Question d'origine :
Bonjour,
D'où vient le nom des habitants de Paris, les "Parisii" ?
Cela aurait-il un lien avec la déesse Isis ?
Je vous remercie.
Très cordialement.
Réponse du Guichet

Bonjour,
Les Parisii nous sont connus grâce à Jules César, qui les place sur un territoire à peu près grand comme la région parisienne.
La seule mention de la Lutèce gauloise se trouve en effet dans la Guerre des Gaules, qui signale le peuple des Parisii et la Seine (Sequana). […] On sait aussi qu’il existait un peuple homonyme des Parisii en Grande-Bretagne.
Source : Paris ville antique : guides archéologiques de la France / Didier Buisson
L’origine et l’étymologie du nom Parisii a fait couler beaucoup d’encre au cours des siècles …
Au début du Ive siècle, le nom de civitas parisiorum – la ville des Parisii – désigne pour la première fois Lutèce sur une borne militaire. Cette appellation va prendre le dessus, et sa forme abrégée de Paris passera à la postérité. Quant à l’étymologie du nom, elle a fait l’objet de nombreuses spéculations. Un moine du XIIe siècle imaginait que des Troyens s’étaient établis à Lutèce et que les Parisiens étaient ainsi nommés en hommage à Pâris, fils du roi de Priam. Une autre légende en fait des adorateurs de la déesse égyptienne Isis. Au XIXe siècle, l’historien Jacques-Antoine Dulaure suppose que la radical Par- ou Bar- faisait référence aux frontières (Parisii : habitants des frontières). Mais pour le linguiste Xavier Delamarre, le nom serait plutôt basé sur la racine gauloise pario- (le chaudron), attestée sous différentes formes dans les langues celtiques…
Source : Les mystères de Paris / Les cahiers de Science & Vie
On attribue la toute première histoire générale de Paris au libraire Gilles Corrozet (1510-1568). Dans sa Fleur de l’Antiquité (1532), il avance trois hypothèses. Selon la première, la capitale prend son nom du dieu Paris, fils de Romus XVII, roi des Gaulois. La deuxième rattache les Parisiens au peuple des Parrasiens, arrivés avec Hercule d’un pays rattaché à la Grèce du côté de l’Asie. La troisième, qui associe les Parisii à la déesse égyptienne Isis, est de loin la plus convaincante puisqu’elle est basée sur une preuve tangible, une statue de la déesse retrouvée à l’église Saint-Germain-des-Prés. « Elle estoit maigre, haulte, droite, noire pour son antiquité, nue sinon avec quelque figure de linge entassé autour de ses membres ». […]
En 1724, Henri Sauval (1623-1676) fonde une nouvelle méthode d’analyse de l’histoire : celle des antiquaires. Son Histoire et recherche des antiquités de la Ville de Paris n’est structurée ni chronologiquement ni par quartier. […] L’interprétation qu’il offre des origines de Paris se fonde sur une antiquité découverte en 1665 : la sculpture d’une tête de femme plus grande que nature, en bronze et coiffée d’une tour. Sauval compare cette sculpture avec les gravures de Kircher, avec les médailles égyptiennes de Julien d’Apostolat et avec les témoignages de Tacite, de Diodore et d’Apulée et conclut qu’il s’agit de la déesse Isis que les Grecs appelaient Io et les Romains Cybèle. Il affirme qu’il devait effectivement exister un temple dédié à Isis dans l’étendue du territoire de Paris et que cette déesse autrefois adorée par les Parisiens avait sûrement donné son nom à tout le pays. […]
À propos des origines de Paris, Jaucourt s’insurge contre les écrivains modernes qui continuent à maintenir le mythe d’Isis, alors qu’aucun texte de l’Antiquité ne mentionne ces liens : « Les auteurs qui dérivent le mot de Parisii de Para Isis, peuples sous la protection d'Isis, débitent une pure fiction. […] Nous ignorons le temps de sa [Paris] fondation, & de celui de ses premiers agrandissements. »
Source : Lumières et histoire / sous la direction de Tristan Coignard, Peggy Davis et Alicia C. Montoya
L’extrait de cet ouvrage consacré à Paris : L’histoire changeante des origines de Paris par Christina Contandriopoulos est disponible en ligne.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les origines de Paris sont donc particulièrement attachées à la déesse égyptienne Isis, qui aurait vu son culte remonté jusque sur le territoire celte. On peut voir ainsi cet ouvrage : Dissertation sur les Parisii ou parisiens, et sur le culte d’Isis chez les gaulois de J.N. Déal ou le blason de Paris sous le premier Empire, qui comporte une représentation de la déesse en figure de proue :
Armoiries de la ville de Paris, d'après les lettres patentes de Napoléon 1er, 29 janvier 1811 by SanchoPanzaXXI
Par la suite, on cherchera l’origine du nom Parisii dans l’étude de la langue celte :
Étymologie
L'un des premiers auteurs à proposer une étymologie plus pertinente est Jacques-Antoine Dulaure, archéologue et historien du XVIIIe XIXe siècles, il démontre que les premiers Parisiens, les Parisii, ne descendaient ni du Troyen Paris, fils du roi Priam, ni de la déesse égyptienne Isis, mais plutôt d’une petite peuplade « qui se composait d’étrangers, peut-être originaires de la Belgique, échappée au fer de ses ennemis ». Selon Dulaure, Parisii signifie « peuple de frontière ».
Cependant, aujourd'hui encore l'origine et la signification de l'ethnonyme Parisii n’est pas établie avec certitude, car le celtique ancien est encore assez mal connu au début du XXIe siècle. Les Parisi(i) étant une tribu celte, leur nom, comme celui de toutes les tribus celtes de Gaule est fort probablement celtique, tout comme l'était le nom de leur capitale Lutèce. Le nom doit s'analyser comme Par(i)-sii.
L'un des premiers à avoir proposé une étymologie sérieuse est le linguiste allemand Alfred Holder qui rapproche le nom de Parisii du gallois paraf, peri « causer, provoquer ; ordonner de faire », d'où peryf « chef, commandant » ; ainsi signifierait le nom Parisii « provocateurs, ceux qui ordonnent ».
Le spécialiste du celtique Xavier Delamarre suggère un nom basé sur la racine gauloise *pario-, chaudron, terme attesté dans les langues celtiques insulaires : vieux cornique et vieux breton per; gallois pair; etc. et dans des langues romanes contemporaines : occitan par / pairol; lyonnais per; catalan perol; etc. qui signifient tous « chaudron ». Le second élément -si(i) est un pluriel mal identifié, il peut s'agir éventuellement du thème démonstratif *so- ou *sio au pluriel, c'est-à-dire un pronom démonstratif au sens de « ceux ». La signification du nom serait « ceux du chaudron » ou « ceux (qui font) des chaudrons », le chaudron jouant un grand rôle dans la civilisation celtique. Il avait aussi un caractère magique dans les mythologies indo-européennes et celtiques en particulier.
Le pilier des Nautes parisiaques donne un dérivé du nom dans l'inscription : nautae Parisiaci « nautes de chez les Parisi », même si nautae est un emprunt au latin, Parisiaci est dérivé avec le suffixe gaulois -acon, celtique -*āko(n) devenu -acum en gallo-roman. C'est un suffixe localisant à l'origine.
Source : Parisii / Wikipédia
Bonne journée
Les Parisii nous sont connus grâce à Jules César, qui les place sur un territoire à peu près grand comme la région parisienne.
La seule mention de la Lutèce gauloise se trouve en effet dans la Guerre des Gaules, qui signale le peuple des Parisii et la Seine (Sequana). […] On sait aussi qu’il existait un peuple homonyme des Parisii en Grande-Bretagne.
Source : Paris ville antique : guides archéologiques de la France / Didier Buisson
L’origine et l’étymologie du nom Parisii a fait couler beaucoup d’encre au cours des siècles …
Au début du Ive siècle, le nom de civitas parisiorum – la ville des Parisii – désigne pour la première fois Lutèce sur une borne militaire. Cette appellation va prendre le dessus, et sa forme abrégée de Paris passera à la postérité. Quant à l’étymologie du nom, elle a fait l’objet de nombreuses spéculations. Un moine du XIIe siècle imaginait que des Troyens s’étaient établis à Lutèce et que les Parisiens étaient ainsi nommés en hommage à Pâris, fils du roi de Priam. Une autre légende en fait des adorateurs de la déesse égyptienne Isis. Au XIXe siècle, l’historien Jacques-Antoine Dulaure suppose que la radical Par- ou Bar- faisait référence aux frontières (Parisii : habitants des frontières). Mais pour le linguiste Xavier Delamarre, le nom serait plutôt basé sur la racine gauloise pario- (le chaudron), attestée sous différentes formes dans les langues celtiques…
Source : Les mystères de Paris / Les cahiers de Science & Vie
On attribue la toute première histoire générale de Paris au libraire Gilles Corrozet (1510-1568). Dans sa Fleur de l’Antiquité (1532), il avance trois hypothèses. Selon la première, la capitale prend son nom du dieu Paris, fils de Romus XVII, roi des Gaulois. La deuxième rattache les Parisiens au peuple des Parrasiens, arrivés avec Hercule d’un pays rattaché à la Grèce du côté de l’Asie. La troisième, qui associe les Parisii à la déesse égyptienne Isis, est de loin la plus convaincante puisqu’elle est basée sur une preuve tangible, une statue de la déesse retrouvée à l’église Saint-Germain-des-Prés. « Elle estoit maigre, haulte, droite, noire pour son antiquité, nue sinon avec quelque figure de linge entassé autour de ses membres ». […]
En 1724, Henri Sauval (1623-1676) fonde une nouvelle méthode d’analyse de l’histoire : celle des antiquaires. Son Histoire et recherche des antiquités de la Ville de Paris n’est structurée ni chronologiquement ni par quartier. […] L’interprétation qu’il offre des origines de Paris se fonde sur une antiquité découverte en 1665 : la sculpture d’une tête de femme plus grande que nature, en bronze et coiffée d’une tour. Sauval compare cette sculpture avec les gravures de Kircher, avec les médailles égyptiennes de Julien d’Apostolat et avec les témoignages de Tacite, de Diodore et d’Apulée et conclut qu’il s’agit de la déesse Isis que les Grecs appelaient Io et les Romains Cybèle. Il affirme qu’il devait effectivement exister un temple dédié à Isis dans l’étendue du territoire de Paris et que cette déesse autrefois adorée par les Parisiens avait sûrement donné son nom à tout le pays. […]
À propos des origines de Paris, Jaucourt s’insurge contre les écrivains modernes qui continuent à maintenir le mythe d’Isis, alors qu’aucun texte de l’Antiquité ne mentionne ces liens : « Les auteurs qui dérivent le mot de Parisii de Para Isis, peuples sous la protection d'Isis, débitent une pure fiction. […] Nous ignorons le temps de sa [Paris] fondation, & de celui de ses premiers agrandissements. »
Source : Lumières et histoire / sous la direction de Tristan Coignard, Peggy Davis et Alicia C. Montoya
L’extrait de cet ouvrage consacré à Paris : L’histoire changeante des origines de Paris par Christina Contandriopoulos est disponible en ligne.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les origines de Paris sont donc particulièrement attachées à la déesse égyptienne Isis, qui aurait vu son culte remonté jusque sur le territoire celte. On peut voir ainsi cet ouvrage : Dissertation sur les Parisii ou parisiens, et sur le culte d’Isis chez les gaulois de J.N. Déal ou le blason de Paris sous le premier Empire, qui comporte une représentation de la déesse en figure de proue :

Armoiries de la ville de Paris, d'après les lettres patentes de Napoléon 1er, 29 janvier 1811 by SanchoPanzaXXI
Par la suite, on cherchera l’origine du nom Parisii dans l’étude de la langue celte :
L'un des premiers auteurs à proposer une étymologie plus pertinente est Jacques-Antoine Dulaure, archéologue et historien du XVIIIe XIXe siècles, il démontre que les premiers Parisiens, les Parisii, ne descendaient ni du Troyen Paris, fils du roi Priam, ni de la déesse égyptienne Isis, mais plutôt d’une petite peuplade « qui se composait d’étrangers, peut-être originaires de la Belgique, échappée au fer de ses ennemis ». Selon Dulaure, Parisii signifie « peuple de frontière ».
Cependant, aujourd'hui encore l'origine et la signification de l'ethnonyme Parisii n’est pas établie avec certitude, car le celtique ancien est encore assez mal connu au début du XXIe siècle. Les Parisi(i) étant une tribu celte, leur nom, comme celui de toutes les tribus celtes de Gaule est fort probablement celtique, tout comme l'était le nom de leur capitale Lutèce. Le nom doit s'analyser comme Par(i)-sii.
L'un des premiers à avoir proposé une étymologie sérieuse est le linguiste allemand Alfred Holder qui rapproche le nom de Parisii du gallois paraf, peri « causer, provoquer ; ordonner de faire », d'où peryf « chef, commandant » ; ainsi signifierait le nom Parisii « provocateurs, ceux qui ordonnent ».
Le spécialiste du celtique Xavier Delamarre suggère un nom basé sur la racine gauloise *pario-, chaudron, terme attesté dans les langues celtiques insulaires : vieux cornique et vieux breton per; gallois pair; etc. et dans des langues romanes contemporaines : occitan par / pairol; lyonnais per; catalan perol; etc. qui signifient tous « chaudron ». Le second élément -si(i) est un pluriel mal identifié, il peut s'agir éventuellement du thème démonstratif *so- ou *sio au pluriel, c'est-à-dire un pronom démonstratif au sens de « ceux ». La signification du nom serait « ceux du chaudron » ou « ceux (qui font) des chaudrons », le chaudron jouant un grand rôle dans la civilisation celtique. Il avait aussi un caractère magique dans les mythologies indo-européennes et celtiques en particulier.
Le pilier des Nautes parisiaques donne un dérivé du nom dans l'inscription : nautae Parisiaci « nautes de chez les Parisi », même si nautae est un emprunt au latin, Parisiaci est dérivé avec le suffixe gaulois -acon, celtique -*āko(n) devenu -acum en gallo-roman. C'est un suffixe localisant à l'origine.
Source : Parisii / Wikipédia
Bonne journée
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