommatrice qui explique son adhésion : « Moi, je suis une écolo pure et dure… donc pour moi c’était une évidence ». Si la volonté de consommer autrement est également présente dans ce groupe, c’est ici davantage un militantisme « anticonsumériste » qui est mis en avant que l’attrait pour la qualité spécifique des produits achetés.
La population des consommateurs engagés dans les AMAP montre ainsi des consommateurs militants, plutôt jeunes, bien formés et sensibilisés aux problèmes sociaux, économiques et environnementaux. L’engagement dans une AMAP correspond à l’aboutissement d’une réflexion plus large et se traduit par certaines attitudes et croyances partagées : discours critique sur le consumérisme, consommation alimentaire tournée vers les produits biologiques et/ou des produits issus des circuits courts, intérêt marqué pour la convivialité et des échanges entre producteurs et consommateurs.
Voir aussi :
« Aux paniers, citoyens ! » : L’Amap, nouvelle forme d’engagement : une expérience politique et transformatrice. L’exemple des Amap à Lyon., Cécile Cathelin, Mémoire en sciences politiques.
Homo amapiens (D.V.D), réal. de Bénédicte Mourgues.
Les Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne ont été créées en France à partir de 2001 sur le modèle des Community Supported Agriculture (CSA) américains, qui s’inspiraient des Teikei japonais apparus dans les années soixante (Lagane, 2011 ; Amemiya, 2011). Elles ont connu en France depuis une expansion fulgurante (1200 en 2010). Par exemple, leur nombre en Loire-Atlantique est passé d’un en 2004 à plus de soixante-dix en 2011. Elles respectent les 18 principes fondateurs de la Charte des AMAP de 2003. Cette forme de circuit court repose sur une distribution de « paniers » de produits frais alimentaires offerts par des producteurs locaux auprès des consommateurs adhérents. Même si ces paniers contiennent le plus souvent des légumes, leur contenu tend à se s’enrichir des autres produits de la ferme. Les consommateurs, souvent appelés amapiens, sont généralement à l’initiative de leur création.
Source : Il faut du temps pour devenir « amapien » !, Ivan Dufeu.
Plutôt que des « cibles » (la démarche marketing s’accordant peu avec la philosophie des Amap), nous vous donnerons quelques indications sur le profil « type » des amapiens.
D’après les sources que nous avons consultées, ce profil est assez marqué : d’un niveau d’étude très supérieur à la moyenne nationale (85% ont un bac+2 ou plus contre 17% de la population française), ce sont des femmes (73%), le plus souvent d’âge moyen (70% entre 32 et 55 ans) vivant en famille et occupant un emploi à temps complet. Ceci correspond au profil habituel des amapiens (Mundler, 2007). Les répondants échangent beaucoup avec les autres adhérents et avec les producteurs, participent aux activités de distribution (91%) et parfois même de production (34%). Une minorité continue de fréquenter les GMS.
Ce portrait d’Ivan Dufeu suit la même tendance que les constatations faites par l’Alliance PEC Isère dans son étude typologique des amapiens de l’agglomération de Grenoble :
Le profil type de la personne adhérente à une AMAP localisée sur le territoire de la Métro serait le suivant. Il s’agirait d’une femme âgée entre 35 ans et 49 ans qui vit en couple avec enfants.
Elle a un niveau d’étude correspondant à BAC +4 +5 et elle se situe dans la catégorie socioprofessionnelle « cadre supérieur ou profession libérale ». Son ménage a un revenu mensuel net qui s’élève à plus de 3 000 € en moyenne.
Elle a découvert l’existence des AMAP grâce au bouche-à-oreille (relations, familles, amis).
Elle a décidé de rejoindre une AMAP pour des raisons à la fois citoyenne, visant au soutien à l’agriculture paysanne et locale, mais également pour des raisons plus personnelles afin de prendre soin de sa santé à travers une alimentation de qualité.
D’après l’étude de Patrick Mundler : Fonctionnement et reproductibilité des AMAP en Rhône-Alpes, une majorité d’amapiens déclarent avoir des engagements associatifs ou militants. […] on trouve des associations sportives et culturelles mais aussi des associations de sensibilisation et de défense de l’environnement, et des associations plus militantes […]On retrouve également des associations en faveur de la promotion d’alternatives économiques […]ou les systèmes d’échanges locaux.
Enfin, la revue de l’Association des ruralistes français (Ruralia) distingue le profil « hédoniste » et le profil « militant » :
Si les raisons d’engagement dans une AMAP sont nombreuses et rarement hiérarchisées par les consommateurs interrogés, les entretiens réalisés ont toutefois permis de mettre en évidence deux grands types de raisons mobilisées pour justifier l’engagement dans une AMAP. Le premier type rassemble des raisons hédonistes. Elles caractérisent les « amapiens » qui mettent d’abord en avant des motivations liées à la recherche d’une alimentation de qualité (souci de trouver des produits « sains » ou « bios » ou volonté d’avoir accès à de « bons » produits) et celles liées au désir de mieux connaître l’agriculture et les producteurs : « l’avantage, c’est que ça permet justement, dans le concret, dans le réel, de rencontrer les producteurs et de découvrir vraiment comment ils fonctionnent, comment ils produisent, où se trouvent leurs difficultés… ». Ces consommateurs, parfois très éloignés du monde agricole, éprouvent un grand intérêt à établir des contacts directs avec le ou les producteur(s). Ce contact est également rassurant, les consommateurs ont envie de savoir comment est fabriqué ce qu’ils consomment et de retrouver un contact humain lorsqu’ils achètent leurs produits alimentaires. De façon complémentaire, mais néanmoins différente, un certain nombre de personnes engagées dans les AMAP mettent en avant des raisons plus militantes. C’est alors la volonté de soutenir les « petits producteurs » qui est mise en avant. Ces consommateurs sont sensibles à l’aspect de commerce équitable de la démarche ; ils entendent s’afficher solidaires avec des agriculteurs, perçus comme une population à soutenir. L’adhésion à l’AMAP est également un moyen de mettre en application des idées politiques : l’engagement dans l’AMAP est alors un prolongement de l’engagement militant. Ainsi cette consommatrice qui explique son adhésion : « Moi, je suis une écolo pure et dure… donc pour moi c’était une évidence ». Si la volonté de consommer autrement est également présente dans ce groupe, c’est ici davantage un militantisme « anticonsumériste » qui est mis en avant que l’attrait pour la qualité spécifique des produits achetés.
La population des consommateurs engagés dans les AMAP montre ainsi des consommateurs militants, plutôt jeunes, bien formés et sensibilisés aux problèmes sociaux, économiques et environnementaux. L’engagement dans une AMAP correspond à l’aboutissement d’une réflexion plus large et se traduit par certaines attitudes et croyances partagées : discours critique sur le consumérisme, consommation alimentaire tournée vers les produits biologiques et/ou des produits issus des circuits courts, intérêt marqué pour la convivialité et des échanges entre producteurs et consommateurs.
« Aux paniers, citoyens ! » : L’Amap, nouvelle forme d’engagement : une expérience politique et transformatrice. L’exemple des Amap à Lyon., Cécile Cathelin, Mémoire en sciences politiques.
Homo amapiens (D.V.D), réal. de Bénédicte Mourgues.
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